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La problématique du lotissement dans la ville de Goma. cas des quartiers Keshero et Katoyi

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par Deo Kujirakwinja
Institut Supérieur de Développement Rural - Licence 2002
  

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3.2. ANALYSE DES EFFETS DU LOTISSEMENT DES QUARTIERS

PERIPHERIQUES SUR LA VIE DE LA POPULATION

3.2.1. Généralités

Nul n'ignore l'importance et la considération traditionnelle de la terre dans notre pays, la R.D.C.

Elle sert à plusieurs fins; économiques d'abord car, elle est la source de richesse par diverses exploitations: agriculture, élevage, bois de chauffe et de construction,... et génère des revenus pour l'occupant coutumier ou de droit; sociales ensuite parce qu'elle est un élément prouvant le statut social et donnant lieu à la stratification de la famille traditionnelle; culturelle enfin, étant donné qu'elle est un lien entre les vivants et les morts et un déterminant pour spécifier le clan, la tribu par rapport au terroir.

De ce point de vue, étant donné que la propriété foncière est conçue comme une propriété familiale collective, tout acte qui vise une partition du lopin de terre familial engendre des conséquences sur le plan social, économique, culturel et écologique tant au niveau des individus que du groupe et donc de toute l'organisation.

Cette propriété concerne aujourd'hui un espace composant le territoire national ou en faisant partie. L'Etat s'étant approprié toutes les terres (art. 53 de la loi foncière) dans le but de faire primer les intérêts généraux sur les intérêts individuels, les deux catégories d'intérêts se retrouvent en conflit. Ce conflit débouche sur une confusion sur terrain soulevant des problèmes en cas d'urbanisation et du lotissement.

En effet, appliqué au milieu périurbain, le lotissement, en tant qu'outil de l'urbanisation, fait assimiler la population de ce milieu et son terroir à la population urbaine. Or, cette assimilation revêt des dimensions sociale, économique, culturelle,.. au profit ou non de la population locale.

C'est pourquoi, dans les pages qui suivent, nous allons analyser les conséquences positives et négatives qui découlent du lotissement et telles que vécues par les populations des quartiers nouvellement lotis de la ville de Goma.

3.2.2. Conséquences négatives

3.2.2.1. Conséquences sociales

Face à un pouvoir désorganisé et « sans moyens », dépassé par l'accroissement de la démographie urbaine, les mesures de lotissement sont mises en application sans aucune considération de la population autochtone (locale).

Comme tout système, l'apparition d'un nouvel élément fait surgir, dans l'organisation en place, des dysfonctionnements qui peuvent être perceptibles ou non, exprimés ou non, il en est aussi de même du lotissement qui amène avec lui des effets sociaux qui influent sur le mode de vie local, l'organisation locale et les comportements de la population.

Nos recherches sur terrain nous ont fait déceler certains éléments découlant du lotissement et qui agissent au niveau des individus, du milieu local et au niveau régional.

1°) L'insuffisance des infrastructures de base

Les quartiers périphériques en cours de lotissement (KESHERO, NDOSHO et KA TOYI) de la ville de Goma subissent les effets du lotissement par la non conformité des infrastructures aux besoins de leurs populations. En effet, dans ces quartiers, les équipements n'ont pas augmenté au même rythme que le nombre de la population que le lotissement y entasse: pas d'eau potable, l'électrification ne touche que quelques rares maisons, pas d'hôpitaux et centres de santé viables, insuffisance d'écoles...

Les quelques rares infrastructures qui existent appartiennent à des privés et sont peu ou pas du tout viables. En outre, elles ne sont pas à la portée de tous les habitants des quartiers concernés compte tenu du coût élevé des services qu'elles rendent. Notons que cette insuffisance est plus exprimée par les populations allogènes que les autochtones.

