4.3. REGULATION DES CONFLITS ENFANTINS PENDANT LA
RECREATION
Autrefois à l'école, les hiérarchies
étaient claires et fortes, les frontières étaient
très marquées et respectées (séparation entre
filles et garçons, enseignants et élèves, école et
famille) ainsi que le confirme NANCHEN Maurice (2001)25 si bien que
les conflits se réglaient par l'autorité et le vécu
quotidien des protagonistes n'était qu'une préoccupation
marginale.
De nos jours, le modèle relationnel parent-enfant s'est
profondément modifié. Au modèle traditionnel de PARSONS,
marqué par la division sexuel des rôles masculins et
féminins et l'exercice de l'autorité parentale, fait place un
modèle plus démocratique qui opte pour une éducation
à la liberté. C'est ce style que BAUMRIND (1971) qualifie de
style « autoritatif »26 et qui
apparaît également à l'école.
A l'école chacun peut -être amené à
jouer le rôle de facilitateur de la communication : le directeur, les
enseignants, certains élèves et bien d'autres acteurs. Sans qu'il
s'agisse pour autant de médiation scolaire officielle.
Il est doc question ici, d'étudier statistiquement
comment le sexe et l'origine socioculturelle des enfants influent sur le choix
du facilitateur, dans le cadre de la résolution des conflits entre
pairs27.
Tableau N° 6 : Tableau présentant les
fréquences associées à la variable personnes
sollicitée comme facilitateur pour la résolution des
conflits.
Personnes sollicitées
|
|
Enseignants semainiers
|
Enseignants de sa classe
|
Enseignant le plus proche
|
Le directeur
|
spectateurs
|
Ainé ou chef de groupe
|
Autres
|
|
Effectifs
|
3
|
3
|
2
|
66
|
0
|
2
|
1
|
17
|
Fréquences
|
17,65
|
17,65
|
11,65
|
35,3
|
0
|
11,65
|
5,88
|
100
|
47 % des enfants font appel aux enseignants pour la
résolution des conflits engendrés entre pairs par la pratique des
jeux pendant la récréation. 35, 6 % d'entre eux, s'adressent
directement au directeur. 17, 65 % des conflits sont résolus à
l'insu des encadreurs éducatifs. Ce qui signifierait qu'une bonne
franche des litiges issus de la pratique des jeux enfantins trouve leurs
solutions au sein du groupe des pairs.
Tableau N°7 : Tableau croisé
présentant les résultats associés aux variables sexe et
personnes sollicitées
Personnes sollicitées
|
Sexe
|
Enseignants semainiers
|
Enseignants de sa classe
|
Enseignant le plus proche
|
Le directeur
|
spectateurs
|
Ainé ou chef de groupe
|
Autres
|
|
Filles
|
1
|
2
|
0
|
3
|
0
|
2
|
0
|
8
|
Garçons
|
2
|
1
|
2
|
3
|
0
|
0
|
1
|
9
|
Total
|
3
|
3
|
2
|
6
|
0
|
2
|
1
|
17
|
fréquences
|
17,65
|
17,65
|
11,65
|
35,3
|
0
|
11,65
|
5,88
|
100
|
? La proportion des filles qui font recourt aux enseignants
est très marginale par rapport à celle des garçons. Mais
celles-ci s'égalent au niveau du recourt au directeur.
? Les filles ne font jamais appel aux enseignants les plus
proches, encore moins aux autres intervenants de la sphère
éducative. Celles-ci recherchent prioritairement le consensus entre
pairs, par l'intervention des aînées du groupe.
Tableau N° 8 : tableau croisé
présentant les résultats associés aux variables
origine ethnique des enfants et personnes ressources
sollicitée.
Personnes sollicitées
|
Ethnie
|
Enseignants semainiers
|
Enseignants de sa classe
|
Enseignant le plus proche
|
Le directeur
|
spectateurs
|
Ainé ou chef de groupe
|
Autres
|
|
ewondo
|
1
|
1
|
1
|
2
|
0
|
0
|
0
|
5
|
bulu
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
eton
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
bassa
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
fulbé
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
bamiléké
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
yambassa
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
Autres
|
0
|
0
|
0
|
4
|
0
|
0
|
0
|
4
|
Total
|
3
|
3
|
2
|
6
|
0
|
2
|
1
|
17
|
Fréquences
|
17; 65
|
17,65
|
11,65
|
35,3
|
0
|
11,65
|
5,88
|
100
|
Les enfants d'origine ewondo font uniquement
recourt aux encadreurs éducatifs, à savoir, les enseignants et le
directeur. Il en est de même pour les bassa, les
bamiléké et les yambassa. Cependant, les
fulbé et bulu encouragent le consensus au sein du
groupe des pairs.
Au regard des disparités qui existent entre
bulu et ewondo deux groupes ethniques apparemment très
proches. Tout porterait à croire que la religion serait un facteur
déterminant pour expliquer le choix des uns et des autres. Il est
avéré que les étrangers, c'est - à dire, les non
camerounais s'adressent exclusivement à l'administration de
l'école.
v Estimation de l'intervalle de fluctuation de
proportion d'échantillon.
Nous partons de l'hypothèse HS2 à
vérifier. Celle-ci stipule qu'en cas de litige pendant la
récréation, les enfants font recourt au couple d'enseignants
semainiers.
Il va falloir extrapoler la valeur de ce paramètre
à partir de ceux identifiés dans notre échantillon. C'est
le moment pour de passer d'une fonction de description à une fonction
d'inférence.
Ici nous avons à faire à un petit
échantillon (n<30). C'est la loi du t de
Student qui prévaut pour établir la valeur de mesure au
seuil de confiance. Dans le cas présent, la taille de
l'échantillon est de 17, le nombre de degré de liberté
(ddl) est donc de 17-1=16.
Au seuil de confiance de 5 % (0,005 dans la table), la valeur
observée est de 2, 120. Reste à appliquer la formule.
% de l'échantillon = Valeur du t (au seuil
fixé et au ddl) x Ecat-type de l'échantillon
Avec :
% dans l'échantillon x (100 - % dans
l'échantillon)
Effectif de l'échantillon
Ecart - type de l'échantillon =
+
82,35
17
Soit 17, 65
(2,12) x
+
17,65 4,66
L'intervalle se situe donc entre 12, 34 % (borne
inférieure) et 22, 31 % (borne supérieure). Cet intervalle a 95 %
de chance de contenir le vrai taux d'enfants qui font recourt au couple
d'enseignants semainiers.
On peut conclure que les enseignants semainiers ne disposent
pas du monopole de la résolution des conflits des enfants pendant la
récréation. Ils sont concurrencés par le directeur qui
d'ailleurs, en est le plus sollicité. Il apparaît également
chez les filles qu'une bonne franche des conflits trouve leurs solutions au
sein des groupes des pairs. Ce qui confirme l'idée de
« petites mères » employée
par BILOA ATANGANA Ernestine à leur égard.
(2008;7)28
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