6- Notion de race en élevage
Pellegrini (1999) a signalé que depuis le début
de la domestication des animaux d'élevage, l'homme a essayé par
divers moyens d'identifier et de conserver les animaux présentant des
capacités supérieures. Très tôt dans l'histoire de
la domestication, on voit en effet apparaître l'idée de
n'élever que les animaux plus adaptés aux besoins humains et de
les faire reproduire entre eux. La diversité des milieux dans lesquels
ces animaux ont été élevés et les multiples
utilisations auxquelles les destinait l'homme (viande, lait, travail), ont
conduit les espèces d'élevage à des voies
d'évolution multiples. Les systèmes d'élevage anciens
avaient pour principal objectif de fournir des animaux résistants,
adaptés aux milieux dans lesquels ils évoluaient et aux
utilisations auxquelles l'homme les destinait. A cette époque
l'instabilité économique et politique freinait une
sélection dirigée et concertée, et la sélection
naturelle était le principal moteur de l'évolution des
populations. Au XV éme siècle, les populations animales se
différenciaient en "Types" régionaux plus ou moins
homogènes adaptés à un milieu et à un mode
d'élevage. Le terme race ne s'est généralisé
qu'entre le XIVéme et XVI éme siècle. Lush (1948) a
défini la race dans son document »The Genetics of
Population» comme suit :
»A breed is a group of domestic animals, termed such
by common consent of the breeders, ... a term which arose among breeders of
livestock, created one might say, for their own use, and no one is warranted in
assigning to this word a scientific definition and in calling the breeders
wrong when they deviate from the formulated definition. It is their word and
the breeders common usage we must accept as the correct
definition».
Pellegrini (1999) a relaté que la notion de race
correspondait alors à « une population locale ou régionale
adaptée à une production donnée et présentant un
certain nombre de caractères communs ». La notion moderne de races
d'animaux domestiques prend ses racines
avec le début d'une population animale destinée
à la commercialisation. C'est lors de la révolution industrielle
d'Angleterre au XVII éme siècle que l'on voit apparaître
pour la première fois la notion de standard de race. Durant cette
période la nécessité d'un élevage intensif pour
pouvoir au développement, conduit à une sélection
intensive et organisée, et à une spécialisation des
animaux en vue d'accroître les productions. A partir de ce moment de
nombreux groupes d'éleveurs coordonnent leurs efforts de
sélection et tentent d'affirmer l'originalité de leur population
animale en réclamant la reconnaissance de leurs races. En règle
générale, chaque race d'élevage est définie par un
standard, c'est-à-dire un ensemble de critères qui
définissent l'individu idéal. Ces sous ensembles d'espèce
ou "races" se fondent notamment sur la taille de l'animal, la conformation, la
couleur, la longueur et la texture du poil, ses aptitudes à produire et
son adaptation à des conditions climatiques ou autres. Toutefois,
à travers de la littérature, la notion de race moderne est un
concept difficile à définir précisément et qui peut
signifier différentes choses selon les lieux et les espèces.
Maudet (2001) a signalé que la définition récente de la
race moderne fait généralement appel aux concepts suivants :
Homogénéité
morphologique : en élevage la notion de
race s'applique à des populations
individualisées d'une même espèce ayant des
caractères morphologiques et physiologiques héréditaires
bien distincts des autres populations. Des populations ayant un génotype
moyen individualisé et que l'homme s'est attaché à
maintenir parfois depuis très longtemps, mais qu'il peut faire
évoluer dans le temps en fonction d'impératif économique
ou de mode. Les éleveurs ont aussi une tendance vers une
spécialisation morphologique des animaux afin d'identifier la race et de
la distinguer des autres races. Néanmoins, certaines races
présentent une grande variation de ces caractéristiques, alors
que des animaux de races différentes peuvent être
morphologiquement très similaires.
Héritabiité des
caractères : les traits distinctifs d'une race doivent
être stables dans le temps, et donc que ces caractères soient
transmissibles d'une génération à l'autre.
Intérêt
économique : le but initial de la création des
races était effectivement une reconnaissance des caractéristiques
d'une population d'animaux dans un but commercial. Dans la pratique,
définir des races en nombre donné suppose donc implicitement
qu'on se fixe un critère pour les définir. Ce critère
correspondra en général à un but, et les classifications
pourront être différentes pour des buts différents. Par ce
point, on voit que la race est une notion subjective, liée à des
exigences commerciales et ne correspondant pas forcement à une
réalité biologique. Dans le même ordre d'idées, ces
races ne sont pas des entités statiques, ni mêmes des
données naturelles. Elles sont les résultats d'une histoire
durant laquelle sont
intervenus des nombreux facteurs : migrations d'animaux,
mutations des gènes, modifications des contextes économiques et
sociaux (Audiot, 1995). La définition adoptée par la FAO en 1999
est la suivante :
«Either a subspecific group of domestic livestock
with definable and identifiable external characteristics that enable it to be
separated by visual appraisal from other similarly defined groups within the
same species or a group for which geographical and/or cultural separation from
phenotypically similar groups has led to acceptance of its separate
identity».
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