CHAPITRE III : RESSOURCES GENETIQUES ANIMALES
1- Introduction
Les ressources génétiques constituent le bien le
plus précieux et le plus important d'un point de vue stratégique.
Dans de nombreux pays, il y a des espèces et des races animales
indigènes qui pourraient éventuellement contribuer beaucoup plus
qu'elles ne le font actuellement à la production alimentaire et ainsi
satisfaire les besoins humains qui ne cessent d'augmenter suite à la
croissance démographique et à l'urbanisation. L'utilisation des
ressources génétiques agricoles appropriées pour atteindre
et assurer la durabilité des systèmes de production qui soient
capables de répondre aux besoins de l'homme est indispensable pour la
sécurité alimentaire au niveau national.
Le danger d'érosion génétique, touchant
à la fois le patrimoine végétal et animal, s'est
exprimé par des pertes considérables en biodiversité.
L'Organisation de Coopération et de Développement Economique
(OCDE) en 1994 a distingué des causes directes et des causes indirectes
de la perte de la biodiversité. L'altération et la destruction
des habitats résultant de la croissance démographique, la
surexploitation à des fins commerciales ou de subsistance et
l'introduction d'espèces ou de races exotiques non indigènes
constituent autant de facteurs directs qui sont à l'origine de cette
érosion génétique. Les causes indirectes sont
inhérentes aux défaillances du marché, à
l'intervention des pouvoirs publics (faiblesse des institutions et
intégration incomplète des politiques) et de l'information, de
même qu'à la structure des droits de propriété.
Concernant les ressources génétiques animales
(RGA), la stratégie qui a guidé le développement du
secteur de l'élevage au cours des 30 dernières années doit
être évaluée pour continuer à profiter à
l'humanité au cours des siècles prochains. Cette stratégie
s'est appuyée sur l'identification, le développement et la
diffusion dans le monde entier de quelques races hautement
spécialisées, à besoins élevés et à
forte productivité, et ce pour la plupart des espèces
domestiques. Pourtant, la plus grande partie de l'élevage du monde
restera à des niveaux d'intrants faibles ou modérés et les
besoins élevés de ces types hautement spécialisés
ne pourront généralement pas être satisfaits (FAO, 2000).
Dans le passé, trop peu d'attention a été accordée
au maintien et à l'amélioration de l'adaptation aux conditions et
contraintes spécifiques et les races indigènes des zones
marginales ont été sérieusement sousestimées. Dans
les zones à fort potentiel de production, la prédominance de
races productives
semble logique, mais il faudrait aussi préserver les
races traditionnelles. Celles-ci constituent un réservoir de la
diversité biologique et présentent des caractères
originaux qui pourraient devenir intéressants si les conditions ou les
critères de production venaient à changer. En zones marginales,
à faible potentiel de production, l'application du modèle
productiviste a très souvent reposé sur la levée des
contraintes entravant l'intensification conventionnelle des systèmes de
production par l'adoption de technologies conçues initialement pour les
zones à fort potentiel de production.
Néanmoins, les expériences
réalisées dans le domaine de développement local, durant
les deux dernières décennies, ont montré
l'inadéquation de ce modèle dans les zones marginales (Macdonald
et al., 2000; Yarwood et al., 2003). C'est pour cela la mise
en place de politiques de développement fondées sur la
valorisation et la préservation des ressources naturelles s'est
trouvée justifiée. En liant les aspects de production et ceux
relatifs à la conservation de la biodiversité, cette approche met
en avant le concept de développement durable qui convient mieux aux
spécificités des zones marginales.
La caractérisation de ces ressources
génétiques animales révèle un intérêt
considérable ces dernières années. Elle repose sur
plusieurs méthodes et ensemble de caractères selon les objectifs
fixés. Ces caractères regroupent ceux de production (rendement
laitier, vitesse de croissance) et ceux phénotypiques (robe, taille,
conformation, pelage). Récemment, en parallèle de la
caractérisation à base des traits de production et des traits
phénotypiques, l'utilisation de marqueurs moléculaires a connu un
progrès spectaculaire en matière de la caractérisation des
espèces, des populations et des races animales d'élevage
(Mendelson, 2003). Les traits adaptatifs comme la tolérance aux
trypanosomes et la résistance à la sécheresse doivent
être aussi impliquées dans la caractérisation des
ressources génétiques animales (Anderson, 2003).
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