Nous avons vu qu'une monnaie supranationale est
nécessaire à une réforme en profondeur du SMI. Celle-ci
peut prendre la forme des DTS, qui seraient une transition vers un nouveau SMI.
L'objectif est alors de jouer sur l'offre et la demande de monnaie
internationale, et de substituer peu à peu les DTS au dollar dans la
constitution de réserves de change. Mais la gestion des taux de change,
et l'harmonisation des flux monétaires nécessitent des
adaptations.
En premier lieu, il apparaît dans le Rapport Stiglitz que
le SMI peut adopter une nouvelle monnaie de réserve de deux
manière :
Approfondir le système des DTS tel qu'il existe
aujourd'hui. Cela consiste à maintenir
les accords qui prévalent déjà, et de
rendre l'allocation des DTS « automatique et régulière
». Les émissions effectueraient une sorte de lissage annuelle des
réserves : chaque année, les dotations de DTS
équivaudraient au surplus annuel de réserves de change
demandé, dû à la croissance de l'économie
mondiale.
Adopter les DTS, mais avec une visée contracyclique.
Le rapport reprend ici l'idée de J. Polack selon laquelle il faut
fournir les liquidités en période de crise, par
l'intermédiaire de prêts en DTS. Le financement intervient que
lorsqu'il est nécessaire, en phase de récession par exemple, et
agit ainsi comme la fonction de prêteur en dernier ressort des banques
centrales.
Il semble que la deuxième solution soit la plus
ambitieuse, mais également la plus délicate à mettre en
oeuvre. En effet, une allocation de DTS contracyclique est « le meilleur
mécanisme de financement de la liquidité mondiale » : cela
assurerait une régulation de la liquidité efficace et stable,
évitant ainsi les déséquilibres. Par ailleurs, selon les
auteurs du rapport, cela peut permettre de soutenir les pays en
développement au cours des situations de crise
financière32. Plus encore, cela pose la question de la
répartition des DTS, autrement dit des quotas du FMI.
Le système des quotas du FMI doit être
réformé, comme nous l'avons vu précédemment (Partie
I, III, 1.). La réforme des quotas envisagée jusqu'à
présent semble loin de l'équité. Le Rapport Stiglitz
préconise que les DTS inutilisés par les pays
industrialisés soient transformés en prêt aux pays en
développement. Le FMI pourrait élargir ses attributs, et devenir
ainsi un acteur important du développement des pays du Sud. Mais
l'allocation des DTS ne règle en rien les problèmes liés
aux déséquilibres macroéconomiques dans les pays en
développement. Il serait judicieux d'augmenter les lignes de
crédit du FMI envers les pays les plus nécessiteux, et les DTS
pourraient être l'outil adéquat. Cela contribuerait à
assoir les DTS en tant que monnaie de réserve internationale, et comme
instrument privilégié du rééquilibrage du SMI.
Selon M. Aglietta (2010, pp. 20-21), le renforcement
souhaitable des DTS doit prendre en compte les erreurs passées. Ainsi la
« proposition de 1980 » en est un exemple. Dans les années
1970 et dans un contexte post-Bretton-Woods, les principales monnaies
européennes subissaient la dépréciation du dollar. Afin de
maintenir la parité de leurs monnaies, les pays européens
accumulaient des réserves en dollar. Et l'instrument des DTS a
été proposé en vue de diversifier
32 Les pays en développement subissent, lors d'une
crise financière d'ampleur, de considérables mouvements de
rapatriements de capitaux et cela malgé leur dynamisme
économique. C'est une des raisons évoquées par le G20 lors
de la dernière allocation de DTS (Rapport Stiglitz, p.100).
