3.4.3
Interprétation et discussion
Dans l'aire urbaine de Lyon, les déménagements
se font surtout au sein même du périurbain. Cette tendance
s'équilibre à Toulouse et s'inverse à Rennes. On peut donc
avancer le fait qu'à partir d'un certain seuil de taille, le centre
d'une aire urbaine n'est plus forcément répulsif au niveau des
prix, et permet à tous les types de ménages de s'y installer.
Ceci est d'autant plus vrai que, si le centre de l'aire urbaine lyonnaise est
réservée aux ménages aisés (cf tableau 15), les
autres centres sont aussi bien la cible des ménages aisés que des
modestes. A Rennes, le fait d'être modeste ou aisé n'a même
plus d'impact sur ce type de migrations. A l'inverse, dans les migrations au
sein du périurbain, les ménages des aires urbaine plus petites
ont moins tendance à vouloir chercher à échapper à
la dépendance automobile, même si ce cas reste majoritaire. Au
contraire, les communes plus dépendantes y attirent un peu plus de
ménages à mesure que le taille de l'aire urbaine diminue (cas de
Rennes).
Les jeunes ménages, dont le chef a moins de 24 ans,
ont plutôt tendance à déménager vers le centre de
l'aire urbaine, et ce dans les trois cas,avec une tendance plus forte à
Toulouse. La migration vers le périurbain semble plutôt se faire
après 40 ans.
Les migrations vers le centre sont plus la règle pour
les petits ménages, surtout ceux formés d'une personne seule. En
mettant cette donnée en relation avec l'âge, on peut estimer qu'il
s'agit là surtout de jeunes adultes, étudiants ou actifs, qui
vont chercher un premier logement. Au delà de trois (cas de Toulouse) ou
de quatre (Lyon et Rennes), la migration vers le périurbain est plus
probable.
Ces ménages formés par une personne seule ne
vont donc pas se diriger vers le périurbain en règle
générale, et cela, quelque soit le type de dépendance de
la commune. Il y a tout de même une exception à Toulouse,
où cette catégorie a tendance à déménager
vers des communes moins dépendantes, et beaucoup moins dans les autres,
en comparaison avec les deux autres aires urbaines. Les ménages plus
nombreux, ceux qui privilégient le périurbain vont
emménager dans des communes aussi dépendantes et même plus
dépendantes que leur commune d'origine. La recherche d'un cadre de vie
plus vert, ou plus simplement la recherche d'un foncier moins cher, au
détriment de l'augmentation du coût de transport, va pouvoir
expliquer ce phénomène.
L'âge du chef de ménage va également
impacter sur le déménagement de la périurbain. A
l'exception de Toulouse, les moins de 24 ans qui ne vont pas en centre ville
vont avoir tendance à choisir d'aller vivre dans des communes aussi
dépendantes et même plus dépendantes (cas de Rennes). La
raison semble encore une fois la même: des coûts fonciers plus
abordables pour des jeunes ménages. La tendance se poursuit avec
l'augmentation de l'âge, les communes plus dépendantes dans le
périurbain attirent, même si cette tendance baisse après 40
ans.
Au sein du périurbain, le statut du ménage qui
déménage vers des communes moins dépendantes varie selon
la taille de l'aire urbaine. A Lyon, ce type de mouvement semble être
surtout l'oeuvre des modestes, cherchant clairement à échapper
à un phénomène qui pèse sur leurs budgets. A
Toulouse, la tendance est équilibrée entre les deux types de
ménages, alors qu'à Rennes, ce sont les aisés qui vont
rechercher ce type de destinations.
Ce schéma est à mettre en lien avec les
migrations vers des communes plus dépendantes, où il en est
l'exact opposé. A Lyon, ce sont les ménages aisés qui vont
déménager dans ces communes, tandis qu'à Rennes, ce sont
les ménages modestes. La dépendance automobile semble donc prise
en compte par les modestes dans les très grandes villes comme Lyon, mais
n'entre plus forcément en ligne de compte dans les aires urbaines de
taille moyenne, où le phénomène n'a probablement pas le
même impact sur le budget des ménages. Le fait d'un immobilier
plus cher, qui s'ajoute aux dépenses automobiles, à Lyon par
rapport aux aires urbaines plus petites peut être l'explication la plus
crédible.
La dépendance automobile de la commune d'accueil est
donc une caractéristique prise en compte par les ménages. Ce
choix se fait principalement en fonction de ses caractéristiques, tant
au niveau social qu'au niveau de sa composition. Toutefois, il apparaît
que ces tendances de déménagement évoluent selon l'aire
urbaine étudiée. Ainsi, un ménage modeste
périurbain de la région lyonnaise ne pourra pas aller au centre
ville, et privilégiera des communes moins dépendantes en restant
dans le périurbain, tandis qu'à Rennes, ce même
ménage, à âge et taille comparable, aura certes plus de
chances de s'installer en centre ville, mais surtout, il ne va plus
hésiter à rejoindre une commune plus dépendante.
La question de la dépendance automobile pour les
ménages modestes semble donc plus à prendre en compte pour des
grandes aires urbaines françaises, comme Paris et Lyon, les aires
urbaines plus petites n'étant a priori plus forcément
concernées.
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