2- Situation mondiale de la biodiversité animale
La biodiversité est un terme récemment introduit
pour remplacer l'expression de diversité biologique. La
définition officielle proposée par la Convention sur la
Diversité Biologique a été largement adoptée en
tant que point de départ des analyses de la biodiversité : «
Variabilité des organismes de toute origine y compris, entre autres,
les écosystèmes terrestres, marins et autres
écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont
ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces
et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes
». Convention de la diversité biologique, Article 2.
Depuis longtemps, les scientifiques ont accumulé des
connaissances sur la nature sans se préoccuper de la conservation des
systèmes naturels et de leur diversité biologique
(Lévêque, et Mounolou, 2001). Ce n'est qu'à partir du
début des années 80 que l'attention a été
orientée vers la valeur économique de la diversité
biologique tant au niveau des ressources génétiques pour
l'agriculture que des utilisations dans le domaine industriel. Dans ce
contexte, la diversité biologique est apparue comme une source
potentielle de revenus, notamment pour les pays en développement, ce qui
justifie que l'on s'intéresse à sa conservation.
Les progrès réalisés par les programmes
de sélection ont permis de créer des cultivars et des races
très productifs qui connaissent un grand succès. Cette recherche
de la productivité a entraîné une baisse du nombre
d'espèces utilisées en agriculture dans le monde entier.
L'étendue de l'érosion génétique et la
vulnérabilité qui en résulte varient selon l'espèce
et la région, mais le capital génétique utilisé
régulièrement en agriculture continue de s'appauvrir.
L'agriculture industrialisée favorise
l'uniformité génétique. Typiquement, de vastes superficies
sont plantées en une unique variété à haut
rendement, pratique connue sous le nom de monoculture, en recourant à
des intrants coûteux tels que l'irrigation, les engrais et les pesticides
pour maximiser la production. Les rendements ont strictement augmenté,
mais au détriment de la diversité biologique.
L'érosion de la diversité
génétique des plantes cultivées et des espèces
animales représente une grave menace pour les approvisionnements
alimentaires. Les ressources génétiques peuvent
représenter la clé de la durabilité de l'agriculture car
ce sont elles qui ont la résistance génétique aux
ravageurs et aux stress environnementaux. Elles constituent également la
matière première de tout écosystème (des
gènes ayant des caractéristiques particulières comme les
gènes d'adaptation).
La prise de conscience d'un risque d'appauvrissement de la
variabilité génétique animale n'est apparue qu'à la
fin des années soixante, alors que chez les végétaux, ce
problème a été identifié 40 ans plutôt (De
Rochambeau, 1998). Le nombre d'espèces animales domestiques est faible,
environ 40, dont 14 au plus assurent environ 82% de la contribution totale des
Ressources Génétiques Animales dans l'alimentation et la
production agricole (FAO, 1999). L'analyse d'une enquête mondiale a
révélé que les races domestiques s'éteignent
progressivement à un rythme de 1% par an (FAO, 2000). Cette
enquête dispose de données sur 6379 races recensées
à travers 170 pays.
La taille des populations n'est disponible que pour 4183 races
dont 740 sont déjà enregistrées comme disparues, et 1335
(soit 32%) sont classées à haut risque d'extinction et en voie de
disparition. Compte tenu du nombre élevé de races actuellement en
danger
d'extinction et des ressources financières
limitées disponibles, il n'est pas possible de soutenir des programmes
de conservation pour toutes ces races (Ruane, 2000).
En matière de politique de conservation, la
problématique centrale se situe au niveau de la conciliation des
impératifs de préservation de la diversité des ressources
génétiques animales, d'une part, et du caractère fini des
ressources financières disponibles, d'autre part. En effet, aucune race
ne peut survivre indéfiniment et des choix de conservation doivent
être opérés en vue de maintenir la diversité des
Ressources Génétiques Animales à un niveau permettant
d'assurer les besoins des générations présentes et
futures.
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