La conférence de Nairobi novembre 2006 et le marché du carbone : cas de l'Afrique( Télécharger le fichier original )par Kaddour KENDZI Université Bordeaux IV - MASTER II Sciences politiques 2006 |
DEUXIEME PARTIE
La conférence des Nations Unies sur le changement climatique en décembre 2006 et l'Afrique Une conférence mondiale sur le climat vient de démarrer à Nairobi, au Kenya. Un an après celle de Montréal, qui avait préparé les désistements de pays tels que le Canada, pays parmi les plus grands pollueurs du monde, concernant le protocole de Kyoto, voici donc que se réunissent 170 pays pour parler des changements climatiques. La conférence réunit les pays signataires du protocole de Kyoto et notamment tous les pays industrialisés qui ont des engagements chiffrés, mais également les pays en développement qui n'étaient pas tenus par des engagements de réduction des rejets dont certains (le Brésil, la Chine ou l'Inde par exemple) sont en phase de croissance économique très forte et, pour la Chine, font désormais partie des pays très pollueurs. Le fait que les pays en fort développement économique et gros consommateurs de ressources énergétiques (Chine) ne fassent pas partie du protocole est d'ailleurs l'une des raisons qui ont poussé les États-Unis ou l'Australie à ne pas ratifier ce protocole de Kyoto. La conférence des Nations Unies sur le changement climatique de Nairobi souffre cependant d'un financement encore insuffisant, à seulement trois semaines du début de cette rencontre de haut niveau. La conférence doit non seulement servir de forum pour la définition du cadre post-2012, mais également permettre de débattre de la mise en oeuvre du MDP (Mécanisme de Développement Propre). De ce fait, il est essentiel qu'elle bénéficie d'un financement adéquat, pour que des décisions importantes puissent être prises par les délégués. Au 13 octobre, la Commission européenne et le gouvernement allemand n'avaient pas transféré les fonds nécessaires aux organisateurs de la conférence ; le montant manquant s'établit entre 1,3 et 1,5 million de dollars pour cette réunion qui doit se tenir sur deux semaines. On constate un lasser aller quand il s'agit de l'environnement ou du développement durable. L'ultralibéralisme ne se presse pas pour y mettre la main, tout en sachant que le problème de l'environnement est l'affaire de tout le monde, et que tous les pays vont payer la facture, qui sera lourde si les pays concernés ne prennent pas conscience des enjeux. L'Europe, par son représentant de la présidence européenne, le haut responsable du gouvernement finlandais Jukka Uosukaien, notait : « Nous avons besoin d'engagements en faveur du climat de la part de tous les pays, y compris les Etats-Unis ». L'Union Européenne ne peut pas résoudre seule les problèmes liés au climat. Même si nous diminuons tous progressivement nos émissions, nous ne réduirons pas le changement climatique. Les positions commencent à s'arrondir. Un haut responsable américain expliquait, en marge de la conférence, que son pays encourageait la diminution des gaz à effet de serre par l'utilisation de technologies plus propres. Malheureusement, certains pays soutenant la position américaine se sont également tournés vers ces technologies et encouragent les nations en développement à planter davantage d'arbres pour absorber les excès de CO2.
Une partie de la réponse est déjà dans la question. Pourquoi une conférence de telle envergure sur le climat, pour ne pas dire sur le devenir de la planète, en Afrique, maintenant ? Ce n'est pas un hasard : la vie humaine a commencé en Afrique, c'est un fait. C'est par l'Afrique que cet Homme sera d'abord menacé, pour sa survie et son existence, l'Afrique absente, ou plutôt marginalisée des grandes décisions mondiales, tant économiques, politiques, sociales qu'environnementales. L'Afrique est mal partie. Depuis la période de la colonisation, les Occidentaux pensaient apporter civilisation et prospérité, mais en réalité, le résultat de cette colonisation fut une déstabilisation totale des économies et des cultures d'Afrique et un projet de dépendance à long terme de l'Occident. Le changement climatique et ses conséquences ont particulièrement touché ce continent qui n'était pas prêt, vu le grand retard technique et les politiques dévastatrices des dirigeants africains qui ont pris le pouvoir jadis, dans la majorité des cas avec la complicité des puissances colonisatrices. Un peuple déstructuré, une économie déstabilisée, qui ne compte plus sur son savoir-faire, mais sur l'importation de l'Occident, ont alors transformé le continent africain en futur consommateur des produits de l'Occident. Ne réfléchissez pas, n'innovez pas, ne vous industrialisez pas, on pense pour vous, on réfléchit pour vous, on innove pour vous ! Les richesses de ses pays du sud, telles les forêts (bois) et les hydrocarbures (pétrole et gaz) sont commercialisées suivant des conditions occidentales : on est tombé dans une période de néo colonisation. Voilà l'Afrique d'aujourd'hui. Elle est plus vulnérable qu'avant la colonisation car elle est devenue dépendante des aides, alors que les richesses et les hommes sont là : qu'est que ne va pas alors ? C'est l'esprit ultra-libéral des Occidentaux qui a maintenu et pense maintenir encore cette Afrique sous le joug de la dépendance. Heureusement, des hommes et femmes des deux mondes ont dit « stop » : il faut voir l'Afrique autrement, nous avons besoin de l'Afrique et elle a besoin de nous ; nous sommes dans un même bateau, s'il coule nous coulons tous, et avec nous toute la planète Terre. Pour commencer à y remédier, il faut essayer de trouver des mécanismes qui permettent aux pays du sud, et en particulier à l'Afrique, de modifier cette situation intenable, et cette conférence entre dans ce contexte de redéfinition des nouvelles relations avec l'Afrique et les pays du sud en général. La présence de Kofi Annan et de plusieurs chefs de gouvernements des quatre coins du monde sont la preuve que cela doit changer : si on veut sauver notre avenir, cela commence par l'Afrique. Le but de la conférence de Nairobi est de lancer les fondations d'un futur protocole, à la suite de celui de Kyoto, qui se termine en 2012. La prise de conscience ne s'est pas traduite partout par des résultats encourageants, au contraire. Si certains, notamment en Europe, ont relativement bien engagé la baisse des émissions de gaz à effet de serre, beaucoup (Canada en tête) a au contraire fortement augmenté leurs rejets. Le relais, qui doit être mis en place après 2012, doit être précisé le plutôt possible et au plus tard en 2009. On sait d'ores et déjà que Kyoto, dont l'échéance est 2012, est un échec, mais c'est déjà une prise de conscience. Mais le plus important est de savoir, le plus tôt possible, quelle sera la suite donnée à ce protocole, afin de relancer les efforts de tous les pays dans la lutte contre le changement climatique. Les pays du sud savent déjà que l'aide ne viendra vraisemblablement pas des pays comme le Canada ou les États-Unis, même si la prochaine administration américaine d'ici deux ans sera probablement plus ouverte à la question. Les opinions publiques mondiales du nord ou du sud sont désormais totalement en faveur de cette lutte, de cette remise en cause des effets néfastes que nous constatons tous. Certains états des États-Unis ont