8.4- Exploitation des rejets de D. oliveri
Les observations faites ont permis de retenir que les souches
de D. oliveri tout en rejetant abondamment, assurent le
développement des rejets émergents qui dominent et privent les
autres rejets de la lumière. De 68.000 rejets par ha au départ,
les rejets émergents ne sont que 27.300/ha après deux ans de
végétation sur les stations entretenues. La croissance des sujets
dominés a été freinée par la réduction de la
lumière imposée par les plants dominants. Les stations non
entretenues, ont été très sensibles à ce
phénomène; la densité est passée de 101.500 rejets
à l'ha à 8.300 rejets/ha au bout de deux ans. Le sujet
émergent bénéficie donc des meilleures conditions à
son développement. Ces résultats sont confirmés par
Irkonanan (1994) qui a montré que la sélection des rejets
producteurs de bois d'oeuvre de D. oliveri, d'Isoberlinia doka
et de Pterocarpus erinaceus, permet la
ANALYSE DES IMPACTS ECOLOGIQUES ET SOCIOCULTURELS DE
L'EXPLOITATION DES PRODUITS DE DANIELLIA OLIVERI (ROLFE) HUTCH. &
DALZ. SUR LA VIABILITE DE SES PEUPLEMENTS AU BENIN
croissance des sujets épargnés. Le
dépressage présente donc un réel intérêt pour
l'amélioration d'un peuplement. Dans le cas de cette étude,
dès les premiers mois, le développement du sujet émergent
se fait au niveau de la hauteur ce qui lui permet de mieux étouffer les
sujets dominés; une hauteur moyenne de 62,73 cm a été
observée la première année sur les stations entretenues
contre une moyenne de 70,50 cm sur les stations non entretenues.
Le développement des sujets émergents peut
être renforcé par un rabattage des sujets dominés. Ce
faisant, l'on assure une certaine concentration des réserves nutritives
à la disposition du sujet émergent. Cette opération pour
être efficace, se fera pendant la période d'arrêt de
végétation c'est-à-dire en saison sèche. Le choix
de cette période est dicté par le souci de disposer du temps et
parfois de la main d'oeuvre nécessaire à cette activité
sylvicole. Ce résultat vient appuyer les recherches de Giffard (1974)
qui a montré qu'en sylviculture en zone sèche, il est
intéressant de couper les espèces non désirées
durant la saison la moins propice à leur multiplication
végétative. Cette technique sylvicole est utilisée par
certains paysans du Centre du Bénin pour faciliter les travaux
d'essouchage de D. oliveri. En effet, avec le développement des
sujets émergents, le système racinaire à la recherche des
ressources nécessaires au développement des rejets, favorise un
enracinement pivotant qui prend l'ascendance sur les racines secondaires. En
sectionnant la racine pivotante, la souche est facilement détruite. Les
rejets émergents sont exploités pour des fins de bois
énergie. Cet usage est diversement reconnu dans les localités
voisines des stations.
Globalement, les sols sur lesquels les peuplements de la
régénération sont implantés, sont dans l'ensemble
dégradés. La richesse du sol n'est donc pas un facteur limitant
pour le développement des rejets de D. oliveri puisque en trois
ans il est possible d'exploiter sur toutes les
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stations, les rejets de D. oliveri en bois de feu.
L'exploitation traditionnelle des rejets de D. oliveri en bois de feu,
peut être améliorée avec des passages de désherbage
(d'entretien) des peuplements. Cette technique culturale fait passer la
densité du simple au double. Bien que l'utilisation des rejets de D.
oliveri comme bois de feu soit reconnue par la totalité des
enquêtés, le problème de l'adoption des techniques de
conduite des rejets peut se poser. En effet, lors du suivi des stations, grande
a été la surprise des populations de voir comment on peut
s'occuper d'une espèce considérée comme envahissante pour
en faire une production commercialisable. Cette situation confirme les
observations faites par Maldague (1985) sur l'adoption des innovations en
milieu paysan. Dans ces conditions, seules les preuves de rentabilité de
la conduite des rejets sont nécessaires.
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