8.3- Reproduction de D. oliveri
L'étude a permis d'explorer les possibilités
d'utilisation de divers modes de reproduction sexuée et asexuée
à savoir le semis de graines et les boutures de tiges et de racines,
dans la multiplication artificielle de D. oliveri en
général et la production de plants en pépinière en
particulier. Les résultats ont montré que les graines de D.
oliveri ont une très bonne aptitude à la germination. Elles
ne nécessitent pas de prétraitements ou un type de substrat
particulier. Les graines mûres
ANALYSE DES IMPACTS ECOLOGIQUES ET SOCIOCULTURELS DE
L'EXPLOITATION DES PRODUITS DE DANIELLIA OLIVERI (ROLFE) HUTCH. &
DALZ. SUR LA VIABILITE DE SES PEUPLEMENTS AU BENIN
de l'espèce ne souffrent donc pas de problèmes
de dormance. Toutes les méthodes de prétraitement testées
dans le cadre de cette étude ont induit des pertes de viabilité
des semences, avec des effets variables suivant les méthodes. Le
prétraitement qui affecte le moins la viabilité des graines est
le trempage dans une solution d'acide sulfurique avec des pertes de l'ordre de
9-10% par rapport aux graines non-traitées. Mais les traitements qui
affectent le plus la viabilité des graines sont le brûlage au feu
et le trempage dans l'eau chaude avec des pertes de l'ordre de 80% pour le
brûlage et 35% pour l'eau chaude. La chaleur semble donc être un
facteur préjudiciable à la viabilité des graines de D.
oliveri. Outre, leur bonne aptitude à la germination, les graines
de D. oliveri ont aussi une bonne aptitude à la conservation
dans les conditions paysannes (Ouédraogo et al., 2003). En
effet, elles peuvent se conserver pendant plus d'un an avec les moyens
traditionnels peu coûteux et sans une perte significative de
viabilité (Ouédraogo et al., 2003).
Si pour la germination des graines, le prétraitement a
produit un effet néfaste et le substrat pratiquement pas d'effet, il
semble qu'il n'en est pas de même pour la croissance des plantules issues
des graines. En effet, sur tous les types de substrats, les plantules issues
des graines traitées au feu ont montré les croissances les plus
significatives pendant les trois premiers mois. Elles sont suivies par les
plantules issues des graines traitées à l'acide sulfurique.
Après trois mois, la même tendance est maintenue sur les sols
ferrugineux sablonneux, ferrallitique et latéritique. Sur le sol
ferrugineux argileux par contre en quatre ou cinq mois, c'est plutôt les
plantules issues des graines non traitées qui montrent les meilleures
hauteurs. Elles sont suivies des plantules issues du traitement au feu et du
traitement à l'acide sulfurique. Ainsi, sur les sols ferrugineux
argileux, on n'a peut-être pas besoin de prétraitement des graines
pour stimuler la croissance en
ANALYSE DES IMPACTS ECOLOGIQUES ET SOCIOCULTURELS DE
L'EXPLOITATION DES PRODUITS DE DANIELLIA OLIVERI (ROLFE) HUTCH. &
DALZ. SUR LA VIABILITE DE SES PEUPLEMENTS AU BENIN
hauteur des plantules. Les croissances les moins fortes sont
obtenues pour les plantules issues des graines traitées à l'eau
simple et à l'eau chaude pour tous les types de sol.
Ces effets possibles du prétraitement sur le
développement des plantules suggèrent que le prétraitement
pourrait influer sur l'utilisation des réserves de la graine par les
plantules, favorisant une croissance plus rapide, une vigueur plus grande et
donc une meilleure chance d'établissement durant les premiers mois. En
effet, la croissance et la vigueur des plantules dépendent de la
disponibilité des réserves nutritives que la graine contient.
Ainsi, par exemple, les semences les plus grosses ou lourdes
génèrent généralement des plantules plus
vigoureuses qui croissent et résistent mieux aux aléas du milieu
(Khan et al., 1999; Baraloto et al., 2005; Bladé et
Vallejo, 2008; Du et Huang, 2008). Un autre processus par lequel le
prétraitement pourrait influer sur le développement des plantules
est le raccourcissement du temps d'émergence de la plantule par
élimination des possibles obstacles mécaniques au
développement de la plantule (Du et Huang, 2008). Toutefois, des
investigations complémentaires devraient être faites par d'autres
essais et sur d'autres espèces pour confirmer ces relations entre le
prétraitement et le développement des plantules.
