3.2. ANALYSE DES EFFETS DU
LOTISSEMENT DES QUARTIERS
PERIPHERIQUES SUR LA VIE
DE LA POPULATION
3.2.1. Généralités
Nul n'ignore l'importance et la considération
traditionnelle de la terre dans notre pays, la R.D.C.
Elle sert à plusieurs fins; économiques d'abord
car, elle est la source de richesse par diverses exploitations: agriculture,
élevage, bois de chauffe et de construction,... et génère
des revenus pour l'occupant coutumier ou de droit; sociales ensuite parce
qu'elle est un élément prouvant le statut social et donnant lieu
à la stratification de la famille traditionnelle; culturelle enfin,
étant donné qu'elle est un lien entre les vivants et les morts et
un déterminant pour spécifier le clan, la tribu par rapport au
terroir.
De ce point de vue, étant donné que la
propriété foncière est conçue comme une
propriété familiale collective, tout acte qui vise une partition
du lopin de terre familial engendre des conséquences sur le plan social,
économique, culturel et écologique tant au niveau des individus
que du groupe et donc de toute l'organisation.
Cette propriété concerne aujourd'hui un espace
composant le territoire national ou en faisant partie. L'Etat s'étant
approprié toutes les terres (art. 53 de la loi foncière) dans le
but de faire primer les intérêts généraux sur les
intérêts individuels, les deux catégories
d'intérêts se retrouvent en conflit. Ce conflit débouche
sur une confusion sur terrain soulevant des problèmes en cas
d'urbanisation et du lotissement.
En effet, appliqué au milieu périurbain, le
lotissement, en tant qu'outil de l'urbanisation, fait assimiler la population
de ce milieu et son terroir à la population urbaine. Or, cette
assimilation revêt des dimensions sociale, économique,
culturelle,.. au profit ou non de la population locale.
C'est pourquoi, dans les pages qui suivent, nous allons
analyser les conséquences positives et négatives qui
découlent du lotissement et telles que vécues par les populations
des quartiers nouvellement lotis de la ville de Goma.
3.2.2. Conséquences
négatives
3.2.2.1. Conséquences sociales
Face à un pouvoir désorganisé et «
sans moyens », dépassé par l'accroissement de la
démographie urbaine, les mesures de lotissement sont mises en
application sans aucune considération de la population autochtone
(locale).
Comme tout système, l'apparition d'un nouvel
élément fait surgir, dans l'organisation en place, des
dysfonctionnements qui peuvent être perceptibles ou non, exprimés
ou non, il en est aussi de même du lotissement qui amène avec lui
des effets sociaux qui influent sur le mode de vie local, l'organisation locale
et les comportements de la population.
Nos recherches sur terrain nous ont fait déceler
certains éléments découlant du lotissement et qui agissent
au niveau des individus, du milieu local et au niveau régional.
1°) L'insuffisance des infrastructures de base
Les quartiers périphériques en cours de
lotissement (KESHERO, NDOSHO et KA TOYI) de la ville de Goma subissent les
effets du lotissement par la non conformité des infrastructures aux
besoins de leurs populations. En effet, dans ces quartiers, les
équipements n'ont pas augmenté au même rythme que le nombre
de la population que le lotissement y entasse: pas d'eau potable,
l'électrification ne touche que quelques rares maisons, pas
d'hôpitaux et centres de santé viables, insuffisance
d'écoles...
Les quelques rares infrastructures qui existent appartiennent
à des privés et sont peu ou pas du tout viables. En outre, elles
ne sont pas à la portée de tous les habitants des quartiers
concernés compte tenu du coût élevé des services
qu'elles rendent. Notons que cette insuffisance est plus exprimée par
les populations allogènes que les autochtones.
Tableau no5. Les infrastructures existantes dans les
Quartiers périphériQues
TYPE D'INFRASTRUCTURES
|
KESHERO
|
NDOSHO
|
KATOYI
|
TOTAL
|
Public
|
Privé
|
Public
|
Privé
|
Public
|
Privé
|
|
ECOLES
|
|
primaire :5
|
1
|
3
|
|
07
|
16
|
0
|
Secondaire :1
|
-
|
1
|
|
03
|
5
|
Centre de Santé
|
1
|
-
|
01
|
-
|
-
|
-
|
02
|
Dispensaire
|
-
|
02
|
-
|
03
|
-
|
08
|
13
|
Marchés
|
01
|
01
|
-
|
02
|
Il est à faire remarquer que parmi les écoles de
ces quartiers celles des orphelins et des rescapés sont plus ou moins
viables. Quant aux autres écoles, au centre de santé et aux
dispensaires, ils sont moins viables. Ainsi, les habitants de ces quartiers
sont obligés de recourir aux services du centre-ville où l'on
trouve des infrastructures plus ou moins viables et assez nombreuses.
