Proposition d'une méthode d'évaluation du capital humain : cas de la filière riz pour le district de Mandoto et de Betafo( Télécharger le fichier original )par Ndriakita SOLONIONJANIRINA Université d'Antananarivo, Madagascar - DEA 2008 |
Chapitre 2: Nécessité d'une mesure alternativeCe deuxième chapitre remet en cause la mesure traditionnelle du capital humain. Les faiblesses de cette mesure y seront analysées à travers une analyse théorique et par les résultats des recherches empiriques. Les limites théoriques seront exposées par les controverses de la part des principales théories alternatives du capital humain et par une analyse objective de ses hypothèses périphériques. Du côté empirique, les preuves de la fragilité de la mesure traditionnelle seront présentées. 2.1 Faiblesses de la théorie du capital humain2.1.1 Les grands débats théoriques sur le rôle de l'éducationTout à l'opposé de la théorie du capital humain, celle du filtre ou du signal (Arrow, 197323(*) ; Spence, 197324(*)) conteste l'hypothèse que l'éducation est synonyme d'accroissement de la productivité des individus : l'éducation produit principalement un classement, lequel révèle les aptitudes héritées par les individus. (1) La théorie du filtre (théorie de la sélection)La théorie de la sélection met en doute le fait que l'éducation élève la productivité des salariés. Le rôle du niveau d'éducation serait de reconnaître plutôt que de produire, de sélectionner les salariés ayant a priori des aptitudes élevées, que ces aptitudes soient innées ou acquises par l'héritage culturel. L'objection courante à la théorie de la sélection est que l'appareil scolaire constitue un mécanisme particulièrement coûteux ; que, si son seul rôle était bien de repérer les individus les plus aptes, le marché produirait des entreprises de « chasseurs de tête » à moindre coût. (2) La théorie du signalLa théorie du signal est une première réponse à cette objection : la productivité supérieure des diplômés n'est pas absente mais incertaine. On est donc dans un cas classique d'incertitude avec asymétrie d'informations. Les entreprises comme les salariés utilisent l'éducation comme un signal d'une aptitude élevée, les entreprises en proposant des salaires plus élevés pour les diplômés, les salariés en recherchant de tels diplômes. Face à cette incertitude sur la productivité des salariés, l'employeur se fonde sur des signaux et des indices25(*). Après un temps donné d'embauche l'employeur prendra connaissance des capacités productives de l'individu. A un instant donné, l'employeur dispose donc d'un ensemble de croyances sur la base desquelles il assigne une valeur à un employé potentiel. Ces croyances sont traduites dans une grille de salaires qui sera fonction des caractéristiques observables. Les futurs employés vont, à leur tour, observer cette hiérarchie des salaires proposés, et acquérir (à un coût donné mais nécessairement fonction décroissante des habiletés) les signaux pertinents en fonction de leurs dotations et de leurs préférences. L'hypothèse fondamentale de cette approche est que la durée des études est un pur signal. Elle est sans effet causal sur la productivité. Figure 2. Feed back informationnel sur le marché du travail (Spence [1973]) Source : Edouard Poulain, op cité, P. 100 La théorie du signal rend ainsi compte des mêmes faits observés dans la théorie du capital humain (salaire en fonction de l'éducation, tendance à investir dans l'éducation), mais avec une explication radicalement différente. A l'extrême, il existe des points de vue complètement différents du rôle de l'éducation comme la théorie de la reproduction sociale26(*) où l'éducation sert à reproduire la domination de la « classe dominante ». Sous couvert de neutralité et d'égalité des chances, l'institution scolaire conduit à exclure les enfants des classes populaires, « classes dominées ». Le système exerce, en effet, un « arbitraire culturel » permettant cette sélection. L'école valorise et légitime une culture dite savante acquise en dehors de ses murs par la classe dominante. Cette « violence symbolique » exercée par le système éducatif serait à l'origine des écarts entre les taux de réussite des enfants. * 23 Arrow, K. J, 1973, "Higher education as a filter", pp. 193-216 * 24 Spence, M. 1973, "Job Market Signaling", pp. 353-374. * 25 Spence nomme indices les caractéristiques non modifiables (sexe, ethnie, origine socioéconomique, etc.) et signaux les caractéristiques modifiables (l'expérience professionnelle, la culture générale, le niveau de prestige de l'école fréquentée, etc.). * 26 Voir La documentation française, Op Cité |
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