I.2. CONTEXTE HISTORIQUE
I.2.1. LE CONFLIT DU
DARFOUR
A. Présentation du Darfour
Le Darfour (le pays des fours) est la région
occidentale de la République du Soudan d'une superficie
équivalente à la France à peu près 256000km².
Il est situé au Nord par le Nord Soudan, à l`Est par Korfan et
le Sud par Bahr el Ghazal.
En 1956, Darfour existait comme une province nouvellement
indépendante. Après, il a été divisé en deux
provinces, le Nord et le Sud Darfour. En 1994 le gouvernement du Front
Islamique National divise le Darfour en trois Etats comme le Nord Darfour, le
Sud Darfour et l'Ouest avec comme capital El-Fashel, Nyala et El Geneina
respectivement.
L'Etat du Nord- Darfour est le foyer de chameliers nomades, la
grande majorité est composée des Zagawas non arabes.
Au Darfour occidentale des deux côtés du massif
volcanique du Djebel Marra vivent les fermiers sédentaires non arabes,
les fours massalites, Dajus et Bertis.
L'Etat du sud Darfour est peuplé de nomades,
éleveurs de chameaux et de bétails à cornes. Les
baqqaras qui revendiquent des origines arabes parlent l'arabe mais
résultent ethniquement d'un croisement avec leurs voisins africains
après leurs arrivée au Sud Darfour au XVIIIè
siècle.
Tous les peuples du Darfour sont musulmans même si dans
cette région frontalière de l'Islam de rares africains pratiquent
encore leur religion traditionnelle.
La confusion continue de régner au Darfour, les
représailles se poursuivent, et la violation des droits de l'homme se
porte bien. Trois ans d'exode, de souffrance, de faim,
d'insécurité ont été le lot réservée
aux femmes, aux enfants, aux vieillards et personnes civiles. Mais quelles sont
les causes de ce désastre ?
B. Causes du conflit au Darfour
1) Compétition pour des ressources rares
Les tensions ethniques entre cultivateurs et bergers, entre
Africains et arabes ont toujours été présentes et
reconnues au Darfour. Selon Robert O. Collins (Désastre au Darfour,
2004), elles ont été exacerbées par les
compétitions par les compétitions pour les pâturages, les
terres agricoles et l'eau.
Ces querelles ont particulièrement été
vives pendant la grande sécheresse des années 1980, qui a
accéléré la désertification du Darfour
septentrional et central et conduit les nomades chameliers à se
déplacer vers le Sud, à la recherche de l'eau et de
pâturages.
Dans le passé, les divers groupes ethniques
réglaient habituellement leurs disputes pour la terre et pour l'eau au
cours des conférences entre chefs traditionnels, dont les
décisions étaient strictement respectées. Mais ce
système a commencé à s'effondrer lorsque la
désertification s'est accompagnée de l'introduction d'armes
automatique dans les années 1990.
2) La rébellion de 2003
Le 26 février 2003, quelques 300 rebelles membres d'un
Front de Libération du Darfour, conduit par Abdel Muhamed Nur, prennent
la ville de GULU, capital de la province du Djebel Marra dans l'Etat du Darfour
Occidental
Quelques semaines plus tard, le se rebaptise
Mouvement/Armée de Libération du Soudan (SLM/A) et communique
à la presse la déclaration politique du Mouvement. Selon cette
déclaration, les objectifs de ce mouvement sont « un
Soudan uni et démocratique, reconnaissant pleinement la diversité
ethnique, culturelle, sociale et politique du pays. » Selon
toujours cette déclaration, « (...) le SLM/A s'oppose
fermement à `utilisation par le Gouvernement de Khartoum de quelques
tribus arabes (...) afin d'atteindre des buts hégémoniques
néfastes, tant pour les arabes que pour les Non arabes
(...) ».Il estiment que « l'oppression
brutale, le nettoyage ethnique et le génocide pratiqué par le
gouvernement de Khartoum ne laissent pas au peuple du Darfour d'autre choix que
le recours à la résistances populaire, militaire et politique,
afin d `assurer notre survie .»