également commencé à jouer en faveur de la baisse des rejets, en contradiction avec la politique fédérale. La Californie vient par exemple de voter une loi pour réduire de 25% les rejets de gaz à effet de serre d'ici 2020. Objectif ambitieux mais qui ne sera que très difficilement atteint au vu des résultats depuis 1990, avec une augmentation de 14%. Dans les pays en voie de développement, l'espoir est de mise avec le lancement de programmes de transferts de technologies propres dans les centrales électriques au charbon, grâce au mécanisme MDP (Mécanisme de Développement Propre) dont bénéficient les pays qui génèrent des crédits d'émission sur le marché européen des émissions. Ce marché lancé récemment en Europe permet à ceux qui polluent d'acheter des crédits à ceux qui polluent moins. Les entreprises se sont lancées dans la démarche et leur intérêt est donc que ce marché se pérennise par le biais du traité. Les discussions de Nairobi sont cruciales pour la lutte contre les changements climatiques. Mais les pays du monde occidental ne semblent pas encore prêts à faire totalement les sacrifices et les investissements nécessaires pour gagner cette lutte que l'humanité ne peut cependant pas perdre, au risque de voir disparaître l'espèce humaine. Au moment même de
l'ouverture de la conférence de Nairobi qui a débuté le 6
novembre 2006, des milliers de manifestants dans la plupart des villes d'Europe
ont tenté d'attirer l'attention sur les changements climatiques. Un an
après la conférence internationale sur le climat de
Montréal, les discussions ont repris aujourd'hui, organisées sous
le patronage de l'ONU. Cette conférence regroupe plus de 200 pays, et ce
sont les pays développés qui se sont déplacés vers
un pays du sud, le Kenya. C'est une nouveauté qui apporte son lot de
bonnes nouvelles. Parmi les bonnes idées que l'on retiendra figure en
bonne place la redéfinition du protocole de Kyoto, qui vise cette fois
à inclure les pays pauvres. Ainsi l'Afrique pourra-t-elle recevoir des
indemnités substantielles en échange de son engagement à
réduire la déforestation. Les ministres des 180 pays représentés ont décidé d'ouvrir la révision du protocole de Kyoto en 2008, en se fixant l'objectif de parvenir à un accord sur le dispositif qui lui succédera. Ce protocole engage les pays industrialisés signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5 % d'ici 2012. Il se verra donc prolongé au-delà de cette date. Mais beaucoup espéraient que les taux de réduction, considérés comme insuffisants, pourraient être augmentés, ceci peut-être même sans attendre 2008. On reproche aussi à la décision de ne pas fixer de date de fin aux futures négociations, ce qui risque de les rendre interminables. La décision prise conforte le processus contractuel mis en place pour limiter les émissions. Elle assure la pérennité des marchés conclus en ce sens. Il s'agit du mécanisme dit de « développement propre », qui favorise l'adoption de techniques énergétiques efficaces dans les pays en développement. Les pays adoptant de telles techniques bénéficient de "crédits d'émissions" correspondant aux émissions de gaz à effet de serre ainsi économisées. Ces crédits peuvent être revendus aux gros pollueurs qui ne peuvent pas ou ne veulent pas encore limiter leurs émissions. Ce mécanisme intéresse particulièrement les pays du sud, qui peuvent avoir ainsi accès à des technologies modernes. En Europe, des marchés d'échange se sont déjà crées sous la forme d'une Bourse du carbone. Il semble également qu'à Kyoto, les Etats-Unis, ayant jusqu'ici refusé de prendre tout engagement, affichent une attitude plus ouverte. Plusieurs de leurs états ont annoncé qu'ils allaient implanter un tel marché. La nouvelle majorité démocrate a fait savoir qu'elle était favorable à cette démarche. Certains de ses représentants laissent entendre que le prochain Congrès élaborerait une législation visant à restreindre les émissions. Les pays vertueux peuvent-ils se satisfaire de ces promesses ? Certainement pas en principe. Mais comme ils n'ont pas de moyens de pression sur les Etats-Unis, ils sont bien obligés de subir leur bon vouloir, et d'en supporter directement les conséquences, plus ou moins désastreuses. Il est aussi à signaler que les pays du Sud ont exclu de prendre des engagements contraignants en terme quantitatif, s'abritant derrière la "responsabilité historique" des pays occidentaux dans la crise climatique. Ils se montrent cependant ouverts au principe des échanges de crédits d'émission. 2..2. La conférence de Nairobi et la forêt africaineLa conférence de Nairobi reste également une conférence de transition et son bilan est plutôt faible, même s'il reste encourageant. Plus de 6000 participants venus des cinq continents se sont réunis à Nairobi. Ils ont fait progresser le débat sur les changements climatiques et le marché du carbone. Un certain nombre de sujets a été traité, même si aucune disposition n'a été arrêtée concernant les modalités de prolongation du protocole de Kyoto après 2012. Les modalités de prolongation étaient source de discordes. Les négociations internationales de Nairobi ont pour but de lutter contre les changements climatiques. Les gouvernements ont reconnu qu'il était nécessaire de diviser par deux les émissions globales de gaz à effet de serre d'ici 2050, afin de contenir la hausse de la température globale en deçà de 2°C. Cette prise de position unanime et officielle a été saluée avec beaucoup de satisfaction de la part des ONG, excepté Greenpeace et le WWF qui rappellent qu'il reste encore beaucoup à faire pour que les décisions politiques rattrapent le rythme effrayant des changements climatiques. La conférence de Nairobi a été l'occasion de mettre l'accent sur les spécificités des pays en développement, en particulier les pays africains, qui subissent le plus les impacts du changement climatique, tout en contribuant à l'augmentation des gaz effets de serre. Ainsi, il a été envisagé une distribution équitable des projets MDP et MOC pour les pays africains. Le programme de la conférence de Nairobi sur les cinq années à venir permet d'aider ces pays africains à évaluer leur vulnérabilité et leurs besoins d'adaptation. Un consensus a été atteint sur un programme de travail courant jusqu'à 2009. Ce programme qui nécessite des moyens financiers additionnels est axé autour de diverses activités organisées : des méthodes et des outils, des données et observations, de la modélisation du climat, des scénarios de risques liés au climat, de l'information socioéconomique, de la planification et des pratiques en matière d'adaptation, et de la diversification économique. Un calcul d'experts donne une idée du prix de la forêt, en prenant comme base un cours de 4$ la tonne de CO2, qui pourrait s'élever à plusieurs dizaines de millions de dollars si l'initiative est portée à pleine puissance. Entre 2000 et 2005, ce sont plus de 60000 hectares de forêt qui ont disparu dans un pays qui en a cruellement besoin : le bénéfice serait double pour un pays qui, en cherchant des aires de pâture, détruit la richesse écologique d'une forêt primaire. La situation des
écosystèmes forestiers a considérablement
évolué au cours des dernières vingt années avec
l'émergence d'une nouvelle menace pour la biodiversité : le
commerce du gibier pour l'approvisionnement des centres urbains.