Tableau no5. Les infrastructures existantes dans les Quartiers périphériQues

TYPE D'INFRASTRUCTURES

KESHERO

NDOSHO

KATOYI

TOTAL

Public

Privé

Public

Privé

Public

Privé

 

ECOLES

 

primaire :5

1

3

 

07

16

0

Secondaire :1

-

1

 

03

5

Centre de Santé

1

-

01

-

-

-

02

Dispensaire

-

02

-

03

-

08

13

Marchés

01

01

-

02

Il est à faire remarquer que parmi les écoles de ces quartiers celles des orphelins et des rescapés sont plus ou moins viables. Quant aux autres écoles, au centre de santé et aux dispensaires, ils sont moins viables. Ainsi, les habitants de ces quartiers sont obligés de recourir aux services du centre-ville où l'on trouve des infrastructures plus ou moins viables et assez nombreuses.

Cette conséquence qui influe sur la vie des quartiers en lotissement a également une incidence sur la vie du centre-ville qui se trouve obligé de partager toutes ses ressources avec une population qui n'était pas prévue, pendant que ne s'accroissent pas: eau, électricité, hôpitaux, écoles... (pire), l'Etat n'a pas fait de la création de ces infrastructures sa priorité.

2°) La modification du mode de vie dans les quartiers lotis:

Par le fait du lotissement, l'occupation coutumière de l'espace est rompue avec toutes ses valeurs sociales; le voisinage qui était voulu dans la société traditionnelle devient imposé dans le milieu urbain. L'on est obligé de côtoyer et de partager la limite parcellaire avec une personne inconnue et « étrangère ». La solidarité communautaire - entraide et assistance connues comme actions obligatoires dans le milieu, deviennent facultatives et sont basées sur des rapports d'intérêt.

Quant au mode d'acquisition foncier, basé sur des rapports familiaux et/ou des normes coutumières, ils ont pour base le marchandage (argent) et le droit.

Bref, les rapports entre les individus sont modifiés de par leur nature et leur orientation. L'aspect familial tend à se restreindre donnant place aux relations d'intérêts. Les individus sont partagés entre la solidarité communautaire et la cohabitation forcée.

Ceci est renchéri par les chercheurs en habitat qui estiment que « I 'urbanisation rapide (...) a jeté des ombres profondes sur nos civilisations (...) et elle a entraîné des bouleversements dans le mode de vie des habitants. (Ph. LA VIGNE, 1998).

3°) La manifestation intense des conflits parcellaires

Compte tenu de son importance pour les hommes, la terre devient une source des divers conflits entre les « ayant-droit » sur l'espace, de fait ou de droit.

Ayant trait au foncier, le lotissement rend les conflits de plus en plus violents et multiples. Les conflits dans les quartiers de notre étude sont plus basés sur les limites des parcelles, la double occupation d'une parcelle et le manque de considération de la population locale.

Jadis, les conflits étaient résolus au niveau familial ou communautaire, et les décisions qui en sortaient étaient plus unifiantes que contraignantes. Actuellement ( de nos jours), tout conflit foncier est amené auprès de diverses juridictions et services qui rendent des jugements contraignants sans souci de l'unité sociale.

Ces conflits n'engendrent que méfiances complexes, jalousie, mécontentements, hostilités entre les populations autochtone et allogène qui doivent pourtant maintenant cohabiter.

Les acteurs dans ces conflits sont loin de s'entendre considérant leurs niveaux: agents du service de cadastre, population autochtone qui est « dépossédée », population allochtone qui bénéficie des terrains du fait du lotissement.

La loi foncière, ignorée par les uns et enfreinte par les autres est loin d'apporter une solution surtout que la raison ne peut revenir qu'au plus fort.

4°) Effritement de l'autorité coutumière et confusion des pouvoir

Alors qu'ils étaient organisés sous l'autorité coutumière et régis par le droit coutumier, les quartiers en lotissement se voient soumis au droit écrit qui méconnaît le pouvoir coutumier et même celui du chef de quartier. On se trouve désormais devant une pluralité de normes et des instances d'arbitrage et de règlement des conflits. Ceci crée une confusion des pouvoirs entre les autorités locales et les autorités de la ville ou des services administratifs ayant le foncier dans leurs attributions et modifie les relations entre les individus et l'autorité. Ceci se remarque sur le terrain par la présence des fiches d'occupation de terre délivrées administrativement par le bourgmestre par l'entremise des chefs locaux, les actes de vente visés par ces chefs locaux et les contrats de location délivrés par les services fonciers et qui sont seuls valables juridiquement, les premiers documents ne l'étant pas.

