Chapitre 4 : PRESENTATION ET INTERPRETATION DES
DONNEES
Plus besoin de revenir sur la définition de
la recréation dont nous avons largement présenté les
contours dans le premier chapitre. Cependant comme le confirme DELALANDE
Julie20 « La récré est loin
d'être un espace hors normes. À travers les jeux et les
conversations se transmet toute une culture enfantine, faite aussi de
règles sociales et d'apprentissages par les pairs, grâce auxquels
chaque enfant est à même de construire son
identité. ».
Dans ce chapitre, nous allons essayer de restituer,
in fine, l'intégralité de nos
investigations menées à l'Ecole Publique de
NKOLNDA, une banlieue de la ville de Yaoundé. Lesquelles nous ont permis
de dégager quelques aspects intéressants des activités
périscolaires, notamment, les origines des jeux enfantins
pratiqués pendant la recréation (1), de jauger l'impact de
ceux-ci sur l'apprentissage de l'enfant (2) et surtout de s'interroger sur le
mode de régulation des conflits entre pairs (3).
4.1. LES ORIGINES DES JEUX ENFANTINS DE RECREATION
A l'école, les recréations sont un moment
privilégié dans l'emploi de temps des enfants. La preuve est que,
une fois que la sonnerie retentit, ils poussent tous un cri de joie :
« wéééh ». Réaction
observable surtout au niveau 1 (SIL et CP).
Ainsi, la recréation leur permet de construire chaque
jour les habitudes de jeu, des nouvelles relations d'amitié et d'amour.
Ce que nous appelons en sociologie, une expérience collective de la vie
en société. Au regard des différentes données
recueillies sur le terrain, l'on pourrait penser que les apprentissages
ludiques et sociaux se font des aînés vers les cadets. Les plus
jeunes qui arrivent à la cour, commencent toujours par observer les
grands, par emprunter leur manière de faire, par se plier aux
règles explicites et implicites qui distribuent l'espace.
Mais, en général, tous les jeux ne permettent
pas à tous les pratiquants de jouer les mêmes rôles.
C'est le cas de « Papa et
maman », ceux-ci doivent se recruter parmi les plus
âgés ou les plus aptes du groupe. Par ailleurs, les enfants du
niveau 2, CE1 et CE2, qui ont focalisé notre attention sur le terrain,
nous ont fait savoir qu'ils jouaient rarement avec ceux du CM. Ce qui
signifierait que les apprentissages se font dans un deuxième temps au
sein du groupe de pairs. En particulier, la transmission des techniques et les
règles de jeux y sont acquises. C'est avec ses camarades qu'en jouant,
on apprend, on enrichit et on transforme.
Un autre fait caractéristique, c'est le fait que chaque
groupe de joueurs essaie de modifier les règles de jeu à sa
convenance et les personnalise pour en faire son jeu. Nous avons
interrogé Bibiche, une élève du CE2, en présence de
sa mère (Maman C), au sujet des origines du ndochi, un jeu qui
fait la une dans les cours de recréation des villes et même des
campagnes camerounaises, celle-ci nous a répondu qu'elle ne sait pas
exactement où elle a appris ce jeu. Quelques instants plus tard, nous
avons interrogé sa mère sur le même sujet. Celle-ci, nous a
fais savoir que c'est sa fille qui a introduit ce mot à la maison,
elle-même ignorait la portée et les règles de ce jeu.
Cette réponse nous amène à croire que
les jeux des enfants ont une pluralité de sources d'inspiration et que
les adultes, eux-mêmes finissent par apprendre auprès des
enfants certains aspects de la culture : La culture enfantine. D'où
la nécessité pour nous de (re)visiter un des aspects de celle-ci,
à travers l'étude des jeux des élèves pendant la
recréation.
Dans la suite du travail, nous allons essayer de mettre en
exergue les éléments constitutifs du jeu et qui entrent en
considération dans l'apprentissage.
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