2.1.2. Impact du changement climatique sur
l'épidémiologie des TAA et sur les glossines
Des actions climatiques comme la sécheresse modifient
les conditions hygrométriques et thermiques nécessaires à
la survie des glossines (L'Hôte et Mahé, 1996). Les
épisodes de sécheresse des années 1970-1990 en sont des
exemples qui ont entraîné une descente de la limite Nord des
glossines (Courtin et al., 2009). Les cycles biologiques des vecteurs
nécessitent des conditions de température et d'humidité
optimales. Les changements du climat ont des conséquences variables en
fonction des régions du globe et les zones agro-climatiques
considérées. La zone Australe du Burkina (zone abritant des
glossines) est soumise depuis quelques dizaines d'années à une
forte pression humaine due à ses potentialités agricoles,
notamment pour la culture cotonnière (De La Rocque, 2003). Cette
région, connaît un bouleversement de l'habitat normal des
glossines, associé à la raréfaction des pluies, ce qui
aurait modifié leur densité et leur aire de répartition
(Courtin et al., 2010). Au Burkina Faso, Glossina longipalpis
a totalement disparu après la grande sécheresse de 1972-1973
(Challier et Laveissiere, 1977). G. morsitans submorsitans,
espèce savanicole, a disparu du bassin du fleuve Mouhoun et dans
pratiquement toute la zone cotonnière du pays et de nos jours son recul
est extrapolable à l'ensemble de tout le pays (Rayaissé et
al., 2009). Cette espèce, autrefois présente plus au
Nord, voit son aire de répartition réduite au Sud du pays du fait
de la dégradation de l'environnement et de la disparition de la faune
sauvage (Sow et al., 2009). Cette évolution de la population
glossinienne, pourrait laisser penser que les glossines et certaines
espèces de trypanosomes sont amenées à disparaître
dans le futur mais ce serait sans compter les facultés d'adaptation de
certaines espèces de glossines. En effet, les glossines du groupe
palpalis (notamment G. palpalis) s'adaptent de plus en plus
aux fortes densités
humaines et se maintiennent dans les plus grands centres
urbains d'Afrique de l'Ouest comme Abidjan et Conakry (Courtin et al.,
2009) ou Dakar (Van den Bossche et al., 2010).
Il est à noter que les changements climatiques ont peu
d'effet sur les vecteurs mécaniques (Dia et al., 2007). Ainsi,
l'élimination des glossines pourrait ne pas être suffisante pour
éradiquer les trypanosomoses animales dans les zones où une
transmission mécanique efficace pourrait se maintenir. Des
expériences menées à Lahirasso (Burkina Faso) ont
montré des incidences de 60% et 75% en 20 jours pour T. vivax,
assurées respectivement par Atylotus agrestis et A.
fuscipes (Desquesnes et Dia, 2003). Les vecteurs mécaniques des
trypanosomoses pourraient avoir un rôle épidémiologique non
négligeable, à l'avenir dans la transmission de la maladie. Avec
la réduction de la durée de vie des glossines et l'augmentation
de la transmission mécanique, on observe une inversion de la dominance
de T. congolense vers T. vivax et la disparition de T.
brucei brucei au Burkina (Dia et al., 2007).
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