I.2.3. L'UNION AFRICAINE
A) Fondement juridique
La création d'une organisation régionale tire sa
légalité dans la charte de l'ONU, la seule organe internationale
compétente en cette matière, dans son article 53 qui stipule qu'
« aucune disposition de la [...] Charte ne s'oppose à
l'existence d'accords ou d'organismes régionaux destinés à
régler les affaires qui, touchant au maintien de la paix et de la
sécurité internationales, se prêtent à une action de
caractère régionale, pourvu que ces accords ou ces organismes et
leurs activités soient compatibles avec les buts et les principes des
Nations Unies. »
Selon SILLIANOS L.-A., cité par CORTEN O. (2004 :
269), « les droits de [...] créer des organisations
régionales dans le domaine du maintien de la paix, sont par ailleurs
reconnu, mais à la condition expresse de rester sous l'autorité
du Conseil de sécurité ».
Après avoir constaté l'incapacité du
conseil de sécurité, B.Boutros-Ghali, cité par COLARD D.
(p.40) considère qu' « il doit donc s'appuyer sur [...]
des organisations régionales » et mentionne les cinq formes
que peut revêtir cette coopération : la consultation, l'appui
diplomatique, l'appui opérationnel, le codéploiement et les
opérations conjointes.
Par contre, COLARD D. (p.40-41) trouve ces formes de
coopérations insuffisantes et suggère donc « la mise en
place des mécanismes de consultation concertées [...] ; la
primauté de l'ONU fondée sur la charte ; la division du
travail définie et arrêtée d'un commun accord ; la
recherche [...] de la cohérence entre les Etats membres d'une
organisation régionale et qui sont également membres des Nations
Unies ».
Dans cet engagement l'ONU est soutenu par les Etats même
les plus pauvres. Dans cette optique, JOUVE E. (1976 :9) dit
qu' « ils [les pays du tiers-monde] ont décidé de
prendre en main leurs affaires, de compter sur leurs propres forces [...]. Il
s'agissait d'abord de tirer les conséquences d'un principe
consacrée dans la charte : Le droit du peuple à disposer
d'eux-mêmes. »
A. Quid pour l'Afrique
i) L'Organisation de l'Unité
Africaine
Comme le dit MFOULOU J. (1986 :15), « la
création de l'OUA en mai 1963 avait été
précédée d'un souffle d'unité qui semblait animer
les nouveaux Etats d'Afrique noire [...] » et « ce souffle
semble émaner d'un centre, d'un foyer, Kwame Nkrumah, et
s'étendre aux autres leaders africains ». En effet, ce
regroupement est considéré de « vague » par
VAÏCE M. (2002 :100-101) qui distingue ainsi le conseil de
l'Attente (groupe de Monrovia) qui comprend la Côte d'Ivoire, la
Haute Volta, le Dahomey et le Niger ; le groupe de Brazzaville
(1960), constitué de tous les Etats francophones à
l'exception du Togo et de la Guinée qui se transforme en Union
Africaine Malgache (OCAM) en février 1964 ; le groupe de
Casablanca constitué en janvier 1961, est hostile au
néocolonialisme et aux essaies français au sahara.
L'Afrique apparaît bien divisée.
A la faveur de la fin de la guerre d'Algérie, les
tensions entre ces groupes s'atténuent. A l'invitation de l'empereur
d'Ethiopie, HAILLE SELASIE, la conférence d'Addis Abeba groupant 30
chefs d'Etats africains adopte en mai 1963 fusionne les deux groupes et les
participants signent la charte de l'OUA. Celui-ci a pour objectif
« la réalisation de l'unité
africaine » (GANDOLI A. et al, 1964 :86). En attendant
cette perspective encore très lointaine, elle concentre son
activité sur « la lutte anticolonialiste, [...]le
règlement des différends entre les Etats membres, la
création d'un marché commun et d'une zone monétaire en
Afrique, harmonisation des plans de développement et des moyens de
transport, accroissement des échanges commerciaux, etc. »
Par ailleurs, l'OUA ne reste pas sans contraintes. Selon
GANDOLI A. (1964, 86), les anciennes divisions sont loin d'avoir
disparues». Ceci se traduit par la création de l'OCAM
(L'Organisation Commune Africaine et Malgache) regroupant les Etats
d'expression française, les Etats arabes se voient beaucoup plus
attachés vers le Moyen-Orient que l'Afrique, etc.
c) Et pour l'Union Africaine
L'Union Africaine prend le relais de l'Organisation de
l'Unité Africaine qui succédait elle-même aux groupes
à l'origine opposés. Tous les pays sont membres et sont
égaux.
Comme le montre l'art. 3 de l'acte constitutif de l'UA,
celle-ci dispose de 14 objectifs touchant chacun d'une manière ou d'une
autre à la survie de tous ses membres. Parmi ces objectifs, nous ne
pouvons pas nous abstenir de dire que l'UA s'est tâché
de :
· Promouvoir la paix et la sécurité sur le
continent ;
· Promouvoir et protéger les droits de l'homme et
des peuples conformément à la Charte africaine des droits de
l'homme et des peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits
de l'homme.
|