Etude de cas : le bassin du CONGO constitue la plus grande surface de forêt tropicale dense humide après l'Amazonie. Une grande biodiversité existe dans cette forêt qui abrite des populations de diverses cultures qui dépendent directement d'elle pour leurs ressources alimentaires, les matériaux de construction et les produits médicinaux. Les produits forestiers non ligneux (PFNL) et l'agriculture de subsistance constituaient la base traditionnelle des moyens d'existence et des réseaux d'échanges entre les différents groupes humains vivant dans ces espaces forestiers. Les interactions sociales entre ces différentes populations ont engendré des relations complexes sur le plan économique et social ainsi qu'en termes de relations de pouvoir. Pour prendre un exemple concret, les populations des Pygmées chassent traditionnellement le gibier, collectent le miel et d'autres produits alimentaires, qu'ils échangent contre des produits agricoles avec leurs voisins cultivateurs, les Bantous. Les relations entre ces groupes sont rarement équitables, et les Pygmées ont souvent été victimes de discriminations. Toutefois, toutes les populations qui vivent et dépendent de la forêt tropicale de l'Afrique Centrale, qu'ils soient chasseurs-cueilleurs, fermiers sédentaires ou pêcheurs, sont tous, sans aucune exception, exclus par les politiques (derrière ces politiques il y a des instances internationales occidentales) des prises de décisions concernant la gestion et l'utilisation de la forêt, dont ils dépendent pour leurs ressources alimentaires et, dans le cas des Pygmées, pour leur spiritualité et leur identité culturelle. A partir de ces cas concrets, on comprend bien pourquoi la forêt en Afrique va mal. Les différents besoins des populations locales ne sont pas pris en considération quand les gouvernements, souvent sous la contrainte des créanciers multilatéraux et bilatéraux, négocient et appliquent des stratégies d'exploitation forestière en connivence avec les multinationales. Et on sait que ces populations locales n'ont généralement pas ou peu de droits fonciers sur la forêt dont ils dépendent. Les différents programmes d'aide (sous forme de projet de développement) viennent souvent d'en haut, imposés par les créanciers multilatéraux et bilatéraux et mis en oeuvre par des gouvernements faibles et parfois corrompus, qui allouent de larges espaces forestiers à des sociétés forestières pour l'extraction du bois, ces sociétés étant elles-mêmes souvent corrompues. La politique des pouvoirs en place tend à s'éloigner encore davantage des intérêts des populations locales pour pencher du côté des intérêts privés, représentés par quelques sociétés multinationales. Dans la situation actuelle, les possibilités de mettre sérieusement en place une gestion durable de la forêt sont rarement prises en compte. Dans le pire des cas, de telles opportunités disparaissent avec la dégradation des ressources forestières.
L'ouverture des forêts d'Afrique à l'exploitation a provoqué et provoque toujours une augmentation de la pauvreté plutôt que sa résorption. Ces comportements des multinationales, en complicité avec les gouverneurs locaux et le silence de la communauté internationale, agrandissent encore plus la fracture entre les riches et les pauvres. Les communautés locales elles-mêmes ne bénéficient pas ou peu de l'argent issu du commerce international du bois. Quelques possibilités d'emploi peuvent apparaître, mais pas nécessairement pour les populations locales ; les emplois sont souvent de court terme et la rémunération est en principe basse. Les infrastructures pour les travailleurs sont souvent fournies mais la qualité des prestations peut être médiocre et la mise à disposition de ces infrastructures aux personnes extérieures est très variable. De plus, l'implantation de chantiers forestiers de grande taille perturbe les pratiques locales et l'accès aux ressources forestières. Les femmes et les personnes âgées sont particulièrement touchées car ce sont elles qui collectent et commercialisent les produits alimentaires et médicinaux, dont elles tirent leur nourriture et des revenus pour leur famille. A la marge de ces rencontres internationales sur le climat et l'environnement s'est créé un mouvement mondial pour défendre les forêts tropicales, constitué d'ONG et d'associations de citoyens du Sud et du Nord concernés par la défense des forêts mondiales. Ce mouvement lutte contre les excès du commerce des bois tropicaux et cherche comment faire face aux problèmes créés par l'organisation internationale des bois tropicaux. Ce mouvement pense que les principales causes de la déforestation tropicale sont identifiées. Un modèle alternatif de développement concernant les forêts tropicales est par ailleurs présenté, afin d'assurer la possession de la terre et les moyens de survie des peuples qui habitent les forêts. Parmi les problèmes qui accentuent la fracture entre les pays africains eux-mêmes, on trouve les barrières politiques, linguistiques, culturelles et juridiques. Les pays africains partent déjà divisés sur ces plans : les anglophones tirent d'un côté, les francophones de l'autre, ils ne parlent pas d'une seule voix. Les pays de l'Afrique du Nord ne sont pas concernés directement par le problème de la forêt, mais c'est une autre entité culturelle et politique, qui complexifie encore l'harmonisation dans ce domaine. Quelle est la relation entre le changement climatique et le marché du carbone ? C'est ce que nous essaierons de définir dans le prochain chapitre. 