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Caractérisation de la population des dromadaires (camelus dromedarius) en Tunisie

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par Mohamed OULD AHMED
Institut national agronomique de Tunisie - Doctorat d'univérsité  2009
  

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3- Rôles de la biodiversité animale

Il est admis que l'agriculture contribue significativement à la croissance économique et la sécurité alimentaire dans le monde. Toutefois, l'agriculture joue aussi des rôles essentiels dans le domaine de l'environnement ainsi que dans les domaines social et culturel. Certains de ces rôles peuvent être analysés en tant qu'externalités et en tant que contributions à des biens ou services publics (loisir, etc.). Ces derniers revêtent une importance capitale lorsqu'il s'agit d'appréhender globalement le développement durable. Toutefois, ils sont restés pendant longtemps négligés dans les politiques et les efforts de développement.

L'émergence du concept de développement durable et la tenue de la Conférence Internationale de Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, avec les conventions qui ont été signées à cette occasion, constituent un tournant décisif dans la prise de conscience de l'ensemble des rôles de l'agriculture. En effet, en plus des rôles économiques et alimentaires traditionnellement reconnus, les stratégies sur le développement à long terme de l'agriculture ont commencé à intégrer dans leurs fondements les autres rôles social, environnemental et culturel du secteur agricole. Cette évolution notable représente une reconnaissance explicite de la multifonctionnalité des cultures et de l'élevage. Cette section présente les fonctions que les animaux d'élevage assurent sur les plans économique, alimentaire, environnemental et socioculturel dans le contexte mondial.

3.1- Fonctions économique et alimentaire

Les animaux domestiques contribuent de façon essentielle à la production alimentaire pour 30 % de la valeur totale de la production agricole et alimentaire (FAO, 1999). Ils sont, particulièrement, indispensables pour les communautés rurales et la durabilité des systèmes de production. L'importance des animaux domestiques vient de leur capacité à convertir

fourrages et sous-produits de l'agriculture en nourriture de haute qualité et de leur rôle en tant que source locale d'aliments (protéines et micro nutriments), de fibres, de force de travail et autres pour répondre aux besoins des communautés.

On estime que 12 % de la population mondiale vit dans des zones où l'homme dépend presque entièrement des produits issus de ruminants (FAO, 1999). Dans ces zones, le bétail constitue non seulement une source d'alimentation, mais aussi la principale activité génératrice de revenus, permettant ainsi aux populations de s'approvisionner en biens de consommation alimentaire et en intrants agricoles. Le bétail transforme le fourrage et les sous produits agricoles non comestibles pour l'homme en produits agricoles ayant une importance nutritionnelle. A titre d'exemple, environ 40 % des terres disponibles dans les pays en voie de développement ne peuvent être utilisées que pour une forme ou pour une autre de production fourragère.

3.2- Fonctions environnementales

Au delà des rôles économiques et alimentaires, les ressources génétiques animales remplissent aussi des fonctions environnementales. Il est à noter, pourtant, que les externalités que l'élevage inflige à l'environnement sont toujours perçues, analysées et évaluées sous l'angle des incidences négatifs de l'élevage sur l'environnement sans pour autant s'intéresser aux effets positifs et aux biens d'intérêt public produits conjointement. Seré et Steinfeld (1996) selon le degré d'intégration élevage-agriculture ont classé les systèmes d'élevage en trois classes. Il s'agit des systèmes pastoraux, mixtes et industriels.

Les systèmes pastoraux reposent sur la production animale avec peu ou pas d'intégration avec l'agriculture exclusivement sur l'utilisation des pâturages naturels. La dégradation des ressources est un phénomène qui se développe actuellement sur une grande partie des terres de pâturage. Néanmoins, ces systèmes contribuent à l'enrichissement organique du sol et offrent la possibilité d'améliorer la couverture végétale ainsi que la biodiversité végétale et animale. Dans ces systèmes, les déchets sont réutilisés et ne présentent aucun fardeau pour l'environnement.

