3.2- Pratiques d'élevage camelin
Les pratiques se rapportent aux façons dont les
éleveurs interviennent sur les troupeaux et les milieux pastoraux en vue
d'atteindre leurs objectifs d'élevage. Elles se définissent comme
des construits sociaux, fortement marqués par les cultures locales, qui
se transforment au sein d'un environnement complexe, à l'interface entre
technologie et biologie. Les pratiques peuvent être
appréhendées selon plusieurs angles, celui de leur
modalité (correspondant à la description), de leur
efficacité (à travers des résultats) et celui de leur
opportunité, se rapportant aux raisons de leur mise en oeuvre (Landais,
1987). Telle diversité de situation est la conséquence des
conditions environnementales locales combinées aux stratégies
d'élevage des populations pastorales dont elles gèrent leurs
troupeaux. Ces populations manipulent la composante génétique
animale en fonction des conditions spécifiques de leur environnement, de
leurs systèmes de production et de leurs propres
préférences ou objectifs d'élevage. En effet, le choix et
la promotion d'un schéma d'amélioration est une action collective
et concertée, doit prendre en compte les pratiques des
éleveurs en relation avec les systèmes de
production. D'où la nécessité de la connaissance et de
l'analyse des pratiques d'élevage, afin d'évaluer leurs impacts
sur la diversité des ressources camelines.
3.2.1- Association élevage - agriculture
L'élevage occupe une place extrêmement importante
dans la vie socio-économique des populations du Sud tunisien, en raison
notamment des multiples rôles qu'il joue, aussi bien dans sa relation de
complémentarité avec l'agriculture que dans la satisfaction des
multiples besoins de populations pastorales. La sécurisation des
populations pastorales vis à vis des incertitudes climatiques est la
fonction la plus généralement, dévolue à
l'élevage dans toutes les régions du Sud tunisien.
Comme il est mentionné précédemment, le
système d'élevage camelin est essentiellement de type pastoral
extensif, associé généralement aux activités
agricoles et aux élevages des petits ruminants (ovin et caprin). Pour
l'ensemble de l'échantillon, 84% des éleveurs ont des terres
agricoles. Les cultures pratiquées sont généralement des
arbres fruitiers (olivier, pistachier, figuier et palmier dattier) et d'autres
cultures marginales (céréales en irrigué). Ce type des
produits agricoles constitue une source de revenu à court terme de cette
couche sociale et lui permettant de s'approvisionner en denrées de base
(huile, datte, etc.). Par ailleurs, 88 % des éleveurs camelins
pratiquent l'élevage des petits ruminants (Photo12). Cette association
est justifiée par sa flexibilité sur le plan économique,
social et culturel. L'élevage de dromadaires constitue pour eux une
garantie contre les aléas en cas de catastrophes majeures (la
sécheresse, etc). Les petits ruminants (ovins et caprins) sont
élevés à côté des dromadaires pour couvrir
les besoins courants de la famille. Mais ils contribuent également
à la sécurité de l'élevage camelin. Ces
éleveurs privilégient l'augmentation des effectifs du cheptel
camelin, dont le niveau de production, la pérennité et la
sécurité sont ainsi tributaires, en partie, des petits
ruminants.
Les élevages dans les zones étudiées sont
composés principalement de trois espèces animales (ovins,
caprins, camelins), les bovins sont retrouvés dans 4 % des
élevages enquêtés. Il faut signaler que les dromadaires ne
sont vendus qu'en cas des besoins majeurs comme le mariage. Cependant, les
éleveurs peuvent disposer d'autres sources de revenu autres que la
production animale et végétale. Ces sources financières
sont généralement des activités commerciales.
Photo 12 : Association de dromadaires et des
petits ruminants (Photo Quld Ahmed 2005)
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