Cette conséquence qui influe sur la vie des quartiers
en lotissement a également une incidence sur la vie du centre-ville qui
se trouve obligé de partager toutes ses ressources avec une population
qui n'était pas prévue, pendant que ne s'accroissent pas: eau,
électricité, hôpitaux, écoles... (pire), l'Etat n'a
pas fait de la création de ces infrastructures sa priorité.
2°) La modification du mode de vie dans les quartiers
lotis:
Par le fait du lotissement, l'occupation coutumière de
l'espace est rompue avec toutes ses valeurs sociales; le voisinage qui
était voulu dans la société traditionnelle devient
imposé dans le milieu urbain. L'on est obligé de côtoyer et
de partager la limite parcellaire avec une personne inconnue et «
étrangère ». La solidarité communautaire - entraide
et assistance connues comme actions obligatoires dans le milieu, deviennent
facultatives et sont basées sur des rapports d'intérêt.
Quant au mode d'acquisition foncier, basé sur des
rapports familiaux et/ou des normes coutumières, ils ont pour base le
marchandage (argent) et le droit.
Bref, les rapports entre les individus sont modifiés de
par leur nature et leur orientation. L'aspect familial tend à se
restreindre donnant place aux relations d'intérêts. Les individus
sont partagés entre la solidarité communautaire et la
cohabitation forcée.
Ceci est renchéri par les chercheurs en habitat qui
estiment que « I 'urbanisation rapide (...) a jeté des ombres
profondes sur nos civilisations (...) et elle a entraîné des
bouleversements dans le mode de vie des habitants. (Ph. LA VIGNE, 1998).
3°) La manifestation intense des conflits
parcellaires
Compte tenu de son importance pour les hommes, la terre
devient une source des divers conflits entre les « ayant-droit » sur
l'espace, de fait ou de droit.
Ayant trait au foncier, le lotissement rend les conflits de
plus en plus violents et multiples. Les conflits dans les quartiers de notre
étude sont plus basés sur les limites des parcelles, la double
occupation d'une parcelle et le manque de considération de la population
locale.
Jadis, les conflits étaient résolus au niveau
familial ou communautaire, et les décisions qui en sortaient
étaient plus unifiantes que contraignantes. Actuellement ( de nos
jours), tout conflit foncier est amené auprès de diverses
juridictions et services qui rendent des jugements contraignants sans souci de
l'unité sociale.
Ces conflits n'engendrent que méfiances complexes,
jalousie, mécontentements, hostilités entre les populations
autochtone et allogène qui doivent pourtant maintenant cohabiter.
Les acteurs dans ces conflits sont loin de s'entendre
considérant leurs niveaux: agents du service de cadastre, population
autochtone qui est « dépossédée », population
allochtone qui bénéficie des terrains du fait du lotissement.
La loi foncière, ignorée par les uns et
enfreinte par les autres est loin d'apporter une solution surtout que la raison
ne peut revenir qu'au plus fort.
4°) Effritement de l'autorité coutumière et
confusion des pouvoir
Alors qu'ils étaient organisés sous
l'autorité coutumière et régis par le droit coutumier, les
quartiers en lotissement se voient soumis au droit écrit qui
méconnaît le pouvoir coutumier et même celui du chef de
quartier. On se trouve désormais devant une pluralité de normes
et des instances d'arbitrage et de règlement des conflits. Ceci
crée une confusion des pouvoirs entre les autorités locales et
les autorités de la ville ou des services administratifs ayant le
foncier dans leurs attributions et modifie les relations entre les individus et
l'autorité. Ceci se remarque sur le terrain par la présence des
fiches d'occupation de terre délivrées administrativement par le
bourgmestre par l'entremise des chefs locaux, les actes de vente visés
par ces chefs locaux et les contrats de location délivrés par les
services fonciers et qui sont seuls valables juridiquement, les premiers
documents ne l'étant pas.
