I.2.2. LE RWANDA
A. Situation et superficie
Le Rwanda s'étend sur une superficie de 26 380 Km2,
inscrite approximativement dans un quatrième tracé entre 2 et 3
degré de latitude sud et 29 et 31 degré de longitude Est à
une population résidente de 8.162.715 (MINECOFIN, 2002 :3).
Le pays est borné au Nord par l'Ouganda, à
l'Est par la Tanzanie, au Sud par la République du Burundi et à
l'Ouest par la République Démocratique du Congo.
Le Rwanda est un pays d'altitude élevée (moyenne
de plus de 1500 mètres) et un relief fort accidentée. Depuis le
lac Kivu, le pays s'élève rapidement vers la crête
séparant le bassin du Congo de celui du Nil (2000 à 2 400
mètres d'altitude) pour descendre ensuite à 1500 mètres au
Nord de la rivière Akagera, tributaire du lac Victoria.
B. Bref aperçu sur l'histoire du Rwanda
dès la colonisation à nos jours
L'histoire de se pays est complexe et compliquée
à comprendre vue la déformation qu'elle a subie de part son
évolution. Pour des raisons différentes, nous n'allons pas
développer toute l'histoire du Rwanda mais un petit survol sera l'objet
de ce sous point. Elle est pourtant subdivisée en trois
parties :
i) Le Rwanda colonial
La colonisation allemande commença en 1898 et se
termina en 1916 avec la défaite de ses troupes par les alliés de
la première guerre mondiale où, selon KAJEGUHAKWA V.
(2001 :21), « les troupes rwandaises se distinguèrent
grandement » mais malheureusement sans succès. Cet
échec ouvre la page de l'occupation belge, sous laquelle que la
société rwandaise va subir les plus grandes transformations.
Cette occupation est suivie du mandant donnée à la Belgique par
la S.D.N. Enfin un régime de tutelle est établi en faveur du
Rwanda par l'O.N.U au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
Ce régime prendra fin à la suite des
événements de 1959 que KAJEGUHAKWA V. ne trouve pas de
qualifications propres. Selon lui, « les uns l'appelle la
révolution de 1959, les autres la révolution assistée,
d'autres les troubles de 1959 » (op.cit., 2001:8).
ii) Le Rwanda post-coloniale et
pre-génocide
Cette révolution, dirigée par Grégoire
KAYIBANDA qui deviendra plus tard président du Rwanda, sera à
l'origine de l'épineux problème des réfugiés tutsi
de 1959, condamnés à l'exil jusqu'en 1994. Ceux-ci tenteront
à plusieurs reprises de regagner le pays par force et ces tentatives
seront l'occasion pour le gouvernement Parmehutu (1962-1974) de massacrer les
tutsi restés dans le pays et regardés depuis comme
« otages, citoyens de seconde zone et bouc émissaires
destinées à couvrir les défaillances politiques des
nouveaux dirigeants républicains » (op.cit., 2001 :8).
Les réfugiés rwandais installés au
Burundi tentèrent de rentrer par force mais leurs forces
n'étaient encore bien réunies pour gagner un gouvernement
fraîchement installé et soutenu par le gouvernement colonisateur.
Ces attaques comme par exemple celles de 1963 furent plutôt l'occasion
choisie par le Parmehutu de massacrer de dizaines de milliers tutsis.
En février 1973, la dernière révolution
de KAYIBANDA éclata. Les étudiants tutsis furent chassés
de tous les établissements secondaires et supérieurs par leurs
camarades hutus.
KAYIBANDA et ses partisans de Gitarama furent surpris de voir
les troubles anti-tutsi se transformer en conflit inter hutu : les hutu du
Nord se battaient contre les hutu des autres régions. C'est dans ce
contexte que le général Major Juvénal HABYARIMANA prendra
le pouvoir le 05 juillet 1973. Ce putsch à tendance nationaliste dans la
préambule de sa déclaration qui stipule que « ... tous
les rwandais sont frère quelle que soit la région de leur
naissance, ... » (La déclaration militaire du 05 juillet 1973)
ne tardera pas à se montrer « hutiste d'inspiration
régionaliste, sans visées nationalistes »
(op.cit.2001 :150).
