WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Production cotonnière et développement rural au Burkina Faso: controverses et réalité. Cas du département de Diabo dans la province du Gourma

( Télécharger le fichier original )
par Paul Marie MOYENGA
Université de Ouagadougou - Memoire de Maà®trise de Sociologie 0000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

V.2.3. Les crédits connexes

« Des crédits, chez nous, c'est ce qui marche le plus. Etant donné que pour qu'on t'aide à cultiver ton champ tu es obligé de préparer du riz et faire une eau bien sucrée et vu que les cotonculteurs ne disposent pas de liquidité en saison pluvieuse, nous allons prendre des sacs de riz et des paquets de sucre avec des commerçants garantissant le paiement par la vente du coton. Le boutiquier, étant sûr que le coton s'achètera, accepte le contrat moyennant une petite rélevation des prix ». La situation ici dépeinte par ce producteur de la quarantaine d'age résume la stratégie en oeuvre chez de nombreux producteurs. Il existe en effet un endettement parallèle à celui des intrants agricoles et qui entre pleinement en ligne de compte de la production cotonnière. Si certains prennent directement avec des commerçants des sacs de riz et du sucre, d'autres préfèrent de l'argent liquide. « Là, c'est sans intérét que l'on rembourse », nous informe un adepte de cette pratique, producteur depuis quatre (4) saisons. Cet argent emprunté est soit utilisé pour les besoins d'une entraide culturale, soit pour d'autres besoins pressants. Leur dénominateur commun c'est le coton qui est indexé comme garantie de paiement.

Par ailleurs, alors que les cotonculteurs se réclament de cette pratique, les non producteurs s'en défendent. « Nous, prendre des crédits avec des commerçants ! Aucunement. Ni en espèce, ni en nature. Nous n'avons pas de raison de le faire et d'ailleurs je ne suis pas sUr que si nous le voulions, ils auraient accepté de nous accorder ces crédits car nous n'offrons aucune garantie de solvabilité », soutient un non producteur. Des raisons de le faire, les non producteurs déclarent ne pas en avoir du fait que l'entraide dans les champs de vivres est sanctionné, soit par le dolo (bière de mil) exclusivement, soit par la préparation du tôt (pâte de mil ou de maïs) et d'une eau sucrée ou non selon la capacité ou la volonté de l'hôte, chose qu'il sort chaque jour de son grenier. Etant donné qu'ils n'ont pas d'argent en vue, les non producteurs déclarent en conséquence « se débrouiller pour sortir de la maison » de quoi faire face aux besoins financiers en cette saison pluvieuse.

Ainsi, on peut dire de tout ce qui précède que le coton constitue en réalité un mirage, un horizon fuyant inaccessible auquel aspirent les producteurs. Bien que le coton se présente comme un facteur d'enrichissement dans ce milieu paysan, la MARI évaluée plus haut nous renseigne sur sa portée financière réelle. Et si les

paysans le produisent encore, c'est en réalité parce que le coton s'inscrit dans une logique de mobilisation ou de rassemblement de richesse extra subsistance plus efficace. Après déduction des coûts des facteurs de production et de crédit, beaucoup sont les paysans diabolais qui nourrissent chaque année le sentiment de campagne manquée.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci