4.3 Historique du Site Reboisé
4.3.1 Présence antérieure de la Mangrove
sur le site reboisé
Pour reboiser un site, il convient de connaître les
raisons qui ont favorisé la dégradation ou la disparition de
la végétation naturelle. Dans cette logique, nous avons
interrogé les populations
|
|
38
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
âgées de trente à soixante dix ans sur
l'existence antérieure de la mangrove sur le site reboisé. Les
résultats ont montré que tous les sites reboisés en 2009
abritaient antérieurement de la mangrove. Cependant cette mangrove a
été victime de diverses formes d'agressions
(étudiées dans la section 4.3.3) et ayant entrainé sa
dégradation.
4.3.2 Périodes de la dégradation de la
mangrove
Selon 87% des personnes couvertes par les enquêtes, la
période de dégradation de la mangrove remonte à la
période de 1970 et 1973. Durant cette période, la
sécheresse a entrainé une baisse du bilan hydrique et
accentué la salinité. Ce qui a permis à EPEEC (1982) et
à Diatta et al. (1981) de lier la dégradation de la
mangrove du Bassin du Saloum essentiellement à la diminution des apports
d'eau douce et à la salinisation. Ces auteurs ne négligent pas
cependant l'action anthropique (recherche d'huitres, perches) dans la
dégradation de la mangrove.
4.3.3 Causes de la Dégradation de la
mangrove
Dans la section 4.3.2 nous avons un peu relaté une des
raisons de la disparition de la mangrove dans le bassin du Saloum. Par
ailleurs, les populations ont soutenu que la disparition de la mangrove est due
à trois causes principales dont les origines naturelles, humaines et
climatiques.
4.3.3.1 Causes naturelles de la disparition de la
mangrove
Si les chercheurs et toutes les personnes couvertes par les
enquêtes sont unanimes sur la large contribution de la sécheresse
à la disparition de la mangrove, il faut cependant noter des
variabilités sur les autres aspects tels que le manque de propagules, la
dégradation du sol, la salinité, les maladies et les attaques
d'insectes. En ce qui concerne le manque de propagules nous avons
constaté durant nos travaux de terrain que les propagules
reboisées à Joal et à Mandéra sont
récoltées dans la CR de Missirah. La distance entre les lieux de
production des semences et les sites de reboisement est de soixante dix
kilomètres. Les semences sont conditionnées dans des sacs et
transportées par les véhicules de liaison d'OCEANIUM. Ces
véhicules passent quelques fois trente six heures de pistes pour relier
les deux zones. Cette raison de manque de propagules est soutenable en ce qui
concerne la disparition des mangroves. Cependant nous pensons que le manque de
propagules peut être relativisé en ce qui concerne la disparition
de la mangrove. En effet nous avons vu dans l'étude de l'origine de la
mangrove à la section « 3.2 origine et distribution des
Rhizophoracae » que la mangrove est originaire de la
région Malayo-Polynésienne et est transportée sur les
côtes Ouest Africaines par les courants marins. Or la distance entre
Missirah et Joal ou entre Missirah et Mandéra est insignifiante par
rapport à celle de la zone d'origine de la mangrove à l'Afrique
de l'Ouest. Par ailleurs entre Missirah et Mandera ou Joal les cours d'eau
sont
|
|
39
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
continus donc les propagules peuvent être
transportées par les courants de Missirah à Joal ou à
Mandéra. En plus, les graines de mangrove sont vivipares22,
leur germination commence sur l'arbre lui-même. La viviparité est
une adaptation qui prépare les semis à la dispersion de longue
distance, la survie et la croissance dans un environnement salin.
Photo 5 : Tas de Rhizophora exploité (ph. P BALDE
Selon 82% des populations couvertes par les enquêtes la
disparition de la mangrove est due à l'effet conjugué de
l'augmentation de la salinité et de l'ensablement des vasières.
En effet, les villages situés en amont de Foundiougne avaient sur les
rives de chenaux la mangrove tellement touffue que les villageois ne pouvaient
discerner les plans d'eau. La hauteur de la formation était de 2
à 4 m et la largeur de 200 m. Le déficit de pluie depuis les
années 70 a fait disparaître la mangrove d'année en
année et elle a été presque anéantie aux
années 80. La mangrove dans les îles près de l'océan
ne subit pas une dégradation importante jusqu'aujourd'hui. Malgré
tout, on constate la restauration de mangrove dans de nombreux villages des
îles depuis quelques années suite à la normalisation des
précipitations. La moyenne des précipitations annuelles de 1967
à 1996 à Kaolack, (557 mm) étant diminuée de 29 %
par rapport à celle de 1937 à 1995 (784 mm), la moyenne de 1997
à 2000 présente une amélioration (6441mm).
L'alimentation en eau douce du Bassin du Saloum est déficitaire.
L'importance de l'évaporation par rapport aux précipitations
entraine la sodification. Les résultats des mesures de salinité
faites dans le cadre de la présente étude ont montré que
la salinité devient de plus en plus élevée à partir
de l'embouchure du fleuve vers l'amont. La mangrove a fortement
régressé sur les vasières ensablées situées
aux parties intérieures et sur les rives de la partie continentale
où sont développées les cultures.
L'élévation du niveau de vasière due à
l'entassement de la terre et du sable entraîne la réduction du
temps de submersion de Rhizophora et la solidification de
vasière. Ces changements ont pour conséquence l'augmentation de
la mortalité et la difficulté de
régénération naturelle des Rhizophoracae.
|