3.
Problématique et Justification
La communauté des Nations doit faire face aux
défis posés par les changements climatiques au cours des
prochaines décennies. Les recherches scientifiques récentes
prévoient une élévation continue de la température
avec des conséquences importantes sur les écosystèmes et
les sociétés (GIEC, 2007). Dans une étude sur la dynamique
des paysages tropicaux, Watson et Zinyowera (1999) ont expliqué que la
réponse des écosystèmes naturels à un climat
donné est étudiée soit en terme d'aire de
répartition favorable à la présence des espèces
(les zones bioclimatiques), soit en terme de fonctionnements à
différentes échelles, de la feuille (photosynthèse,
échanges CO2/eau) jusqu à l'écosystème (croissance
des individus, flux C/eau, densité/couvert). Dans ce contexte, on
s'intéresse à la sensibilité du fonctionnement de la
végétation à la variabilité climatique, en
particulier lors d'évènements stressants ou de perturbations: la
vulnérabilité de l'écosystème intègre la
fréquence de ces événements ainsi que la résistance
et la résilience de l'écosystème à ce stress
(Luers, 2003).
Cette question de la vulnérabilité d'un
écosystème naturel est dépendante du niveau d'organisation
auquel on va l'étudier et pourrait être spatialement
hétérogène à l'échelle régionale ou
d'un géosystème, notamment du fait de phénomènes
locaux (sol, topographie) ou propagateurs (incendies, infections, parasites).
La problématique liée aux changements
climatiques concerne la Centrafrique à plusieurs titres. Les
écosystèmes naturels et les activités
agro-économiques ont connu de fortes perturbations dues à la
variabilité climatique, en particulier la déforestation, la
désertification, la sécheresse, dans un contexte d'importantes
mutations socio-politiques et économiques. La disponibilité et
les conditions d'exploitation des ressources, les modes d'occupation et de
gestion des terres, les mobilités, ont subi d'importantes modifications.
Pour faire face à la vulnérabilité des
écosystèmes, la Centrafrique doit intégrer les contraintes
induites, au niveau national et local dans ses politiques publiques et ses
pratiques sociales, mais aussi au niveau international dans le cadre des
négociations sur l'environnement et le développement durable. Ces
réponses politiques, ces pratiques sociales ne peuvent être
efficaces que si elles sont étayées par des connaissances
précises sur les mécanismes climatiques, environnementaux et
sociaux impliqués dans les évolutions à maîtriser,
connaissances qui seront produites par la communauté scientifique
locale.
Cette recherche est motivée par l'intérêt
qui est porté à l'évaluation des stratégies
d'adaptation de l'agriculture face aux changements climatiques. Puisque les
répercussions possibles des changements du climat en Centrafrique sont
encore mal connues, il convient d'ores et déjà de s'efforcer de
les préciser et de les anticiper en mettant en place les recherches
adéquates basées sur les modélisations de scénarios
de changement climatique et des impacts consécutifs, le couplage entre
approches rétrospectives et prospectives car, la sensibilité aux
changements du climat est élevée dans les régions
intrinsèquement fragilisées et dégradées.
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