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Proposition d'une méthode d'évaluation du capital humain : cas de la filière riz pour le district de Mandoto et de Betafo

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par Ndriakita SOLONIONJANIRINA
Université d'Antananarivo, Madagascar - DEA 2008
  

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1.1.2 Genèse du concept de capital humain

Le point de départ des recherches sur l'apport de l'éducation sur la croissance économique a été l'incapacité d'expliquer celle-ci par les fonctions de production traditionnelles (Y=F (K, L)). Cette méthode laissait comme principale cause de la croissance économique un troisième facteur (résidu) qui en expliquait, à lui tout seul, une part considérable. A ce stade, la théorie ne permettait de fonder aucune politique de croissance, puisque celle-ci résultait pour l'essentiel d'un facteur insaisissable.

C'est en 1962, aux Etats-Unis, que Edward Denison8(*) a expliqué pour la première fois une bonne part de ce résidu à partir d'une fonction de production agrégée de type Cobb-Douglas9(*) (Y=F (K, L, H)). Il a introduit l'éducation dans la fonction de production de manière à refléter l'amélioration du facteur travail (donc la hausse de sa productivité) dans le temps. Pour l'essentiel, l'idée était que l'éducation constitue le principal investissement en capital humain (H) et de ce fait, l'introduire dans la fonction de production permettait de prendre en compte la variation de la qualité du facteur travail (L).

Cependant, il faut noter que cette idée est en fait le résultat de la convergence de plusieurs études, notamment des études effectuées entre 1956 et 1961. En effet, dès 1956 aux Etats-Unis, Abramovitz10(*) a révélé l'incapacité de l'accumulation des facteurs traditionnels (capital, travail, terre) à expliquer la croissance économique et a appelé « measure of our ignorance » cette part inexpliquée.

Deux ans plus tard, Jacob Mincer (1958) a développé un modèle pour expliquer l'inégalité de revenu aux Etats-Unis. Il a soutenu que la formation (« training ») et la compétence (« skills ») en étaient les facteurs déterminants. Il a ensuite fait remarquer que comme pour le capital physique, le degré d'utilisation du capital humain varie selon le secteur d'activité11(*) : « as with non-human capital, some industries have high capital ratios » 12(*). Pour mesurer les deux sortes de formation, formelle et informelle, le modèle de Mincer contient les années d'instructions et les années d'expériences. Par cette analyse, Mincer a trouvé que renoncer à travailler pour s'éduquer est un acte rationnel car le salaire renoncé est compensé par un salaire ultérieur supérieur.

En 1959, Solomon Fabricant, en étudiant la productivité aux Etat-unis entre 1889 et 1957 a pris conscience de l'importance du capital intangible et a écrit :

In an important sense, society's intangible capital includes all the improvements in basic science, technology, business administration, and education and training, that aid in production-whether these result from deliberate individual or collective investments for economic gain or are incidental by- products of efforts to reach other goals. (Solomon Fabricant, p. 22 in : Scott R. Sweetland, Autumn 1996, p.346)

L'auteur a ensuite soutenu que le capital intangible pouvait être comptabilisé par un système de pondération du travail pour refléter sa qualité.

En 1960, Gary Becker a étudié l'écart de revenu qui s'est accru chez les diplômés du supérieur aux Etats-Unis. Marqué par le contexte de panique, pendant la guerre froide, suscitée par l'avancement considérable du côté de la croissance économique ainsi qu'en matière de technologie d'armement de l'ex-URSS, il a essayé de démontrer que la dépense des Etats-Unis dans l'éducation supérieure n'était pas adéquate et que la qualité des étudiants pouvait être améliorée. Comparant les salaires des diplômés de l'enseignement supérieur (college graduate) avec ceux des diplômés du secondaire (high school graduate) et associant cette différence au coût associé à la poursuite des études, Becker a calculé le rendement des études supérieures. En effet, aux USA, on ne parle pas de classe mais de grade. La scolarisation va du grade K (pour Kindergartens, l'équivalent de l'école maternelle), jusqu'au grade 12 qui s'achève par le High School Diploma. Loin d'être figé, ce parcours propose diverses voies de relais (middle schools, junior high schools, combined junior-senior high schools...). Pour faire simple, on assimile les elementary (ou grammar) schools aux écoles primaires, les junior high schools aux collèges et les senior high schools aux lycées.

