2. I.
2. Zone d'installation des migrants
Malgré la solidarité traditionnelle
évoquée ci-haut, certains quartiers de la ville de Goma sont plus
sollicités que d'autres par les immigrants en fonction de leur niveau
économique. Nous voulons parler du zonage des migrants dans la ville de
Goma, zonage qui se caractérise par le niveau de pauvreté.
L'installation des immigrants part des divers
éléments dont:
· le secteur d'activité du membre / de la famille
d'accueil,
· la situation sociale et économique du membre /
de la famille d'accueil
· le genre d'activité à entreprendre par le
nouvel émigrant qui évolue souvent dans le secteur (informel) de
son « parrain »
· les relations sociales de fraternité ou
d'amitié,
· la cause de la migration
· le coût du loyer,
· la situation socio-économique de
l'émigrant.
Partant les facteurs susmentionnés, les immigrants
s'installent dans les quartiers populaires de la ville de Goma: MIKENO,
MAPENDO, MABANGA NORD et SUD, MAJENGO et le quartier VIRUNGA pour les migrants
transnationaux (Rwandais).
La migration contribue à l'accroissement de la
population urbaine plus que l'accroissement naturel. Car, si l'exode rural, qui
n'est qu'une partie de la migration, « représente près de la
moitié de la croissance démographique des villes » (G.
MASSIAH. et al. op. cit), la migration dans son ensemble doit en
représenter plus.
2. I. 3. Evolution de la population des quartiers
périphériques
L'explication de la migration doit l'être par le surplus
de la population du milieu en dehors de son accroissement naturel. Nous allons
pouvoir observer/constater une augmentation de la population de la ville de
Goma plus qu'elle ne doit l'être en considérant l'accroissement
naturel qui s'obtient par le taux de natalité moins le taux de
mortalité (accroissement estimée à 0,9 %., comme dit
précédemment).
Le tableau ci-après nous donne l'évolution de la
population des quartiers de notre étude: KESHERO, NDOSHO et KATOYI pour
les cinq dernières années.
Tableau no3 : Evolution démographiQue des Quartiers
périphériQues de la ville de
Goma (1996-2000).
Années
Quartiers
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
KESHERO
|
3 138
|
3 814
|
3 814
|
7 055
|
12 058
|
NDOSHO
|
787
|
1 833
|
2 456
|
1 506
|
6 894
|
KATOYI
|
18 717
|
16 647
|
21 333
|
17 618
|
23 570
|
TOTAL
|
22 642
|
22 294
|
27 603
|
26 179
|
42 522
|
TOTAL VILLE
|
194 397
|
217 526
|
249 481
|
324 892
|
353 181
|
% PAR RAPPORT à LA VILLE
|
11,64
|
10,24
|
11,06
|
8,05
|
12,03
|
Source: Rapports annuels Mairie de Goma.
Cette évolution est visualisée par la figure
ci-après:
Fig. 1. GraphiQue de l'évolution
démographiQue de la population des Quartiers périphériQues
Le pourcentage moyen de la population de ces quartiers est de
10,6% par rapport à la population de la ville de Goma. Comme le montrent
le tableau et la figure; la population des quartiers
périphériques a connu des accroissements et des
décroissances qui peuvent être dus à la complicité
des certaines personnes qui accueillaient des réfugiés et les
faisaient recenser comme des nationaux, et après, ces derniers
décidaient de rentrer chez eux au Rwanda (1996-1997).
L'accroissement démographique de 1997 -1998 par rapport
à 1996 est imputé à la guerre dite de libération de
l'A. F. D. L. Quant à la décroissance de 1998-1999, elle est
attribuée à la guerre du RCD (Rassemblement Congolais pour la
Démocratie) qui, avec le recrutement des jeunes a déplacé
une portion de la population. La même guerre est responsable de
l'accroissement de 1999-2000, par l'insécurité
caractérisée dans les milieux paysans. Mais aussi, on peut
ajouter la propulsion du commerce (à l'intérieur de certaines
cités) et des marchés des minerais, à l'occurrence le
COLTAN.
A ces faits sociaux et politiques, nous pouvons ajouter les
irrégularités dans le processus de recensement qui partent de
l'incompétence des agents recenseurs (Nyumba kumi, chefs des cellules,
d'avenues, de quartiers...) à l'utilisation des matériels
inadéquats. Le retour des réfugiés est aussi un autre fait
perturbateur de grande envergure.
Excepté le quartier KESHERO qui a connu une croissance
continue de la population qui est, en moyenne, de 26%; les autres quartiers ont
été plus affectés par ces irrégularités.
Malgré cela, le quartier NDOSHO a connu une croissance
supérieure de 64,7% en moyenne alors que KATOYI a connu une croissance
moyenne de 14,13%.
En général, la population des trois quartiers a
connu un accroissement de 34,94% et si l'on considère les cinq
années, comme espace temporel de comparaison, la population des trois
quartiers s'est accrue de 61,04%. Cet accroissement est plus visible en
regardant la courbe de 1999 à 2000.
Cet accroissement se fait remarquer par l'occupation spatiale
de la ville de Goma et les problèmes qui en découlent.
Le mouvement des populations incontrôlé des
migrants donne lieu aux démembrements illicites des parcelles
occupées. Ces démembrements débouchent sur des
constructions anarchiques qui occasionnent à leur tour des perturbations
dans le cours normal de la vie du quartier: alimentation en eau et en
électricité, l'évacuation des eaux usées et de
pluies, l'élimination des déchets domestiques, la circulation des
personnes,...
Ces démembrements et leurs conséquences en
appellent aussi à des nouveaux lotissements.
Toute cette chaîne fait appel à la
régulation administrative qui est l'urbanisation par le lotissement.
L'interaction entre les éléments repris dans ce
point peut être résumée par la figure ci- après :
Fig.2. L'interaction entre les éléments
conduisant au lotissement partant de la migration
vers la ville de Goma.
CROISSANCE DE LA POPULATION URBAINE DANS LES QUARTIERS
PERTURBATION DES CONDITIONS DE VIE DANS LES QUARTIERS
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