I.4. Question spécifique de recherche
Dans le présent travail, nous nous attèlerons
à répondre à la question spécifique suivante :
quelle est l'influence réelle (effective) de la culture
cotonnière sur la condition paysanne en milieu rural burkinabé,
particulièrement dans le département de Diabo dans la province du
Gourma ? En d'autres termes, la production cotonnière est-elle facteur
de développement durable ou, au contraire, contribue-t-elle à la
paupérisation du monde paysan en pays zaoga ?
Cette question centrale sera soutenue par d'interrogations
annexes à savoir :
? Le fait même de produire du coton ne compromet-il pas la
sécurité alimentaire des producteurs diabolais ?
? La production cotonnière ne constitue-t-elle pas un
obstacle à l'épargne sécurité dans le milieu rural
diabolais ?
? L'apparente opportunité qu'offre le coton de
s'enrichir dans ce milieu où tout semble compromis n'instaure-t-il pas
de pratiques à même d'affecter la cohésion familiale de ces
paysans ?
Les réponses à ces questions nous permettront de
statuer avec plus d'exactitude sur la question principale énoncée
précédemment.
I.5. Objectifs I.5.1. Objectif principal
Outre la satisfaction d'une curiosité intellectuelle,
l'objectif principal de cette étude est de saisir les
répercussions de la culture cotonnière sur les conditions de vie
du monde rural. Dit autrement, il s'agit de savoir si la production du coton
est un facteur d'émergence soutenable du monde paysan ou si, au
contraire, le coton est un facteur d'enlisement socio-économique des
paysans surtout du département de Diabo.
I.5.2- Objectifs secondaires
Comme objectifs secondaires, la présente étude
vise
d'abord à mesurer l'impact de la production
cotonnière sur la sécurité alimentaire des cotonculteurs
;
ensuite, à saisir son influence sur la faculté des
paysans à faire face aux chocs et autres risques ;
et enfin, à voir l'impact de l'essor de la culture
cotonnière sur les relations intra et inter familiales dans l'espace
social de référence.
I.6. Champs de recherche
Obéissant à la logique de l'enchevêtrement
des différents pans de la réalité sociale, ce thème
traverse de nombreux champs sociologiques.
? Il s'inscrit dans la sociologie rurale. En effet, la production
du coton, en tant
qu'activité agricole est une spécificité
rurale. C'est une activité qui s'insère dans des logiques et
stratégies propres au monde rural, qui obéit à un
système d'organisation, d'exploitation et de représentation
spécifique : celui du milieu paysan.
? Il relève aussi de la sociologie du
développement. Ici, la production
cotonnière sera pensée en tant que moyen
d'influence de la croissance du monde rural. Elle s'insère dans les
moyens développés en ces lieux pour promouvoir une
évolution qualitative des conditions de vie des producteurs que sont les
paysans.
? Aussi, ce thème s'inscrit-il dans la sociologie
politique du moment où il
abordera la production cotonnière comme une politique
développée par le pays pour parer à la pauvreté du
monde paysan dans le cadre de la politique de lutte contre la
pauvreté.
I.7. Intérêt
Cette recherche comporte des intérêts susceptibles
d'être regroupés en intérêt théorique et
intérêt pratique.
Sur le plan théorique, l'intérêt
réside dans le fait que cette étude permettra à la
communauté scientifique de se faire une idée sur les logiques
d'action du monde rural zaoga. Elle permettra aussi d'apprécier les
discours construits autour de la production cotonnière à tous les
niveaux de la hiérarchie sociopolitique par rapport aux
représentations réelles que le monde rural en fait. Elle pourrait
enfin servir d'appui à des études plus approfondies sur la
société zaoga ou sur le développement rural au Burkina
Faso voire le développement rural en général.
Sur le plan pratique, l'intérêt de cette
étude tient du fait qu'elle soulève une préoccupation du
moment. Aujourd'hui, la lutte contre la pauvreté tout comme la place du
coton dans le milieu rural concentre toute l'attention des décideurs.
Cette recherche pourrait d'une part, inspirer les décideurs ou les
« développeurs » dans le cadre du développement rural,
de comprendre certaines logiques qui guident les choix des producteurs
défiant les options techniciennes. D'autre part, elle aiderait à
repenser la place du coton dans la politique agricole du pays afin d'adapter
l'agriculture à son rôle de levier de développement rural
et national.
CHAPITRE II : METHODOLOGIE
|
II.1. Hypothèses
II.1.1.Hypothèse principale
Les opportunités de production et d'écoulement
qu'offre le coton font de celui-ci la première culture de rente du
Burkina Faso. Il est une source indéniable de revenu pour les
producteurs en général et ceux de Diabo en particulier.
Nonobstant une production importante et toujours croissante, le pays semble "
"refuser le développement " (incidence de pauvreté croissante),
du moins le milieu rural, et le département de Diabo ne fait pas
exception. A partir de là, la misère dans laquelle baignent les
cotonculteurs laisse percevoir que le coton, malgré tous ses attributs,
n'est pas un facteur de réduction de la pauvreté.
Ainsi, nous émettons l'hypothèse selon laquelle la
production du coton contribue à accroître la
vulnérabilité du monde paysan diabolais.
|