2.3. La conférence de Nairobi et le marché du carbone La conférence de Nairobi a renforcé le fonds d'adaptation visant à aider les pays pauvres, notamment africains, à faire face au changement climatique. Elle a aussi progressé, sous l'impulsion du Brésil, vers l'intégration des forêts tropicales dans le futur protocole de Kyoto : leur protection pourrait intégrer le marché du carbone. Ceci signifierait que les mesures visant à freiner la déforestation ou à favoriser les replantations pourraient être financées par des échanges de crédits avec les pays industriels gros pollueurs. Il n'est pas interdit d'espérer... La conférence de Nairobi a eu un autre résultat. Elle a mis en évidence le fait que les pays les plus pauvres sont également ceux qui sont les plus menacés par un changement climatique contre lequel ils ne peuvent pas faire grand-chose dans l'immédiat 2.3.1 Le marché du carbone : Quelles sont les raisons de cette crise énergétique qui frappe déjà près de la moitié des investissements réalisés dans ce secteur, notamment entre le début de l'année 2000 ? Les bailleurs de fonds internationaux n'ont cessé de réduire les fonds aux pays en voie de développement. Le cadre du MDP Les MDP et MOC sont des instruments flexibles du protocole qui, dans certaines conditions strictes, permettent aux pays industrialisés de s'acquitter de certains de leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre au moyen de projets réalisés dans les pays en développement et dans les pays en transition économique. Depuis sa création, le traité est remis en cause par divers lobbies ou scientifiques qui considèrent que le réchauffement climatique n'est pas d'origine humaine et critiquent de ce fait l'utilité du protocole de Kyoto qui engendrerait des dépenses inutiles, tels IAN Clarck qui soutient cette théorie controversée et qui présente l'activité solaire comme la principale cause du réchauffement. Modalités : Les engagements souscrits par les pays développés sont ambitieux. Le protocole de Kyoto prévoit, pour les pays industrialisés, la possibilité de recourir à des mécanismes dits de flexibilité, en complément des politiques et mesures qu'ils devront mettre en oeuvre au plan national. Les mécanismes sont au nombre de trois :
2.3.3 Les échanges internationaux et le
marché du carbone africain Le siècle dernier, le pétrole est devenu la source d'énergie la plus importante. Néanmoins, depuis les derniers chocs pétroliers qui ont secoué le marché, d'autres sources d'énergie ont émergé. En général, il se dégage une réduction de la part du pétrole dans la production mondiale d'énergie comme illustré par le graphique ci-dessous. Cette réduction se fait au profit du gaz naturel, un co-produit de l'exploitation du pétrole qui était autrefois gaspillé puisque brûlé sur les lieux d'extraction (il s'agissait des torchères qui n'existent plus aujourd'hui). Elle se fait aussi au profit de l'électricité dont l'origine énergétique peut être hydraulique, nucléaire, solaire, éolienne ou thermique. Graphique illustrant les principales sources d'énergie dans la production mondiale d'énergie en pourcentage entre 1970 et 2003 Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain Traditionnellement, la majeure partie de la production est le fait d'un petit nombre de pays. La décennie des années 1970 a marqué le début de la production pour de nouveaux pays : Norvège, Royaume Uni, Mexique, Nigéria, République Démocratique populaire de Chine, etc. Deux facteurs expliquent ce phénomène. Le premier est relatif à la crise pétrolière de 1973 qui s'est traduite par une hausse du prix du brut, rendant ainsi rentables des gisements qui ne l'étaient pas jusqu'alors (du fait de coûts technologiques élevés). Le deuxième tient plus au développement économique de certains pays et/ou à l'importance des investissements étrangers notamment dans le secteur pétrolier. Production de pétrole brut par principaux pays ou groupes de pays depuis 1960, en millions de barils par jour Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les
données de l'
Energy
Information Administration du gouvernement américain D'après le graphique ci-dessus, une nouvelle tendance se dégage depuis la fin des années 1980. La production de pétrole qui démarra dans les années 1970 pour plusieurs pays tend à atteindre un maximum en terme de capacité. La production des Etats-Unis tend à décroître, de même pour la Russie (même si ce pays a augmenté sa capacité depuis 2001 pour bénéficier de la bonne tendance des cours). Ce ralentissement de la production est compensé par une augmentation signifiante de la part des pays du Golfe. Ces derniers possèdent effectivement la plus grande majorité des réserves de pétrole actuellement recensées sur la planète ; de plus leurs coûts de production sont les plus bas du monde (environ 1 dollar américain par baril en Arabie Saoudite, contre près de 15 dollars américains en Mer du Nord). La part dans la production mondiale des différents pays confirme les observations ci-dessus. Graphique illustrant les parts des différents producteurs dans la production mondiale de 1965 à 2004 Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain Production et consommation mondiale (en millions de barils par jour depuis 1970) et stocks mondiaux déclarés (en millions de barils depuis 1973) Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain Graphique illustrant la consommation de pétrole brut en millions de milliards de BTU de 1971 à 2003 Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données de l' Energy Information Administration du gouvernement américain Ce graphique met également en évidence la disparité des évolutions entre les Etats-Unis, l'Europe de l'OCDE, le Japon et le "reste du monde". Après les crises, le Japon a stoppé la phase ascendante de sa consommation. Les Etats-Unis, par contre, ont repris une phase croissante de la consommation à partir de 1983 et l'Europe à partir de 1986. Le "reste du monde" n'a cependant jamais cessé cette croissance sauf lors de courtes périodes pendant les crises. La consommation de pétrole dans le monde ne dépend plus principalement des régions les plus développées économiquement, mais de l'ensemble des autres pays. Les ressources naturelles de l'Afrique subsaharienne étant déjà en grande partie