leur portefeuille de réserves, conformément
à la théorie financière qui prône la diversification
afin de réduire le risque de change. Or trois principales
difficultés sont apparues, qui peuvent enseigner sur la démarche
à suivre aujourd'hui. La première est que le DTS
présentait « une alternative à un système
dominé par le dollar tant qu'un système multidevise
n'était pas disponible ». Ainsi l'équilibre était
précaire. Ensuite, les DTS ont été alloué en trop
faible quantité et à des taux peu intéressants. La faible
liquidité du DTS ne permettait pas de prises de position rapides, or
c'est l'un des attributs d'une monnaie internationale : si le DTS veut endosser
ce rôle, la question de la liquidité des placements doit
être optimisée. Enfin, le risque de change inhérent au DTS
s'il n'est pas supporté par le FMI, le sera par les banques centrales,
annihilant ainsi l'effet de stabilisation. L'ensemble des ces
difficultés à conduit à l'abandon de l'idée d'une
allocation de DTS en 1980. Ceci étant, l'auteur précise que ces
difficultés sont facilement surmontables, et que les réformes
nécessaires découlent naturellement du constat des
difficultés.
En conclusion, nous avons établi dans cette
sous-partie qu'elles étaient les conditions préalables à
une réforme du SMI. Il s'agit de modifier les procédures
d'allocation de DTS au sein du FMI, mais également de rectifier les
quotes-parts, afin d'accorder plus de poids aux pays en développement,
mais aussi et surtout aux pays émergents (les fameux BRIC :
Brésil, Russie, Inde, Chine), qui tiennent une place croissante dans les
échanges monétaires et commerciaux internationaux. Au
delà, une réforme du SMI devra trancher entre d'une part la mise
en place a minima politiquement acceptable (le renforcement des DTS
tels quels) et l'utilisation des DTS en tant que monnaie de réserve
internationale, avec des allocations contracycliques. Seule la deuxième
hypothèse présage une réforme en profondeur du SMI.
Néanmoins, si la finalité est de tendre vers l'introduction d'une
monnaie supranationale (de réserve et d'échange), le renforcement
des DTS peut être considéré comme une première
étape qui peut augurer de plus grandes ambitions.
Au cours de cette partie, nous avons présenté
les différentes pistes de réforme possibles pour mettre fin au
statut hégémonique du dollar. Celui-ci reflète le statut
de leadership économique et politique des Etats-Unis. Cependant, le
système de semi-étalon dollar, dans lequel évolue
l'économie mondialisée, présente de nombreux
déséquilibres. Ainsi la constitution de réserves de change
au sein des économies émergentes est facteur
d'instabilité, et provoque un détournement d'épargne (avec
de forts coûts sociaux). Les déséquilibres
monétaires sont en outre reliés à des
déséquilibres macroéconomiques, et notamment la relation
ambivalente Etats-Unis / Chine. Le principal problème est donc que c'est
une monnaie nationale qui sert de devise-clé internationale.
L'idée principale que nous avons développé
est qu'une monnaie supranationale pourrait
résoudre certains des problèmes, et mettre fin
au dilemme de Triffin, ainsi qu'au trilemme représenté plus haut
(Berthaud). Celle-ci se base sur les travaux de Keynes et du bancor. La
principale monnaie internationale serait ainsi déconnectée de
l'unique position macroéconomique d'un pays. Mais la difficulté
de mise en place conduit les auteurs du Rapport Stiglitz à promouvoir
les DTS. Selon la déclinaison qu'ils revêtiraient, ceux-ci peuvent
se substituer au dollar dans les réserves de change et ainsi ouvrir la
voie à une monnaie supranationale. Les DTS se verraient chargés
de ce statut, et leur allocation par le FMI permettrait de solder les positions
monétaires des différents pays de manière
équilibrée, tout en permettant une gestion des taux de change
davantage harmonisée. Enfin, nous avons pointé le fait qu'une
telle réforme du SMI exige des transitions qui peuvent s'avérer
délicates. Le FMI doit revoir sa détermination des quotes-parts,
en accordant plus de poids aux pays en développement. En outre, cela
pose une ambiguïté, celle de la faisabilité politique d'une
monnaie supranationale.
Mais la position consensuelle sur le DTS est en fait
trompeuse. Certains auteurs présagent d'un SMI qui serait
polarisé autour de plusieurs grandes monnaies, ou régions
monétaires. C'est cette idée d'un polycentrisme monétaire
que nous développerons dans la partie suivante.
