IV) La répartition du revenu un pari pour une
justice sociale
Un constat de taille a été fait. Kuznets a vue
une réplique de la part de Kraay, Dollar ... qui ont montré que
la croissance, à elle seule ne suffit pas pour réduire,
combattre, efficacement la pauvreté. Deux phénomènes ont
été décelés : d'une part, en dépit de
l'impressionnante performance des pays du tiers monde, la plupart des pays les
plus pauvres, où sont largement concentrés les pauvres du monde,
ont connu une croissance moins rapide de leur revenu. D'autre part, les faits
ne manquent pas qui montrent que les processus de croissance en cours dans la
plupart des pays en développement sont tels que les revenus des groupes
relativement pauvres progressent moins vite que la moyenne.
De faite, finalisé par les OMD, les débats
internationaux ont portés pendant longtemps essentiellement sur
l'identification des changements structurels pour contrebalancer cette
tendance.
Les partisans d'un nouvel ordre économique international
considèrent que le principal objectif de la politique
économique est une accélération de la croissance dans les
pays en développement, une aide spéciale étant
consentie aux plus pauvres d'entre eux. D'autres
donnent plus d'importance aux mesures visant à
améliorer la répartition intérieure du revenu, y compris
aux mesures directes qui cherchent à satisfaire les besoins fondamentaux
des couches les plus pauvres. Jusqu'à maintenant, ces débats ont
été largement menés en terme qualitatifs. Peu de
tentatives ont été faites pour transcrire ces objectifs mondiaux
d'élimination de la pauvreté en stratégies plus
précise dont ont puisse étudier les possibilités de mise
en oeuvre.
En Afrique, des avancées significatives ont
été notées. La question n'est plus si la croissance
bénéfice ou pas aux plus pauvres, mais plutôt, comment la
rendre plus bénéfique à ces derniers ?
Pour répondre à cette question, dans cette
sous-partie, notamment, la répartition du revenu sera notre cheval de
bataille.
Il est claire que la répartition du revenu a un effet
positif sur la réduction de la pauvreté du moins en terme absolu.
Ce résultat est en effet l'objectif d'une croissance
accélérée propauvre, qui est d'ailleurs l'objet de ce
présent document. Pour une politique de répartition du revenu,
des expériences notamment taïwanéennes, yougoslaviennes et
coréennes, nous fait état de l'ampleur et de la réussite
en matière d'amélioration de la distribution du revenu. Ces pays
ont pu combiner une répartition relativement égalitaire tout au
long de la période et une croissance rapide.
Les meilleurs résultats ont été obtenus
par la Taïwan, la Yougoslavie et la Corée, où 30 à
40% de l'accroissement du revenu ont été perçus par les
60% des personnes pauvres de la population et où une croissance rapide a
été maintenue ; ces pays ont maintenant une répartition
qui se compare favorablement à celle des pays industrialisé pour
ne pas dire riches.
Pour tirer de ces expériences une estimation de la
limite supérieure des possibilités d'une redistribution du revenu
qui n'entraine pas de ruptures importantes dans la croissance. Nous pouvons
supposer que 45% de l'accroissement du PNB iront au 60% des personnes les plus
pauvres. Cette conclusion peut être mitigée en ce sens que ce taux
correspond à une part dans l'accroissement du revenu de 25% pour les 40%
des personnes les plus pauvres et cette part est aussi élevée que
la part moyenne dans presque tous les pays.
La conclusion d'ensemble est que cette hypothèse est
techniquement réalisable dans n'importe quel pays, il est difficile de
l'admettre pour l'ensemble des pays en développement.
Les implications d'une stratégie ont fait l'objet de
nombreuses présentations tant en terme généraux que pour
des pays particuliers. De nombreux éléments des politiques de
répartition n'ont pas fait l'objet de vérification empirique et
appartiennent au domaine de la spéculation, mais on s'accorde
généralement à penser qu'il est possible d'augmenter les
avantages de la croissance pour les pauvres par des politiques qui :
1' Développe les liens entre les pauvres et les secteurs
de l'économie qui croissent le plus vite7 de manière
à augmenter les flux de gain indirects8.
1' Fournissent une aide beaucoup plus directe aux
activités productives dont dépend fortement les pauvres et qui
ont des perspectives efficaces (les secteurs).
Certains éléments de cette stratégie
servent à la fois à accroitre le PNB et à améliorer
sa répartition. Les politiques qui visent à réduire les
incitations qui poussent à une utilisation excessive de capital dans
certains secteurs et qui contribue ainsi à accroitre l'emploi en offre
des exemples claires. Mais certaines politiques peuvent également avoir
des effets défavorables sur la croissance du PNB, du moins à
court terme. Le détournement de ressources d'investissement au profit
d'activités qui visent à améliorer la productivité
des pauvres peuvent impliquer de tels coûts au départ. Dans de
nombreux pays, on ne peu garantir qu'un flux suffisant des fruits de la
croissance profitera aux pauvres que si l'on prend également des mesures
pour corriger la répartition très inégalitaire des actifs
productifs particulièrement la terre cultivable.
Des motifs théoriques et empirique nous permettent de
conclure que si l'on atteint l'objectif de distribuer 45% de l'accroissement du
PNB aux 60% des populations les plus pauvres, il faut s'attendre à une
certaine réduction de la croissance. L'argument brandi pour expliquer la
réduction de la croissance ; est la baisse de l'épargne qui
résultera d'un transfert de revenu des riches vers les pauvres. Parce
que l'épargne privée9 en sera ainsi
affectée.
Toute politique radicale de répartition exerce un effet
défavorable sur les investisseurs des pays qui auront des raisons
d'investir. Encore une fois le maniement de l'outil budgétaire
est délicat. Une répartition peut être certes optimale,
mais, notre idée fondamentale reste la
7 Les grappes qui ont été
sélection suivant des critères relatifs à une
stratégie de croissance accélérée notamment.
8 Une pièce de 100 francs CFA n'a pas la
même valeur selon qu'on est pauvre ou non-pauvres.
9 Qui est surtout réalisée par les
groupes dont les revenus sont les plus élevés
participation dynamique des pauvres à tous les
épisodes de croissance. Une économie fondée sur la
connaissance pour un lendemain meilleur pour les pauvres.
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