CHAPITRE DEUXIEME : REGIMES PLUVIOMETRIQUES MOYENS ET LEUR VARIABILITE
Dans ce chapitre, trois principaux aspects seront
développés. Nous allons d'abord rappeler brièvement les
paramètres qui régissent les mécanismes climatiques en
Centrafrique, en déduire et expliquer ensuite la typologie des
régimes pluviométriques dans le Nord-Ouest du pays. Enfin, nous
nous efforçons d'étudier la variabilité
pluviométrique à différents pas de temps, les anomalies et
les tendances des séries d'observations.
I. ELEMENTS EXPLICATIFS DES
REGIMES PLUVIOMETRIQUES
La compréhension de la répartition des
régimes pluviométriques dans le NW centrafricain passe par le
rappel de quelques mécanismes généraux de la circulation
atmosphérique impliquant directement l'Afrique Centrale. Parmi eux,
l'importance des ascendances thermiques dans ces milieux de basses pressions
équatoriales ou calmes équatoriaux.
1.
Rappel des dispositions moyennes du climat centrafricain
Les mécanismes généraux du climat moyen
aux latitudes centrafricaines dépendent du système climatique de
l'Afrique Tropicale. Ils sont déjà bien connus, puisqu'ils ont
été largement décrits et expliqués par nombre
d'auteurs, notamment Goulée (1964), Dhonneur (1978), Leroux (1980),
Pagney (1986) et Suchel (1988). Seuls seront rappelés, les centres
d'action, les flux zonaux et les phénomènes pluviogènes,
éléments nécessaires à la compréhension de
la variabilité pluviométrique.
La circulation atmosphérique générale en
Afrique Centrale est sous la dépendance étroite de deux centres
d'action anticycloniques hémisphériques
(Sainte-Hélène au Sud, Egypto-Libyen et Açores au Nord)
qui, au cours de l'année, agissent les saisons pluviométriques.
Deux masses d'air d'origine et de caractère différent sont en
action, la circulation d'alizé austral (mousson maritime) et la
circulation d'alizé boréal que Demangeot (2005) qualifie de
« mousson continentale ».
Fig. 8 : Centres d'action et
flux (situation en janvier et juillet. Suchel, 1988)
La Fig. 8 présente la situation en janvier et en
juillet des centres anticycloniques subtropicaux et de l'advection zonale ou
jet stream tropical d'est sur l'Afrique. On peut identifier selon leur position
hivernale ou estivale, le Front Intertropical (FIT), la confluence
interocéanique et les flux méridiens « comparables
au principe de vases communicants : les courants
d'alizé » (Suchel, 1988). Par rapport aux courants
d'alizé, il s'agit des flux d'air maritime humide (mousson) et d'air
continental sec (harmattan) régulant les saisons.
La prédominance ou la défaillance de l'un ou
l'autre de ces mouvements ascensionnels modifie la typologie des régimes
pluviométriques. Il apparaît que les conditions
pluviogéniques sont en majeure partie sous le contrôle de
l'océan Atlantique sud qui se trouve être la source principale de
la vapeur d'eau. Celle-ci, advectée par le flux expulsé des
hautes pressions de Sainte-Hélène, va donner après
condensation, l'essentiel des précipitations aux latitudes centre et
ouest africaines. De façon générale, trois systèmes
pluvieux majeurs se rencontrent en Centrafrique (Franquin, 1988). Dans l'ordre
de leur importance, ce sont les pluies de mousson, les perturbations de lignes
de grain et les cellules thermo-convectives locales :
§ Les pluies de mousson constituent la
plus importante forme des perturbations enregistrées.
Conditionnées par les FIT, elles sont dues à la migration de la
Zone Convergence Intertropicale (ZCIT). Le balancement annuel du FIT suivant le
déplacement des anticyclones détermine le rythme des saisons
pluviométriques. 60% des pluies y sont concernées (AHN, 1990 et
2000).
§ Les pluies de lignes de grains
provoquées par des ondes dépressionnaires dans les vents d'est
équatoriaux, sont formées d'orages soudés dont le noyau de
perturbation est constitué de cumulo-nimbus à grand
développement vertical. Selon la Direction de Météorologie
Nationale (1987), ces lignes de grains se déplacent d'est en ouest
à une vitesse relative de 80 km/h et leur progression en Centrafrique
vers le nord-ouest est moins sélective à l'égard des
inégalités orographiques.
§ Les pluies thermo-convectives
dépendent des facteurs locaux tels que le manteau forestier de
Mambéré-Kadéi et de la Sangha, le massif
de Yadé aux environs de Bouar et le dôme de
Bossembélé. Ce type de pluies est engendré par les
mouvements ascendants de l'air, générant des amas nuageux de type
cumulo-nimbus dont le noyau actif peut atteindre 7km de diamètre (Riou,
1990).
L'analyse des précipitations en Centrafrique aboutit
à une étroite dépendance de la pluviosité
vis-à-vis des centres d'action anticycloniques et des facteurs
géographiques locaux.
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