CHAPITRE VI : REVENU DU COTON ET GESTION
L'adhésion des paysans à la production
cotonnière est motivée par un besoin purement financier, besoin
dont les voies de satisfaction sont minimes au regard du caractère
agricole du milieu. C'est ainsi que le coton se présente comme une
opportunité. Alors, on pourrait se demander quel est le degré
d'importance du revenu que procure le coton et selon quelle logique ce revenu
est-il consommé dans le milieu rural diabolais.
VI.1. Revenu du coton
Si la production cotonnière survit et même progresse
dans les champs diabolais, c'est que les producteurs y trouvent leur compte.
VI.1.1. Importance effective
Le mirage cotonnier fait rêver beaucoup de paysans qui
pensent avoir enfin trouvé la voie par laquelle se réaliser ou
devenir comme les autres. Car c'est par rapport aux autres que le paysan
diabolais se définit ; ce qui explique sans doute que la production
cotonnière ait fait tâche d'huile en si peu de temps. Les premiers
producteurs ont fait fortune, nous relaye-t-on. Cela leur a permis de sortir du
commun pendant quelques temps et de palper quelques importantes sommes. Au
début des années 2000, le kg de coton avoisinait les 250F et le
rendement, parce que les terres étaient neuves, avoisinait lui aussi les
1500 kg/ha. Cela laissait une grande marge bénéficière au
paysan après remboursement de ses intrants, nous fait remarquer un
ancien producteur. Ces hommes de coton comme on les y nomme ont
été vite enviés parce qu'ils ont été les
premiers à adopter de nouvelles pratiques culturales comme les semis en
ligne et les buttages attelés. Avant ces dates, la participation des
animaux aux travaux champêtres se limitait aux premières heures de
la campagne agricole notamment au moment du labour, le semis à la
volée ne permettant pas une intervention animale en dehors de cette
étape. Mais sur l'espace
diabolais aujourd'hui, les semis en ligne ont droit de
cité ; le semis à la volée ne se rencontrant que chez les
familles ne disposant pas de force de traction animale ou sur quelques
parcelles des autres. Hormis ces avantages collatéraux, l'importance
financière de cette culture de marché fait l'objet d'une
appréciation mitigée du point de vue des paysans, actuellement ou
anciennement producteurs.
VI.1.1.1. Les gains
La MARI calculée précédemment nous donne
une idée sur la façon dont on obtient le revenu d'un cotonculteur
et sur la teneur moyenne de cet avoir même si à cela il faut
ôter les coûts de production parallèles ou ajouter les
quelques francs que les paysans, par le truchement de certaines
stratégies, parviennent à augmenter leur marge
bénéficière. Certains paysans, notamment les bons
producteurs, arrivent généralement à tirer satisfaction en
terme financier de la culture du coton. S'inscrivant dans cette logique de
stratégie de mobilisation des ressources, la production
cotonnière offre à certains paysans des opportunités de
réalisation. « Sans le coton, je n'aurais peut-être pas
pu réaliser cette construction », nous fait remarquer ce
producteur en indexant deux maisons de dix (10) tôles à base de
banco dont l'une est utilisée pour stocker le coton en temps de
récolte ainsi que les intrants agricoles. Quand bien même les
producteurs sont réticents à déclarer le montant de leur
revenu du coton, certaines réalisations visibles suffisent à
témoigner que le coton fait des contents parmi les chefs de
ménage diabolais même si cet avoir est diversement
apprécié par les dépendants participant à la
production. Refusant de personnaliser le débat de peur de s'afficher
comme un dissident vis-à-vis de l'autorité familiale, certains
trouvent qu' « avec ce que les producteurs laissent sur ces champs en
terme de forces humaine et animale de travail, ils méritaient mieux que
ça ». C'est ce que nous a confié ce jeune homme de 21
ans, participant à sa troisième campagne sous l'autorité
de son père.
Ce sentiment d'un travail inutile voire ruineux est aussi
partagé par une autre catégorie d'acteurs pas dépendants
cette fois-ci, mais chefs de ménages.
|