3) Contraintes culturelles :
La culture est un critère très déterminant
quant à l'encouragement ou au découragement de l'esprit
d'entreprise. Aujourd'hui, on évoque l'idée d'une certaine «
culture d'entreprise. » Difficile à définir, la culture
d'entreprise moderne peut se résumer à travers le souci de
rechercher le bénéfice (maximisation de profit), l'accumulation
du capital dans une perspective d'un investissement productif, la culture
documentaire permettant la transparence et le compte rendu des états
financiers en vue d'un meilleur suivi. Cette manière de définir
la « culture d'entreprise » se heurte, en Afrique, aux
considérations et pressions sociales limitant l'achèvement des
objectifs de maximisation. Les notions de « pluralité de
rationalité » et de «limite de rationalité » sont
encore objets de recherche, puisque le domaine de la rationalité des
agents économiques possède des limites. Les deux limites
importantes sont la pluralité des rationalités et la limite
même de la rationalité. Le fait que la rationalité soit
plurielle permet de valoriser la manière d'agir des cultures autres
qu'occidentales, réputées d'être rationnelles. La limite de
rationalité tient compte des limites physiques et du caractère
fini de la condition humaine qui l'empêcherait d'avoir de l'emprise sur
toute chose. En invoquant un des freins à l'esprit de l'entreprise en
Afrique, Alioune Sall parle de la prédominance des systèmes
lignagères comme mode de production ayant comme conséquences
« un caractère commun : la minimisation du risque y
est préférée à la maximisation du profit ou de la
productivité. La recherche de la minimisation du risque inspire les
décisions de migrer, elle conduit surtout à investir dans les
liens sociaux, à les diversifier et à les privilégier par
rapport à l'accumulation du capital...Ainsi l'investissement dans le
lien social amène-t-il à donner aux solidarités intra et
intergénérationnelles un rôle clé dans la
société10». La conséquence de ce choix est
que ces systèmes de production minimisent autant que faire se peut
l'investissement physique et économique. La culture documentaire quant
à elle évoque les notions de gestion où règne le
souci de transparence et de communication des états financiers
pertinents, parfois une des conditions pour bénéficier d'un
crédit auprès des établissements de crédit.
Ces contraintes justifient les limites d'entreprendre et de
promouvoir de manière générale l'esprit d'entreprise.
Elles peuvent justifier aussi le refuge du dynamisme entreprenariat dans
l'informel et dans les micros entreprises.
10 Rotillon, Economie des ressources naturelles, Paris la
Découverte, 2005
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