7.1- Adaptation du dromadaire à la chaleur
La bosse du dromadaire, n'est pas une réserve d'eau,
mais d'énergie. Elle s'agit d'un amas de graisse blanchâtre qui
peut atteindre les 90 kg pour un animal engraissé (Faye, 1997). Bengoumi
et al. (2005) a signalé que la teneur de la bosse en
matière grasse varie de 53 à 68 g pour chaque 100g. Cette
accumulation localisée évite la dissémination du gras en
région souscutanée dans les autres parties du corps. Sa
présence sur le dos de l'animal lui assure également un
rôle dans la thermorégulation. L'animal se refroidit mieux car il
est moins gras. Il est le seul animal à pouvoir transformer la graisse
en eau par des réactions physiologiques d'oxydation. En effet, la
concentration des réserves adipeuses limite leur répartition sous
la peau et donc facilite la dissipation cutanée de la chaleur. Le
dromadaire à la capacité de faire varier sa température
interne en fonction de la chaleur externe dans une proportion importante de
l'ordre de 8°C (34-42°C) ce qui autorise à considérer
que cet animal n'est pas un strict homéotherme (Faye et al.,
1995). Lorsque la température ambiante décroît, la
température interne du dromadaire peut descendre à 34°C.
Cependant, durant les heures les plus chaudes, la température peut
atteindre une valeur maximale de 42°C (Bengoumi et Faye, 2002 ; Jianlin,
2005). Un tel écart de température corporelle est fatal pour la
plupart des mammifères. En saison chaude, il peut rester sans boire 2
à 3 semaines et en saison fraîche 4 à 5 semaines.
Après une longue période de privation le dromadaire est capable
de consommer 200 litres d'eau en quelques minutes. C'est le seul
mammifère capable de boire autant d'eau en si peu
de temps. En effet, chez les autres animaux, l'absorption d'une
trop grande quantité d'eau entraîne l'éclatement des
globules rouges, donc la mort (Bengoumi et Faye, 2002).
7.2- Adaptation à la sous-alimentation
Le milieu désertique se caractérise aussi par la
faiblesse des ressources alimentaires, leur grande dispersion et une forte
variabilité temporelle. Le dromadaire présente une meilleure
capacité à digérer les fourrages pauvres que les ruminants
domestiques. Cette supériorité s'explique par une plus grande
rétention des particules solides dans les pré-estomacs, se
traduisant par un temps de contact plus long des aliments avec les
micro-organismes qui les digèrent (Kayouli et al., 1995;
Jouany, 2000). Chez toutes les espèces de mammifères, les lipides
de réserve constituent la forme la plus concentrée du stockage
d'énergie dans l'organisme concentré chez le dromadaire dans la
bosse. Contrairement aux autres ruminants qui assurent l'essentiel de leurs
besoins énergétiques à partir de la production d'acides
gras volatiles et génèrent ainsi une faible quantité de
glucose, le dromadaire présente une glycémie comparable à
celle de l'homme (Bengoumi et Faye, 2002 ; Faye, 1997). Il présente une
glucogenèse très active tant au niveau du foie que du rein, ce
qui lui permet de maintenir une glycémie presque normale en cas de
privation de nourriture, sans cétogenèse. Toutefois et surtout
qu'en situation de déshydratation, l'urine du dromadaire est très
concentrée, ce qui lui permet de d'économiser un maximum d'eau
(Bengoumi et Faye, 2002). Le foie est aussi un organe qui diminue les rejets
liquides en recyclant son urine soit en protéines soit en eau. Lorsque
le dromadaire dispose d'une ration déficitaire en protéines, la
quantité d'urée excrétée devient très
faible. En situation de déficit protéique, il excrète 1%
seulement de son urée, contre 23% chez le mouton. De fait, le dromadaire
a la capacité de recycler de façon remarquable l'urée, ce
qui permet de répondre aux déficits protéiques d'origine
alimentaire et de maintenir la protéosynthèse ruminale (Kayouli
et al., 1995; Jouany, 2000; Faye et Bengoumi, 2000; Bengoumi et Faye,
2002).
Faye et Bengoumi (2000) ont rapporté qu'à propos
des minéraux, tout se passe chez le dromadaire comme si son
métabolisme était tourné vers une anticipation des
périodes de sous-nutrition minérale. Il signe son adaptation
à ces périodes de restriction alimentaire par divers
mécanismes : augmentation des capacités d'absorption en cas de
pénurie, plus grande capacité de stockage de certains
éléments minéraux, plus grande tolérance à
certains électrolytes, maintien des activités enzymatiques de
base en dépit des situations déficitaires.
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