Cette confusion, dans la pratique, génère des conflits institutionnels sur les limites des quartiers en lotissement et les terres encore rurales, qui environnent la ville. C'est une insécurité foncière qui naît de cette confusion.

5°) La prolétarisation de la population autochtone

La misère et le chômage sont les faits remarquables dans les quartiers en lotissement. La prolétarisation et la clochardisation de la population se font remarquer par:

- la spoliation des terrains des autochtones: ceux-ci sont dépossédés de leurs terres sans indemnité car ne possédant pas de titres; ils sont obligés de libérer les espaces occupés au profit des populations allogènes et les services fonciers.

- l'intégration inharmonieuse de la population autochtone: cette population n'est pas, en effet, préparée à mener la vie citadine et se trouve incluse dans la ville sans aucune mesure d'encadrement. Ainsi, beaucoup d'habitants autochtones de ces quartiers vont pratiquer l'agriculture dans les milieux environnant disposant d'espaces

- la rareté des denrées alimentaires: les habitants de ces quartiers recourent à la ville pour s'approvisionner alors que ce n'était pas le cas. Ils ne produisent plus rien parce que la terre a changé de sens; de la production des aliments à l'installation de l'habitat.

- la caractérisation et le zonage de la pauvreté:

Ces quartiers sont découpés en zones constituées suivant les avoirs car, les lots sont occupés plus suivant la disponibilité des revenus que suivant toute autre considération sociale.

Dans ces quartiers en lotissement, les lots du bord du lac et des routes principales sont attribués aux personnes nanties qui y érigent des grandes et belles constructions tandis que les lots éloignés du lac et ces routes sont réservés aux moins nanties et on y retrouve des maisons en matériaux semi-durables, comme qui dirait une occupation suivant « les zones concentriques de la théorie de J. VON THUNEN » en économie rurale.

- la réduction de la population autochtone/locale à l'état d'insolvabilité:

le lotissement prive cette population, de sa source de revenus pendant qu'elle doit répondre à des multiples besoins fondamentaux sans emploi, sans promotion et prise en charge totale ou partielle par l'Etat et/ou par les institutions privées sociales. Elle se retrouve alors en insécurité socio-économique et juridique croissante.

- l'exclusion de la population autochtone du circuit foncier: comme elle n'a pas de titre foncier, n'a pas été indemnisée et se trouve maintenant dans l'ignorance, cette population n'est rétablie dans aucun droit que ce soit dans les quartiers en lotissement ou en dehors de ces derniers.

6°) L'exode rural et ses conséquences

Du fait que les terrains paraissent comme disponibles, moins coûteux dans les quartiers en lotissement, et que les « parrains » pouvant accueillir des nouveaux migrants s 'y multiplient, les populations rurales attirées par le mirage du bien-être dans la ville émigrent et abandonnent l'agriculture et autres activités rurales.

Ce mouvement des populations influe sur la production vivrière dans la province et particulièrement dans les milieux de départ qui se voient privé d'une portion de la main d'oeuvre active.

3.2.2.2. Conséquences culturelles

1°) La modification du rapport entre I 'homme et la terre

Conçue traditionnellement comme source de vie et de richesse/de survie, lien avec les ancêtres et sources de revenus, la terre devient une marchandise vouée à l'exploitation et la surexploitation, signe de pouvoir et de domination.

Cette transformation de la conception foncière a aussi modifié I 'habitat du milieu. Perdu dans la bananeraie et occupé suivant les liens de la communauté ou de la famille, l'habitat est aujourd'hui régi par les normes drastiques à respecter. Alors que les chemins et sentiers étaient tracés suivant les limites de concessions et suivant un modèle propre à une culture, aujourd'hui, ils sont tracés suivant les normes préétablies.

Bien qu'elle soit de portée sociale, la question urbaine est aujourd'hui bureaucratisée et monnayée.

2°) L'aliénation et la domination de la culture urbaine

Considérée comme « défoliant culturel » (B. LUGAN, 1991), la ville ou l'urbanisation est une transition entre la vie traditionnelle et la vie moderne. Elle modifie les croyances et les aspirations de la population autochtone par contact avec les populations venant de divers villes, villages et centres commerciaux. La population autochtone apprend un nouveau mode de consommation, de vivre, de réclamer...