Cette confusion, dans la pratique, génère des
conflits institutionnels sur les limites des quartiers en lotissement et les
terres encore rurales, qui environnent la ville. C'est une
insécurité foncière qui naît de cette confusion.
5°) La prolétarisation de la population
autochtone
La misère et le chômage sont les faits
remarquables dans les quartiers en lotissement. La prolétarisation et la
clochardisation de la population se font remarquer par:
- la spoliation des terrains des autochtones: ceux-ci sont
dépossédés de leurs terres sans indemnité car ne
possédant pas de titres; ils sont obligés de libérer les
espaces occupés au profit des populations allogènes et les
services fonciers.
- l'intégration inharmonieuse de la population
autochtone: cette population n'est pas, en effet, préparée
à mener la vie citadine et se trouve incluse dans la ville sans aucune
mesure d'encadrement. Ainsi, beaucoup d'habitants autochtones de ces quartiers
vont pratiquer l'agriculture dans les milieux environnant disposant d'espaces
- la rareté des denrées alimentaires: les
habitants de ces quartiers recourent à la ville pour s'approvisionner
alors que ce n'était pas le cas. Ils ne produisent plus rien parce que
la terre a changé de sens; de la production des aliments à
l'installation de l'habitat.
- la caractérisation et le zonage de la
pauvreté:
Ces quartiers sont découpés en zones
constituées suivant les avoirs car, les lots sont occupés plus
suivant la disponibilité des revenus que suivant toute autre
considération sociale.
Dans ces quartiers en lotissement, les lots du bord du lac et
des routes principales sont attribués aux personnes nanties qui y
érigent des grandes et belles constructions tandis que les lots
éloignés du lac et ces routes sont réservés aux
moins nanties et on y retrouve des maisons en matériaux semi-durables,
comme qui dirait une occupation suivant « les zones concentriques de la
théorie de J. VON THUNEN » en économie rurale.
- la réduction de la population autochtone/locale
à l'état d'insolvabilité:
le lotissement prive cette population, de sa source de revenus
pendant qu'elle doit répondre à des multiples besoins
fondamentaux sans emploi, sans promotion et prise en charge totale ou partielle
par l'Etat et/ou par les institutions privées sociales. Elle se retrouve
alors en insécurité socio-économique et juridique
croissante.
- l'exclusion de la population autochtone du circuit foncier:
comme elle n'a pas de titre foncier, n'a pas été
indemnisée et se trouve maintenant dans l'ignorance, cette population
n'est rétablie dans aucun droit que ce soit dans les quartiers en
lotissement ou en dehors de ces derniers.
6°) L'exode rural et ses conséquences
Du fait que les terrains paraissent comme disponibles, moins
coûteux dans les quartiers en lotissement, et que les « parrains
» pouvant accueillir des nouveaux migrants s 'y multiplient, les
populations rurales attirées par le mirage du bien-être dans la
ville émigrent et abandonnent l'agriculture et autres activités
rurales.
Ce mouvement des populations influe sur la production
vivrière dans la province et particulièrement dans les milieux de
départ qui se voient privé d'une portion de la main d'oeuvre
active.
3.2.2.2. Conséquences culturelles
1°) La modification du rapport entre I 'homme et la
terre
Conçue traditionnellement comme source de vie et de
richesse/de survie, lien avec les ancêtres et sources de revenus, la
terre devient une marchandise vouée à l'exploitation et la
surexploitation, signe de pouvoir et de domination.
Cette transformation de la conception foncière a aussi
modifié I 'habitat du milieu. Perdu dans la bananeraie et occupé
suivant les liens de la communauté ou de la famille, l'habitat est
aujourd'hui régi par les normes drastiques à respecter. Alors que
les chemins et sentiers étaient tracés suivant les limites de
concessions et suivant un modèle propre à une culture,
aujourd'hui, ils sont tracés suivant les normes
préétablies.
Bien qu'elle soit de portée sociale, la question
urbaine est aujourd'hui bureaucratisée et monnayée.
2°) L'aliénation et la domination de la culture
urbaine
Considérée comme « défoliant
culturel » (B. LUGAN, 1991), la ville ou l'urbanisation est une transition
entre la vie traditionnelle et la vie moderne. Elle modifie les croyances et
les aspirations de la population autochtone par contact avec les populations
venant de divers villes, villages et centres commerciaux. La population
autochtone apprend un nouveau mode de consommation, de vivre, de
réclamer...
