Parmi les résultats relevés dans le chapitre V,
il s'est avéré que la production de viande est la finalité
majeure de l'élevage camelin. Un tel constat suggère que la
diversification de production de l'espèce devrait être
élargie en vue de bien asseoir la filière cameline. Les efforts
de valorisation aux mécanismes économiques détermineront
la viabilité et l'utilité de l'espèce, et devront
être bien travaillés.
La valorisation est une perspective s'inscrivant dans une
démarche globale visant non seulement à conserver
l'espèce, mais aussi à l'intégrer dans des réseaux
économiques rentables. La mise en valeur des produits de l'espèce
serait réalisable à travers certains points dont :
· Caractérisation des performances
économiques des dromadaires.
· Amélioration des infrastructures et de
l'assistance technique des éleveurs.
· Optimisation des systèmes de production
camelins.
· Amélioration génétique des
dromadaires.
· Exploration des possibilités permettant
d'accroître les valeurs marchandes des produits
issus de l'espèce (typicité des produits, labels,
produit de terroir, attraction touristique,
industrielle et même médicale et circuits de
commercialisation performants). Incontestablement, l'intégration de ces
aspects dans la stratégie de conservation engendrerait une augmentation
des coûts à court et moyen terme. Toutefois, cette approche
pourrait être plus efficace à long terme car les coûts de
conservation sont censés diminuer au fur et à mesure que
l'espèce acquiert une certaine autonomie dans son développement
et sa pérennité. En effet, dans le contexte actuel des produits
industrialisés et standardisés, il existe un réel
engouement pour les produits dits biologiques traditionnels qui s'appuient sur
la notion de terroir pour affirmer leur typicité. Le lait des chamelles
est considéré par la population locale comme produit plus
savoureux et nutritif que les autres laits, en plus de sa valeur
médicale. La commercialisation de ce lait sous une marque distincte
permettrait certainement de stimuler la demande de ce produit. L'enquête
réalisée dans le cadre de cette étude nous a permis
d'identifier un éleveur à Djerba qui
commercialise le lait frais des chamelles avec un prix satisfaisant et une
forte demande. A Douz l'utilisation des mâles pour des tournés
touristiques constitue une ouverture du secteur sur le Tourisme
génératrice de revenu, extension mérite d'être
encouragée. Ces exemples permettent de consolider cette vision. Via ces
réelles opportunités, il paraît évident que
l'espèce cameline pourrait conforter sa valeur ajoutée et
sûre à travers une forte valorisation de ses produits et services,
moyennant des filières de valorisation ciblées, qui constituent
des alternatives potentielles pour dégager un revenu économique
non négligeable.
A l'image des races locales européennes, bien
valorisées dans le cadre de filières commerciales, le dromadaire
pourrait ainsi représenter une ressource authentique pour la mise en
place des nouveaux schémas de développement en Tunisie. Le
dromadaire bénéficie de nombreux atouts pour répondre
à une telle demande, du fait de son adaptation aux conditions extensives
d'élevage et sa capacité à valoriser les fourrages rares
et pauvres, ainsi qu'à sa résistance aux maladies. Il
bénéficie également d'une dimension culturelle forte, du
fait de son ancrage dans la tradition agricole tunisienne. Ces
considérations permettront de préciser les axes majeurs pour la
production de viande produite localement, à partir des dromadaires et
les possibilités de valorisation dans une filière
labellisée, autour d'un cahier des charges et en conformité avec
les attentes et les préférences des consommateurs. Ainsi, les
éleveurs pourront certainement être intéressés et
tirer profil d'un programme d'amélioration génétique de
cette espèce. L'amélioration des aptitudes de croissance et de
production de viande des dromadaires permettra d'améliorer la
valorisation des produits camelins, à condition qu'elle soit
couplée avec une conduite d'élevage adéquate.