Les systèmes les plus répandus sont les mixtes. Ils sont généralement autosuffisants dans la mesure où les flux d'éléments nutritifs et d'énergie transitent en circuit fermé des cultures à l'élevage et vice versa. Etant donné leur capacité de recyclage, ces systèmes sont plus avantageux sur le plan des effets qu'ils peuvent provoquer sur l'environnement et sur la protection des ressources naturelles.

Les systèmes industriels concernent plusieurs espèces l'élevage. Mais ils sont jugés présentant un impact direct sur les sols, l'eau, l'air et la biodiversité par la production d'effluents, et la modification des ressources génétiques animales qu'ils impliquent (ces systèmes industriels s'intéressent à des races homogènes aux caractéristiques génétiques, ce qui favorise un appauvrissement de la diversité).

3.3- Fonction socioculturelle

Le rôle social des Ressources Génétiques Animales porte sur la réduction de la pauvreté et par conséquent la réduction des flux d'immigration inter et intra pays. A l'échelle mondiale, plus de 1,3 milliards de personnes (environ 30% de la population des pays en voie de développement vivent en dessous du seuil de pauvreté). Trois quarts des pauvres sont des ruraux. Selon les projections des Nations Unies, la population mondiale va atteindre près de 8 milliards de personnes à l'horizon 2020. Ces projections correspondent à un taux de croissance annuel moyen de 1,2 % pour la période s'étalant entre 1995 et 2020. Les approvisionnements alimentaires doivent alors augmenter, au moins, à un niveau similaire pour maintenir les rythmes de consommation alimentaires courants par personne.

Environ 95 % de l'augmentation prévue de la population se produira dans les pays en voie de développement qui doivent faire face à une demande en expansion des produits de consommation de base. Pour ces pays, les prévisions des accroissements des niveaux de consommation sont estimées à 114 % et 133 % respectivement pour la viande et le lait, alors que pour les pays développés, les projections demeurent marginales (Rege et al., 2003). Pour satisfaire cette demande en expansion (ILRI, 2000) a estimé que la production devrait augmenter de 108% pour la viande et de 145% pour le lait. Dans les pays en voie de développement, les systèmes d'exploitation mixtes sont prédominants et concernent surtout la population rurale pauvre. Certaines estimations considèrent que 70% des pauvres ruraux dépendent, directement ou indirectement, des activités d'élevage (FAO, 1999). L'accès à la terre et au capital constitue la principale contrainte qui limite les opportunités d'accroissement des revenus de la population rurale pauvre. L'augmentation de la demande des produits d'élevage, suite à l'accroissement de la population, leur offre une opportunité pour bénéficier de retombées positives d'un marché en expansion (ILRI, 2000).

Les Ressources Génétique Animales jouent aussi un rôle d'épargne pour le financement de la production agricole (achat de semences et d'autres intrants agricoles) et permettent de maintenir et de renforcer les relations sociales. Dans les zones caractérisées par une absence

de systèmes financiers, l'investissement dans le capital animal constitue une forme sûre et durable pour maintenir l'équilibre et la reproduction des systèmes de production agricoles.

Pour ce qui est de la composante culturelle des Ressources Génétique Animales, elle se manifeste par plusieurs formes. En effet, certaines races locales ont des fonctions culturelles tels que les fêtes religieuses et les dots. A titre d'exemple, dans les pays musulmans, l'espèce ovine tient une place dans le calendrier rituel des musulmans et notamment pour le sacrifice d'Aid al-Adha (fête religieuse) qui perpétue le geste d'Ibrahim.

Dans les pays développés, la possession et l'élevage des animaux domestiques sans objectifs strictement utilitaires ne sont pas récents. Les animaux de compagnie sont particulièrement développés de nos jours, ceux d'ornement ont souvent une longue tradition, quoique de nouvelles espèces soit apparues à l'époque moderne. Les animaux peuvent être les supports d'une activité sportive, ce qui est le cas des chevaux depuis l'antiquité (souvent en association avec la chasse). On note encore d'autres destinations des animaux domestiques comme le spectacle, le paysage, la gastronomie, le folklore voire même les formes d'expressions artistiques (Gandini et Villa, 2003).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault