CHAPITRE IV: STRATEGIES ET VOlES
D'AMELIORATION
DU LOTISSEMENT DANS LA VILLE DE GOMA
4.1. GENERALITES
Le lotissement de la ville de Goma, particulièrement
des quartiers KESHERO, NDOSHO et KA TOYI, est une pratique bureaucratique. Il
ne s'intéresse qu'à la dimension « technique et juridique
» c' est à dire l'application des mesures d'urbanisation au bureau
et du rapport juridique de la population avec la terre
décrétée propriété de l'Etat et ce, sans
souci d'autres dimensions du lotissement et de l'urbanisation (
économique, sociale, culturelle, écologique...).
Partant des conséquences du lotissement tel
qu'appliqué dans la ville de Goma, nous souscrivons à
l'idée de I. SACHS ( 1981) selon laquelle, « l'aspect fondamental
de l 'habitat est la valeur attribuée à celui par la population
concernée, les conditions qu'il offre à l'épanouissement
de l'homme, à la création des liens de convivialité, au
développement des activités collectives, des liens
communautaires». Nous proposons, comme solution, des stratégies qui
veulent que le lotissement soit humanisé et
débureaucratisé. Ces stratégies qui ont comme
finalité de placer l'homme-rural et urbain au centre du lotissement, se
situent à trois niveaux complémentaires.
· au niveau de la population pour qu'elle participe
activement au lotissement, directement comme indirectement,
· au niveau de l'Etat pour qu'il prenne en compte la
population autochtone suivant les besoins et non seulement suivant les revenus
comme mentionné au cours du travail, qu'il envisage des
mécanismes de prise en charge partielle de la population en
intégrant les autres acteurs et qu'il adapte la loi foncière
à la réalité actuelle.
· au niveau des autres acteurs socio-économiques (
églises, associations privées, les comités locaux,...)
pour qu'ils soient actifs dans le processus de lotissement en plaidant la cause
de la population, en la défendant et en l'accompagnant.
Notre proposition s'écarte encore d'avantage de la
routine car l'urbanisation doit aussi tenir compte du développement
rural compte tenu de l'influence du milieu rural sur le milieu urbain et
inversement.
En effet, aucune action foncière ne peut
prétendre réussir et contribuer au développement du pays
sans promouvoir la campagne qui est pourvoyeuse de vivres pour la ville. Car,
« un pays sans paysans est un pays sans nourriture: car il doit acheter de
l'étranger. » (CICIBA, op cit, p. 49).
Le lotissement doit, non seulement tenir compte du «
terroir social » urbain mais aussi des zones rurales environnant la ville
de Goma.
4.2. SCHEMA DE PROCESSUS PARTICIPA
TIF DU LOTISSEMENT
4.2.1. La participation des
populations locales
L'orientation participative du lotissement n'a pas pour
objectif de faire taire la loi, ni de permettre à la population de
l'enfreindre. Mais plutôt d'obliger le lotissement et la loi à
s'adapter aux réalités du moment.
La situation que traverse le pays ne peut pas permettre aux
populations autochtones de se conformer à la loi, et aux pouvoirs
publics d'appliquer la loi dans son intégralité au profit de la
population.
La participation de la population au lotissement
s'avère donc être un cadre souple; mais celui-ci peut devenir
absurde et dangereux quand on tente de la bureaucratiser.
Ce cadre se situe à l'intersection des deux modes de
gestion foncière: « gestion domaniale ( de l'Etat vers les
populations) et gestion patrimoniale (restituant aux populations leur pleine
responsabilité dans la gestion) » (PH. LA VIGNE op cit, p. 325)
où chacun de deux acteurs a un rôle spécifique à
jouer.
Pour débureaucratiser et détechnocratiser le
lotissement, en dehors des procédures en vigueur (voir point 3.2.2), les
services publics doivent associer la population dans les activités de
conception, d'exécution et de gestion du lotissement.
La clé de la réussite de cette participation
réside dans ce que J.M. ELA C 1994) appelle « accepter de descendre
dans les bas-fonds ». Cette participation doit se baser sur la,
communication, les échanges entre les trois niveaux mentionnés
plus haut et déboucher sur la structuration de la population pour
qu'elle puisse mieux participer. Cette structuration devra catégoriser
les groupes existant dans les quartiers pour que « toute » la
population soit représentée.
La participation au lotissement ne concerne pas seulement la
population locale, mais aussi les autres acteurs. Parmi les atouts de cette
stratégie mentionnons la limitation des conséquences du
lotissement sur la population parce que celle-ci est prise en compte et est
considérée comme partenaire.
La solution aux problèmes du lotissement des quartiers
périphériques de la ville de Goma ne peut se trouver que
localement comme le dit Jaime RA VINET cité par le CNUEH ( Centre des
Nations Unies pour l'Environnement et l'Habitat, 1996), « les
difficultés auxquelles sont confrontées les villes nous prouvent
que c'est au niveau local qu'il faut trouver des solutions, même aux
problèmes mondiaux ». Et BELLA S.A (cité par CNUEH, op cit)
d'ajouter que « nous ne pouvons jamais résoudre les
problèmes de nos villes tant que ceux qui en souffrent le plus n'auront
pas les moyens de faire adopter leurs propres solutions ».
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