La vie antérieure de la population autochtone est considérée comme « rurale » et porteuse des souffrances.

« Et comme nous sommes dans la ville, tout doit changer » disent les gens des quartiers en lotissement.

Notons aussi que les habitudes collectives, les pratiques coutumières se tro,uvent modifiées et la population s'identifie par rapport à la ville et non plus par rapport à la famille.

3°) La ruralisation et/ou la « révillagisation » de la ville

Ayant vécu dans le milieu traditionnel (rural) et vivant dans le milieu urbain/moderne, on remarque une interférence des pratiques de la vie rurale dans la vie urbaine. Cette interférence se double alors des survivances, plus ou moins durables, des traits du milieu rural dans la vie du milieu urbain. Ceci nous pousse à parler de la ruralisation et de la révillagisation de la ville car nous remarquons, dans la ville certaines réalités propres au milieu dit rural : agriculture, élevage qui sont pourtant interdits dans la ville, des clivages ethniques et d'autres travaux ruraux non agricoles comme la forge, l'artisanat...

Les parcelles se trouvent dès lors investies non seulement par des habitations mais aussi par des cultures de toutes espèces et du petit bétail. Les habitants de ces quartiers se plaignent d'avoir perdu, les uns leurs champs, les autres, leurs bétail et cherchent ainsi à les restaurer à petite échelle.

3.2.2.3. Conséquences sur la vie économique

1°) La croissance en dualité

Le lotissement, avons-nous dit, est une résultante de la disposition entre l'accroissement démographique et l'insuffisance spatiale. La conséquence économique directe est que, à cause de l'accroissement démographique l'espace devient plus préoccupant que les structures économiques de production et la création des emplois. Il en résulte un pléthore de main-d'oeuvre, alimenté par l'immigration face à une absence d'emplois. On remarque non seulement l'inadéquation du rapport population/emploi, mais aussi équipements/population.

Cela est prouvé par le fait que, de tous les quartiers en lotissement, aucun n'est doté d'une structure pouvant embaucher. Ce qui renforce l'insolvabilité économique des populations de ces quartiers.

2°) L'accroissement de la dépendance alimentaire et la baisse de la production

Le lotissement ayant modifié la vie économique des quartiers péri-urbains avec le passage des activités agricoles de subsistance à la vie plus ou moins capitaliste basée sur l'argent, le lotissement a aussi, de fait, réduit la production vivrière tant dans ces quartiers que dans les milieux d'émigration au point que la survie de la population urbaine de la ville de Goma dépend de l'importation de certains produits alimentaires de première nécessité et cela parce que le lotissement a accru le nombre de consommateurs sans rendre la ville productrice. Au contraire, il a réduit et le nombre des producteurs et la productivité dans les quartiers périphériques de la ville et, en attirant les migrants, dans leur milieu de départ.

La demande de ces produits s'est accrue plus que l'offre, ce qui impose la dépendance alimentaire de la ville de Goma vis-à-vis du RWANDA et de l'OUGANDA et entraîne une augmentation continue des prix.

3°) La naissance des besoins divers et le transfert de la pauvreté

Le contact des sociétés, consécutif au lotissement, crée des nouveaux besoins pour la population: meilleure scolarisation, électrification, les équipements et meubles modernes, alimentation, etc.

Cette multiplicité et cette diversité des besoins pendant que la population reste démunie de toute source de revenus amplifient la pauvreté. Cette pauvreté découle, pour les quartiers périphériques, du transfert de la pauvreté du milieu rural vers le milieu urbain et de la prolétarisation des populations autochtones de ces quartiers qui sont « délocalisées » sans aucune mesure d'encadrement ou de structuration et d'indemnisation.

On se trouve alors en présence de « deux quartiers dans un même quartier » comme pour reproduire ou illustrer la théorie de « centre-périphérie », à petite échelle. Ce sont les réalités d'exploités et d'exploitants qui sont à l'ordre du jour dans ces quartiers, surtout concernant les travaux de construction, d'aplanissement des terrains, de délimitation des terrains par des clôtures en pierres...