Les tutsi ne seront pas déconsidérés et
oubliés dans le régime HABYARIMANA. Ils seront plutôt
garantis d'une paix conditionnelle à l'échange de laquelle un
prix considérable devrait être payé. Les statistiques des
tutsi à l'intérieur du pays devraient se maintenir à 9%
(pourcentage fixé arbitrairement) et devraient en plus oublier leurs
droits aux fonctions publiques, militaires et diplomatiques. Quant aux
réfugiés, ils devraient renoncer définitivement au droit
de retour dans leur ancienne patrie. (Op.cit. 2001 :154)
Ceux-ci n'obéirent point aux ordres du nouveau
maître du pays d'origine et s'organisèrent pour trouver la
solution définitive à leur problème. C'est ainsi qu'en
avril 1988 une Conférence Internationale sur les Réfugiés
rwandais fut organisée par les leaders d'opinion de la diaspora
rwandaise des Etats-Unis d'Amérique et du Canada.
Signalons que la rumeur selon laquelle « les
officiers rwandais au sein de l'armée ougandaises avaient l'intention de
rentrer dans leur pays d'origine » (op.cit., 2001 206)
commençait à se propager de part et d'autre du pays. Elles eurent
de succès par le fait que le régime était affaibli et
critiqué de toutes parts.
L'attaque du FPR contre le Gouvernement Rwandais se
déclencha le 1er octobre 1990 mais une malheureuse surprise
les attendait car le deuxième jour seulement de cette attaque sont
commandant en chef le général Major Fred G. RWIGEMA, sera
tué sur front. Il sera immédiatement remplacé par Paul
KAGAME qui est aujourd'hui le Président de la République
élu et qui, selon JHA U.S. et YADAV S.N. (2004 :5) « sous
le leadership effective du FPR, n'a pas seulement arrêté le
génocide mais a aussi restauré l'unité et l'espoir pour la
population... ».
La guerre de libération commence et le gouvernement en
place à Kigali trouve l'occasion d'arrêter les tutsi et les
opposants hutus et de massacrer quelques uns d'entre eux. Ceux-ci seront
libérés suite à la pression de la communauté
internationale et du FPR. Par contre, au fur à mesure que la guerre
avançait, les massacres des tutsi se poursuivaient à
l'intérieur du pays comme à Kibilira, Nyamata et partout ailleurs
dans le pays.
Le 04 août 1993 un accord entre les deux parties en
guerre est signé à Arusha (Tanzanie) mais ne tarde pas à
prouver son inefficacité car, dans la nuit du 06 avril 1994 l'avion du
président HABYARIMANA est abattu par les personnes non encore
identifiées. Le génocide commence la même nuit.
Nous nous insurgeons contre les affirmations selon lesquelles
la disparition du président HABYARIMANA a été le
détonateur du génocide rwandais. On peut se demander avec raison,
quel président avait été tué pour qu'on
déclenchât les massacres déjà cités à
caractère génocidaire qui ont eu lieu contre les Tutsi.
Nous n'allons pas faire l'histoire du génocide qui a
suivi la mort du président HABYARIMANA et du président NTARYAMIRA
du Burundi. Beaucoup a été dit et écrit sur ce
« désastre sans précèdent dans l'histoire de
l'humanité à l'exception de l'holocauste juif »
(KAJEGUHAKWA, 2001 :298). Jetons plutôt un petit coup d'oeil sur la
période post-génocide.
iii) Le Rwanda
post-génocide
Cette page s'ouvre avec la prise de Kigali le 4 juillet 1994
par le FPR. Celui-ci trouve la capitale vide, ce qui sera la même chose
dans quelques jours pour le pays tout entier parce que le 19 juillet 1994 le
FPR déclare qu'il contrôle tout le pays bien que vide.
Le Gouvernement dit des « Abatabazi » a
emporté avec lui presque toute la population civile avec lui. Mais ce
n'est pas seulement le Gouvernement qui en est le responsable mais aussi les
militaires de ce gouvernement et les milices accompagnés de la
propagande diffusée par la Radio-Télévision Libre Mille
collines.
