1.3. Méthodes de lutte
La lutte contre les TAA tient compte des
éléments qui conditionnent l'existence et l'abondance des
parasites, des hôtes mammifères et des hôtes vecteurs. Les
méthodes actuellement utilisées reposent sur la
chimiothérapie, la chimioprophylaxie, la lutte antivectorielle et
l'élevage de bovins trypanotolérants.
1.3.1. Chimiothérapie
La chimiothérapie consiste à utiliser des
substances chimiques pour lutter contre la TAA. Le traitement curatif se fait
par injection des produits trypanocides. Compte tenu de la sensibilité
spécifique des trypanosomes aux trypanocides disponibles, il est
recommandé d'utiliser le diminazène (3,5 mg/kg de poids vif en
solution de 7 p.100), l'isométamidium (0,25 à 2 mg/kg
de poids vif en solution de 1 p.100) ou l'homidium (1 mg/kg de
poids vif en solution de 1 à 2,5 p.100) dans le traitement des TAA
à T. vivax et T.congolense, et le diminazène (7
mg/kg de poids vif en solution de 7 p.100) contre T. brucei brucei.
En zone d'enzootie, il est conseillé d'appliquer un
traitement curatif suivi d'un traitement préventif dans les deux
semaines qui suivent la guérison (Touré, 1973).
1.3.2. Chimioprophylaxie
Il n'existe pas de moyen d'immunisation définitive.
Cependant, pour assurer la protection des animaux sensibles pendant quelques
mois, il est conseillé de réaliser la chimioprévention.
Pour réduire les risques d'apparition de souches
chimiorésistantes, il convient de pratiquer les traitements
prophylactiques avec la plus grande prudence. Elle consiste à utiliser
sur l'animal des insecticides en pulvérisation ou en pour-on ou
par injection de molécules trypanocides. Le plus utilisé est
l'isométamidium à la dose de 0,5-1 mg/kg qui permet une
protection de 2 à 4 mois.
1.3.3. Lutte anti-vectorielle
La lutte anti-vectorielle consiste à utiliser des
insecticides pour stériliser les vecteurs transmetteurs des
trypanosomes. Parmi les méthodes utilisées pour
l'élimination du vecteur, on peut citer la technique de l'insecte
stérile (TIS), le système attractif toxique et l'épandage
d'insecticide.
La TIS ou la lutte génétique est utilisée
pour réduire le potentiel de reproduction des glossines mâles,
rendus stériles par irradiation avec des rayons gamma. La méthode
consiste à lâcher de façon continue dans une population
sauvage, des mâles stériles de même espèce pour
aboutir à long terme à l'extinction de cette population. Elle a
l'avantage d'être une méthode non polluante et ciblée (Dyck
et al., 2005), mais est relativement coûteuse. Etant
particulièrement efficace à faible densité des populations
cibles, elle est généralement utilisée pour achever les
populations après une phase de réduction par les autres
méthodes, plus efficaces à densité élevée
des glossines (Vreysen et al., 2007).
Les systèmes attractifs toxiques sont un ensemble
d'objets (pièges, écrans) attractifs par leur couleur, leur forme
ou par adjonction d'attractif olfactif et rendus toxiques par
imprégnation par un insecticide (Challier, 1984). La couleur joue un
rôle important, le bleu et le noir, qui ont particulièrement une
attractivité supérieure (Cuisance, 1989). L'insecticide le plus
utilisé de nos jours est la deltaméthrine à cause de sa
toxicité sur les glossines, sa stabilité à l'air et
à
l'environnement et un coût raisonnable. De plus, elle
est bon marché et est utilisée pour deux intérêts :
lutte contre les glossines et barrière contre une nouvelle colonisation
des zones déjà assainies. Il est démontré qu'une
réduction du taux journalier de 1 à 7% de la population femelle
suffit pour aboutir à une réduction de sa densité de 95%
en une année (Cuisance, 1989), voir son élimination (Hargrove,
2003). Les animaux eux-mêmes, pulvérisés d'insecticides
peuvent jouer le rôle d'appâts vivants, mobiles, odorants et
attractifs (Bouyer et al., 2005b ; Vale and Torr, 2005). Cette
technique a l'avantage d'être simple, peu coûteuse et peut
être associée à d'autres méthodes comme la TIS.
L'épandage d'insecticide peut être terrestre ou
aérien en fonction des objectifs visés et de la nature de la zone
à traiter. La pulvérisation terrestre se fait sur les parties
basses de la végétation avec un insecticide à longue
rémanence (dieldrine) en solution aqueuse. Celle aérienne se fait
par hélicoptère ou par avion d'un produit non rémanent
(endosulfan ou deltaméthrine Ultra Low Volume) à des
concentrations très faibles.
L'épandage se fait en saison sèche tôt le
matin ou juste avant le couché du soleil. La technique de
pulvérisation séquentielle revient à traiter à
intervalles réguliers correspondant au temps minimal pour qu'une
glossine nouvellement émergée puise faire sa première
larviposition, et ce pendant la durée de larviposition maximale,
augmentée d'un temps de sécurité additionnel correspondant
à 50% de cette durée. L'inconvénient de cette lutte est
qu'elle est non discriminative, peut entraîner la pollution transitoire
des eaux et des terres, a un coût élevé et peut
créer des résistances dans la population d'insectes.
Chapitre II : Concept de changement climatique et
des systèmes d'élevage et leurs impacts sur
l'épidémiologie des TAA et des glossines
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