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La conférence de Nairobi novembre 2006 et le marché du carbone : cas de l'Afrique

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par Kaddour KENDZI
Université Bordeaux IV - MASTER II Sciences politiques 2006
  

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DEUXIEME PARTIE

La conférence des Nations Unies sur le changement climatique en décembre 2006 et l'Afrique

Une conférence mondiale sur le climat vient de démarrer à Nairobi, au Kenya. Un an après celle de Montréal, qui avait préparé les désistements de pays tels que le Canada, pays parmi les plus grands pollueurs du monde, concernant le protocole de Kyoto, voici donc que se réunissent 170 pays pour parler des changements climatiques.

La conférence réunit les pays signataires du protocole de Kyoto et notamment tous les pays industrialisés qui ont des engagements chiffrés, mais également les pays en développement qui n'étaient pas tenus par des engagements de réduction des rejets dont certains (le Brésil, la Chine ou l'Inde par exemple) sont en phase de croissance économique très forte et, pour la Chine, font désormais partie des pays très pollueurs.

Le fait que les pays en fort développement économique et gros consommateurs de ressources énergétiques (Chine) ne fassent pas partie du protocole est d'ailleurs l'une des raisons qui ont poussé les États-Unis ou l'Australie à ne pas ratifier ce protocole de Kyoto.

La conférence des Nations Unies sur le changement climatique de Nairobi souffre cependant d'un financement encore insuffisant, à seulement trois semaines du début de cette rencontre de haut niveau. La conférence doit non seulement servir de forum pour la définition du cadre post-2012, mais également permettre de débattre de la mise en oeuvre du MDP (Mécanisme de Développement Propre). De ce fait, il est essentiel qu'elle bénéficie d'un financement adéquat, pour que des décisions importantes puissent être prises par les délégués. Au 13 octobre, la Commission européenne et le gouvernement allemand n'avaient pas transféré les fonds nécessaires aux organisateurs de la conférence ; le montant manquant s'établit entre 1,3 et 1,5 million de dollars pour cette réunion qui doit se tenir sur deux semaines.

On constate un lasser aller quand il s'agit de l'environnement ou du développement durable. L'ultralibéralisme ne se presse pas pour y mettre la main, tout en sachant que le problème de l'environnement est l'affaire de tout le monde, et que tous les pays vont payer la facture, qui sera lourde si les pays concernés ne prennent pas conscience des enjeux.

L'Europe, par son représentant de la présidence européenne, le haut responsable du gouvernement finlandais Jukka Uosukaien, notait : « Nous avons besoin d'engagements en faveur du climat de la part de tous les pays, y compris les Etats-Unis ». L'Union Européenne ne peut pas résoudre seule les problèmes liés au climat. Même si nous diminuons tous progressivement nos émissions, nous ne réduirons pas le changement climatique.

Les positions commencent à s'arrondir. Un haut responsable américain expliquait, en marge de la conférence, que son pays encourageait la diminution des gaz à effet de serre par l'utilisation de technologies plus propres.

Malheureusement, certains pays soutenant la position américaine se sont également tournés vers ces technologies et encouragent les nations en développement à planter davantage d'arbres pour absorber les excès de CO2.

2.1 Pourquoi cette conférence sur le climat en Afrique ?

Une partie de la réponse est déjà dans la question. Pourquoi une conférence de telle envergure sur le climat, pour ne pas dire sur le devenir de la planète, en Afrique, maintenant ? Ce n'est pas un hasard : la vie humaine a commencé en Afrique, c'est un fait. C'est par l'Afrique que cet Homme sera d'abord menacé, pour sa survie et son existence, l'Afrique absente, ou plutôt marginalisée des grandes décisions mondiales, tant économiques, politiques, sociales qu'environnementales.

L'Afrique est mal partie. Depuis la période de la colonisation, les Occidentaux pensaient apporter civilisation et prospérité, mais en réalité, le résultat de cette colonisation fut une déstabilisation totale des économies et des cultures d'Afrique et un projet de dépendance à long terme de l'Occident. Le changement climatique et ses conséquences ont particulièrement touché ce continent qui n'était pas prêt, vu le grand retard technique et les politiques dévastatrices des dirigeants africains qui ont pris le pouvoir jadis, dans la majorité des cas avec la complicité des puissances colonisatrices. Un peuple déstructuré, une économie déstabilisée, qui ne compte plus sur son savoir-faire, mais sur l'importation de l'Occident, ont alors transformé le continent africain en futur consommateur des produits de l'Occident. Ne réfléchissez pas, n'innovez pas, ne vous industrialisez pas, on pense pour vous, on réfléchit pour vous, on innove pour vous !

Les richesses de ses pays du sud, telles les forêts (bois) et les hydrocarbures (pétrole et gaz) sont commercialisées suivant des conditions occidentales : on est tombé dans une période de néo colonisation. Voilà l'Afrique d'aujourd'hui. Elle est plus vulnérable qu'avant la colonisation car elle est devenue dépendante des aides, alors que les richesses et les hommes sont là : qu'est que ne va pas alors ? C'est l'esprit ultra-libéral des Occidentaux qui a maintenu et pense maintenir encore cette Afrique sous le joug de la dépendance. Heureusement, des hommes et femmes des deux mondes ont dit « stop » : il faut voir l'Afrique autrement, nous avons besoin de l'Afrique et elle a besoin de nous ; nous sommes dans un même bateau, s'il coule nous coulons tous, et avec nous toute la planète Terre. Pour commencer à y remédier, il faut essayer de trouver des mécanismes qui permettent aux pays du sud, et en particulier à l'Afrique, de modifier cette situation intenable, et cette conférence entre dans ce contexte de redéfinition des nouvelles relations avec l'Afrique et les pays du sud en général.

La présence de Kofi Annan et de plusieurs chefs de gouvernements des quatre coins du monde sont la preuve que cela doit changer : si on veut sauver notre avenir, cela commence par l'Afrique.

Le but de la conférence de Nairobi est de lancer les fondations d'un futur protocole, à la suite de celui de Kyoto, qui se termine en 2012. La prise de conscience ne s'est pas traduite partout par des résultats encourageants, au contraire. Si certains, notamment en Europe, ont relativement bien engagé la baisse des émissions de gaz à effet de serre, beaucoup (Canada en tête) a au contraire fortement augmenté leurs rejets.

Le relais, qui doit être mis en place après 2012, doit être précisé le plutôt possible et au plus tard en 2009. On sait d'ores et déjà que Kyoto, dont l'échéance est 2012, est un échec, mais c'est déjà une prise de conscience. Mais le plus important est de savoir, le plus tôt possible, quelle sera la suite donnée à ce protocole, afin de relancer les efforts de tous les pays dans la lutte contre le changement climatique.

Les pays du sud savent déjà que l'aide ne viendra vraisemblablement pas des pays comme le Canada ou les États-Unis, même si la prochaine administration américaine d'ici deux ans sera probablement plus ouverte à la question.

Les opinions publiques mondiales du nord ou du sud sont désormais totalement en faveur de cette lutte, de cette remise en cause des effets néfastes que nous constatons tous. Certains états des États-Unis ont également commencé à jouer en faveur de la baisse des rejets, en contradiction avec la politique fédérale. La Californie vient par exemple de voter une loi pour réduire de 25% les rejets de gaz à effet de serre d'ici 2020. Objectif ambitieux mais qui ne sera que très difficilement atteint au vu des résultats depuis 1990, avec une augmentation de 14%.

Dans les pays en voie de développement, l'espoir est de mise avec le lancement de programmes de transferts de technologies propres dans les centrales électriques au charbon, grâce au mécanisme MDP (Mécanisme de Développement Propre) dont bénéficient les pays qui génèrent des crédits d'émission sur le marché européen des émissions. Ce marché lancé récemment en Europe permet à ceux qui polluent d'acheter des crédits à ceux qui polluent moins. Les entreprises se sont lancées dans la démarche et leur intérêt est donc que ce marché se pérennise par le biais du traité.