La vie antérieure de la population autochtone est
considérée comme « rurale » et porteuse des
souffrances.
« Et comme nous sommes dans la ville, tout doit changer
» disent les gens des quartiers en lotissement.
Notons aussi que les habitudes collectives, les pratiques
coutumières se tro,uvent modifiées et la population s'identifie
par rapport à la ville et non plus par rapport à la famille.
3°) La ruralisation et/ou la « révillagisation
» de la ville
Ayant vécu dans le milieu traditionnel (rural) et
vivant dans le milieu urbain/moderne, on remarque une interférence des
pratiques de la vie rurale dans la vie urbaine. Cette interférence se
double alors des survivances, plus ou moins durables, des traits du milieu
rural dans la vie du milieu urbain. Ceci nous pousse à parler de la
ruralisation et de la révillagisation de la ville car nous remarquons,
dans la ville certaines réalités propres au milieu dit rural :
agriculture, élevage qui sont pourtant interdits dans la ville, des
clivages ethniques et d'autres travaux ruraux non agricoles comme la forge,
l'artisanat...
Les parcelles se trouvent dès lors investies non
seulement par des habitations mais aussi par des cultures de toutes
espèces et du petit bétail. Les habitants de ces quartiers se
plaignent d'avoir perdu, les uns leurs champs, les autres, leurs bétail
et cherchent ainsi à les restaurer à petite échelle.
3.2.2.3. Conséquences sur la vie économique
1°) La croissance en dualité
Le lotissement, avons-nous dit, est une résultante de
la disposition entre l'accroissement démographique et l'insuffisance
spatiale. La conséquence économique directe est que, à
cause de l'accroissement démographique l'espace devient plus
préoccupant que les structures économiques de production et la
création des emplois. Il en résulte un pléthore de
main-d'oeuvre, alimenté par l'immigration face à une absence
d'emplois. On remarque non seulement l'inadéquation du rapport
population/emploi, mais aussi équipements/population.
Cela est prouvé par le fait que, de tous les quartiers
en lotissement, aucun n'est doté d'une structure pouvant embaucher. Ce
qui renforce l'insolvabilité économique des populations de ces
quartiers.
2°) L'accroissement de la dépendance
alimentaire et la baisse de la production
Le lotissement ayant modifié la vie économique
des quartiers péri-urbains avec le passage des activités
agricoles de subsistance à la vie plus ou moins capitaliste basée
sur l'argent, le lotissement a aussi, de fait, réduit la production
vivrière tant dans ces quartiers que dans les milieux
d'émigration au point que la survie de la population urbaine de la ville
de Goma dépend de l'importation de certains produits alimentaires de
première nécessité et cela parce que le lotissement a
accru le nombre de consommateurs sans rendre la ville productrice. Au
contraire, il a réduit et le nombre des producteurs et la
productivité dans les quartiers périphériques de la ville
et, en attirant les migrants, dans leur milieu de départ.
La demande de ces produits s'est accrue plus que l'offre, ce
qui impose la dépendance alimentaire de la ville de Goma
vis-à-vis du RWANDA et de l'OUGANDA et entraîne une augmentation
continue des prix.
3°) La naissance des besoins divers et le transfert de
la pauvreté
Le contact des sociétés, consécutif au
lotissement, crée des nouveaux besoins pour la population: meilleure
scolarisation, électrification, les équipements et meubles
modernes, alimentation, etc.
Cette multiplicité et cette diversité des
besoins pendant que la population reste démunie de toute source de
revenus amplifient la pauvreté. Cette pauvreté découle,
pour les quartiers périphériques, du transfert de la
pauvreté du milieu rural vers le milieu urbain et de la
prolétarisation des populations autochtones de ces quartiers qui sont
« délocalisées » sans aucune mesure d'encadrement ou de
structuration et d'indemnisation.
On se trouve alors en présence de « deux quartiers
dans un même quartier » comme pour reproduire ou illustrer la
théorie de « centre-périphérie », à
petite échelle. Ce sont les réalités d'exploités et
d'exploitants qui sont à l'ordre du jour dans ces quartiers, surtout
concernant les travaux de construction, d'aplanissement des terrains, de
délimitation des terrains par des clôtures en pierres...