Par ailleurs, le schéma page suivante résume ce
que nous venons de voir sur la monnaie supranationale.
Problèmes liés à la
devise-clé
:
le semi-étalon dollar
Instaurer une
Monnaie supranationale
La réforme du SMI : monnaie
supranationale
et DTS
Action sur l'offre
monétaire
Créer une nouvelle
monnaie internationale
Action sur la demande
monétaire
OU
Promouvoir les
Droits de Tirages Spéciaux
Version forte :
Renoncer aux monnaies
nationales
Version faible :
DTS et monnaies
nationales
Approfondir les DTS
tels quels
Adopter des DTS
renouvelés :
visée
contracyclique
et allocations
harmonisées
L'une des principales évolutions du SMI au cours du
XXe siècle est l'avènement du dollar au rang de
devise-clé internationale. En effet, la livre sterling était
auparavant la principale monnaie de réserve et d'échange. Mais la
Première Guerre Mondiale met fin au statut de première puissance
économique du Royaume-Uni. Il faut cependant attendre 1944 et la
conférence de Bretton-Woods pour voir le dollar dominer l'ensemble du
SMI. Les déséquilibres découlant du semi-étalon
dollar ont été présenté plus haut, et il
apparaît nécessaire de les corriger puisque cela est
générateur de coûts en terme de stabilité
monétaire. La crise des subprimes a ainsi
révélé les déséquilibres financiers, et
l'hétérogénéité du SMI. Ceci étant,
un consensus semble se dégager sur le fait que le dollar perd en
confiance et pourrait être une monnaie en déclin. Pourtant, le
dollar n'a pas été fragilisé par la crise, son
succès a même été prégnant, puisque le dollar
est une valeur refuge en phase d'incertitude. Au delà, c'est le statut
hégémonique de la devise-clé internationale qui est remis
en question. Si le dollar venait à décliner, par quoi serait-il
remplacé ?
Nous allons montrer dans cette sous-partie que le
déclin d'une monnaie ne garantie pas forcément l'ascension d'une
autre. Au contraire, pour certains auteurs, le SMI semble tendre vers un
polycentrisme monétaire, avec la cohabitation de trois ou quatre
monnaies principales. Cette thèse du polycentrisme n'est pas une
réforme du SMI proprement dite. C'est plutôt une évolution
que certains jugent inéluctable, et qui pourrait se
révéler bénéfique pour la stabilité
monétaire internationale. Ce ne sont donc pas des pistes de
réforme que nous verrons, mais plutôt une toponymie des
évolutions possibles et souhaitables du SMI selon les auteurs tenant du
polycentrisme.
Pour B. J. Cohen (2009), il est admis que le dollar devrait
à long terme décliner. Le « règne sans partage du
dollar » va prendre fin. Mais quel peuvent être ses concurrents ? Il
se peut que ce soit une des grandes monnaies qui prévalent actuellement,
à savoir l'euro, le yen ou encore le yuan. Mais l'idée des DTS
prend peu à peu de l'ampleur, comme nous l'avons vu
précédemment, et ceuxci pourraient ainsi prétendre devenir
une monnaie de réserve internationale. Selon l'auteur, « aucune de
ces solutions n'est idéale », mais la situation la plus probable
serait une sorte de pis-aller, à l'instar de celui qui s'est
établie pendant la période de l'entre-deux guerres. A
l'époque, la livre sterling était en déclin et le dollar
n'avait pas encore son statut de devise-clé. Dans un futur proche, il
est donc probable que plusieurs monnaies cohabitent, et les changements qui en
découlent peuvent être analysés à travers
l'économie politique.