De façon pratique, ces tendances suggèrent que,
pour maximiser le nombre de plants et la croissance des plantules sur les cinq
premiers mois, on peut utiliser des graines non traitées sur substrat
argileux en pépinières ou en semis direct dans une zone oil
prédominent les sols argileux.
Ces résultats expliquent aussi les observations faites
pendant l'inventaire forestier national de 2007 au Bénin, qui a
montré que la régénération naturelle de D.
oliveri dans les Forêts Classées et dans les terroirs
villageois est presque nulle (IFN-DFS-PBF2, 2007). En effet, les
ANALYSE DES IMPACTS ECOLOGIQUES ET SOCIOCULTURELS DE
L'EXPLOITATION DES PRODUITS DE DANIELLIA OLIVERI (ROLFE) HUTCH. &
DALZ. SUR LA VIABILITE DE SES PEUPLEMENTS AU BENIN
peuplements de D. oliveri sont
généralement situés dans des formations
végétales à caractère savanicole. Les savanes sont
très menacées par les feux de végétation qui sont
allumés pendant la période de maturation des semences de
l'espèce. Les effets néfastes du feu sur la germination des
graines combinés avec la forte pression des prédateurs et des
parasites, expliqueraient la faible régénération naturelle
observée. Un phénomène similaire a été
observé dans un essai de régénération artificielle
par semis direct dans la zone de Benega à 160 km de Ouagadougou par
Ouédraogo et al. (2003) qui ont obtenu un taux de survie de
plantules de D. oliveri de 3,7% sur une année, après un
taux de levée initial 70%. Les facteurs de stress étaient
essentiellement le feu, les prédateurs et le piétinement par le
bétail (Ouédraogo et al., 2003).
Concernant la multiplication végétative
artificielle, les résultats ont montré que les boutures de tiges
sont inappropriées pour reproduire l'espèce. Les pousses issues
des bourgeons de ces boutures n'ont pas été viables car elles ont
dégénéré très rapidement en l'intervalle de
30 jours et sont toutes mortes. Par contre, les boutures de racines ont
été viables avec des taux de réussite de l'ordre de 66 %
et une croissance constante des jeunes pousses jusqu'à cinq mois
après le début du bouturage. Bien que l'enracinement n'ait pas
été directement observé, les boutures de tiges n'auraient
pas développé des racines pour leur survie, ce qui a fait
qu'après l'épuisement des réserves au bout d'un mois,
toutes les pousses ont dégénéré. Par contre, les
boutures de racines ont développé des racines adventives, ce qui
explique la survie et la croissance des pousses sur plus de cinq mois.
La comparaison de la multiplication par graines et de la
multiplication par boutures de racines du point de vue des taux de
réussite suggère que le taux de réussite des boutures de
racines est bien supérieur au taux de germination des graines
traitées au feu, mais inférieur au taux
ANALYSE DES IMPACTS ECOLOGIQUES ET SOCIOCULTURELS DE
L'EXPLOITATION DES PRODUITS DE DANIELLIA OLIVERI (ROLFE) HUTCH. &
DALZ. SUR LA VIABILITE DE SES PEUPLEMENTS AU BENIN
de germination des graines non traitées ou
traitées à l'acide sulfurique. Du point de vue de la croissance,
les pousses issues des boutures de racines croissent beaucoup moins vite que
tous les types de graines traitées. En somme, du point de vue de la
croissance des jeunes pousses en pépinière, les boutures de
racines ne présentent pas d'avantage par rapport au semis de graines.
Dans tous les cas, la bonne aptitude à la germination
et à la conservation en milieu paysan des graines de D. oliveri
(Ouédraogo et al., 2003) et la croissance
relativement bonne des plantules sont autant d'avantages à l'actif de la
multiplication par semis.
Toutefois, il convient de mener des essais sur la survie des
plants issus des différents types de matériel de reproduction
face à divers types de stress comme le feu, la sécheresse, le
broutage, le piétinement, etc. Cette aptitude à résister
au stress est déterminante dans la réussite de toute initiative
de restauration.
|