Selon lui, il y aurait preuve de sous investissement en éducation supérieure si le rendement associé à cet investissement était supérieur à celui d'un investissement en capital physique. Il a trouvé que le rendement de l'éducation supérieure était entre 7% et 9% tandis que le rendement d'un investissement en capital physique était de 8%. Pour supporter son argument, il a conclu que le rendement de l'enseignement supérieur était sous-estimé car ne prenait pas en compte des importants effets indirects : « direct returns alone do not seem to justify increased college expenditures »13(*).

En 1961, Schultz a décrit le concept de capital humain et a développé le concept d'investissement en capital humain. Son article commence par:

Although it is obvious that people acquire useful skills and knowledge, it is not obvious that these skills and knowledge are a form of capital, that this capital is in substantial part a product of deliberate investment, that it has grown in Western societies at a much faster rate than conventional (nonhuman) capital, and that its growth may well be the most distinctive feature of the economic system. (Schultz T. , 1961, p. 1)

Pour appuyer cette idée, il a expliqué que la croissance du revenu national entre 1900 et 1956 aux Etats-Unis était associée à une hausse du stock d'éducation (donc de capital humain) contenu dans la force de travail. Plus précisément, ce stock d'éducation s'est accru deux fois plus vite que le stock de capital physique pendant la période considérée. Malgré qu'il ait défendu que ce soit l'éducation qui contribue principalement à la formation du capital humain, il a noté l'existence d'autres moyens d'investissement en capital humain. Ainsi, il a brièvement cité cinq groupes d'investissement dont :

- l'investissement en santé ;

- la formation sur le tas, incluant les systèmes d'apprentissage ;

- l'éducation formelle ;

- l'éducation des adultes et

- la migration en vue d'une amélioration des opportunités de travail

Le concept de capital humain est ainsi né et la contribution de l'éducation à la croissance économique fut démontrée. Le capital humain est un capital intangible que l'on mesure par l'investissement en capital humain, sa principale composante : l'éducation. Ces résultats, surtout ceux de Denison, incitèrent dans les années 60, à privilégier l'éducation dans les politiques de croissance de tous les pays, et en particulier des pays sous-développés. C'est ainsi que les organisations internationales conseillaient aux pays en voie de développement de consacrer 5% de leur revenu national à l'enseignement14(*).

Ce que nous pouvons retenir de cette brève historique, c'est que la mesure du capital humain par l'éducation est en partie liée au contexte de l'émergence du concept de capital humain car c'est à travers elle que le concept de capital humain fut appréhendé. Quoi qu'il en soit, la naissance du concept a suscité la préoccupation des économistes sur la question et par là, aboutit à la naissance d'une nouvelle branche de l'économie, l'économie du capital humain. Nous présentons sommairement dans la section qui suit la théorie du capital humain. La compréhension de cette théorie est en effet utile car comme nous le verrons, elle constitue le soubassement théorique de la mesure du capital humain par le niveau d'instruction.

* 8 Edward Denison, 1962 in : Pierre CANISUS KAMANZI Op cité

* 9 Par exemple : Y= A.Ká(L*H)(1-á)

* 10 Abramovitz, M., 1956 in : Scott R. Sweetland, ,"Human Capital Theory: Foundations of a Field of Inquiry" Autumn, 1996, P. 347

* 11 Cette remarque est importante, nous y reviendrons plus tard

* 12 Mincer, Jacob, "Investment in human capital and personal income", 1958, P.299

* 13 Becker G. S., Op cité, P.364

* 14 Butault, "Education et développement: quelques réflexions méthodologiques", P.37

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984