II- LE CADRE HUMAIN ET ECONOMIQUE
Lorsque les missionnaires catholiques arrivent à Nlong,
ils trouvent une structure religieuse et socio-économique en place.
Cette structure s'est constituée au fil des différentes
migrations des populations. Joseph Kizerbo affirme à cet effet qu' :
« il s'agit d'un phénomène historique majeur qui s'est
déroulé au début de l'ère chrétienne, il
n'est pas encore achevé à la fin de XIXe siècle
»9.
A- L'origine et l'installation des populations
Les divers témoignages recueillis à Nlong et ses
environs affirment qu'à l'origine le site était convoité
par les Bassa et les Ewondo. Les premiers à occuper la localité
seraient les Bassa en provenance de la côte où ils avaient
été chassés par les Douala et les Bakoko. Ngulmakong
serait à cet effet, le point de rencontre entre Bassa venus de la
côte et les Ewondo venus du Nord
8 J.F. Loung, Géographie du Cameroun,
Paris, Hatier, 1993, p. 19.
9 J. Kizerbo, Histoire de l'Afrique noire d'hier
à demain, p.81.
(Adamaoua). Au moment où ces groupes se rencontrent, cette
localité ne porte pas encore de nom10.
En réalité, trois groupes appartiennent à
la Mission catholique de Nlong : Bassa, Ewondo et Eton.
La protohistoire des Ewondo, malgré la diversité
de version, peut se ramener à un bref résumé. Selon
J.M.Essomba, une première migration les entraîna de la Haute
Egypte pour certains, du Haut Oubangui pour d'autres, jusqu'à dans une
zone indéterminée dénommée "pays de l'Est".
Arrivée au Cameroun, ils vont s'installer dans la localité de
Yoko. Chassés par les Babouté, ils vont progresser jusqu'à
un grand fleuve qu'ils ne peuvent traverser. La traduction orale rapporte
à propos que Nanga le premier essaie d'atteindre l'autre rive : il
échoue d'où le nom de osoè nanga, fleuve de
Nanga, qui sera déformé plus tard en Sanaga. La traversée
est possible sur le dos d'un serpent miraculeux11.
Parmi les Ewondo qui ont traversé la Sanaga, il y avait
les Mvog Mebara Kono. A l'origine, Tabene Mengue engendra Ebandzongo,
Ebandzongo engendra Ekusu Mbala et Mebara kono Mbala, Mebera Kono Mbala
engendra Ndobo, Nama et Tabene. Dans leur migration, Ndobo et Nama se sont
installés le long de l'ancienne route Douala Yaoundé et de
l'autre côté de l'actuel axe lourd Douala Yaoundé. Le cadet
Tabene quant à lui est resté à Nanga-Eboko au niveau de la
gare Tabene. Qu'en est-il des Eton ?
Bilongo note que :
Eton et Ewondo appartiennent tous deux à l'ensemble
Beti que rien ne les distingue, ni dans le type physique, ni dans le genre de
vie ou la construction des cases ; seules les différences linguistiques
les identifient12.
10 D'après plusieurs témoignages c'est
Zoa Ndongo du clan Mvog Mebara Kono qui aurait donné le nom Ngulmakong
à cette localité.
11 Cette version est plus mythique que
réalité, ils avaient probablement profité de la saison
sèche où les eaux baissent tellement qu'elles laissent
apparaître les pierres, favorables à la traversée.
12 B. Bilongo, Les Pahouins du Sud Cameroun,
inventaires bibliographiques, connaissance des fang - Ntoumou, Mvae - Boulou -
Beti (Eton - Manguissa - Mvélé - Béné et Ewondo),
Yaoundé, St. Paul, 1970, p. 51.
L'ethnonyme eton leur fut donné, dit-on, parce
qu'après la traversée de la Sanaga, ils se reposèrent sous
un arbre appelé etondo en Ossanaga. Le clan Eton de Nlong est
connu sous le nom de Mvog Ebode, composé des Mvog
Bitouga, Fouda, Eveng, Nke et Ndzen. Tous ceux-ci constituent le Mvog
Enama Ndzana au sein de l'assemblée des Eton. Par ailleurs, d'autres
petits clans se greffent au grand groupe Mvog Ebode à savoir
les Mvog Mvodo, les Ekog, les Beyembana, les Ntsas et les Legog.
Géographiquement, le pays bassa déborde les
départements de la Sanaga maritime et du Nyong et Kélé et
s'étend sur d'autres départements comme l'Océan, le wouri,
la Lekié et la Mefou-Akono.
En somme, les Ewondo, les Eton et les Bassa constituent la
population de la Mission catholique de Nlong avec chacune une organisation
précise.
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