4°) Le renforcement de l'insécurité
économique
« Les populations rurales sont les plus exposées
à l'insécurité et au risque économique »
(SADIKI. B., 2000) qui se renforcent dans l'insécurité
foncière.
Le lotissement confisque le capital foncier de la population
sans donner à celle-ci une voie de sortie et d'auto promotion.
Aucune activité n'est développée pour
restaurer la source de revenus de la population des quartiers
périphériques.
N'ayant pas de source de revenus, et devant faire face
à des besoins multiples, la population autochtone et pauvre est
maintenue, par le lotissement, dans « un piège de la
pauvreté » que nous pouvons schématiser comme suit.
Fig. 4. Piège de la pauvreté
résultant du lotissement
PAS DE SOURCE DE REVENU
MULTIPLICITE DE BESOINS
FORTE MONETARISATION DE LA VILLE LOCALE
ACCROISSEMENT DE LA PAUVRETE
SUPPRESSION DES ACTIVITES DE BASE (Agriculture, élevage)
DES QUARTIERS LOTIS
Contradiction
LOTISSEMENT
Par le fait du lotissement, surgit la suppression, la
cessation des activités traditionnelles de production dans les quartiers
lotis et s'y créent de nouveaux besoins qu~ s'ajoutent aux besoins
quotidiens pendant que l'on y trouve plus de sources de revenus ni d'emplois.
Devant faire face à une vie monétarisée et aux faits
ci-hauts cités, les populations locales vivent dans une pauvreté
en croissance.
3.2.2.4. Conséquences écologiques
Par son souci de faire adapter les espaces aux besoins
(habitations, routes, rues, infrastructures sanitaires et scolaires...),
l'homme fait intervenir le lotissement. Mais mal opéré, celui-ci
devient un élément perturbateur de l'environnement physique.
1°) La dégradation de l'environnement par
l'occupation spatiale
Comme le note G. MASSIAH et al. (1987, op. cit), « en
ville, la terre disparaît sous les constructions, les
aménagements, les équipements... »
En traçant les routes, les rues, implantant les
maisons, l'homme dégrade l'environnement pour s'en servir. Il brise donc
l'équilibre écologique. A ceci, ajoutons que la terre arable
disparaît aussi car on doit changer la configuration du terrain pour que
celui-ci s'apprête à son utilisation.
2°) Le déboisement et la concentration de la
population
Par besoin d'un terrain pour la construction et des
matériaux locaux de construction; les arbres sont abattus sans aucune
mesure de reboisement.
Ajoutons que les rues tracées et la recherche d'un
terrain adapté sont des éléments de déboisement
systématique des quartiers en lotissement.
La concentration de la population demande un accroissement des
espaces ou alors une concentration des habitations sur un petit espace. Toutes
les deux concentrations sont destructrices de l'environnement.
3°) L'accès aux ressources communes
Avec le lotissement, cet accès devient l'apanage d'une
classe. Alors que le bord du lac est officiellement un espace
réservé, les terrains qui s 'y trouvent, sont plus
convoités et occupés par les riches qui privent ainsi les autres
(pauvres) d'accéder au lac.
4°) La pollution
Avec l'accroissement de la densité démographique
dans ces quartiers en lotissement, les immondices s 'y accroissent et y sont
stockées en désordre et sans traitement. Ce qui provoque la
pollution et l'insalubrité.
Toutes ces conséquences sont résumées
dans la pensée de J .P .DlEHL, « 1984, op. cit) la ville
présente un défi, elle s'approprie directement un espace et
ampute la biosphère de facteurs générateurs essentiels:
l'eau des fleuves et des lacs, la forêt, la terre arable. »
Les conséquences sociales, culturelles,
économiques et écologiques développés ci-haut
découlent du lotissement.
Néanmoins, il y a aussi des éléments
positifs qu'il apporte aux quartiers. Ces éléments sont aussi
sociaux, économiques et culturels.
3.2.3. Apports positifs du lotissement au
développement des quartiers en lotissement
Parmi les apports du lotissement, nous pouvons en retenir;
3.2.2.1. Améliorations sociales
1°) L'embellissement de la ville et la délimitation des
terrains; le lotissement rend le milieu beau par le traçage de la voirie
suivant les normes urbanistiques contemporaines et l'égalisation des
formes des parcelles et des constructions. Cela permet aussi une circulation
aisée des habitants dans les quartiers.