Si le SMI s'oriente vers plusieurs zones de puissance
monétaire, ce seront des monnaies nationales utilisées en tant
que monnaies internationales. Mais les problèmes évoqués
plus haut sont reliés au fait qu'une seule monnaie est la
devise-clé. Si ce pouvoir est partagé entre plusieurs monnaies,
le biais déflationniste et le dilemme de Triffin devraient
disparaître. Cependant, une problématique demeure : comment
intégrer le fait que le commerce et l'investissement, qui sont
résolument internationaux, s'appuient sur des monnaies nationales,
émises par des gouvernements nationaux ? Il y a là un
décalage entre la nature domestique de l'émetteur des grandes
monnaies et l'aspect global de leur usage. L'auteur pointe là le
déficit de gouvernance mondiale et plaide en faveur d'une «
cogestion internationale » du SMI (Aglietta, 2010). Voyons maintenant
pourquoi l'euro n'est pas en mesure de détrôner le dollar.
Bien que l'Union Européenne présente le
même poids que les Etats-Unis en terme de production et de commerce,
l'euro peine à trouver son chemin, plus de dix ans après sa
création. Selon Cohen (2010), l'euro a pourtant les qualités qui
pourraient lui permettre de devenir une monnaie internationale : « large
assise économique, stabilité politique et taux d'inflation faible
». Mais il présenteraient de trop forts inconvénients.
L'euro est relié à la politique monétaire de la BCE,
réputée pour sa lutte contre l'inflation efficace mais trop
restrictive, et donc faiblement porteuse de croissance. Ceci donne une «
image » monétaire et budgétaire des membres de la zone euro
peu dynamique, ce qui rend l'euro peu attractif. Par ailleurs, les failles de
la gouvernance européenne sont clairement présentes. La crise de
la dette grecque du printemps 2010 vient amplement étayer ce point de
vue. En effet, comment faire confiance à l'euro si la zone euro ne
soutient que timidement ses membres, et quand des menaces d'implosion de la
zone planent sans cesse sur les marchés financiers ?
En résumé, l'euro reste avant tout une monnaie
régionale. Dans l'échiquier monétaire il a atteint le
statut de deuxième monnaie internationale, ce qui semble être le
minimum étant donné que c'était déjà le
palmarès du deutschemark, son prédécesseur. Aussi, selon
une étude de Frankel cité par l'auteur, l'euro pourrait devenir
la principale monnaie internationale en seulement dix ans, si la zone euro se
dote d'un poids politique conséquent, ce qui est la voie à suivre
d'après Cohen. L'euro pourrait devenir une alternative au dollar, sans
jamais accéder au statut actuel du dollar. La devise européenne
deviendrait une des grandes monnaies internationales, rejoignant ainsi la
thèse du polycentrisme. Mais qu'en est-il des autres monnaies ?
Au cours des dernières années se sont
développées des zone économiques régionales, qui
prennent une ampleur croissante. Cela touche le domaine commercial avec la
multiplication des
accords commerciaux régionaux et des processus
d'intégration régionaux. Mais également le domaine
monétaire, puisque Bénassy-Quéré & Pisani-Ferry
(2009) précise que le yen a entamé un processus
d'internationalisation, et le Japon abandonne ainsi sa fidélité
au dollar. De même, la Chine ouvre peu à peu son compte financier,
et cherche à promouvoir le yuan dans les paiements internationaux. Par
ailleurs la Chine est le principal artisan du retour sur le devant de la
scène des DTS. En outre, il convient de citer l'initiative Chiang Mai,
que nous aborderons plus tard. Ceci étant, l'intégration
financière est plutôt limitée en Asie, ce qui semble
limiter les possibilités du yen et du yuan de devenir autre chose que
des monnaies régionales, dans un monde multipolaire. En outre, comment
la Chine peut-elle prôner une restructuration du SMI alors que sa
croissance est basée sur la relation ambivalent qu'elle entretient avec
les Etats-Unis ?
Il apparaît que l'euro, et a fortiori les
autres devises, ne peuvent remplacer le dollar dans son statut de
devise-clé internationale. Cela est dû à la forte
préférence pour le dollar33, à l'effet
d'hystérésis qui le caractérise mais surtout aux
intérêts qu'il procure aux Etats-Unis. Ainsi, le polycentrisme
monétaire semble être le scénario le plus probable,
d'après les auteurs évoqués. Nous avons vu que le
déclin du dollar, bien qu'étant fort probable à long
terme, ne veut pas dire qu'une autre monnaie peut et doit le remplacer. De
plus, le régime de croissance des Etats-Unis est basé largement
sur le statut du dollar et les déficits commerciaux qu'il permet.