La faction du mouvement de justice et d'égalité
(JEM) du Soudan Liberation Movement/Army (SLM/A) semble avoir reçu
l'appui du Tchad, et quelques rebelles capturés se sont
avérées avoir l'identification tchadienne et les bras. Il y a peu
de différences d'objectifs entre ces deux mouvements de
résistance, sauf que ce dernier vise à « rassembler
en un large mouvement intégrateur tous les peuples des diverses
régions du Soudan » (Communiqué n° 5 du JEM).
Pour répondre à ces insurrections, le
Gouvernement de Khartoum se donne à « nier l'existence
d `un mouvement de résistance et à lancer ses milices arabes
au secours de l'armée » (R.O.Collins). Ceci consistait
à affaiblir toute opposition potentielle en exploitant les divisions
ethniques et en dénonçant l'insurrection comme une tentative
africaine de débarrasser le Darfour de la race arabe.
L'évolution du conflit jusqu'en 2006
Le conflit commence pratiquement avec l'attaque des rebelles
au Darfour qui sera répondu par le lancement des janjaweeds.
Les janjaweeds de 2003 étaient des éleveurs de
bétails et de chameaux du Darfour Central et du Sud. Et parmi eux se
trouvaient des étrangers suspectés par la population locale
d'êtres des extrémistes arabes : peut être des
« arabes afghans », ou des musulmans d'Afrique
de l'ouest » (Robert O.Corten).
Alors les combats firent rage, particulière au Darfour
Occidental pendant tout le reste de l'année 2003 avec des revendications
de victoires par les deux parties et peu d`informations. Les nettoyages
ethniques et les déplacements de population avaient, selon les
estimations les plus prudentes, fait 30.000 morts et force un million de
personnes à émigrer ailleurs dans le pays, tandis que 200.000
autres s'étaient réfugiées au Tchad. On s'attendait,
toujours en 2003 à ce que 350.000 darfouriens meurent de famine et de
maladie dans les neufs mois suivant.
Comme l'a noté James Morris, directeur du Programme
Alimentaire Mondial, « dans tous mes voyages en tant que
chef du programme, je n'ai jamais vu de gens aussi effrayés que les
déplacés du Darfour » (Centre de nouvelles de
l'ONU, 7mai 2004).
Face à l'escalade de la crise au Darfour, les
médias internationaux ne pouvaient éviter la comparaison avec le
génocide au Rwanda, dont on marquait le dixième anniversaire en
avril 2004.
Mukesh Kapila coordinateur au Soudan pour l'aide humanitaire
qui avait aussi servi avec l'ONU au Rwanda pendant le génocide,
expliqua : « la seule différence entre le
Rwanda et le Darfour aujourd'hui est dans les nombres.(...) c'est plus qu'un
conflit : une tentative organisée de liquider un groupe de
personnes » (UN/IRIN, 22 mars 2004).
Le 25 avril 2004 les deux parties signèrent un accord
politique prévoyant qu'une conférence de « tous les
représentants du Darfour » devrait rechercher une solution
définitive et globale dans laquelle « le gouvernement du
soudan devra garantir la neutralisation et le désarmement des milices
armées selon un calendrier à établir ».
(Accords entre le Gouvernement du Soudan d'une part, le Mouvement de Liberation
du Soudan et le Mouvement pour la Justice et l'Egalité d'autre part,
sous les auspices de son Excellence Idris Deby, Président de la
République du Tchad, assisté par l'Union Africaine et les Nations
Unies, N`djamena, 25 avril 2004).
En Août 2004, la commission du cessez-le- feu de l'UA
avec 125 observateurs dirigés par le Général
Nigérian Okonkwo. Soutenu par 305 soldats du Rwanda et du Nigeria, il
mit sur pied la Mission de l'Union Africaine au Darfour (AMIS), avec pour
mandant de protéger les observateurs de l'ONU et d'assurer
la sécurité pour la fourniture de l'aide humanitaire aux
personnes déplacées.
Aujourd'hui nous pouvons dire qu'avec le déploiement
permanent des forces de l'Union Africaine les choses évoluent bien. Nous
assistons aux accords de paix signés par toutes les parties en conflit
et il reste donc à voir si celles respecterons ces accords.
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