Pour investir dans une activité économique les
difficultés rencontrées peuvent être
financières. En effet, les conditions des
institutions financières ainsi que le montant important du capital
minimum pour commencer légalement une activité sont des
contraintes fortes. L'effort personnel du créateur lui-même
dépend de sa propension à épargner. Or, des
études7 montrent que le capital économisé par
les salaires dépasse rarement quelques dizaines de milliers de francs.
Il ressort que les fonds propres apparaissent comme une source de financement
largement insuffisante. Les contraintes financières constituent ainsi un
frein à l'entreprenariat. La facilité d'accès au
crédit favorise le financement des activités. Si des gens ne
choisissent pas d'investir massivement, c'est en partie à cause des
conditionnalités des banques qui ne sont pas à leur
portée, mais aussi de l'environnement macroéconomique qui entoure
les règles de crédit. Dans un environnement essentiellement
informel et où la densité des banques est insuffisante, le faible
taux de bancarisation constitue aussi un frein à l'accès au
crédit sans omettre la culture même du crédit.
7 Paugman,S, « le revenu minimum d'insertion en France
après six ans ;un bilan contrasté »Intervention
économique, N°28, Montréal, P,21-45
Dans la FRANC la relation entre les institutions
financières et les PME à besoin de financement
révèle une situation paradoxale : d'une part, il existe un
secteur privé qui a un besoin de financement pour se développer
et d'autre part le taux d'épargne est relativement élevé,
ce qui se traduit par un secteur bancaire anormalement sur liquide.
En effet, la surliquidité bancaire désigne une
situation de déséquilibre profond et permanent entre les
ressources et les emplois d'une banque. Plus spécifiquement, elle
traduit une situation où la trésorerie bancaire est en permanence
largement excédentaire, en raison des facteurs autonomes (conjoncturels)
et institutionnels. Cela peut provenir de l'utilisation de l'instrument de la
politique monétaire qui impose aux banques commerciales la constitution
des réserves obligatoires non rémunérées, ou bien
des variations positives des opérations extérieures. Le ratio de
liquidité qui dispose que les disponibilités des
établissements de crédit doivent être au moins
égales à leurs exigibilités à moins d'un mois.
Ainsi, toute banque dont le ratio de liquidité se situe au-dessus de
100%, peut être considérée comme étant en situation
de surliquidité.
Le paradoxe est que cette surliquidité s'accompagne d'une
situation de rationnement du crédit dans le financement des projets
notamment en direction des PME. Le rationnement du crédit
désignant la situation d'une banque qui refuse de prêter aux
conditions de quantité et de taux demandés.
Selon le dernier rapport de la Commission Economique pour
l'Afrique(CEA), deux justifications fondamentales peuvent être
avancées pour expliquer les sources de cette surliquidité.
Premièrement, elle serait le résultat du rapatriement des
capitaux spéculatifs qui avaient été placés hors de
la zone pour se protéger contre la dévaluation, ainsi que des
recettes d'exportation qui n'étaient plus domiciliées dans les
banques locales. Deuxièmement, elle serait le fait de l'incertitude qui
pèse sur l'environnement des affaires, qui n'est pas susceptible de
réduire la perte de la banque en cas de défaillance de
l'emprunteur. C'est ce qui explique que la plupart des projets ne soient pas
éligibles au financement bancaire alors qu'ils présentent un
potentiel économique important. Selon les offreurs de crédit, les
difficultés de financement du secteur privé sont globalement
liées soit au risque de réalisation de l'état
défavorable de la nature (choc qui peut perturber le fonctionnement du
secteur) ou bien celui du défaut de remboursement de l'emprunteur. Ces
deux risques traduisent souvent l'une des formes suivantes (CEA, 2007):
l'asymétrie de l'information qui apparaît dans la
difficulté de déterminer le risque des projets proposés
à partir des données comptables, l'insuffisance de
sûretés réelles pour garantir les prêts et
réduire la probabilité de défaut de l'emprunteur
liée au risque d'aléa moral, des dysfonctionnements des
procédures de recouvrement et la faiblesse des fonds
propres qui ne sont pas en mesure de participer
financièrement même à un faible niveau au financement de
leurs propres projets.
En effet, une économie basée majoritairement sur
le secteur informel, cas des Etats Africains. Les « micro-entrepreneurs
» qui constituent ce secteur sont exclus du système bancaire
conventionnel. Cette situation les pousse à se diriger vers les
institutions de micro finances. Dans la plupart des cas, ces crédits
sont octroyés avec des taux assez élevés, ce qui rend
beaucoup insolvable.
Les contraintes sont aussi d'ordre fiscal.
La fiscalité peut être incitative ou dissuasive de
la promotion d'emploi indépendant. LAFFER8 a établi
une corrélation entre le taux d'imposition et les recettes fiscales, une
relation à optimiser pour maximiser les recettes fiscales sans nuire
à l'entreprise. Les analystes du secteur informel pensent que la
rigidité fiscale contribue à la promotion du travail au noir. La
propension à l'informel en Afrique ainsi que le phénomène
des « faux indépendants » dans les pays de l'OCDE sont des
illustrations de la propension à l'évasion fiscale : «
Hormis l'Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni, on a constaté à
différents moments, dans plusieurs pays, un accroissement du nombre de
travailleurs indépendants qui travaillent pour un seul donneur
d'ouvrage, et pour lesquels le statut d'indépendant n'est
peut-être guère plus qu'un moyen de réduire la
fiscalité totale supportée par l'entreprise et par le
travailleur9*». La fiscalité, malgré le fait
qu'il soit un outil de souveraineté de l'Etat, de l'amélioration
de ses revenus et de la justice sociale, se conçoit souvent comme source
de pauvreté et limite l'entreprenariat. Un conflit existe entre le
pouvoir public et les redevables (contribuables) : l'opinion voudrait,
collectivement, plus de services publics et moins de taxes, pourtant les
premiers ne vont sans les seconds. Le souci est de trouver une fiscalisation
optimale répondant à la fois aux aspirations de l'Etat, sans
décourager les entrepreneurs, des petits comme des grands.
8 Papin, R, Stratégie pour la création
d'entreprise, Paris, Dunod 2001/ 9*Parrot,E, L'argent, Paris Ed
Salvator,2002