4- Conservation de la biodiversité animale
Il existe deux approches pour la conservation des Ressources
Génétiques Animales : la conservation in situ et la
conservation ex situ. La première consiste à
préserver les animaux dans leurs milieux naturels et la seconde porte
sur deux variantes, la première, conduite in vitro, s'appuie
sur les techniques de cryopréservation (de spermatozoïdes,
d'ovocytes, d'embryons). Contrairement aux plantes, la cryopréservation
n'est techniquement faisable que pour très peu d'espèces animales
d'élevage (Rege et al., 2003). La seconde variante, conduite
in vivo, consiste à préserver les ressources
génétiques menacées dans des localités
déterminées (fermes étatiques, stations de recherche). Le
principe de la conservation in situ consiste à
préserver, in vivo, les populations à risque
d'extinction, dans l'environnement dans lequel elles se sont
développées. Cette approche intéresse des
écosystèmes entiers.
La participation des populations locales est l'une des
clés de la conservation in situ, dont l'objectif ne se limite
pas seulement à la conservation des gènes d'une race en danger
mais aussi au maintien des processus qui permettent de préserver les
systèmes de production. La convention sur la biodiversité
préconise de préserver la biodiversité dans le contexte
dans lequel elle s'est développée. Dans le cas des animaux
d'élevage, la conservation in situ présente de nets
avantages par rapport à la conservation ex situ. D'une part,
les races locales
sont les produits d'environnements écologiques et
culturels spécifiques et on modifierait leur constitution et leur
intégrité génétique si on les retirait de leur
milieu d'origine. Le transfert de populations d'animaux domestiques dans des
milieux contrôlés constitue un danger potentiel dans la mesure
où leur faculté d'adaptation risque de s'éroder
graduellement. D'autre part, les races animales ne sont pas statiques mais sont
en permanence soumises à des processus d'adaptation à des
conditions écologiques et économiques changeantes (Audiot,
1998).
La conservation in situ requiert
nécessairement le soutien actif, moyennant des mesures d'incitations des
exploitants qui possèdent et utilisent ces animaux. Dans la perspective
globale du maintien de la diversité génétique des animaux
d'élevage en vue de conserver certains caractères
génétiques, on trouve de solides arguments pour justifier la
préservation in situ (à base communautaire) des
ressources génétiques animales (Köhler-Rollefson, 2001). Le
choix entre les deux approches dépend des objectifs et des coûts
de conservation (Gandini et Oldenbroek, 1999). Actuellement, l'approche in
situ est considérée comme la meilleure solution car elle
maintient la capacité d'évolution et d'adaptation des
populations. Néanmoins, la cryoconservation présente aussi
l'avantage de réduire les risques associés aux maladies
infectieuses et pourrait être utilisée de façon
complémentaire à la conservation in situ pour
contrôler les processus de dérive génétique
(Gandinni et Pizzi, 2003). Alors que, Oldenbroeck (1999) a
suggèré que la problématique de conservation soit
raisonnée selon une vision intégrée qui tiendrait compte
les deux approches simultanément. En matière de priorité
de conservation, beaucoup d'efforts ont été consacrés aux
analyses des distances génétiques entre les races. A ce titre, la
FAO a proposé la mise en place d'un programme global pour établir
les rapports génétiques entre les races de chaque espèce
domestique (Barker et al., 1993). Certes, la spécificité
génétique d'une race est importante, mais elle ne constitue pas
l'unique critère de décision (Ruane, 1999). D'autres facteurs
complexes, y compris l'utilité présente et future des races, leur
importance environnementale, culturelle et historique, devraient
également être pris en compte à ce niveau.
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