VII. Evolution :
La durée moyenne d hospitalisation était de 67,5
jours, avec des extrêmes de 9 à 164 jours. La répartition
des malades selon la durée d hospitalisation est illustrée par le
tableau N° VII.
L évolution a été marquée par :
* 17 cas (73,3 %) d issue favorable avec guérison mais
persistance d une pachypleurite plus ou moins importante chez 12 d entre
eux.
* 3 cas (13 %) avec formation d un pyopneumothorax chronique.
* 2 cas (8,6 %) de perdus de vue et 1 cas (4,3 %) de
décès par choc septique
en post-opératoire.
Aucune rechute de tuberculose à moyen ni à long
terme n a été notée pour un suivi compris entre 1 et 15
ans. Un retentissement fonctionnel respiratoire
à type de syndrome ventilatoire restrictif
modéré a été retrouvé chez 8 patients (34,7
%) et un syndrome ventilatoire mixte chez 4 patients (17,3 %).
Un de ces patients grand fumeur par ailleurs avait
évolué vers une insuffisance respiratoire chronique et
était appareillé par oxygénothérapie au long
cours.
Tableau VII - Répartition de la population en
fonction de la durée
d hospitalisation.
Durée du séjour
|
Population Nombre Pourcentage
|
1 à 30 jours
|
6
|
26,0
|
31 à 60 jours
|
10
|
43,5
|
61 à 90 jours
|
3
|
13,0
|
> 90 jours
|
4
|
17,5
|
Total
|
23
|
100
|
Tableau VIII - Fréquence et type des complications
évolutives.
Complications
|
Population
Nombre Pourcentage
|
Pachypleurite
|
12
|
52,1
|
Pyopneumothorax chronique
|
3
|
13,0
|
Décès
|
1
|
4,3
|
Perdu de Vue
|
2
|
8,6
|
Total
|
18
|
78,2
|
DISCUSSION
Le pneumothorax tuberculeux constitue une forme rare et
particulièrement sévère de tuberculose. Il complique
souvent une tuberculose cavitaire mais certaines formes peuvent être
observées au cours de miliaires [5, 6, 7] ou sur des
séquelles fibreuses tardives [8]. Deux
mécanismes physiopathologiques sont évoqués [4]
: dans la première théorie, la rupture d une caverne
tuberculeuse déterminerait une fistule broncho-pleurale ; l irruption du
caséum dans la cavité pleurale provoquerait une fibrose locale
responsable d un défaut d expansion du parenchyme. Dans l autre
théorie, le mécanisme reposerait sur le développement de
lésions bronchiolaires, un phénomène localisé de
trapping favoriserait l apparition de blebs dont la rupture entraînerait
l irruption d air dans la cavité pleurale.
I. Epidémiologie :
1. Incidence du PT :
La fréquence du PT est variable d une étude
à l autre mais reste relativement faible ; Wallace T M et al [9]
en analysant 100 cas évolutifs de radiographies du thorax de
tuberculose pulmonaire, ont noté deux cas de pneumothorax soit une
fréquence de 2 %. Weissberg D et al [10] ont
passé en revue les étiologies de 505 pneumothorax secondaires,
ils ont constaté 9 cas de tuberculose soit une fréquence de 1,8 %
; tandis que les broncho-pneumopathies obstructives ont été
notées dans 348 cas ( soit 68,9 %).
Yagi T et al [11] ont rapporté dans
une série de 3611 cas de tuberculose pulmonaire recensés entre
1987 et 1997, 46 cas de pneumothorax tuberculeux soit un pourcentage de 1,27
%.
Dans notre série, les PT représentent 4 % de l
ensemble des pneumothorax et 2,28 % des cas de tuberculose hospitalisés
dans la même période.
La tuberculose a été pendant longtemps
considérée comme la principale étiologie pourvoyeuse du
pneumothorax [12]. Actuellement, cette notion a
beaucoup changé avec la meilleure connaissance des
pneumothorax spontanés idiopathiques et les pneumothorax secondaires non
tuberculeux [8]. Si le nombre total des PT a diminué en
parallèle avec la diminution de l incidence de la tuberculose, il n en
est pas de même pour le nombre relatif des PT rapporté aux formes
de tuberculose cavitaire. En effet, Blanco-Perez J et al [13]
et Pis mennyi A et al [14] ont trouvé des
fréquences respectives de 22,9 % et de 23,5 % de PT chez des malades
porteurs de tuberculose pulmonaire où prédominaient les
excavations. 2. Age et sexe :
Aussi bien dans notre série que dans la plupart des
études de la littérature, la tranche d âge la plus
touchée est celle comprise entre 30 et 40 ans ( Tableau N° IX ).
Selon Hussain et al [15] l âge de survenue du PT est
nettement inférieur à celui du pneumothorax secondaire aux
broncho-pneumopathies chroniques obstructives : 49,6 ans versus 60,1 ans.
Dans l étude de Blanco-Perez J et al
[13], la moyenne d âge des patients ayant un PT
associé à une tuberculose active était de 30 ans, tandis
que ceux n ayant pas de tuberculose active, leur âge moyen était
de 49 ans.
Une prédominance masculine a été
rapportée par la majorité des études avec un sexe ratio
variant de 1,3 à 10 ( Tableau N° X ).
Tableau IX - Moyenne d âge des malades atteints de
PT selon les auteurs.
Auteurs Moyenne d âge
|
Taeib J M ; France 1980 [12]
|
38,1
|
Hussain S F ; Pakistan 1999 [15]
|
49,6
|
Rachdi M ; Tunis 1981 [8]
|
30,3
|
Sharma T N ; Inde 1982 [16]
|
29,8
|
Blanco-Perez J ; Espagne 1995 [13]
|
30
|
Notre étude ; Sousse 2004
|
33,6
|
Tableau X - Répartition du pneumothorax
tuberculeux selon le sexe.
Auteurs
|
n
|
Population
|
%
Femmes
|
Sexe ratio
|
Hommes
% n
|
Taeib J M ; France 1980 [12]
|
4
|
57
|
3
|
43
|
1,3
|
Rachdi M ; Tunis 1981 [8]
|
18
|
75
|
6
|
25
|
3,0
|
Sharma T N ; Inde 1982 [1]
|
87
|
76
|
28
|
24
|
3
|
Donath J ; USA 1984 [17]
|
11
|
84,6
|
2
|
15,4
|
5,5
|
Blanco-Perez J ; Espagne 1995 [13]
|
10
|
91
|
1
|
9
|
10,0
|
Yagi T ; Japon 1997 [11]
|
38
|
83
|
8
|
17
|
4,7
|
Notre étude ; Sousse 2004
|
16
|
70
|
7
|
30
|
2,3
|
3. Facteurs de risque :
On retrouve les mêmes facteurs de risque pour le PT que
pour toute autre forme de tuberculose auxquels on peut ajouter l intoxication
tabagique.
Le niveau socio-économique défavorable est
fréquemment trouvé chez les malades atteint de pneumothorax
tuberculeux et est facteur de risque certain de l infection tuberculeuse
[18, 19].
Le contage tuberculeux est aussi rapporté comme facteur
de risque d une façon générale de la tuberculose. Dans
notre série, ce facteur a été trouvé chez 13 % de
nos patients et avait pour origine l entourage familial, Taeib J M
[12], avait trouvé un contage familial dans 14,2 % des
cas.
Un antécédent de tuberculose pulmonaire a
été retrouvé chez 26 % de nos patients ; la tuberculose a
été correctement traitée. Hassine E [20]
avait trouvé un
antécédent de tuberculose pulmonaire chez 35,7 %
des patients. Rachdi M [8], sur une série de 24
malades, avait rapporté la notion de tuberculose extrapulmonaire chez un
seul malade.
Ces antécédents de tuberculose pulmonaire
exposent non seulement à la rechute mais peuvent aussi exposer au PT par
les séquelles fibreuses qu elles peuvent occasionner
[8].
L infection par le HIV, le diabète ainsi que toute
autre forme d immunodépression (traitement corticoïde au long cours
etc.) représentent des facteurs favorables au développement d une
tuberculose pulmonaire particulièrement dans ses formes graves et
notamment le PT.
Hassine E [20] rapporte une intoxication
tabagique chez 60 % des patients avec un tabagisme moyen de 27
paquets-années ; dans notre série, un tabagisme a
été noté chez 39,1 % des patients avec un tabagisme moyen
de 21 paquets-années chez 34,7 % des malades.
|