Source de conflits sociaux, le lotissement délimite les
parcelles et les dote d'un cadre juridique protégeant l'occupant.
(Sécurité foncière).
2°) La diminution du nombre des locataires par cette
offre, le lotissement diminue tant soit peu le nombre des locataires dans la
ville. Car chaque citadin est animé par le souci d'avoir un
«chez-soi ». Non seulement il réduit le nombre de locataires
mais aussi le prix du loyer.
3°) La lutte contre les constructions anarchiques. Cette
lutte ne peut être efficace qu'à la seule condition que les
autorités locales y soient impliquées et qu'elles comprennent le
processus et le bien fondé du lotissement.
4°) L'accès facile aux divers services de la ville
(écoles, hôpitaux, transport, marchés, magasins, ONG, ...)
: Par le rapprochement et la concentration, la population des quartiers en
lotissement bénéficie du transport, et des autres services au
même titre que les anciens locataires de la ville. Quoi qu'en cours et
malgré les instructions socio- politiques, l'électrification est
un service auquel les quartiers accèdent tant bien que mal.
Par la concentration de la population, les quartiers en
lotissement bénéficient de la part des organismes internationaux
comme par exemple l'OXFAM, le CICR des assistances pour l'accès à
l'eau potable.
5°) L'urbanisation du milieu est un
élément nouveau parce que la population acquiert aussi un soucis
de confirmation sociale et politique à l'égard des milieux
environnants. Et on remarque tout de même des améliorations des
conditions de vie qui doivent s'adapter au comportement du voisin venant d'un
centre ville.
La socialisation imposée est aussi un autre fait
à considérer qui rappèle la détribalisation du
milieu.
3.2.3.2. Les apports économiques
« La ville est présentée comme un moyen
d'intégration économique et culturelle de la masse paysanne au
processus de modernisation de la société » (A.M.P.S.,
op;cit).
Evoluant dans un pays à problèmes
économiques, on remarque que le lotissement en ayant
intégré les populations locales à la ville, encourage le
secteur informel qui se conçoit comme un mécanisme de
régulation du manque d'emploi. La population, tant immigrante que locale
se crée du travail soit en devenant colporteuse, spéculatrice:
vente dans des kiosques des produits manufacturés de première
nécessité ou dans des petits marchés pirates tout le long
des routes.
A ces activités de survie s'ajoute la transaction
foncière qui, selon nous, peut concerner les parcelles et l'exploitation
dans la parcelle des pierres qui seront vendues. Périodiquement, le
secteur de bâtiment offre des emplois: terrassement, maçonnerie,
menuiserie, peinture, les métiers d'artisanat: coupe-couture,
cordonnerie, tresse des divers objets traditionnels.
Enfin, nous pouvons dire que des activités rurales qui
sont intégrées dans la vie économique du milieu,
contribuent tant bien que mal à la régulation de la vie de la
population. En somme, le lotissement a permis l'élargissement du
marché urbain. Les entrepreneurs: commerçants, artisans,
créateurs d'écoles... et autres prestataires des services (SNEL,
REGIDESO, transporteurs) ont eus des nouveaux demandeurs des services et/ou
consommateurs.
3.2.2.3. Les apports culturels
Nous avons relevé deux éléments;
1°) La réconciliation entre les différentes
ethnies présentes dans les quartiers en lotissement. Car en tant que
marché, le lotissement amène des personnes d'origines
différentes à cohabiter malgré eux.
Par contraintes sociale et juridique, ces personnes
s'entendent et se côtoient malgré les conflits en cours. Par cette
diversité culturelle, la population autochtone se trouve en train
d'apprendre plus des immigrants car, comme le dit G. MASSIAH et al (1987 op.;
cit.) « la ville ouvre de nouvelles perspectives et une nouvelle culture
urbaine émerge et s'impose »
2°) Par contact des cultures, le paysage et les
habitations se sont améliorés car, les parcelles sont devenues
individuelles et uniformes alors que, avant le lotissement elles étaient
familiales et multiformes.
Enfin, si le lotissement a des conséquences sur la
vie/les conditions socio- économiques et culturelles de la population,
autochtone surtout, il est aussi une voie de transformation de la
société malgré l'aliénation qui en découle
car comme le dit DIEHL J .P ( op. cit) en dépit de la pauvreté,
les villes sont relativement riches.
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