2.2. Les systèmes d'élevage
En Afrique Subsaharienne, particulièrement au Burkina
Faso, il y a une grande variété de systèmes
d'élevage, dont la différentiation fait appel à divers
critères utilisés seuls ou combinés entre eux. En
privilégiant le critère mobilité, on distingue trois
principaux systèmes dont les premiers, l'élevage
sédentaire et l'élevage transhumant sont effectivement
pratiqués au Burkina Faso, le troisième étant
l'élevage nomade.
2.2.1. L'élevage sédentaire
Ce mode d'élevage est pratiqué par les
agriculteurs qui thésaurisent leurs productions agricoles sous forme de
bétail ou par les éleveurs sédentarisés pour
diverses raisons, qui diversifient leurs sources de revenus en pratiquant
l'agriculture. Dans ce système, les animaux sont gardés en
permanence au niveau du village où, sous la conduite des bergers, ils
pâturent sur de courtes distances dans les espaces non cultivés
pendant la saison des pluies. Pendant la saison sèche, l'alimentation
est complémentée avec les résidus de cultures et les
fourrages conservés. Cette pratique d'élevage permet
d'éviter le contact entre troupeau et glossines en zone indemne de
mouches tsé-tsé. La taille moyenne du troupeau est
généralement inférieure à cinquante têtes.
Sous l'effet de l'augmentation qualitative et quantitative
rapide de la demande en produits animaux, d'autres formes d'élevage
sédentaire ont fait leur apparition autour des grands centres de
consommation (milieux urbains et périurbains). Parmi ceux-ci, on peut
citer
l'embouche des bovins, des petits ruminants, les
élevages laitiers, les fermes de production avicole et porcine.
Pour ce qui concerne l'embouche intensive au Burkina Faso, sa
durée n'excède pas six mois et se pratique
généralement au cours de la saison sèche. Les rations
alimentaires de ces effectifs sont généralement servies sur
place, ce qui minimise le contact direct avec les vecteurs biologiques des
TAA.
2.2.2. La transhumance
La transhumance se définie comme « un
système de production animale basé sur des mouvements cycliques,
d'amplitude variable, à la recherche des meilleurs pâturages des
saisons en cours. Ces mouvements s'effectuent entre zones écologiques
complémentaires, sous la garde de quelques personnes, la plus grande
partie du groupe restant sédentaire » (Lhoste et al.,
1993). Actuellement, cette stratégie de déplacement
adaptée aux variations climatiques saisonnières est toujours
admise dans les zones sahéliennes et soudanosahéliennes. Au
Burkina, plus de 70% du cheptel bovin sont conduits annuellement en
transhumance nationale ou transfrontalière (Kagoné, 2004). En
fonction de la distance parcourue entre les terroirs d'attache et les zones
d'accueil d'une part et de la saison de transhumance d'autre part, on distingue
deux types de transhumance : la petite transhumance et la grande
transhumance.
- La petite transhumance est un
déplacement à l'intérieur du territoire national. Elle
s'effectue sur de courtes distances (inférieures à 100 km). Elle
se pratique en toute saison. En saison pluvieuse, elle se pratique au moment de
la levée des semis où le problème d'espace de pâture
se pose et a pour objectifs de protéger les cultures et d'éviter
les conflits entre éleveurs et agriculteurs et de réduire les
risques de maladies de bovins (zone infestée de glossines par exemple).
Après les récoltes, le bétail regagne les aires de culture
pour exploiter les résidus et sous-produits de récolte. Pendant
la saison sèche les raisons sont la recherche de pâturages et de
points d'eau.
- La grande transhumance est la transhumance
classique qui va à la rencontre des pluies en saison sèche avant
de « remonter » vers le Nord tout en restant en deçà du
front de progression de la nouvelle herbe (Benoît, 1998). Elle est
engendrée par l'assèchement des cours d'eau et des mares et la
rareté des pâturages exploitables. Entre terroirs d'attache et
zones d'accueil, la distance est grande, souvent de plusieurs centaines de
kilomètres. Les déplacements peuvent se limiter à un
changement de régions dans le même pays, mais ils
peuvent dépasser les limites frontalières. Au
Burkina Faso, les troupeaux guidés par les bergers, transhument (pendant
la saison sèche) des régions du Nord vers les zones du Sud
(climat soudanien), qui offrent des ressources en eau et en pâturages qui
ne sont plus disponibles au Nord notamment les graminées
pérennes, qui bien que moins riches que celles du Nord peuvent
être complétées par des résidus de culture.
Les trajets suivis sont orientés par la
disponibilité et l'accessibilité en eau. L'itinéraire
emprunté est le même chaque année, seules les dates de
descente et de remontée varient compte tenu de la variabilité de
la pluviométrie. Dès les premières pluies, les troupeaux
remontent vers les zones d'attache où l'eau redevient disponible (mares
et puits) et les pâturages offrent une alimentation de qualité en
graminées annuelles.
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