4°) Le renforcement de l'insécurité économique

« Les populations rurales sont les plus exposées à l'insécurité et au risque économique » (SADIKI. B., 2000) qui se renforcent dans l'insécurité foncière.

Le lotissement confisque le capital foncier de la population sans donner à celle-ci une voie de sortie et d'auto promotion.

Aucune activité n'est développée pour restaurer la source de revenus de la population des quartiers périphériques.

N'ayant pas de source de revenus, et devant faire face à des besoins multiples, la population autochtone et pauvre est maintenue, par le lotissement, dans « un piège de la pauvreté » que nous pouvons schématiser comme suit.

Fig. 4. Piège de la pauvreté résultant du lotissement

PAS DE SOURCE DE REVENU

MULTIPLICITE DE BESOINS

FORTE MONETARISATION DE LA VILLE LOCALE

ACCROISSEMENT DE LA PAUVRETE

SUPPRESSION DES ACTIVITES DE BASE (Agriculture, élevage) DES QUARTIERS LOTIS

Contradiction

LOTISSEMENT

Par le fait du lotissement, surgit la suppression, la cessation des activités traditionnelles de production dans les quartiers lotis et s'y créent de nouveaux besoins qu~ s'ajoutent aux besoins quotidiens pendant que l'on y trouve plus de sources de revenus ni d'emplois. Devant faire face à une vie monétarisée et aux faits ci-hauts cités, les populations locales vivent dans une pauvreté en croissance.

3.2.2.4. Conséquences écologiques

Par son souci de faire adapter les espaces aux besoins (habitations, routes, rues, infrastructures sanitaires et scolaires...), l'homme fait intervenir le lotissement. Mais mal opéré, celui-ci devient un élément perturbateur de l'environnement physique.

1°) La dégradation de l'environnement par l'occupation spatiale

Comme le note G. MASSIAH et al. (1987, op. cit), « en ville, la terre disparaît sous les constructions, les aménagements, les équipements... »

En traçant les routes, les rues, implantant les maisons, l'homme dégrade l'environnement pour s'en servir. Il brise donc l'équilibre écologique. A ceci, ajoutons que la terre arable disparaît aussi car on doit changer la configuration du terrain pour que celui-ci s'apprête à son utilisation.

2°) Le déboisement et la concentration de la population

Par besoin d'un terrain pour la construction et des matériaux locaux de construction; les arbres sont abattus sans aucune mesure de reboisement.

Ajoutons que les rues tracées et la recherche d'un terrain adapté sont des éléments de déboisement systématique des quartiers en lotissement.

La concentration de la population demande un accroissement des espaces ou alors une concentration des habitations sur un petit espace. Toutes les deux concentrations sont destructrices de l'environnement.

3°) L'accès aux ressources communes

Avec le lotissement, cet accès devient l'apanage d'une classe. Alors que le bord du lac est officiellement un espace réservé, les terrains qui s 'y trouvent, sont plus convoités et occupés par les riches qui privent ainsi les autres (pauvres) d'accéder au lac.

4°) La pollution

Avec l'accroissement de la densité démographique dans ces quartiers en lotissement, les immondices s 'y accroissent et y sont stockées en désordre et sans traitement. Ce qui provoque la pollution et l'insalubrité.

Toutes ces conséquences sont résumées dans la pensée de J .P .DlEHL, « 1984, op. cit) la ville présente un défi, elle s'approprie directement un espace et ampute la biosphère de facteurs générateurs essentiels: l'eau des fleuves et des lacs, la forêt, la terre arable. »

Les conséquences sociales, culturelles, économiques et écologiques développés ci-haut découlent du lotissement.

Néanmoins, il y a aussi des éléments positifs qu'il apporte aux quartiers. Ces éléments sont aussi sociaux, économiques et culturels.

3.2.3. Apports positifs du lotissement au développement des quartiers en lotissement

Parmi les apports du lotissement, nous pouvons en retenir;

3.2.2.1. Améliorations sociales

1°) L'embellissement de la ville et la délimitation des terrains; le lotissement rend le milieu beau par le traçage de la voirie suivant les normes urbanistiques contemporaines et l'égalisation des formes des parcelles et des constructions. Cela permet aussi une circulation aisée des habitants dans les quartiers.

