Notre étude a révélé que l'embouche
ne constitue pas un système d'élevage à part
entière. Plutôt, elle s'associe au précédent
système et semble bien en extension autour des
agglomérations urbaines. Ce système est
"intensif" où des méthodes plus modernes de conduite sont
pratiquées. Du point de vue pratique, il se caractérise d'une
part, par un apport raisonné d'une alimentation soutenue
quantitativement et qualitativement, permettant au chamelon un gain de poids
rapide pendant un temps court et, d'autre part, par des conditions
d'hygiène générale assez améliorées. De ce
fait, elle ne concerne qu'un nombre limité des animaux, compte tenu des
faibles moyens des éleveurs. Nous avons remarqué qu'en
particulier, l'embouche s'adresse aux mâles qui, naturellement ont une
croissance plus précoce et une aptitude à l'engraissement plus
marquée que les femelles, chez les dromadaires (Xavier, 2000). Ces
résultats positifs sur l'exploitation des chamelons traduisent
véritablement la capacité des éleveurs à changer
les conditions d'élevage pour passer d'un type très traditionnel
à un type plus ou moins moderne et plus productif. Les perspectives de
ce système en Tunisie, vont en parallèle avec les
résultats rapportés par Faye (1997). Cet auteur a signalé
que les tentatives d'embouche intensive de dromadaires en vue d'obtenir une
production de viande de qualité restent fort limitées. La viande
de dromadaire est appréciée et les capacités
d'engraissement de l'espèce sont réelles, bien que sa
productivité pondérale comparée à celle des petits
ruminants ou même des bovins soit nettement inférieure.
En Tunisie, ce système, à l'heure actuelle, est
le lieu d'une véritable intégration de l'élevage camelin
dans une logique commerciale. C'est là que les ateliers d'engraissement
des chamelons ont été créés. Ces ateliers ne
s'agissent pas de bâtiments modernes, mais plutôt une sorte de
grouper une catégorie d'animaux (chamelons) pour une période
donnée de l'année avant d'être commercialisé.
L'orientation vers ce système semble se développer ces
dernières années suite au développement de la
motorisation, la sédentarisation des populations pastorales et
l'orientation de l'élevage vers la production de viande dont le prix ne
cesse d'augmenter.
Concernant les possibilités d'amélioration des
performances camelines (Faye et al., 2004) ont signalé que
l'intensification se traduit par un phénomène de substitution
d'un facteur de production par un autre. Les voies de l'intensification animale
peuvent combiner des actions sur l'ensemble de ces facteurs (la terre, l'homme
ou l'animal). En élevage camelin, se sont développés en
plusieurs endroits au monde, des systèmes de production que l'on
pourrait qualifier d'intensif, c'est-à-dire des systèmes
s'appuyant sur un ensemble de techniques et de moyens visant à optimiser
les capacités de production de l'animal, de la terre ou de la main
d'oeuvre. C'est par exemple le cas des élevages laitiers
périurbains à la périphérie de villes sahariennes
comme Nouakchott en Mauritanie, ou en Asie centrale
comme à Almaty au Kazakhstan. C'est également
l'exemple des dromadaires de course dans les pays du Golfe où les
biotechnologies les plus modernes se sont développées
(insémination artificielle, transfert d'embryons) par des montures
raisonnées (Skidmore et al., 2000). Les travaux
réalisés en Tunisie dans le domaine de la production de viande
sont à cet égard un excellent exemple de moyens mis en oeuvre
pour formaliser des systèmes intensifs de production (Faye et
al., 2004). Différentes pratiques ont été
proposées pour améliorer la productivité zootechnique de
l'espèce. Elles consistent essentiellement à agir sur les
points:
· une meilleure performance de reproduction de la chamelle
par une diminution de la durée des cycles de reproduction et une
meilleure fécondité des femelles,
· une meilleure capacité de survie des chamelons
afin de limiter l'érosion de la productivité numérique,
· une alimentation complémentaire raisonnée
pour améliorer la croissance des jeunes conduisant à une bonne
productivité dans la production de viande,
· une valorisation de la production laitière
permettant d'appuyer une sélection raisonnée des meilleures
productrices.
Toutes ces pratiques ne peuvent être profitables que si
on tient en compte un plan d'action regroupant des considérations
génétiques, des composantes techniques et des aspects
organisationnels de l'élevage de dromadaires (Djemali et Alhadrami,
1998).