Les discussions de Nairobi sont cruciales pour la lutte contre les changements climatiques. Mais les pays du monde occidental ne semblent pas encore prêts à faire totalement les sacrifices et les investissements nécessaires pour gagner cette lutte que l'humanité ne peut cependant pas perdre, au risque de voir disparaître l'espèce humaine.

Au moment même de l'ouverture de la conférence de Nairobi qui a débuté le 6 novembre 2006, des milliers de manifestants dans la plupart des villes d'Europe ont tenté d'attirer l'attention sur les changements climatiques. Un an après la conférence internationale sur le climat de Montréal, les discussions ont repris aujourd'hui, organisées sous le patronage de l'ONU. Cette conférence regroupe plus de 200 pays, et ce sont les pays développés qui se sont déplacés vers un pays du sud, le Kenya. C'est une nouveauté qui apporte son lot de bonnes nouvelles. Parmi les bonnes idées que l'on retiendra figure en bonne place la redéfinition du protocole de Kyoto, qui vise cette fois à inclure les pays pauvres. Ainsi l'Afrique pourra-t-elle recevoir des indemnités substantielles en échange de son engagement à réduire la déforestation.
Selon les optimistes, la conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se tenait à Nairobi s'est achevée le 17 novembre sur un succès de principe pour les défenseurs de la lutte contre la production des gaz à effet de serre.

Les ministres des 180 pays représentés ont décidé d'ouvrir la révision du protocole de Kyoto en 2008, en se fixant l'objectif de parvenir à un accord sur le dispositif qui lui succédera. Ce protocole engage les pays industrialisés signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5 % d'ici 2012. Il se verra donc prolongé au-delà de cette date. Mais beaucoup espéraient que les taux de réduction, considérés comme insuffisants, pourraient être augmentés, ceci peut-être même sans attendre 2008. On reproche aussi à la décision de ne pas fixer de date de fin aux futures négociations, ce qui risque de les rendre interminables.

La décision prise conforte le processus contractuel mis en place pour limiter les émissions. Elle assure la pérennité des marchés conclus en ce sens. Il s'agit du mécanisme dit de « développement propre », qui favorise l'adoption de techniques énergétiques efficaces dans les pays en développement. Les pays adoptant de telles techniques bénéficient de "crédits d'émissions" correspondant aux émissions de gaz à effet de serre ainsi économisées. Ces crédits peuvent être revendus aux gros pollueurs qui ne peuvent pas ou ne veulent pas encore limiter leurs émissions. Ce mécanisme intéresse particulièrement les pays du sud, qui peuvent avoir ainsi accès à des technologies modernes. En Europe, des marchés d'échange se sont déjà crées sous la forme d'une Bourse du carbone.

Il semble également qu'à Kyoto, les Etats-Unis, ayant jusqu'ici refusé de prendre tout engagement, affichent une attitude plus ouverte. Plusieurs de leurs états ont annoncé qu'ils allaient implanter un tel marché. La nouvelle majorité démocrate a fait savoir qu'elle était favorable à cette démarche. Certains de ses représentants laissent entendre que le prochain Congrès élaborerait une législation visant à restreindre les émissions. Les pays vertueux peuvent-ils se satisfaire de ces promesses ? Certainement pas en principe. Mais comme ils n'ont pas de moyens de pression sur les Etats-Unis, ils sont bien obligés de subir leur bon vouloir, et d'en supporter directement les conséquences, plus ou moins désastreuses.

Il est aussi à signaler que les pays du Sud ont exclu de prendre des engagements contraignants en terme quantitatif, s'abritant derrière la "responsabilité historique" des pays occidentaux dans la crise climatique. Ils se montrent cependant ouverts au principe des échanges de crédits d'émission.

2..2. La conférence de Nairobi et la forêt africaine

La conférence de Nairobi reste également une conférence de transition et son bilan est plutôt faible, même s'il reste encourageant. Plus de 6000 participants venus des cinq continents se sont réunis à Nairobi. Ils ont fait progresser le débat sur les changements climatiques et le marché du carbone. Un certain nombre de sujets a été traité, même si aucune disposition n'a été arrêtée concernant les modalités de prolongation du protocole de Kyoto après 2012. Les modalités de prolongation étaient source de discordes. Les négociations internationales de Nairobi ont pour but de lutter contre les changements climatiques. Les gouvernements ont reconnu qu'il était nécessaire de diviser par deux les émissions globales de gaz à effet de serre d'ici 2050, afin de contenir la hausse de la température globale en deçà de 2°C. Cette prise de position unanime et officielle a été saluée avec beaucoup de satisfaction de la part des ONG, excepté Greenpeace et le WWF qui rappellent qu'il reste encore beaucoup à faire pour que les décisions politiques rattrapent le rythme effrayant des changements climatiques.

La conférence de Nairobi a été l'occasion de mettre l'accent sur les spécificités des pays en développement, en particulier les pays africains, qui subissent le plus les impacts du changement climatique, tout en contribuant à l'augmentation des gaz effets de serre. Ainsi, il a été envisagé une distribution équitable des projets MDP et MOC pour les pays africains.

Le programme de la conférence de Nairobi sur les cinq années à venir permet d'aider ces pays africains à évaluer leur vulnérabilité et leurs besoins d'adaptation. Un consensus a été atteint sur un programme de travail courant jusqu'à 2009. Ce programme qui nécessite des moyens financiers additionnels est axé autour de diverses activités organisées : des méthodes et des outils, des données et observations, de la modélisation du climat, des scénarios de risques liés au climat, de l'information socioéconomique, de la planification et des pratiques en matière d'adaptation, et de la diversification économique.

Un calcul d'experts donne une idée du prix de la forêt, en prenant comme base un cours de 4$ la tonne de CO2, qui pourrait s'élever à plusieurs dizaines de millions de dollars si l'initiative est portée à pleine puissance. Entre 2000 et 2005, ce sont plus de 60000 hectares de forêt qui ont disparu dans un pays qui en a cruellement besoin : le bénéfice serait double pour un pays qui, en cherchant des aires de pâture, détruit la richesse écologique d'une forêt primaire.

La situation des écosystèmes forestiers a considérablement évolué au cours des dernières vingt années avec l'émergence d'une nouvelle menace pour la biodiversité : le commerce du gibier pour l'approvisionnement des centres urbains.

La montée en puissance de cette menace a été rendue possible par le développement de réseaux de pistes, dont une grande partie est ouverte par les compagnies forestières qui pénètrent toujours plus profondément dans les massifs forestiers, et de plus en plus dans ceux restés vierges.


A la différence de l'Asie du Sud-est, où l'exploitation forestière s'est soldée par la disparition de massifs entiers de forêt tropicale, l'exploitation forestière en Afrique centrale a été jusqu'à présent, pour des raisons structurelles et économiques, relativement sélectives. Les dommages affectent plus la biodiversité animale que la structure même de la forêt. Cependant, vidant les forêts de leur faune, l'exploitation forestière nuit à terme, du fait des interdépendances qui caractérisent les écosystèmes tropicaux, à la régénération de ceux-ci.
Si la filière pétrolière apparaît comme une filière très professionnalisée, cherchant à minimiser les impacts sur l'environnement, il s'avère opportun de penser aux risques de l'après-exploitation. La fermeture des puits doit être garantie et la reconversion des sites pensée avant la fin de l'exploitation.
L'exploitation du diamant ou de l'or en Afrique centrale relève en général de l'exploitation artisanale et est particulièrement dégradante en termes de pollution et/ou de détournement des cours d'eau, mais aussi en termes d'impact sur la faune, par la chasse générée pour approvisionner les chantiers d'orpaillage.