Source de conflits sociaux, le lotissement délimite les parcelles et les dote d'un cadre juridique protégeant l'occupant. (Sécurité foncière).

2°) La diminution du nombre des locataires par cette offre, le lotissement diminue tant soit peu le nombre des locataires dans la ville. Car chaque citadin est animé par le souci d'avoir un «chez-soi ». Non seulement il réduit le nombre de locataires mais aussi le prix du loyer.

3°) La lutte contre les constructions anarchiques. Cette lutte ne peut être efficace qu'à la seule condition que les autorités locales y soient impliquées et qu'elles comprennent le processus et le bien fondé du lotissement.

4°) L'accès facile aux divers services de la ville (écoles, hôpitaux, transport, marchés, magasins, ONG, ...) : Par le rapprochement et la concentration, la population des quartiers en lotissement bénéficie du transport, et des autres services au même titre que les anciens locataires de la ville. Quoi qu'en cours et malgré les instructions socio- politiques, l'électrification est un service auquel les quartiers accèdent tant bien que mal.

Par la concentration de la population, les quartiers en lotissement bénéficient de la part des organismes internationaux comme par exemple l'OXFAM, le CICR des assistances pour l'accès à l'eau potable.

5°) L'urbanisation du milieu est un élément nouveau parce que la population acquiert aussi un soucis de confirmation sociale et politique à l'égard des milieux environnants. Et on remarque tout de même des améliorations des conditions de vie qui doivent s'adapter au comportement du voisin venant d'un centre ville.

La socialisation imposée est aussi un autre fait à considérer qui rappèle la détribalisation du milieu.

3.2.3.2. Les apports économiques

« La ville est présentée comme un moyen d'intégration économique et culturelle de la masse paysanne au processus de modernisation de la société » (A.M.P.S., op;cit).

Evoluant dans un pays à problèmes économiques, on remarque que le lotissement en ayant intégré les populations locales à la ville, encourage le secteur informel qui se conçoit comme un mécanisme de régulation du manque d'emploi. La population, tant immigrante que locale se crée du travail soit en devenant colporteuse, spéculatrice: vente dans des kiosques des produits manufacturés de première nécessité ou dans des petits marchés pirates tout le long des routes.

A ces activités de survie s'ajoute la transaction foncière qui, selon nous, peut concerner les parcelles et l'exploitation dans la parcelle des pierres qui seront vendues. Périodiquement, le secteur de bâtiment offre des emplois: terrassement, maçonnerie, menuiserie, peinture, les métiers d'artisanat: coupe-couture, cordonnerie, tresse des divers objets traditionnels.

Enfin, nous pouvons dire que des activités rurales qui sont intégrées dans la vie économique du milieu, contribuent tant bien que mal à la régulation de la vie de la population. En somme, le lotissement a permis l'élargissement du marché urbain. Les entrepreneurs: commerçants, artisans, créateurs d'écoles... et autres prestataires des services (SNEL, REGIDESO, transporteurs) ont eus des nouveaux demandeurs des services et/ou consommateurs.

3.2.2.3. Les apports culturels

Nous avons relevé deux éléments;

1°) La réconciliation entre les différentes ethnies présentes dans les quartiers en lotissement. Car en tant que marché, le lotissement amène des personnes d'origines différentes à cohabiter malgré eux.

Par contraintes sociale et juridique, ces personnes s'entendent et se côtoient malgré les conflits en cours. Par cette diversité culturelle, la population autochtone se trouve en train d'apprendre plus des immigrants car, comme le dit G. MASSIAH et al (1987 op.; cit.) « la ville ouvre de nouvelles perspectives et une nouvelle culture urbaine émerge et s'impose »

2°) Par contact des cultures, le paysage et les habitations se sont améliorés car, les parcelles sont devenues individuelles et uniformes alors que, avant le lotissement elles étaient familiales et multiformes.

Enfin, si le lotissement a des conséquences sur la vie/les conditions socio- économiques et culturelles de la population, autochtone surtout, il est aussi une voie de transformation de la société malgré l'aliénation qui en découle car comme le dit DIEHL J .P ( op. cit) en dépit de la pauvreté, les villes sont relativement riches.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore