4- Modes et systèmes d'élevage du
dromadaire
La Tunisie est un pays de tradition pastoralisme qui
était prédominé par le système d'élevage
pastoral extensif. Ce système a connu une évolution
considérable depuis quelques années. Du système pastoral
nomade, on a assisté à la mise en place de systèmes
pastoraux transhumants, semi sédentaires ou des systèmes
agropastoraux à élevage sédentaire associé à
l'agriculture, et même des systèmes extensifs urbains et des
systèmes intensifs ou semiintensifs (Abaab et al., 1995). Mais,
si on se réfère à la littérature, on se rend compte
que la typologie attribuée aux systèmes d'élevage est
complexe et très diversifiée en ce qui concerne la terminologie.
Dans ce contexte, des définitions données aux termes
"pastoralisme", "nomadisme", "transhumance" ou "agro-pastoralisme" sont
très variables et renvoient, selon les cas, à des systèmes
ou des pratiques d'élevage. Pour la compréhension du
fonctionnement des systèmes d'élevage, et a fortiori des
systèmes d'exploitation des ressources, cette confusion permet rarement
une clarification des débats et des enjeux. Il est donc
nécessaire de s'entendre préalablement sur les définitions
utilisées (Kaufmann, 1998). La classification des systèmes de
production animale se fait généralement selon la quantité
de consommation des intrants et par le matériel génétique
utilisé (systèmes extensif, semi-intensif et intensif). Mais ici
dans cette section la caractérisation est faite selon le mode de
contrôle, la mobilité et les niveaux de performances.
Il existe en Afrique deux types de systèmes
d'élevage suivant le mode de contrôle des troupeaux (Sgheir,
2005). Le système libre où les troupeaux restent une longue
période sans gardiennage. Les éleveurs attendent leurs troupeaux
aux points d'eau fixes, souvent en saison de naissance ou la période de
contrôle sanitaire. Le système contrôlé où le
troupeau est gardé et assisté par un chamelier. Les
déplacements et le choix du parcours sont contrôlés par le
gardien. Les pratiques de naissances, les traitements sanitaires et
l'abreuvement sont aussi assistés. Dans le système
contrôlé la moyenne de taille du troupeau varie d'un pays à
l'autre en Afrique de 20 à 100 têtes par troupeau. En
général, le chamelier garde en moyenne 50 à 80
têtes. Ce système d'élevage est pratiqué dans les
pays où le parcours est limité et l'élevage joue un
rôle économiquement intéressant. L'exemple de ce
système est celui existant en Afrique du Nord (Tunisie, Libye et
Maroc).
Naturellement et historiquement les systèmes
d'élevages sont extensifs et migratoires. En effet, l'élevage
permet de maintenir les populations pastorales dans des zones qualifiées
marginales, où les opportunités économiques sont souvent
limitées. La vulnérabilité et la fragilité du
milieu imposent aux pasteurs de mettre en pratique des systèmes
d'élevage
pastoraux extensifs avec un haut degré de
mobilité, en suivant les ressources fourragères et l'eau
là où elles sont disponibles. Les systèmes
d'élevage sont déterminés généralement, par
les conditions climatiques, la topographie, le couvert végétal,
les ressources en eau, les normes socio-culturelles (Jasra et Mirza, 2005).
Ainsi, le système d'élevage a été défini par
(Landais, 1987) comme un ensemble d'éléments en interaction
dynamique organisé par l'homme en vue de valoriser des ressources par
l'intermédiaire d'animaux domestiques pour en obtenir des productions
variées (lait, viande, travail...) ou pour répondre à
d'autres objectifs.
Les dromadaires sont élevés selon les trois
systèmes d'élevage existants tel que sédentaire, nomade et
transhumant. Compte tenu des zones écologiques dans lesquelles ils
vivent, les deux derniers systèmes sont les plus fréquents avec
toutefois la prédominance du mode transhumant (Ben Aissa, 1989). La
principale contrainte climatique dans les zones arides et semi-arides est la
très longue période de sécheresse. Les
écosystèmes se caractérisent également par de
fortes variabilités dans le temps et dans l'espace et par
conséquent une variation de la production de biomasse. Les
systèmes pastoraux et agropastoraux des régions marginales du
Maghreb connaissent des changements fondamentaux qui agissent à la fois
sur l'économie et les écosystèmes (Abaab et al.,
1995). Les conséquences sur l'élevage sont la très faible
production de biomasse pour les pâturages, l'incertitude locale au sujet
de la disponibilité des pâtures et la rareté des points
d'eau. Ces facteurs imposent aux pasteurs de mettre en pratique des
systèmes d'élevage extensifs avec un haut degré de
mobilité, en suivant le pâturage et les ressources en eau partout
où elles sont disponibles. Le pastoralisme maghrébin quand on le
compare au pastoralisme du Nord de la Méditerranée, reste encore
fortement marqué par la mobilité des troupeaux et des hommes
d'une part et par la persistance des vastes territoires à usage
collectif d'autre part (Bourbouze, 2006).
4.1- Systèmes migratoires
Le terme "pastoralisme" fait référence aux modes
de conduite des troupeaux en dépendance des ressources herbagères
naturelles. Donc aux systèmes où l'élevage est
pratiqué, comme activité principale, de manière extensive
avec faible intrant, sans pratiques de cultures fourragères. Il s'agit
d'une forme d'élevage en troupeaux, composés de
différentes espèces (bovins, ovins, caprins, camelins,
ânes, chevaux), mélangées ou non. Le mode d'alimentation
constitue la référence principale où le pastoralisme
correspond à une exploitation extensive des pâturages naturels
entraînant des déplacements d'ampleur variable.
Dans le système pastoral, l'éleveur
hérite les pratiques rituelles, nonobstant les nouvelles technologies et
l'évolution des conduites d'élevage, ce dernier maintient les
habitudes transmises par ses ancêtres. Alors que le terme
"agro-pastoralisme" désigne la coexistence entre activités
agricoles et activités pastorales. Ces activités peuvent avoir
lieu à différentes échelles : pays, région,
village, unité de production. A chacune de ces échelles,
différents niveaux d'intégration de ces activités existent
avec des incidences foncières spécifiques (Kaufmann, 1998).
Les systèmes d'élevage mobiles se
caractérisent par des déplacements annuels ou saisonniers d'une
partie ou de tout le groupe familial avec le bétail vers de nouveaux
pâturages selon les disponibilités en eau et les ressources
pastorales. La mobilité doit être considérée comme
une technique et elle est en fait le principe de base du pastoralisme. La
mobilité est basée sur des acquis techniques dont
l'expérience et le savoir-faire du berger. Il y a deux types de
mobilité du bétail tel que le nomadisme et la transhumance.
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