Etude de cas : le bassin du CONGO constitue la plus grande surface de forêt tropicale dense humide après l'Amazonie. Une grande biodiversité existe dans cette forêt qui abrite des populations de diverses cultures qui dépendent directement d'elle pour leurs ressources alimentaires, les matériaux de construction et les produits médicinaux. Les produits forestiers non ligneux (PFNL) et l'agriculture de subsistance constituaient la base traditionnelle des moyens d'existence et des réseaux d'échanges entre les différents groupes humains vivant dans ces espaces forestiers. Les interactions sociales entre ces différentes populations ont engendré des relations complexes sur le plan économique et social ainsi qu'en termes de relations de pouvoir. Pour prendre un exemple concret, les populations des Pygmées chassent traditionnellement le gibier, collectent le miel et d'autres produits alimentaires, qu'ils échangent contre des produits agricoles avec leurs voisins cultivateurs, les Bantous. Les relations entre ces groupes sont rarement équitables, et les Pygmées ont souvent été victimes de discriminations. Toutefois, toutes les populations qui vivent et dépendent de la forêt tropicale de l'Afrique Centrale, qu'ils soient chasseurs-cueilleurs, fermiers sédentaires ou pêcheurs, sont tous, sans aucune exception, exclus par les politiques (derrière ces politiques il y a des instances internationales occidentales) des prises de décisions concernant la gestion et l'utilisation de la forêt, dont ils dépendent pour leurs ressources alimentaires et, dans le cas des Pygmées, pour leur spiritualité et leur identité culturelle.

A partir de ces cas concrets, on comprend bien pourquoi la forêt en Afrique va mal. Les différents besoins des populations locales ne sont pas pris en considération quand les gouvernements, souvent sous la contrainte des créanciers multilatéraux et bilatéraux, négocient et appliquent des stratégies d'exploitation forestière en connivence avec les multinationales.

Et on sait que ces populations locales n'ont généralement pas ou peu de droits fonciers sur la forêt dont ils dépendent. Les différents programmes d'aide (sous forme de projet de développement) viennent souvent d'en haut, imposés par les créanciers multilatéraux et bilatéraux et mis en oeuvre par des gouvernements faibles et parfois corrompus, qui allouent de larges espaces forestiers à des sociétés forestières pour l'extraction du bois, ces sociétés étant elles-mêmes souvent corrompues. La politique des pouvoirs en place tend à s'éloigner encore davantage des intérêts des populations locales pour pencher du côté des intérêts privés, représentés par quelques sociétés multinationales. Dans la situation actuelle, les possibilités de mettre sérieusement en place une gestion durable de la forêt sont rarement prises en compte. Dans le pire des cas, de telles opportunités disparaissent avec la dégradation des ressources forestières.

L'ouverture des forêts d'Afrique à l'exploitation a provoqué et provoque toujours une augmentation de la pauvreté plutôt que sa résorption. Ces comportements des multinationales, en complicité avec les gouverneurs locaux et le silence de la communauté internationale, agrandissent encore plus la fracture entre les riches et les pauvres.

Les communautés locales elles-mêmes ne bénéficient pas ou peu de l'argent issu du commerce international du bois. Quelques possibilités d'emploi peuvent apparaître, mais pas nécessairement pour les populations locales ; les emplois sont souvent de court terme et la rémunération est en principe basse. Les infrastructures pour les travailleurs sont souvent fournies mais la qualité des prestations peut être médiocre et la mise à disposition de ces infrastructures aux personnes extérieures est très variable. De plus, l'implantation de chantiers forestiers de grande taille perturbe les pratiques locales et l'accès aux ressources forestières. Les femmes et les personnes âgées sont particulièrement touchées car ce sont elles qui collectent et commercialisent les produits alimentaires et médicinaux, dont elles tirent leur nourriture et des revenus pour leur famille.

A la marge de ces rencontres internationales sur le climat et l'environnement s'est créé un mouvement mondial pour défendre les forêts tropicales, constitué d'ONG et d'associations de citoyens du Sud et du Nord concernés par la défense des forêts mondiales.

Ce mouvement lutte contre les excès du commerce des bois tropicaux et cherche comment faire face aux problèmes créés par l'organisation internationale des bois tropicaux.

Ce mouvement pense que les principales causes de la déforestation tropicale sont identifiées. Un modèle alternatif de développement concernant les forêts tropicales est par ailleurs présenté, afin d'assurer la possession de la terre et les moyens de survie des peuples qui habitent les forêts.

Parmi les problèmes qui accentuent la fracture entre les pays africains eux-mêmes, on trouve les barrières politiques, linguistiques, culturelles et juridiques.

Les pays africains partent déjà divisés sur ces plans : les anglophones tirent d'un côté, les francophones de l'autre, ils ne parlent pas d'une seule voix. Les pays de l'Afrique du Nord ne sont pas concernés directement par le problème de la forêt, mais c'est une autre entité culturelle et politique, qui complexifie encore l'harmonisation dans ce domaine.

Quelle est la relation entre le changement climatique et le marché du carbone ?

C'est ce que nous essaierons de définir dans le prochain chapitre.

2.3. La conférence de Nairobi et le marché du carbone

La conférence de Nairobi a renforcé le fonds d'adaptation visant à aider les pays pauvres, notamment africains, à faire face au changement climatique. Elle a aussi progressé, sous l'impulsion du Brésil, vers l'intégration des forêts tropicales dans le futur protocole de Kyoto : leur protection pourrait intégrer le marché du carbone. Ceci signifierait que les mesures visant à freiner la déforestation ou à favoriser les replantations pourraient être financées par des échanges de crédits avec les pays industriels gros pollueurs. Il n'est pas interdit d'espérer...

La conférence de Nairobi a eu un autre résultat. Elle a mis en évidence le fait que les pays les plus pauvres sont également ceux qui sont les plus menacés par un changement climatique contre lequel ils ne peuvent pas faire grand-chose dans l'immédiat

2.3.1 Le marché du carbone :

Quelles sont les raisons de cette crise énergétique qui frappe déjà près de la moitié des investissements réalisés dans ce secteur, notamment entre le début de l'année 2000 ?

Les bailleurs de fonds internationaux n'ont cessé de réduire les fonds aux pays en voie de développement.

Le cadre du MDP

Les MDP et MOC sont des instruments flexibles du protocole qui, dans certaines conditions strictes, permettent aux pays industrialisés de s'acquitter de certains de leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre au moyen de projets réalisés dans les pays en développement et dans les pays en transition économique.

Depuis sa création, le traité est remis en cause par divers lobbies ou scientifiques qui considèrent que le réchauffement climatique n'est pas d'origine humaine et critiquent de ce fait l'utilité du protocole de Kyoto qui engendrerait des dépenses inutiles, tels IAN Clarck qui soutient cette théorie controversée et qui présente l'activité solaire comme la principale cause du réchauffement.

Modalités :

Les engagements souscrits par les pays développés sont ambitieux. Le protocole de Kyoto prévoit, pour les pays industrialisés, la possibilité de recourir à des mécanismes dits de flexibilité, en complément des politiques et mesures qu'ils devront mettre en oeuvre au plan national.

Les mécanismes sont au nombre de trois :

· Les permis d'émission : cette disposition permet de vendre ou d'acheter des droits à émettre entre pays industrialisés.

· La mise en oeuvre conjointe (MOC) qui permet, entre pays développés, de procéder à des investissements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en dehors de leur territoire national et de bénéficier des crédits d'émission générés par les réductions ainsi obtenues.

· Les mécanismes de développement propre (MDP), proches du dispositif précédent, à la différence que les investissements sont effectués par un pays développé dans un pays en voie de développement.

Au cours de ces dernières années, les biocarburants ont connu un net regain d'intérêt, jusqu'à faire l'objet d'un véritable engouement. Ce phénomène répond à une volonté politique forte de réduire la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, d'accorder une priorité de plus en plus importante à la diversification du mix énergétique et s'inscrit simultanément dans une logique de développement durable, notamment par la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) que permettraient l'usage des biocarburants ou l'amélioration de l'emploi en zone rurale.

La Commission européenne considère le MDP comme un instrument susceptible d'être utilisé pour aider les pays non-membres de l'Annexe dans leurs efforts visant à établir un marché pour les biocarburants.

Toutefois, sur les 356 projets MDP actuellement enregistrés par le Conseil Exécutif (CE), aucun n'est un projet de biocarburants. En fait, il n'existe même aucune méthodologie approuvée qui couvre les biocarburants.

