III. ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX DE LA
TENDANCE PLUVIOMETRIQUE
La pluviométrie, comme l'ensemble des
paramètres du climat, suppose dans leur évolution une
stabilité temporelle exprimée par un schéma moyen, la
normalité dans la succession des saisons et la reconnaissance
d'une enveloppe des écarts significatifs. Ainsi, la
fréquence des fluctuations pluviométriques et leur degré
de variabilité par rapport à ce schéma moyen constituent
des enjeux majeurs à diverse probabilité d'occurrence pour
l'aménagement de l'espace et le développement durable.
En Afrique Centrale, certes le phénomène de
sécheresse n'a pas connu une ampleur proportionnellement comparable
à ce qu'elle est en Afrique de l'Ouest non sahélienne. Mais des
études récentes (Bigot, 1997 et Maloba-Makanga, 1998)
révèlent a contrario un renforcement de la sècheresse qui
s'observe au Cameroun, au Gabon, en Centrafrique et aux deux Congo.
La baisse récurrente de la pluviométrie est un
phénomène qui prévaut dans la ceinture intertropicale de
l'Afrique depuis plusieurs années déjà. Saisons
sèches plus longues et plus rudes, pluies irrégulières et
diluviennes, les effets du changement climatique, causés par la
pollution mondiale et la déforestation locale, commencent à
être perceptibles. En juin 2001 par exemple, on a dénombré
au cours d'une pluie diluvienne, des centaines de sans-abri, des champs
dévastés, de nombreux boeufs noyés dans les cours d'eau
sortis de leurs lits. En 2000, à Bocaranga et Bossembélé,
contrées à grande réputation pastorale, c'est de la
sécheresse qu'ont souffert les éleveurs trois mois plus
tôt. La saison sèche, plus rude et bien plus longue qu'à
l'accoutumée avait tari les rivières et desséché
les pâturages. Les régions les plus touchées apparaissent
comme celles où, habituellement, il pleut le moins, comme la bordure
soudano-sahélienne.
Considérant l'ampleur et la gravité de l'impact
des conflits armés dans le Nord Ouest de la Centrafrique, les conditions
socio-économiques (pauvreté accrue, insécurité
alimentaire, épidémies...) qui y prévalent induisent des
conséquences désastreuses sur les populations et la santé
des écosystèmes en cas de sécheresse sévère
et imprévisible. Un rapport conjoint de MSF/PNUD (2007) a
révélé que l'installation de plusieurs camps de fortune
pour les populations déplacées environ 200 000 dans le Nord Ouest
centrafricain a triplé en moins de 3 ans le rythme de
prélèvements des ressources naturelles.
Les secteurs d'activités reposant sur la
disponibilité des ressources en eau sont aujourd'hui fortement
pénalisés par cette diminution des
précipitations comme, l'alimentation des retenues d'eau, la
production hydro-électrique et l'agriculture.
1. Secteur de la production
hydro-électrique
A l'exemple du barrage hydro-électrique de la M'Bali,
le seul que compte le pays et qui fournit 95% de l'énergie
électrique à la capitale Bangui, la production souffre des
aléas du climat et de la récession inquiétante du niveau
des cours d'eau même aux périodes
« normalement pluvieuses ». L'énergie
électrique devient une denrée rare. Des coupures et
délestages électriques (8 à 12 h/j) sont fréquents,
paralysant les ménages et les secteurs d'activités.
La situation est plus alarmante avec le raccourcissement de
la saison des pluies et l'allongement de la saison sèche dus à la
rareté de l'humidité et au flux de la mousson. Il s'avère
donc indispensable, dans une approche prospective, de tenir compte des
contraintes pluviométriques susceptibles d'avoir des impacts
négatifs sur les projets de développement et les types
d'aménagement liés à la gestion de la biodiversité,
des ressources en eau et à l'agriculture.
|