surexploitées et ceci par surpopulation, une meilleure gestion de ces ressources sans une augmentation de l`utilisation des intrants sera inefficace. L'intérêt des paysans pour s'occuper de la séquestration du carbone, qui semble être négligé par les organisateurs, est liée à l'augmentation de l'efficacité et donc de la rentabilité des engrais chimiques. Le développement agricole sur la base des systèmes plus durables, la lutte contre la désertification et celle contre les changements climatiques ont trop de choses en commun pour se permettre de se concentrer sur un seul des éléments. La gestion intégrée des ressources locales de matière organique et des intrants externes (comme les engrais chimiques) ne se présente pas comme suffisamment bénéfique pour beaucoup d'agro écosystèmes et pour la majorité des cultures ouest africaines. Ceci est notamment causé par le rapport coûts/bénéfices dans une période de transition. L'argent du marché du carbone devrait être consacré aux supports des paysans pendant cette période de transition. La subvention d`une meilleure gestion des sources de matière organique est une option à tester. Le bilan net de la séquestration du carbone à travers une agriculture intensive utilisant de l`engrais chimique etc. pourrait se présenter comme relativement restreint pour un endroit donné et ceci notamment si c`est le paysan que l`on fait payer pour les gaz à effet de serre produits au cours de la production des engrais. Cependant, il faut inclure dans l`analyse l`amélioration du potentiel de gestion des terres marginales, des forêts et des parcs grâce à l`augmentation de la production agricole des bonnes terres. Pour la réalisation d`une telle gestion intégrée, une redistribution, au moins partielle, des bénéfices divers est indispensable. Une exploitation durable des bordures des déserts et des terres marginales en général devrait devenir un produit payant à côté des produits d`élevage et des cultures. 2.3.4 L'Afrique peut-elle gagner à dépolluer ? L'Afrique est le continent le plus vulnérable aux effets du changement climatique. Les fonds promis par les pays pollueurs ne viennent pas. A l'occasion de la Conférence de Nairobi sur les changements climatiques, les pays africains peuvent tirer profit de l'alléchant marché du carbone, à condition qu'ils maîtrisent le mécanisme pour le développement propre mis en place par le Protocole de Kyoto. Cette conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques se présente comme dix jours de discours, dialogues, négociations politiques et techniques entre 6000 délégués venus des quatre coins du monde. A côté des délégations officielles,
les ONG environnementales mènent un lobbying intense dans les couloirs
du gigantesque complexe du Programme des Nations Unies pour l'environnement
(PNUD), à Nairobi.
Face à cela, les instruments mis en place par le
protocole de Kyoto ne semblent pas être d'un grand secours pour
l'Afrique. Les projets environnementaux développés dans les pays
du Sud en échange de "crédits d'émission" à
négocier sur le marché du CO2 n'intéressent que
médiocrement l'Afrique, soit à ce jour 9 projets sur mille
environs. D'où viendront par ailleurs les financements permettant de
faire fonctionner le fonds d'adaptation définie à Nairobi ?
Le système des bourses de permis de polluer, célébré comme une géniale invention des Européens pour lutter contre la production des GES, n'aboutit pas du tout à ce résultat. C'est ainsi selon lui que le European Union's Emissions Trading Scheme (EUETS), chargé de la mise en oeuvre de ce système pour l'Europe, a, par divers mécanismes, encouragé les industriels européens gros pollueurs à augmenter encore leur consommation de carburants fossiles. Qu'une cimenterie européenne achète des droits à polluer auprès d'une ferme d'éolienne en Afrique pourra certes diminuer (un peu) la production future de GES en Afrique, mais cela permettra également à la cimenterie de continuer à consommer plus que jamais charbon et pétrole. Or ce sont ces consommations qu'il faudrait tarir à la source, surtout si le charbon et le pétrole restent accessibles à des prix abordables. La volonté des Européens, en fait, n'a jamais été de s'en prendre directement à leurs grands industriels pour les conduire à changer leurs méthodes de production et faire appel à de nouvelles sources. Il en est d'ailleurs de même hors d'Europe. Les objectifs pourtant modestes du Protocole de Kyoto risquent dans ces conditions de rester des voeux pieux. Après plusieurs années d'hésitation, le traité a été adopté par la Russie, pays émettant environ 17% des gaz à effet de serre. Elle est autorisée à émettre 20% des gaz à effet de serre, puisque le protocole se base sur les émissions mesurées en 1990, c'est à dire avant le fort ralentissement de l'activité industrielle russe. Pour que le protocole entre en vigueur, il fallait que les pays signataires cumulent au moins 55 % des émissions de CO2 en 1990. Suite au refus de la Convention de la part des Etats-Unis, responsables de 23% des émissions de CO2, c'est la ratification par la Russie qui a permis au traité, signé en 1997, d'entrer en vigueur le 16 février 2005. 2.3.5 Le cas des pays en voie de développement Pour la majorité des pays en voie de développement et en particulier pour des pays comme la Chine ou l'Inde, le changement climatique n'est pas une priorité, comparé aux autres enjeux du développement. Ils pensent que les pays industrialisés doivent agir en priorité car ceux-ci ont une responsabilité historique sur l'augmentation actuelle des concentrations de gaz à effet de serre. Les pays du Sud n'ont pas d'engagement quantifié de réduction de leurs émissions dans le protocole de Kyoto ; c'est une des raisons pour lesquelles les Etats-Unis refusent de ratifier le protocole en l'état. Ils veulent associer les pays dits émergents comme l'Inde, la Chine, le Brésil, le Mexique, la Corée, l'Indonésie.
« À ce jour, aucune des sources de financement accessibles aux pays en développement n'offre un potentiel d'une telle ampleur », a-t-elle ajouté. Un accord sur le régime multilatéral post-2012 figure en tête des priorités pour la réunion des Parties au protocole de Kyoto de cette année, qui doit se tenir le mois prochain à Nairobi. Un autre problème qui figurera en bonne place à l'ordre du jour sera l'accroissement des investissements dans les projets MDP dans les pays en développement, par exemple en Afrique. Actuellement, la réserve du MDP comporte 1200 projets, qui représentent un potentiel global de réduction d'émissions de 1,4 milliards de tonnes d'ici 2012. Toutefois, la majorité écrasante de ces projets sont situés en Asie et en Amérique latine, et très peu en Afrique. Les discussions de Nairobi viseront à aborder ces questions avec les Parties, en discutant de mesures destinées à favoriser une meilleure diffusion du MDP, permettant ainsi le transfert de technologies, en aidant les pays africains pour leur permettre d'accroître les investissements dans les projets de ce type. Le CE du MDP retarde la délivrance d'URCE au titre de l'un des plus gros projets MDP au niveau mondial Le Conseil Exécutif a retardé la délivrance de crédits carbone au titre de l'un des plus gros projets éligibles dans le cadre du Protocole de Kyoto. Le CE a publié une demande de révision du projet de destruction d'HFC23 d'Ulsan, en Corée du Sud. Rappelons que le HFC23 à un potentiel de réchauffement climatique (PRC) équivalent à 11 700 fois celui du dioxyde de carbone (CO2). Ceci signifie que le projet ne se verra pas délivrer d'URCE, et ce au moins jusqu'après la prochaine réunion du Conseil Exécutif, prévue à Bonn du 29 octobre au 1er novembre. Ce projet, développé par la compagnie de produits chimiques britannique Ineos Fluor, vise à détruire 1,4 million de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone par an, et amène généralement ses promoteurs à demander la délivrance d'URCE une fois tous les trois mois. La dernière période de suivi des
émissions (« monitoring ») s'étend du 1er juillet au 30
septembre, mais le volume d'URCE demandé dépendra du volume de
HCFC22 (produit chimique réfrigérant) détruit, dont le
HFC23 est un produit dérivé. Quatre membres du CE ont
déposé des demandes de révision sur deux problèmes
particuliers. Le premier porte sur la valeur d'un coefficient dans la formule
utilisée pour calculer le volume d'URCE éligibles. Le second
concerne la façon de savoir si le projet satisfait aux exigences
découlant de la méthodologie retenue - c'est à dire s'il
prend en compte le taux de production historique de HCFC entre 2000 et
2002. Depuis la dernière délivrance d'URCE pour le projet Gujarat, aucune autre délivrance de cette ampleur n'a été décidée par le CE au moment de la publication de ce numéro. Cinq délivrances différentes ont cependant été accordées à des projets de biomasse bagasse au Brésil. L'Afrique et les marchés du carbone dans le monde Notre premier constat est que l'Afrique est absente de toutes les rencontres internationales sur le climat et le réchauffement climatique. Le marché africain du carbone n'existe pas, l'idée des pays en voie de développement a presque échoué. Le fossé entre les pays riches et les pays pauvres ne cesse de se creuser. Le sort de l'Afrique est décidé entre les grandes puissances et les pays riches. On rencontre le marché du carbone du Canada, des Etats-Unis, de l'Europe et du Japon. Mais l'Afrique dans tout cela, quel rôle jouera-t-elle ? Une conférence sur le climat et le réchauffement de la terre en Afrique, ce continent qui souffre le plus des changements climatiques et subit toutes les conséquences en plein fouet, est un bon début pour une reconsidération de l'Afrique en tant qu'acteur pivot dans la lutte contre le réchauffement climatique, à moins que ce ne soit qu'une mise en scène des plus puissants pour ne pas prendre leurs responsabilités en ce qui concerne l'Afrique et les pays du Sud en général. Les illustrations suivantes parlent d'elles mêmes en ce qui concerne le place de l'Afrique dans le marché du carbone mondial et la répartition des MDP et MOC dans le monde. 2003/2004
Source: State and trends of carbon market 2005, PCF 2004/2005
Source : State and trends of carbon market 2005, PCF L'Afrique ne bénéficie que de 3% des MDP en 2003/2004, huit fois moins que l'Amérique latine et neuf fois moins que l'Inde. Et la tendance ne s'améliore pas pour l'Afrique en 2004/2005 : c'est l'absence totale ! Pourquoi se déséquilibre ? Est-ce un fait voulu ou les conditions socio-politiques de l'Afrique l'imposent-elles ? Ce sont là des questions que nous avons interpellées et la conférence de Nairobi ne nous a pas donné tous les éléments de réponse à notre questionnement CONCLUSION GENERALE Clôture de la conférence sur de timides avancées La 12ème Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui s'est ouverte le 6 novembre à Nairobi, a achevé ses travaux vendredi soir, 17 novembre. La prochaine se tiendra en 2007 à Bali, en Indonésie, le Président de la conférence, le Ministre de l'Environnement kenyan, Kivutha Kibwana,déclare que la conférence de Nairobi est une « conférence historique ». « D'importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupation, restés longtemps sans réponse ». Mais en réalité beaucoup reste à faire,la révision du Protocole de Kyoto, qui devra permettre de déboucher sur de futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ne s'ouvrira qu'en 2008. Aucun délai n'a été fixé pour l'aboutissement de ces discussions. Les états industrialisés présents à Kyoto, dont la première période d'engagement expire en 2012, se sont accordés sur la nécessité de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre. Cette diminution devrait permettre de rester sous un seuil de réchauffement maximal de + 2 °C, seuil défendu par les négociateurs de l'Union Européenne. La révision du Protocole de Kyoto ne s'ouvrira
cependant qu'en 2008. LE GIEC (groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat) a produit quatre rapports : Conclusions du rapport (1990) : la détection grâce aux différentes observations d'une augmentation sans ambiguïté de l'effet de serre est peu probable dans les prochaines décennies ou plus Conclusions (1995) : l'étude des preuves suggère une influence détectable de l'activité humaine sur le climat planétaire En 2001 le rapport indiquait la chose suivante : il y a des preuves solides que la tendance au réchauffement climatique observée ces cinquante dernières années est attribuable à l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ce qui provoque une augmentation sensible de la température dans l'atmosphère, susceptible de dérégler le climat. On retient de Nairobi le
constat selon lequel la déforestation dans les pays en
développement représente de 20 à 25% des émissions
mondiales de CO2, soit davantage que l'ensemble des secteurs du transport
(14%), selon les chiffres donnés par le rapport Stern. La
conférence s'est aussi accordée sur la nécessité
d'attribuer un prix à chaque arbre sauvé : un atelier
spécial sera organisé au début de l'année 2007 pour
envisager les moyens de rémunérer les efforts des pays qui
protègent leurs forêts. L'ONG WWF compte sur la prochaine conférence qui se tiendra en 2007 à Bali, en Indonésie, pour entamer de véritables négociations, notamment sur une diminution drastique des émissions polluantes. On reporte toujours ultérieurement les questions qui fâchent ! Les groupes environnementaux s'inquiètent de la position de négociation canadienne à la Conférence des Nations Unies à Nairobi. Les représentants des groupes croient que la position du Canada est de nature à nuire aux discussions sur deux enjeux majeurs et apparaît contre-productive dans le contexte actuel des négociations portant sur la prochaine phase du Protocole de Kyoto. Bien que les groupes environnementaux croient que des pays tels que la Chine, l'Inde et le Brésil sont prêts à accepter des obligations plus contraignantes dans le futur, ils jugent que le Canada fait preuve d'hypocrisie en exigeant que ces pays acceptent pour l'instant des objectifs de réduction absolue de leurs émissions. Un responsable Geenpeace, Steven Guilbeault, résume cet état d'esprit de Nairobi ; il déclarait « Qui sommes-nous pour dire aux pays en voie de développement de réduire leurs émissions alors que nous ne sommes pas capables de réduire les nôtrese? Pour que ces pays nous prennent au sérieux et
commencent à prendre des engagements, nous devons démontrer des
progrès, êtres crédibles. Le Réseau Action Climat, qui regroupe près d'une dizaine d'ONG, note que les « décisions de Nairobi vont dans le bon sens, même si certains points sont encore loins d'être à la hauteur des enjeux ». Les ONG ont souhaité à Nairobi que l'ensemble des négociations sur l'après 2012 soient finalisées fin 2009 au plus tard, pour laisser aux états qui ont participé au Protocole de Kyoto le temps de la ratification. Les groupes croient que le Canada sous-estime l'importance de fixer un échéancier très strict à ces négociations. « Le temps ne joue pas en notre faveur », mentionne Hugo Séguin, d'Équiterre. « Les impacts des changements climatiques deviennent de plus en plus clairs et l'urgence d'agir de plus en plus pressante », a-t-il ajouté. Les groupes croient que le Canada doit appuyer la fixation d'une date butoir claire, 2008, aux discussions entourant la seconde phase de Kyoto pour laisser assez de temps aux différents pays pour ratifier l'entente et offrir aux entreprises une certitude à long terme concernant les règles qui leur seront appliquées au cours des prochaines années. Les experts "climat" des ONG ont salué des « petits pas » accomplis pendant la Conférence de Nairobi sur l'avenir du Protocole de Kyoto, en faveur des pays en développement, tout en dénonçant un manque d'ambition. « La Conférence de Nairobi
s'achève sur des petits pas pour maintenir le Protocole de Kyoto sur les
rails », a indiqué Hans Verolme du WWF, saluant comme
Steve Sawyer de Greenpeace l'unanimité des pays industrialisés
à reconnaître la « nécessité de
diminuer par deux les émissions de gaz à effet de
serre ». « Nous avons encore un long chemin à parcourir et peu de temps pour le faire », a-t-il souligné. Le "Cadre de Nairobi" pour l'ONG Greenpeace, la conférence
est « parvenue à certains progrès en faveur des
pays en développement », citant notamment le "Cadre de
Nairobi" lancé par le Secrétaire général de l'ONU
Kofi Annan qui implique les agences de développement de l'organisation
des nations unies. Un mécanisme financier de cette convention est prévu pour appuyer des activités concrètes d'adaptation dans les pays en développement ; ce mécanisme financier comprend le fonds spécial changement climatique sous la convention et le fonds d'adaptation sous le protocole, doté de 60 millions de dollars.
Le responsable de la structure onusienne chargée de mettre en oeuvre le protocole de Kyoto appelle l'ensemble des nations à jeter les bases d'un accord pour la période post-2012 lors de la plus grande conférence mondiale sur l'environnement, qui aura lieu le mois prochain. Yvo de Boer, Secrétaire exécutif de la CCNUCC, en prenant la parole lors d'une conférence à Amsterdam, a indiqué qu'un cadre juridique à long terme était dès maintenant indispensable pour assurer au carbone une valeur au-delà de la période d'engagement actuelle, qui expire en 2012. « Même si le MDP prend rapidement de l'ampleur, la valeur du carbone serait mise en danger de manière significative au-delà de 2012 en l'absence de règles à long terme pour le marché du carbone. Pour garantir la continuité des investissements, un accord post-2012 doit être trouvé de toute urgence », a déclaré Y. de Boer. Les commentaires de Y. de Boer seront bien accueillis par les développeurs de projets qui ont soutenu que la période d'engagement actuelle, relativement courte, n'offrait pas la possibilité d'investissements à long terme dans le MDP. Le mois dernier, Y. de Boer avait indiqué qu'un « courant d'investissement vert » de 100 milliards de dollars par an à destination des pays en développement pourrait être créé si les pays industrialisés acceptaient une réduction de 60 à 80 % de leurs émissions d'ici à 2050 et utilisaient des mécanismes basés sur le marché pour les aider à respecter ces objectifs.
La prochaine réunion du C.E étant prévue pour la fin octobre, soit sa dernière réunion avant la prochaine CdP/RdP de Nairobi, les acteurs du marché du carbone attendent avec intérêt les décisions qu'il prendra alors sur les projets placés en révision. Quatre projets qui ont demandé leur enregistrement sont actuellement en cours de révision. Ils représentent un volume total estimé à 974 395 URCE par an. Le critère d'additionnalité, toujours présent à l'esprit des membres du CE, pourrait bien être souligné avec encore plus de force que par le passé. Deux des projets étudiés à la loupe par le C.E sont des projets de substitution entre combustibles au profit de l'utilisation de gaz naturel. La conférence de Nairobi sur le climat n'accouche que de mesures limitées. Le ministre kenyan de l'environnement, et président de la conférence, a déclaré « que d'importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupations, restés longtemps sans réponse ». Alors que la révision du protocole de Kyoto, qui devra permettre de déboucher sur de futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ne s'ouvrira qu'en 2008, aucun délai n'a été fixé pour l'aboutissement de ces discussions. Les Etats industrialisés qui font partie intégrante du protocole de Kyoto, dont la première phase d'engagement de réduction de GES expire en 2012, tentent de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre. Si cette réduction est réalisée, on peut affirmer que le seuil de réchauffement maximal de +2° ne sera pas dépassé. Dans toute cette logique de ces grands rendez-vous, on remarque que les décisions fermes et engagées ne sont pas prises surtout de la part de certains états occidentaux, et la révision du protocole de Kyoto ne s'ouvrira qu'en 2008. Cette rencontre de Nairobi a défini les critères de gouvernance d'un fond d'adaptation destiné à soutenir les pays du Sud face aux grands défis du changement climatique. Ce fonds pourrait être opérationnel dès 2007. La conférence de Nairobi a reconnu la nécessiter d'une meilleure répartition des projets MDP (mécanisme de développement propre sous forme d'aide aux pays du Sud, qui sont démunis d'infrastructures de base). Le cas de la forêt : la conférence de Nairobi a retenu le constat selon lequel la déforestation dans les pays du sud représente 20% à 25% des émissions mondiales de CO2. La conférence retient aussi la nécessité d'attribuer un prix à chaque arbre sauvé ; un atelier spécial sera organisé au début de l'année 2007 pour envisager les mécanismes de rémunération des efforts des pays qui protègent leurs forêts. Concernant la capture et le stockage du carbone, un débat politique et technique a opposé les gros émetteurs de carbone, les pays industrialisés d'une part, et d'autre part les pays du Sud dont la Chine, le Brésil et l'Inde, qui ont craignent que ces projets ne divertissent l'aide aux projets de développement durable. Beaucoup d'experts pensent qu'il ne sera pas possible d'arriver au seuil de réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde sans passer par ce mécanisme de CCS (Capture du Carbone et son Stockage). Le mécanisme de développement propre repose sur des projets qui n'ont pas fait l'objet d'engagements chiffrés. Les réductions d`émissions doivent donc être certifiées par des experts indépendants. Entre-temps, l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) reconnaît expressément que les efforts commerciaux et économiques doivent être menés conformément à l'objectif de développement durable, ce qui aurait été plus intéressant pour l'Afrique et les pays du Sud, mais la question était un peu marginalisée. Des institutions telles que l'Institut économique Molinari pensent que les études sur le réchauffement climatique ne sont pas convaincantes et réaffirment l'inefficacité du Protocole de Kyoto. D'autres scientifiques, tels Claude ALLEGRE, mettent en doute le dogme du réchauffement climatique d'origine humaine, il pense que la cause de cette modification climatique est inconnue. Est-ce l'homme ? Est-ce la nature ? Les archives glaciaires ou historiques nous indiquent que le climat est un phénomène capricieux. Les théories mathématiques le confirment. Le glaciologue Robert VIVIAN se montre également sceptique ; le climatologue Gerald STANHILL pointe les synthèses du GIEC qui selon lui occultent les phénomènes d'assombrissement /éclaircissement. La conférence de Nairobi est-elle un échec ? Certains pensent que oui, d'autres non, mais le véritable échec était à Montréal, conférence tenue à une époque où les USA pouvaient encore parler haut et fort, dans un pays qui s'apprêtait à reconsidérer ses engagements de Kyoto, et qui s'était terminée sans agenda de travail précis. Le résultat en a été qu'aucune proposition sérieuse pour le post-2012 n'était sur la table des négociations à Nairobi. « Quel bilan peut-on tirer des dix jours de discussions à Nairobi ? La douzième conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui s'est ouverte le 06 novembre à Nairobi, a achevé ses travaux le17 novembre. La prochaine se tiendra en 2007 à Bali en Indonésie », a annoncé le président de la conférence, le ministre de l'environnement Kenyan KIVATHA Kitan, qui a salué la rencontre comme une conférence historique, « où d'importantes décisions ont été prises concernant nos motifs de préoccupations, restés longtemps sans réponses ». Actuellement, les moyens de lutter contre les inondations, les sécheresses répétées ou la déforestation en Afrique sont quasi inexistants. Plusieurs mécanismes ont été mis en place pour permettre aux pays pauvres de développer des projets propres, financés par des contributions des pays riches. Au final, l'Afrique n'a bénéficié que de 3% de la totalité des projets contre les trois quarts pour la Chine et l'Inde. Pourquoi ? Parce que le secteur concerné est le secteur industriel, qui représente une part infime du PIB des pays africains. De plus, ces projets impliquent des expertises que l'Afrique n'a pas. Pour l'Afrique, l'idée de l'environnement passe en deuxième position, car il faut être un pays développé pour réfléchir à l'environnement ; en effet, il y a des urgences pour les pays africains qui ne sont pas forcément des priorités pour les pays développés. Le côté économique prime d'abord, car avec une population qui se bat pour survivre le jour le jour, l'environnement est un luxe. Il faut avoir les moyens financiers et techniques pour réfléchir à l'environnement. La majorité des pays africains sont dépourvus de ces moyens et les pays occidentaux offrent leur aide au compte-gouttes, rendant ces pays du Sud encore plus dépendants de ces donations, qui sont les passerelles d'un certain néocolonialisme rompant. Mais le climat est une affaire plus grande que tous les défis que l'homme peut rencontrer car de cela dépendent son existence et son devenir. Alors ? Nairobi est-il le commencement de la prise de conscience collective des pays industrialisés ? Une vraie coopération avec de nouvelles donnes va-t-elle s'installer dans l'avenir après l'échec de tous les programmes d'aides et de toutes les idéologies inventées pour ce tiers-monde ou même ce quart monde comme disent d'autres... La réponse, l'avenir nous l'apportera. L'homme s'est-il réveillé de son égoïsme ou avance-t-il vers une autodestruction quasi-certaine s'il persiste dans son mode de production et de consommation très égoïste ? Fin BIBLIOGRAPHIE
Revues et articles
« Aspects socio économiques de l'évolution du climat »; résumé à l'intention des décideurs »les cahiers de global chance, N° 7, juillet, pp 73-91 ,1996 ;
Sites Internet http://www.infosplusgabon.com/article.php3 http://ipsinternational.org/fr http://www.wrm.org.uy/plantations/material/carbonfr.html http://ec.europa.eu/environnement/climat/nairobi-06.htm http:// www.infosdelaplanete.org/article.php http://www.libération .fr /actualite/terre/
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