Les projets MDP de biocarburants sont complexes à de nombreux égards. Les développeurs devront s'assurer que la consommation de biocarburants dans le pays hôte peut être suivie. Ils devront aussi éviter le double comptage des réductions d'émissions revendiquées par le producteur et le consommateur de biocarburants, en déterminant la quantité de combustible de référence qui serait consommée en l'absence de l'activité de projet. Les projets devront prendre en compte les incertitudes liées aux émissions de GES résultant des opérations agricoles nécessaires à la production du biocarburant. Ils devront aussi garantir que les cultures commerciales destinées aux biocarburants n'entraînent pas d'impacts négatifs sur la production et la sécurité alimentaire. La première des cinq méthodologies pour les biocarburants actuellement étudiées a été soumise en 2004. Jusqu'ici, aucune méthodologie proposée par les développeurs de projets n'a été acceptée par le CE, les méthodologies proposées étant peu élaborées. Les recommandations émanant du CE restent quant à elles limitées voire inexistantes.

Certaines études estiment que la production de bioéthanol et de biodiesel pourrait passer à 120 à 24 milliards de litres en 2020 si des instruments tels que le MDP encouragent la mise en oeuvre des marchés de biocarburants dans les pays en développement. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, une coopération plus étroite entre le CE et les développeurs de projets est nécessaire pour élaborer des méthodologies suffisamment robustes pour répondre aux exigences du MDP.

2.3.2 Le marché du MDP

Le prix des quotas européens de décembre 2007 est passé de 17 € à la mi-septembre à 12,60 € à l'heure actuelle, alors que le prix des quotas européens de décembre 2008 baissait quant à lui de 18 à 15,50 € sur la même période. La question est maintenant de savoir comment la baisse des prix des quotas européens affecte le marché MDP.

Selon les acteurs du marché, l'enthousiasme pour l'achat d'URCE3(*) reste soutenu, mais les vendeurs doivent s'attendre à des prix plus modestes pour leurs URCE dans la mesure où les prix des quotas européens ont chuté. On peut également constater que la réticence à payer des acteurs européens a incité les vendeurs à proposer leurs URCE sur d'autres marchés comme le Japon.

Le nombre d'URCE délivrées arrivant sur le marché s'accroît rapidement, avec près d'un million de crédits émis par le CE pour le seul mois d'octobre. Ceci porte le volume total à 16,5 millions de crédits à ce jour. Suite à la baisse des prix des quotas européens, les URCE avec livraison en décembre 2007 ou décembre 2008 ont vu leurs prix baisser, pour passer de 14-15 € à 11-13€ ou, dans certains cas, à 80-95 % du prix des quotas européens à la date de livraison.

Le gouvernement chinois a donné son feu vert à 44 projets MDP depuis la dernière actualisation de la mi-août, notamment à un projet de grande ampleur qui vise à générer 10 millions d'URCE par an.

L'Italie a relevé à 25 % le plafond pour l'utilisation de crédits Kyoto dans le second avant-projet de son PNAQ4(*) pour la Phase II, ce qui représente une nette hausse par rapport au plafond de 10% annoncé dans un précédent document. Les compagnies électriques italiennes, dont bon nombre ont été des acheteurs actifs de gros volumes d'URCE issues de gros projets MDP, avaient vivement critiqué le plafond des 10%.

La société chimique française Rhodia et la Société Générale, une banque française, ont lancé une joint-venture commune qui assurera la commercialisation à la fois d'URCE et de quotas européens.

Tokyo Electric Power a signé un accord pour l'achat de 1,37 million d'URCE au titre d'un projet basé en Chine. Il s'agit d'un projet de production hydroélectrique réalisé avec une compagnie électrique locale, Xinjiang Tianfu Thermoelectric. Il fournira les crédits carbones ainsi générés à la plus grande compagnie électrique japonaise entre mai 2007 et décembre 2012.

Investissements en matière de MOC et de MDP - Montant mensuel en 2004 et 2005 (en MteqCO2)

 
 

Source point carbone article « le moniteur du MDP et de la MOC » du 29/11/2006

Les motivations des acheteurs

· Le respect d'obligations actuelles

· Le respect d'obligations futures par rapport à Kyoto

· Le respect d'engagements volontaires

· L'engagement environnemental

2.3.3 Les échanges internationaux et le marché du carbone africain

Le siècle dernier, le pétrole est devenu la source d'énergie la plus importante. Néanmoins, depuis les derniers chocs pétroliers qui ont secoué le marché, d'autres sources d'énergie ont émergé. En général, il se dégage une réduction de la part du pétrole dans la production mondiale d'énergie comme illustré par le graphique ci-dessous. Cette réduction se fait au profit du gaz naturel, un co-produit de l'exploitation du pétrole qui était autrefois gaspillé puisque brûlé sur les lieux d'extraction (il s'agissait des torchères qui n'existent plus aujourd'hui). Elle se fait aussi au profit de l'électricité dont l'origine énergétique peut être hydraulique, nucléaire, solaire, éolienne ou thermique.

Graphique illustrant les principales sources d'énergie dans la production mondiale d'énergie en pourcentage entre 1970 et 2003

Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

Traditionnellement, la majeure partie de la production est le fait d'un petit nombre de pays. La décennie des années 1970 a marqué le début de la production pour de nouveaux pays : Norvège, Royaume Uni, Mexique, Nigéria, République Démocratique populaire de Chine, etc. Deux facteurs expliquent ce phénomène. Le premier est relatif à la crise pétrolière de 1973 qui s'est traduite par une hausse du prix du brut, rendant ainsi rentables des gisements qui ne l'étaient pas jusqu'alors (du fait de coûts technologiques élevés). Le deuxième tient plus au développement économique de certains pays et/ou à l'importance des investissements étrangers notamment dans le secteur pétrolier.

Production de pétrole brut par principaux pays ou groupes de pays depuis 1960, en millions de barils par jour

Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

D'après le graphique ci-dessus, une nouvelle tendance se dégage depuis la fin des années 1980. La production de pétrole qui démarra dans les années 1970 pour plusieurs pays tend à atteindre un maximum en terme de capacité. La production des Etats-Unis tend à décroître, de même pour la Russie (même si ce pays a augmenté sa capacité depuis 2001 pour bénéficier de la bonne tendance des cours). Ce ralentissement de la production est compensé par une augmentation signifiante de la part des pays du Golfe. Ces derniers possèdent effectivement la plus grande majorité des réserves de pétrole actuellement recensées sur la planète ; de plus leurs coûts de production sont les plus bas du monde (environ 1 dollar américain par baril en Arabie Saoudite, contre près de 15 dollars américains en Mer du Nord). La part dans la production mondiale des différents pays confirme les observations ci-dessus.

Graphique illustrant les parts des différents producteurs dans la production mondiale de 1965 à 2004

Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

Production et consommation mondiale (en millions de barils par jour depuis 1970) et stocks mondiaux déclarés (en millions de barils depuis 1973)

Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

Graphique illustrant la consommation de pétrole brut en millions de milliards de BTU de 1971 à 2003

Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain

Ce graphique met également en évidence la disparité des évolutions entre les Etats-Unis, l'Europe de l'OCDE, le Japon et le "reste du monde". Après les crises, le Japon a stoppé la phase ascendante de sa consommation. Les Etats-Unis, par contre, ont repris une phase croissante de la consommation à partir de 1983 et l'Europe à partir de 1986. Le "reste du monde" n'a cependant jamais cessé cette croissance sauf lors de courtes périodes pendant les crises. La consommation de pétrole dans le monde ne dépend plus principalement des régions les plus développées économiquement, mais de l'ensemble des autres pays.

Les ressources naturelles de l'Afrique subsaharienne étant déjà en grande partie surexploitées et ceci par surpopulation, une meilleure gestion de ces ressources sans une augmentation de l`utilisation des intrants sera inefficace. L'intérêt des paysans pour s'occuper de la séquestration du carbone, qui semble être négligé par les organisateurs, est liée à l'augmentation de l'efficacité et donc de la rentabilité des engrais chimiques.

Le développement agricole sur la base des systèmes plus durables, la lutte contre la désertification et celle contre les changements climatiques ont trop de choses en commun pour se permettre de se concentrer sur un seul des éléments.

La gestion intégrée des ressources locales de matière organique et des intrants externes (comme les engrais chimiques) ne se présente pas comme suffisamment bénéfique pour beaucoup d'agro écosystèmes et pour la majorité des cultures ouest africaines. Ceci est notamment causé par le rapport coûts/bénéfices dans une période de transition. L'argent du marché du carbone devrait être consacré aux supports des paysans pendant cette période de transition. La subvention d`une meilleure gestion des sources de matière organique est une option à tester.

Le bilan net de la séquestration du carbone à travers une agriculture intensive utilisant de l`engrais chimique etc. pourrait se présenter comme relativement restreint pour un endroit donné et ceci notamment si c`est le paysan que l`on fait payer pour les gaz à effet de serre produits au cours de la production des engrais. Cependant, il faut inclure dans l`analyse l`amélioration du potentiel de gestion des terres marginales, des forêts et des parcs grâce à l`augmentation de la production agricole des bonnes terres. Pour la réalisation d`une telle gestion intégrée, une redistribution, au moins partielle, des bénéfices divers est indispensable. Une exploitation durable des bordures des déserts et des terres marginales en général devrait devenir un produit payant à côté des produits d`élevage et des cultures.

2.3.4 L'Afrique peut-elle gagner à dépolluer ?

L'Afrique est le continent le plus vulnérable aux effets du changement climatique. Les fonds promis par les pays pollueurs ne viennent pas. A l'occasion de la Conférence de Nairobi sur les changements climatiques, les pays africains peuvent tirer profit de l'alléchant marché du carbone, à condition qu'ils maîtrisent le mécanisme pour le développement propre mis en place par le Protocole de Kyoto. Cette conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques se présente comme dix jours de discours, dialogues, négociations politiques et techniques entre 6000 délégués venus des quatre coins du monde.

A côté des délégations officielles, les ONG environnementales mènent un lobbying intense dans les couloirs du gigantesque complexe du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUD), à Nairobi.

Cette douzième conférence des parties sur les changements climatiques, qui se tient pour la première fois dans un pays d'Afrique au sud du Sahara, a fait ressortir l'immense fossé qui existe entre les grandes résolutions et les actions concrètes sur le terrain. Presque partout dans le monde, les hommes sentent de moins en moins le froid, du fait principalement de l'activité des pays développés (leurs usines et leurs voitures). Mais c'est l'Afrique qui en pâtit le plus. Le but de cette grande messe climatique est de mettre sur pieds une stratégie commune pour contrôler la pollution et réduire les activités de réchauffement de la planète.
Le directeur du PNUD, Achim STEINER, l'a rappelé lors de l'ouverture des négociations, avec beaucoup d'optimisme selon certain car, pour beaucoup, le jeu semble un peu perdu d'avance. En effet, le plus grand pollueur du monde, les Etats-Unis, a annoncé, dès le début de la conférence, qu'il restait ferme sur sa position de toujours, c'est à dire ignorer le protocole de Kyoto, qui demande la réduction des gaz à effet de serre. Ceux-ci, comme on le sait, sont responsables de l'élévation du mercure du globe. Mauvaise nouvelle pour les défenseurs du Protocole de Kyoto : le Canada également a repris ses engagements.


Malgré tout, c'est l'avenir de la planète qui se négocie à Nairobi. Les délégués et ONG se battent pour démontrer que le réchauffement n'est plus un débat de scientifiques. A coup d'images choc, de CD et de livres, ils tentent de débarrasser la question de ses allures de mauvais scénario de science-fiction. Le réalisme est la chose la mieux partagée parmi les militants de l'environnement présents à Nairobi. Pour eux, les effets du changement climatique se feraient déjà sentir un peu partout dans le monde. Le tsunami, avec ses milliers de morts, serait une preuve tangible.

«L'Afrique peut convertir ses forêts tropicales en devises», s'enthousiasme le délégué camerounais, Dr Joseph Armathé. Une manne financière est en vue pour les pays du bassin du Congo. Les pays sahéliens menacés par l'avancée du désert peuvent, eux, jouer sur le levier du reboisement pour attirer les financements. Dans le secteur privé, d'autres potentialités se présentent aussi pour le continent. Mais l'Afrique reste encore en marge de ce marché du carbone de plus en plus croissant. Le MDP profite surtout aux pays émergents : Brésil, Inde ou Chine. «Le commerce du carbone ne sera profitable aux pays africains que s'ils ont des propositions claires», souligne Pierre Radanne, négociateur français pour le protocole de Kyoto. L'Afrique doit trouver le scénario gagnant, ajoute-t-il.

Dans cette optique, la Francophonie a réuni ses membres présents à Nairobi sur le thème du mécanisme de développement propre. Certains délégués africains n'ont pas manqué de saisir l'occasion pour reprocher aux puissances francophones, la France notamment, de ne pas soutenir la voie de l'Afrique dans les négociations. «Il faut que la solidarité prônée par la francophonie ait un sens», reprend le délégué camerounais.
La Conférence des Nations-Unies à Nairobi ouvre une nouvelle étape dans les négociations sur le changement climatique. Les débats à venir s'annoncent plus serrés et plus techniques. «Si le continent africain ne sait pas défendre ses projets, il risque d'être oublié», indique le français Radanne.

Face à cela, les instruments mis en place par le protocole de Kyoto ne semblent pas être d'un grand secours pour l'Afrique. Les projets environnementaux développés dans les pays du Sud en échange de "crédits d'émission" à négocier sur le marché du CO2 n'intéressent que médiocrement l'Afrique, soit à ce jour 9 projets sur mille environs. D'où viendront par ailleurs les financements permettant de faire fonctionner le fonds d'adaptation définie à Nairobi ?

Ceci ne veut pas dire que le monde développé ne pourrait rien faire, ni pour aider les pays vraiment pauvres ni pour limiter plus drastiquement ses propres comportements inducteurs de réchauffement climatique. Mais il faudrait qu'il s'engage dans une véritable révolution économique et sociale destinée à changer en profondeur ses modes de vie. Personne à Nairobi n'a osé officiellement poser le problème en ces termes.

Le système des bourses de permis de polluer, célébré comme une géniale invention des Européens pour lutter contre la production des GES, n'aboutit pas du tout à ce résultat. C'est ainsi selon lui que le European Union's Emissions Trading Scheme (EUETS), chargé de la mise en oeuvre de ce système pour l'Europe, a, par divers mécanismes, encouragé les industriels européens gros pollueurs à augmenter encore leur consommation de carburants fossiles. Qu'une cimenterie européenne achète des droits à polluer auprès d'une ferme d'éolienne en Afrique pourra certes diminuer (un peu) la production future de GES en Afrique, mais cela permettra également à la cimenterie de continuer à consommer plus que jamais charbon et pétrole. Or ce sont ces consommations qu'il faudrait tarir à la source, surtout si le charbon et le pétrole restent accessibles à des prix abordables. La volonté des Européens, en fait, n'a jamais été de s'en prendre directement à leurs grands industriels pour les conduire à changer leurs méthodes de production et faire appel à de nouvelles sources. Il en est d'ailleurs de même hors d'Europe. Les objectifs pourtant modestes du Protocole de Kyoto risquent dans ces conditions de rester des voeux pieux.

Après plusieurs années d'hésitation, le traité a été adopté par la Russie, pays émettant environ 17% des gaz à effet de serre. Elle est autorisée à émettre 20% des gaz à effet de serre, puisque le protocole se base sur les émissions mesurées en 1990, c'est à dire avant le fort ralentissement de l'activité industrielle russe. Pour que le protocole entre en vigueur, il fallait que les pays signataires cumulent au moins 55 % des émissions de CO2 en 1990. Suite au refus de la Convention de la part des Etats-Unis, responsables de 23% des émissions de CO2, c'est la ratification par la Russie qui a permis au traité, signé en 1997, d'entrer en vigueur le 16 février 2005.

2.3.5 Le cas des pays en voie de développement

Pour la majorité des pays en voie de développement et en particulier pour des pays comme la Chine ou l'Inde, le changement climatique n'est pas une priorité, comparé aux autres enjeux du développement. Ils pensent que les pays industrialisés doivent agir en priorité car ceux-ci ont une responsabilité historique sur l'augmentation actuelle des concentrations de gaz à effet de serre.

Les pays du Sud n'ont pas d'engagement quantifié de réduction de leurs émissions dans le protocole de Kyoto ; c'est une des raisons pour lesquelles les Etats-Unis refusent de ratifier le protocole en l'état. Ils veulent associer les pays dits émergents comme l'Inde, la Chine, le Brésil, le Mexique, la Corée, l'Indonésie.

· Les pays de l'OPEP, exigent des aides financières pour la diversification économique, au titre des compensations prévues par le protocole.

· Le gouvernement indien a pris une décision quant à la méthode qui sera utilisée pour calculer les données d'émissions de référence pour le secteur de l'électricité. Le mode de calcul retenu devrait, en théorie, rendre plus facile le développement de projets MDP de ce type dans le pays et en réduire le coût.

· China Enersave, une société cotée à la bourse de Singapour qui cible le marché des renouvelables en Chine, a indiqué avoir signé un accord pour la vente d'URCE générées par trois installations de renouvelables.

· L'Égypte a annoncé son intention de prélever une taxe sur les projets MDP, allant de 0,5% pour les petits projets d'énergies renouvelables à 8 % pour les gros projets industriels de gaz.

« À ce jour, aucune des sources de financement accessibles aux pays en développement n'offre un potentiel d'une telle ampleur », a-t-elle ajouté. Un accord sur le régime multilatéral post-2012 figure en tête des priorités pour la réunion des Parties au protocole de Kyoto de cette année, qui doit se tenir le mois prochain à Nairobi.

Un autre problème qui figurera en bonne place à l'ordre du jour sera l'accroissement des investissements dans les projets MDP dans les pays en développement, par exemple en Afrique. Actuellement, la réserve du MDP comporte 1200 projets, qui représentent un potentiel global de réduction d'émissions de 1,4 milliards de tonnes d'ici 2012.

Toutefois, la majorité écrasante de ces projets sont situés en Asie et en Amérique latine, et très peu en Afrique. Les discussions de Nairobi viseront à aborder ces questions avec les Parties, en discutant de mesures destinées à favoriser une meilleure diffusion du MDP, permettant ainsi le transfert de technologies, en aidant les pays africains pour leur permettre d'accroître les investissements dans les projets de ce type.

Le CE du MDP retarde la délivrance d'URCE au titre de l'un des plus gros projets MDP au niveau mondial

Le Conseil Exécutif a retardé la délivrance de crédits carbone au titre de l'un des plus gros projets éligibles dans le cadre du Protocole de Kyoto.

Le CE a publié une demande de révision du projet de destruction d'HFC23 d'Ulsan, en Corée du Sud. Rappelons que le HFC23 à un potentiel de réchauffement climatique (PRC) équivalent à 11 700 fois celui du dioxyde de carbone (CO2).

Ceci signifie que le projet ne se verra pas délivrer d'URCE, et ce au moins jusqu'après la prochaine réunion du Conseil Exécutif, prévue à Bonn du 29 octobre au 1er novembre. Ce projet, développé par la compagnie de produits chimiques britannique Ineos Fluor, vise à détruire 1,4 million de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone par an, et amène généralement ses promoteurs à demander la délivrance d'URCE une fois tous les trois mois.

La dernière période de suivi des émissions (« monitoring ») s'étend du 1er juillet au 30 septembre, mais le volume d'URCE demandé dépendra du volume de HCFC22 (produit chimique réfrigérant) détruit, dont le HFC23 est un produit dérivé. Quatre membres du CE ont déposé des demandes de révision sur deux problèmes particuliers. Le premier porte sur la valeur d'un coefficient dans la formule utilisée pour calculer le volume d'URCE éligibles. Le second concerne la façon de savoir si le projet satisfait aux exigences découlant de la méthodologie retenue - c'est à dire s'il prend en compte le taux de production historique de HCFC entre 2000 et 2002.

Ce type de demandes de révision sur de gros projets MDP intervient désormais régulièrement, même pour des projets tels que celui d'Ulsan, qui a généré 3,379 millions d'URCE à ce jour. La compagnie électrique néerlandaise Nuon a par le passé été l'un des plus gros acheteurs des URCE générées par ce projet. L'identité de l'acheteur des URCE correspondant à la délivrance actuellement en suspens reste inconnue.

Depuis la dernière délivrance d'URCE pour le projet Gujarat, aucune autre délivrance de cette ampleur n'a été décidée par le CE au moment de la publication de ce numéro. Cinq délivrances différentes ont cependant été accordées à des projets de biomasse bagasse au Brésil.

L'Afrique et les marchés du carbone dans le monde

Notre premier constat est que l'Afrique est absente de toutes les rencontres internationales sur le climat et le réchauffement climatique. Le marché africain du carbone n'existe pas, l'idée des pays en voie de développement a presque échoué. Le fossé entre les pays riches et les pays pauvres ne cesse de se creuser. Le sort de l'Afrique est décidé entre les grandes puissances et les pays riches. On rencontre le marché du carbone du Canada, des Etats-Unis, de l'Europe et du Japon. Mais l'Afrique dans tout cela, quel rôle jouera-t-elle ? Une conférence sur le climat et le réchauffement de la terre en Afrique, ce continent qui souffre le plus des changements climatiques et subit toutes les conséquences en plein fouet, est un bon début pour une reconsidération de l'Afrique en tant qu'acteur pivot dans la lutte contre le réchauffement climatique, à moins que ce ne soit qu'une mise en scène des plus puissants pour ne pas prendre leurs responsabilités en ce qui concerne l'Afrique et les pays du Sud en général.

Les illustrations suivantes parlent d'elles mêmes en ce qui concerne le place de l'Afrique dans le marché du carbone mondial et la répartition des MDP et MOC dans le monde.

2003/2004

Pays ou région

Localisation des projets MDP en %

Afrique

3%

Brésil

12%

Inde

26%

OCDE économie en transition

10%

Reste Asie

17%

Reste Amérique latine

23%

 
 

Source: State and trends of carbon market 2005, PCF

2004/2005

Pays ou région

Localisation des projets MDP en %

Afrique

0%

Brésil

13%

Inde

31%

OCDE économie en transition

14%

Reste Asie

14%

Reste Amérique latine

22%

Source : State and trends of carbon market 2005, PCF

L'Afrique ne bénéficie que de 3% des MDP en 2003/2004, huit fois moins que l'Amérique latine et neuf fois moins que l'Inde. Et la tendance ne s'améliore pas pour l'Afrique en 2004/2005 : c'est l'absence totale ! Pourquoi se déséquilibre ? Est-ce un fait voulu ou les conditions socio-politiques de l'Afrique l'imposent-elles ? Ce sont là des questions que nous avons interpellées et la conférence de Nairobi ne nous a pas donné tous les éléments de réponse à notre questionnement

CONCLUSION GENERALE

Clôture de la conférence sur de timides avancées

La 12ème Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui s'est ouverte le 6 novembre à Nairobi, a achevé ses travaux vendredi soir, 17 novembre. La prochaine se tiendra en 2007 à Bali, en Indonésie, le Président de la conférence, le Ministre de l'Environnement kenyan, Kivutha Kibwana,déclare que la conférence de Nairobi est une « conférence historique ». « D'importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupation, restés longtemps sans réponse ». Mais en réalité beaucoup reste à faire,la révision du Protocole de Kyoto, qui devra permettre de déboucher sur de futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ne s'ouvrira qu'en 2008. Aucun délai n'a été fixé pour l'aboutissement de ces discussions.

Les états industrialisés présents à Kyoto, dont la première période d'engagement expire en 2012, se sont accordés sur la nécessité de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre. Cette diminution devrait permettre de rester sous un seuil de réchauffement maximal de + 2 °C, seuil défendu par les négociateurs de l'Union Européenne.

La révision du Protocole de Kyoto ne s'ouvrira cependant qu'en 2008.
La conférence a défini les critères de gouvernance d'un fonds d'adaptation, destiné à soutenir les pays en développement face aux défis du changement climatique. Le fonds pourrait être opérationnel dès 2007 ; reste à en attribuer la gestion à l'organisme qui répondra à ces critères de gouvernance. Le Fonds pour l'environnement mondial sera probablement chargé de cette mission.
La conférence a reconnu la nécessité d'une meilleure répartition des projets MDP (dispositif d'aide aux pays en développement prévu par Kyoto) dans les pays les plus démunis, en insistant sur la nécessité de renforcer les capacités et les infrastructures de ces pays. Le système des Nations Unies doit être mis à contribution pour les y aider.

LE GIEC (groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat) a produit quatre rapports :

Conclusions du rapport (1990) : la détection grâce aux différentes observations d'une augmentation sans ambiguïté de l'effet de serre est peu probable dans les prochaines décennies ou plus 

Conclusions (1995) : l'étude des preuves suggère une influence détectable de l'activité humaine sur le climat planétaire

En 2001 le rapport indiquait la chose suivante : il y a des preuves solides que la tendance au réchauffement climatique observée ces cinquante dernières années est attribuable à l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ce qui provoque une augmentation sensible de la température dans l'atmosphère, susceptible de dérégler le climat.

On retient de Nairobi le constat selon lequel la déforestation dans les pays en développement représente de 20 à 25% des émissions mondiales de CO2, soit davantage que l'ensemble des secteurs du transport (14%), selon les chiffres donnés par le rapport Stern. La conférence s'est aussi accordée sur la nécessité d'attribuer un prix à chaque arbre sauvé : un atelier spécial sera organisé au début de l'année 2007 pour envisager les moyens de rémunérer les efforts des pays qui protègent leurs forêts.
Le débat, politique et technique, est renvoyé à la conférence de 2007 : il a opposé les gros émetteurs de CO2, les pays industrialisés, producteurs de pétrole, mais aussi la Chine et l'Inde - dont les économies sont fondées sur le charbon, aux pays en développement (dont le Brésil) qui font valoir les incertitudes technologiques du CCS et leurs craintes que ces projets ne divertissent l'aide aux projets de développement durable. Mais pour beaucoup d'observateurs, il ne sera pas possible de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre dans le monde sans en passer par cette technologie.

L'ONG WWF compte sur la prochaine conférence qui se tiendra en 2007 à Bali, en Indonésie, pour entamer de véritables négociations, notamment sur une diminution drastique des émissions polluantes. On reporte toujours ultérieurement les questions qui fâchent !

Les groupes environnementaux s'inquiètent de la position de négociation canadienne à la Conférence des Nations Unies à Nairobi. Les représentants des groupes croient que la position du Canada est de nature à nuire aux discussions sur deux enjeux majeurs et apparaît contre-productive dans le contexte actuel des négociations portant sur la prochaine phase du Protocole de Kyoto.

Bien que les groupes environnementaux croient que des pays tels que la Chine, l'Inde et le Brésil sont prêts à accepter des obligations plus contraignantes dans le futur, ils jugent que le Canada fait preuve d'hypocrisie en exigeant que ces pays acceptent pour l'instant des objectifs de réduction absolue de leurs émissions. Un responsable Geenpeace, Steven Guilbeault, résume cet état d'esprit de Nairobi ; il déclarait « Qui sommes-nous pour dire aux pays en voie de développement de réduire leurs émissions alors que nous ne sommes pas capables de réduire les nôtrese?

Pour que ces pays nous prennent au sérieux et commencent à prendre des engagements, nous devons démontrer des progrès, êtres crédibles.
Des pays industrialisés demandent aux grands pays du Sud (tels que le Brésil, la Chine, l'Inde) de se donner des objectifs de réduction dès maintenant, avant même que les pays industrialisés ne démontrent clairement qu'ils atteindront leurs propres objectifs au cours de la première phase du Protocole de Kyoto.

Le Réseau Action Climat, qui regroupe près d'une dizaine d'ONG, note que les « décisions de Nairobi vont dans le bon sens, même si certains points sont encore loins d'être à la hauteur des enjeux ».

Les ONG ont souhaité à Nairobi que l'ensemble des négociations sur l'après 2012 soient finalisées fin 2009 au plus tard, pour laisser aux états qui ont participé au Protocole de Kyoto le temps de la ratification.

Les groupes croient que le Canada sous-estime l'importance de fixer un échéancier très strict à ces négociations. « Le temps ne joue pas en notre faveur », mentionne Hugo Séguin, d'Équiterre. « Les impacts des changements climatiques deviennent de plus en plus clairs et l'urgence d'agir de plus en plus pressante », a-t-il ajouté. Les groupes croient que le Canada doit appuyer la fixation d'une date butoir claire, 2008, aux discussions entourant la seconde phase de Kyoto pour laisser assez de temps aux différents pays pour ratifier l'entente et offrir aux entreprises une certitude à long terme concernant les règles qui leur seront appliquées au cours des prochaines années.

Les experts "climat" des ONG ont salué des « petits pas » accomplis pendant la Conférence de Nairobi sur l'avenir du Protocole de Kyoto, en faveur des pays en développement, tout en dénonçant un manque d'ambition.

« La Conférence de Nairobi s'achève sur des petits pas pour maintenir le Protocole de Kyoto sur les rails », a indiqué Hans Verolme du WWF, saluant comme Steve Sawyer de Greenpeace l'unanimité des pays industrialisés à reconnaître la « nécessité de diminuer par deux les émissions de gaz à effet de serre ».
« Mais une action plus forte était requise (...) et nos dirigeants devront l'an prochain, en Indonésie, entamer de véritables négociations sur une diminution drastique de leurs émissions polluantes », a ajouté M. Verolme.

« Nous avons encore un long chemin à parcourir et peu de temps pour le faire », a-t-il souligné.

Le "Cadre de Nairobi" pour l'ONG Greenpeace, la conférence est « parvenue à certains progrès en faveur des pays en développement », citant notamment le "Cadre de Nairobi" lancé par le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan qui implique les agences de développement de l'organisation des nations unies.
« Tout ce qui est possible doit être mis en oeuvre en faveur du Fonds d'adaptation », a par ailleurs ajouté Steve Sawyer en remarquant que les décisions prises plaçaient sa gestion future sous « l'autorité du Protocole de Kyoto (...) sur la base d'un pays, une voix, ce qui garantit une majorité aux pays en développement » auxquels il est destiné.
Évoquant des « accords modestes », Catherine Pearce de Friends of the Earth s'est inquiétée « du renvoi de nombreuses décisions » à de futures réunions, signalant qu'un « leadership fort serait nécessaire à Bali en 2007 pour lancer de vraies négociations sur l'après 2012 ».

Un mécanisme financier de cette convention est prévu pour appuyer des activités concrètes d'adaptation dans les pays en développement ; ce mécanisme financier comprend le fonds spécial changement climatique sous la convention et le fonds d'adaptation sous le protocole, doté de 60 millions de dollars.


Le Secrétaire exécutif de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) appelle à un consensus pour la période post-2012 à Nairobi

Le responsable de la structure onusienne chargée de mettre en oeuvre le protocole de Kyoto appelle l'ensemble des nations à jeter les bases d'un accord pour la période post-2012 lors de la plus grande conférence mondiale sur l'environnement, qui aura lieu le mois prochain.

Yvo de Boer, Secrétaire exécutif de la CCNUCC, en prenant la parole lors d'une conférence à Amsterdam, a indiqué qu'un cadre juridique à long terme était dès maintenant indispensable pour assurer au carbone une valeur au-delà de la période d'engagement actuelle, qui expire en 2012.