Même si la puissance chinoise semble émerger depuis une vingtaine
d'année, celle-ci demeure liée aux Etats-Unis par la relation
déjà évoquée. Les Etats-Unis n'abandonneront pas
leur rôle de première puissance économique pour la seule
stabilité du SMI.
Ce qui amène à conclure que le polycentrisme
monétaire n'est pas une réforme du SMI qu'il convient ou non de
mettre en oeuvre, mais plutôt l'évolution probable des prochaines
années, compte tenu des rapports de force au sein du SMI et de
l'économie globalisée. Et l'Histoire semble donner raison
à cette hypothèse. Selon Chavagneux (2010), depuis le
début du XXe siècle, « la domination d'une
monnaie, comme celle du dollar, relève d'une situation atypique ».
Avant la Première Guerre Mondiale, le SMI était certes
dominé par la livre sterling mais le franc jouait un rôle
important. De même, nous avons vu que pendant l'entre-deux guerres, la
livre sterling cohabitait avec le dollar. Ainsi, la présence de
plusieurs monnaies qui gravitent l'une autour de l'autre, avec le dollar comme
leader et l'euro comme suiveur, semble être un « retour à la
norme historique ». Le polycentrisme monétaire serait une
alternative sérieuse, puisque la domination d'une seule monnaie tend
à affaiblir le leadership de son émetteur.
33 La prégnance du dollar se retrouve même au sein
de la zone euro, puisque lorsque Airbus vend un avion à Air France, le
contrat est libellé en dollar !
En résumé de cette partie, il apparaît
que le polycentrisme est une évolution possible du SMI. Cela
présente l'avantage d'une répartition des forces
monétaires, en particulier l'euro qui peut représenter un
contre-pouvoir si l' UE se dote d'un poids politique. En outre, aucune monnaie
ne semble en mesure d'adopter le statut de devise-clé internationale, ce
qui soutient l'idée que le SMI va tendre vers un monde multipolaire,
dans lequel trois ou quatre grandes monnaies apporteront les liquidités
nécessaires aux échanges et aux réserves de change
mondiales. A cela il faut ajouter le « candidat de l'ombre » (Cohen,
2009), les DTS, qui peuvent être une des monnaies de réserves au
sein du polycentrisme, si leur usage se développe.
Nous avons vu précédemment que la monnaie
supranationale peut résoudre le trilemme du SMI, puisqu'elle permet, en
sacrifiant la devise-clé, de fournir la liquidité internationale
simultanément à l'équilibre courant. Mais, selon Berthaud
(2008), l'échec de Keynes en 1944 montre la difficulté à
introduire une telle solution. Et, la situation de la devise-clé
n'explique pas toutes les failles du SMI actuel. Les Etats-Unis semblent
bénéficier de certains intérêts du dollar mais, bien
que celui-ci s'essouffle, aucune autre puissance monétaire ne peut
prétendre à ce statut. Le SMI présente donc des
problématiques relevant de l'Economie Politique Internationale (EPI). En
effet, nous avons vu que les puissances monétaires reflètent des
puissances politiques, et que la logique économique est loin
d'être la seule à l'oeuvre.
Le polycentrisme comme alternative semble donc probable,
compte tenu des rapports de force internationaux. Il reflète un «
juste milieu entre le charme de l'utopie constituée (la monnaie
supranationale) et le spectre de la poursuite d'un régime de
devise-clé unique » (Berthaud, 2008). Le polycentrisme
monétaire fait référence au « polycentrisme
commercial » (trois pôles de flux d'échanges au sein de la
Triade) et permet la dispersion de « la contrainte de l'équilibre
et de l'ajustement ».
Nous allons voir dans une dernière partie que la
réforme du SMI est envisageable par étapes successives et
inductives, à la manière d'un jeu de domino. En effet des
initiatives monétaires régionales apparaissent, et l'idée
d'un rééquilibrage institutionnel est mise en avant.