L'expression de travail décent reflète une
aspiration universelle à savoir l'espoir de tout un chacun
d'accéder à un travail productif dans des conditions de
liberté, d'équité, de sécurité et de
dignité humaine. L'expression découle des travaux du Bureau
international du travail depuis son rapport à la 87ème
session de la
Conférence internationale du Travail en
19993.
En absence de travail décent, la population active qui se
retrouve au chômage a le sentiment d'être inutile, exclut, de ne
valoir rien ce qui fragilise leur stabilité. Entre autre, cela les
poussent à exercer des activités illégales pour pouvoir
survivre.
Dans les années 1970, le secteur public dit encore
secteur formel structuré était le premier employeur dans un pays
où la population active urbaine ne cessait de croître. Or, le
ralentissement des embauches des années 1980 s'est traduit par de
profonds bouleversements sur le marché du travail urbain impliquant
des
licenciements importants dans le secteur privé qui n'a
pas pris le relais. Les évolutions mouvementées du secteur formel
n'ont fait qu'accélérer le développement du secteur
informel.
3 OCDE « la renaissance partielle de l'emploi
indépendant, Paris perspective de l'emploi de l'OCDE
Selon certaines enquêtes, le secteur informel a pour but
principal la satisfaction des besoins des ménages, principalement en
biens de consommation courante (alimentation, habillement) et en services, il
constitue également le mode d'insertion privilégié de la
main d'oeuvre.
Tout cela laisse entrevoir que le développement du
secteur informel dans les grandes villes d'Afrique subsaharienne
témoigne plus d'une logique de survie que de l'émergence
d'activités productrices qui offriraient une solution alternative
à la crise du marché de l'emploi.
Il est délicat de définir le secteur informel dans
la mesure où il y a une diversité des acteurs constituant la main
d'oeuvre de travail : les salariés non protégés et
indépendants, mais aussi les apprentis et les travailleurs familiaux
collaborant à l'entreprise familiale.
Ainsi la définition donnée par la XVème
Conférence Internationale des Statisticiens du Travail (CIST) en 1993 :
« le secteur informel peut être décrit, d'une façon
générale comme un ensemble d'unités de production des
biens ou des services en vue principalement de créer des emplois et des
revenus pour les personnes concernées. Ces unités ayant un faible
niveau d'organisation, opèrent à petite échelle de
manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail
et le capital en tant que facteurs de production4 ». Dans un
contexte, où la majorité de l'emploi proviennent de l'informel,
l'essentiel est de savoir comment rendre le travail informel décent ou
comment permettre la formalisation du travail informel, mais surtout comment
créer plus d'emplois formels. Le concept d' « emploi informel
» se défini pour l'exercice d'une activité économique
par le non enregistrement, l'absence de contrat ou de protection sociale.
La micro-entreprise est donc un segment principal constitutif du
secteur informel. Selon la classification internationale utilisée par le
BIT, une microentreprise s'identifie dès lors qu'elle compte moins de 10
personnes employées.
On peut tirer d'une étude5 menée par
Sarah MARNIESSE6 sur le marché du travail en Afrique
sub-saharienne, que 85% des emplois crées en 1993 l'ont
été dans le secteur informel
4 http/
www.uneca.org/statistics/stacom
2008/document/Fr-informel sector.pdf /5 Marché du travail et
compétitivité en Afrique subsaharien, dénis Cogneau,sarah
Marniesse,J.Y Moisseron,Economica,2000,173 pages./6*Economiste de l'agence
Française de Développement(AFD)
Le constat qui ressort depuis une vingtaine d'années est
que le secteur informel grossit de jour en jour. Concernant l'Afrique
sub-saharienne et notamment de l'Ouest, les micro-entreprises
représentent un poids important tant au niveau des emplois
proposés que dans le nombre d'entreprise concernée.
Dans « Les activités informelles »,
principalement celles des micro-entreprises progressent plus qu'elles ne
régressent. Les comportements des entrepreneurs de ce secteur sont
variables. En effet, on constate que dans le secteur informel parmi les
travailleurs indépendants, il y avait ceux qui étaient devenu
indépendants pour des raisons positives. Le plus souvent, il s'agit de
petits entrepreneurs qui deviennent indépendants pour tirer parti des
compétences et expériences acquises lors de leur passage dans le
secteur formel et cela avant de monter leur petite affaire.
Dans cette optique, il semblerait que le développement de
ces activités informelles ne doit pas être mal perçu en ce
sens qu'elles ne dégradent pas forcément le marché du
travail. Il est montré que parfois ces activités sont aussi
compétentes que celles du secteur formel.