« Même si le MDP prend rapidement de l'ampleur, la valeur du carbone serait mise en danger de manière significative au-delà de 2012 en l'absence de règles à long terme pour le marché du carbone. Pour garantir la continuité des investissements, un accord post-2012 doit être trouvé de toute urgence », a déclaré Y. de Boer.

Les commentaires de Y. de Boer seront bien accueillis par les développeurs de projets qui ont soutenu que la période d'engagement actuelle, relativement courte, n'offrait pas la possibilité d'investissements à long terme dans le MDP.

Le mois dernier, Y. de Boer avait indiqué qu'un « courant d'investissement vert » de 100 milliards de dollars par an à destination des pays en développement pourrait être créé si les pays industrialisés acceptaient une réduction de 60 à 80 % de leurs émissions d'ici à 2050 et utilisaient des mécanismes basés sur le marché pour les aider à respecter ces objectifs.

La prochaine réunion du C.E étant prévue pour la fin octobre, soit sa dernière réunion avant la prochaine CdP/RdP de Nairobi, les acteurs du marché du carbone attendent avec intérêt les décisions qu'il prendra alors sur les projets placés en révision. Quatre projets qui ont demandé leur enregistrement sont actuellement en cours de révision. Ils représentent un volume total estimé à 974 395 URCE par an. Le critère d'additionnalité, toujours présent à l'esprit des membres du CE, pourrait bien être souligné avec encore plus de force que par le passé. Deux des projets étudiés à la loupe par le C.E sont des projets de substitution entre combustibles au profit de l'utilisation de gaz naturel.

La conférence de Nairobi sur le climat n'accouche que de mesures limitées. Le ministre kenyan de l'environnement, et président de la conférence, a déclaré « que d'importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupations, restés longtemps sans réponse ». Alors que la révision du protocole de Kyoto, qui devra permettre de déboucher sur de futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ne s'ouvrira qu'en 2008, aucun délai n'a été fixé pour l'aboutissement de ces discussions.

Les Etats industrialisés qui font partie intégrante du protocole de Kyoto, dont la première phase d'engagement de réduction de GES expire en 2012, tentent de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre. Si cette réduction est réalisée, on peut affirmer que le seuil de réchauffement maximal de +2° ne sera pas dépassé. Dans toute cette logique de ces grands rendez-vous, on remarque que les décisions fermes et engagées ne sont pas prises surtout de la part de certains états occidentaux, et la révision du protocole de Kyoto ne s'ouvrira qu'en 2008.

Cette rencontre de Nairobi a défini les critères de gouvernance d'un fond d'adaptation destiné à soutenir les pays du Sud face aux grands défis du changement climatique. Ce fonds pourrait être opérationnel dès 2007.

La conférence de Nairobi a reconnu la nécessiter d'une meilleure répartition des projets MDP (mécanisme de développement propre sous forme d'aide aux pays du Sud, qui sont démunis d'infrastructures de base).

Le cas de la forêt : la conférence de Nairobi a retenu le constat selon lequel la déforestation dans les pays du sud représente 20% à 25% des émissions mondiales de CO2. La conférence retient aussi la nécessité d'attribuer un prix à chaque arbre sauvé ; un atelier spécial sera organisé au début de l'année 2007 pour envisager les mécanismes de rémunération des efforts des pays qui protègent leurs forêts.

Concernant la capture et le stockage du carbone, un débat politique et technique a opposé les gros émetteurs de carbone, les pays industrialisés d'une part, et d'autre part les pays du Sud dont la Chine, le Brésil et l'Inde, qui ont craignent que ces projets ne divertissent l'aide aux projets de développement durable. Beaucoup d'experts pensent qu'il ne sera pas possible d'arriver au seuil de réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde sans passer par ce mécanisme de CCS (Capture du Carbone et son Stockage). Le mécanisme de développement propre repose sur des projets qui n'ont pas fait l'objet d'engagements chiffrés. Les réductions d`émissions doivent donc être certifiées par des experts indépendants.

Entre-temps, l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) reconnaît expressément que les efforts commerciaux et économiques doivent être menés conformément à l'objectif de développement durable, ce qui aurait été plus intéressant pour l'Afrique et les pays du Sud, mais la question était un peu marginalisée.

Des institutions telles que l'Institut économique Molinari pensent que les études sur le réchauffement climatique ne sont pas convaincantes et réaffirment l'inefficacité du Protocole de Kyoto. D'autres scientifiques, tels Claude ALLEGRE, mettent en doute le dogme du réchauffement climatique d'origine humaine, il pense que la cause de cette modification climatique est inconnue. Est-ce l'homme ? Est-ce la nature ? Les archives glaciaires ou historiques nous indiquent que le climat est un phénomène capricieux. Les théories mathématiques le confirment. Le glaciologue Robert VIVIAN se montre également sceptique ; le climatologue Gerald STANHILL pointe les synthèses du GIEC qui selon lui occultent les phénomènes d'assombrissement /éclaircissement.

La conférence de Nairobi est-elle un échec ? Certains pensent que oui, d'autres non, mais le véritable échec était à Montréal, conférence tenue à une époque où les USA pouvaient encore parler haut et fort, dans un pays qui s'apprêtait à reconsidérer ses engagements de Kyoto, et qui s'était terminée sans agenda de travail précis. Le résultat en a été qu'aucune proposition sérieuse pour le post-2012 n'était sur la table des négociations à Nairobi.

« Quel bilan peut-on tirer des dix jours de discussions à Nairobi ? La douzième conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui s'est ouverte le 06 novembre à Nairobi, a achevé ses travaux le17 novembre. La prochaine se tiendra en 2007 à Bali en Indonésie », a annoncé le président de la conférence, le ministre de l'environnement Kenyan KIVATHA Kitan, qui a salué la rencontre comme une conférence historique, « où d'importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupations, restés longtemps sans réponses ».

Actuellement, les moyens de lutter contre les inondations, les sécheresses répétées ou la déforestation en Afrique sont quasi inexistants.

Plusieurs mécanismes ont été mis en place pour permettre aux pays pauvres de développer des projets propres, financés par des contributions des pays riches.

Au final, l'Afrique n'a bénéficié que de 3% de la totalité des projets contre les trois quarts pour la Chine et l'Inde. Pourquoi ? Parce que le secteur concerné est le secteur industriel, qui représente une part infime du PIB des pays africains. De plus, ces projets impliquent des expertises que l'Afrique n'a pas.

Pour l'Afrique, l'idée de l'environnement passe en deuxième position, car il faut être un pays développé pour réfléchir à l'environnement ; en effet, il y a des urgences pour les pays africains qui ne sont pas forcément des priorités pour les pays développés. Le côté économique prime d'abord, car avec une population qui se bat pour survivre le jour le jour, l'environnement est un luxe. Il faut avoir les moyens financiers et techniques pour réfléchir à l'environnement. La majorité des pays africains sont dépourvus de ces moyens et les pays occidentaux offrent leur aide au compte-gouttes, rendant ces pays du Sud encore plus dépendants de ces donations, qui sont les passerelles d'un certain néocolonialisme rompant. Mais le climat est une affaire plus grande que tous les défis que l'homme peut rencontrer car de cela dépendent son existence et son devenir. Alors ? Nairobi est-il le commencement de la prise de conscience collective des pays industrialisés ? Une vraie coopération avec de nouvelles donnes va-t-elle s'installer dans l'avenir après l'échec de tous les programmes d'aides et de toutes les idéologies inventées pour ce tiers-monde ou même ce quart monde comme disent d'autres...

La réponse, l'avenir nous l'apportera. L'homme s'est-il réveillé de son égoïsme ou avance-t-il vers une autodestruction quasi-certaine s'il persiste dans son mode de production et de consommation très égoïste ?

Fin

BIBLIOGRAPHIE

· ALLEGRE Claude et JEAMBAR Denis « Le défi du monde » Edition FAYARD, 283 pages, 12/04/2007

· ALLEGRE Claude «  Ma vérité sur la planète », Edition PLON, 05/04/07 ,237 pages,

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* 3 URCE (Unité de Réduction Certifiée des Emissions)

* 4 PNAQ (Plan National d'Allocations de Quotas)

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe