V.2. Perceptions du coton
Depuis le début de la promotion cotonnière dans
le département de Diabo avec l'arrivée d'un agent technique
coton, le coton n'a cessé de séduire les paysans. Ce n'est
pourtant pas le fait d'une quelconque sensibilisation ; les techniciens du
coton n'ont toujours eu affaire qu'à ceux qui produisent
déjà. « Nous avons vu d'autres cultiver et
évaluer leurs attentes à l'issue des campagnes de
commercialisation et cela nous a attiré ». C'est ainsi que les
enquetés, autrefois ou toujours producteurs, justifient
généralement leur entrée dans la production
cotonnière. Sur le marché du coton, ce sont des sommes
impressionnantes qui sont annoncées à chaque producteur
après la pesée de son coton en présence d'autres curieux
venus se convaincre de la rentabilité de cette production. Comme
l'exprime cet habitué de ces marchés, producteur depuis six (6)
ans, « c'est le moment des sourires pour certains mais aussi des
grincements de dents pour d'autres qui, au regard du travail abattu et de la
quantité de la production, avaient cru avoir mieux fait ».
Ainsi, c'est pendant ces campagnes de commercialisation et celles de paiement
que le coton conquiert ses nouveaux producteurs charmés par la
grandiloquence des avoirs annoncés. Sur ces marchés et au
gré des conversations, la production cotonnière se positionne
comme une porte de sortie pour le paysan dont le caractère rural de
l'environnement limite les possibilités. Les motivations d'entrée
dans la production cotonnière se fondent aussi sur le désir de
participer à l'ambiance festive et à l'ostentation qui ont cours
chez les producteurs le lendemain des campagnes de paiement de l'argent du
coton.
Dans tous les cas, il apparaît que les producteurs ne
s'engagent pas dans la production cotonnière pour un réel
enrichissement. Les petits, tout comme les gros producteurs se rejoignent
à ce propos. Ils semblent convaincus que le coton n'offre pas une
réelle possibilité d'enrichissement mais demeure quand même
stratégique dans le contexte principalement céréalier de
la production champêtre du département. « Sinon ce n'est
pas parce qu'on voit des gens s'enrichir beaucoup dedans ; ici, il y a
très très peu de gens qui peuvent se vanter d'avoir pu faire une
grande réalisation avec le coton en dépit du fait qu'il y a des
gens qui produisent depuis près de dix (10) ans maintenant. Mais
ça te permet de te faire voir, de sortir de l'ornière pendant
quelques temps, de goutter un peu à la vie des riches quoi. Et puis
ça permet d'avoir des sous pour résoudre nos petits
problèmes pendant quelques temps », développe un
producteur de 36 ans, à l'entame de sa troisième campagne
cotonnière.
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