« Il y a un phénomène rare dans
l'histoire de la politique des Etats : déclare H. NGBANDA
(1998:87), le Gouvernement et l'armée rwandais ont traversé la
frontière en emmenant avec eux l'Etat rwandais dans un autre
Etat ». Selon cet ancien conseiller spécial de MOBUTU en
matière de sécurité, « ce fut pratiquement une
invasion du Zaïre par une armée en fuite» (op.cit.,
1998 :88)
Les réfugiés rwandais ne se dirigèrent
pas seulement au Zaïre seulement mais d'autres pays limitrophes eurent
aussi l'occasion d'être envahi par ces visiteurs inattendus. Au
Zaïre, ce fut comme ailleurs, « outre les maladies et la
malnutrition, les réfugiés doivent subir les exactions des
milices Interahamwe qui font régner la terreur dans les camps et
détournent l'aide humanitaire à leur profit» (BAYLE R-M,
1997 :12).
En plus, comme l'affirme NGBANDA H. , « ... bon
nombre de militaire des FAR se replièrent avec des armes individuelles
dans la forêt et les montagnes [...] pour y cacher leurs armes et se
confondre ensuite avec des centaines des milliers des réfugiés
civils.» (1998 :88)
Cependant, les autorités fraîchement
installées à Kigali ne trouvent pas ce dossier susceptible
à classer. C'est ainsi que des négociations s'entreprendront mais
sans aucune solution diplomatique. En guise d'illustration, nous citerons
l'accord tripartite Zaïre-Rwanda-HCR signé à Kinshasa le 24
octobre 1995 mais qui restera toujours sans application. Sur cette question, le
Président MOBUTU, répondant aux critiques du Rwanda qui accusait
le Zaïre d'héberger les génocidaires cherchant à
renverser le pouvoir à Kigali avec l'appui du Zaïre pour parachever
le génocide, déclare que « le Zaïre n'a pas
invité les Rwandais sur son territoire ...». (NGBANDA H.,
1998 :90)
Ce fut donc la responsabilité du Gouvernement Rwandais
de traiter ce problème à sa propre manière. Celle-ci ne
sera autre que la guerre, celle-ci étant la solution à des
questions non résolues par la voie diplomatique.
C'est le déclenchement de la première guerre du
Congo en août 1995. Cette guerre ne durera pas longtemps car seulement
« le 17 mai 1997 [...] les troupes de l'AFDL, [une alliance
politico-militaire solidement soutenu par le Rwanda et l'Ouganda] faisaient
[...] leur entrée triomphale à Kinshasa» (op.cit,
1998 :330).
En outre, cette guerre présenta des résultats
directs positifs mais aussi des effets négatifs. Pour les premiers, nous
citerons le rapatriement de quelques 600.000 réfugiés en 15 jours
(estimations de BAYLE R-M., 1997 :104). Concernant les effets
négatifs, nous citerons en passant les infiltrations des ex.FAR et
miliciens Interahamwe au Nord-Ouest du pays et la non résolution finale
du problème. Ceci entraîna l'APR dans une double guerre, une
intérieure et un autre extérieure qui marqua aussi le
début de la deuxième guerre du Congo qui avait un lien direct
avec la première.
Pour en finir avec cette guerre interne, il fallut une mise en
place de diverses techniques. Selon KAJEGUHAKWA V., (2001 :306)
« l'armée du Gouvernement Rwandais [...] en prit la
décision de mobiliser intensivement la population qui se distança
progressivement des infiltrations terroristes, [...] indiqua à l'APR les
lieux de cachette de principaux dirigeants du mouvement
insurrectionnel... ».
La guerre prit fin avec l'échec de la part des milices
et des militaires de l'ancienne armée rwandaise et s'ouvrit la page de
renforcement de la paix et la sécurité nationales. Aujourd'hui,
comme le dit SMITH J.M. (2004 : 127), « il n'y a pas à
douter qu'aujourd'hui le Rwanda est un oasis en matière de
sécurité en Afrique considérant son succès quant
à l'instabilité de longue durée dans la
région».
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