I-2-2-3 LA CHALEUR
L'homme est un homéotherme. Pour bien se porter, sa
température doit demeurer stable dans des limites comprises dans la
fourchette 37 +/- 0,50 C.
Certaines technologies, techniques ou conditions climatiques
sont susceptibles d'augmenter la température ambiante, mettant ainsi en
péril l'équilibre thermique de l'organisme, provoquant des
pathologies.
I-2-2-3-1 Les métiers exposant à la
chaleur.
Les métiers exposant à !a chaleur humide se
retrouvent dans,les usines de textiles, la teinturerie, les distilleries de
boissons, la conserverie par l'autoclave ,l'industrie de la papeterie, le
travail dans les mines, et les sécheries de chicorée...
Les métiers exposant à la chaleur sèche
se trouvent dans la métallurgie, la sidérurgie, les fonderies et
transformation métallique, les cimenteries...
I-2-2-3-2 La thermorégulation
a) La température réelle
Dans un milieu de travail donné, la température
réelle dépend de la chaleur telle qu'elle est produite, du
degré d'humidité du milieu, de la ventilation, et de la
température de rayonnement des parois (dans un local).
Tous ces paramètres doivent être pris en compte
dans l'évaluation de l'exposition à la chaleur, car ils
concourent au confort thermique des travailleurs.
b) La thermogenèse
C'est la production de chaleur. Elle fait intervenir le
métabolisme de base et l'exercice musculaire.
Le métabolisme de base est la production thermique de
l'organisme à la température de neutralité thermique (Mo).
C'est la chaleur dégagée par le fonctionnement vital des
cellules. Sa production est de 1700 Kcal/j pour un homme à jeun de 70 kg
qui est au repos:
L'exercice musculaire est la principale source de production de
chaleur (Mw). Au repos, .la production de chaleur est de 70 Kcal/h. A l'effort
cette production est multipliée par 8.
c) La thermolyse
C'est la déperdition de chaleur.
Elle se fait en deux étapes:
? Première étape: c'est le passage de la
chaleur de la zone centrale du corps vers les zones périphériques
(zones cutanées)
?> Deuxième étape: consiste à la
disparition cutanée de la chaleur vers l'extérieur.
Les processus varient en fonction des changements de la
température corporelle ou de la température ambiante:
Si la température ambiante est inférieure à
la température corporelle, on assiste à un processus de
thermolyse qui se déroule selon 3 mécanismes:
o 1- La conduction : elle se fait entre 2 surfaces immobiles
en contact et Je flux de chaleur se fait du milieu le plus chaud vers le plus
froid. Les échanges par conduction sont en général peu
importants. Exemple :contact avec un solide (sol, table) chaise) au niveau des
surfaces d'appui du corps (pieds, sièges, dos, coude, avant-bras...)
o 2- La convection: c'est un échange de chaleur entre
un fluide en mouvement (air, eau...) et le corps. C'est un mode
d'échange très important.
3- La radiation: c'est une émission de
chaleur sous forme de rayonnement électromagnétique.
Si la température ambiante est supérieure
à la température du corps, la perte de chaleur se fait par
sudation. Pour qu'il y ait perte calorique il faut qu'il y ait
évaporation de la sueur produite. Un (1) litre de sueur permet
d'éliminer 580 Kcal. La sudation est le principal moyen de lutte contre
la chaleur.
d) Le bilan thermique
C'est la somme des flux de chaleur produits et des flux de
chaleur échangés avec l'environnement. .
Le bilan thermique est rendu par la formule suivante:
M + P + C + R + E = 0 Kcal / m2 / heure.
M= production de chaleur par le Métabolisme (Mo+ Mw) p=
perte de chaleur par Conduction
C= perte de chaleur par Convection
R= perte de chaleur par Radiation
E= perte de chaleur par Evaporation.
Lorsque le bilan est négatif, on dit qu'il y a
hypothermie et quand il est positif il y hyperthermie.
e) Les mécanismes physiologiques de la
thermorégulation
**Les thermo détecteurs
L'hypothalamus, la moelle épinière, l'abdomen, les
muscles, les vaisseaux, et le derme sont le siège des thermo
détecteurs
Le rôle des thermo détecteurs est de transmettre
les informations relatives à la température corporelle au centre
intégrateur hypothalamique.
** Le centre intégrateur réagit par les
astreintes qui sont:
* Les astreintes thermostatiques
Au niveau du centre thermorégulateur il existe un
système tampon qui amène l'organisme à tolérer les
variations de température de 1 à 2°c. C'est le "pouvoir
tampon calorique.
* Les astreintes circulatoires
Elles régulent la température au niveau de la
peau. Elles sont assurées par la circulation veineuse superficielle de
la peau qui réagit par des phénomènes vasomoteurs.
Lors du travail à la chaleur la régulation se
fait par augmentation du débit sanguin cutané, et augmentation
du, débit cardiaque. Ainsi une augmentation de la température
centrale de 1°C entraîne une augmentation du pouls de 33 pulsations
par minute afin de mieux éliminer la chaleur corporelle. On assiste
aussi à une réduction de l'irrigation de certains viscères
à l'exception du cerveau, du coeur et des reins.
* Les astreintes sudorales
Elles sont constituées par la sudation et la
perspiration. L'évaporation de la sueur est le moyen le plus efficace de
lutte contre la chaleur.
* Les autres réactions sont expliquées par
leurs, non spécificités au stress, leurs métabolismes,
leurs systèmes endocriniennes,leurs<états
psychologiques,leurs acclimatements.
Les réactions physiologiques thermorégulatrices se
modifient quand l'organisme est soumis à des variations de
température ambiante de façon régulière.
- L'acclimatement au chaud se traduit, toutes choses
égales du point de vue de la contrainte par:
?une moindre augmentation du débit sudoral et des pertes
électrolytiques
?une moindre augmentation des températures corporelles
?une moindre augmentation de la fréquence cardiaque
?une diminution de la réaction non spécifique de
stress.
I-2-2-3-3 Effet de la chaleur sur la qualité du
travail
La chaleur est responsable d'une baisse de la capacité de
travail physique, d'une dégradation des activités mentales, d'une
détérioration de la précision des gestes,
d'une augmentation des erreurs et des omissions. "
Les activités de type perceptif et les temps de
réponse sont améliorées en début d'exposition (20
à 40 min) puis se détériorent dès que la
température centrale dépasse 38°C. .Le degré
d'éveil est lui aussi modifié
Les"altérations psychomotrices sont d'autant plus
importantes que les taches sont plus complexes.
I-2-2-3-4 Les effets pathologiques de la chaleur
Plusieurs pathologies ont été décrites lors
d'un travail à la chaleur. Il s'agit de :
a) Les oedèmes de chaleur qui débutent aux
pieds et à la cheville après une semaine d'exposition à la
chaleur.
b) La déshydratation qui est consécutive
à la sudation prolongée. Ici, les signes cliniques se
caractérisent par une déshydratation intra et extracellulaire et
une augmentation de la température centrale.
En l'absence de traitement, on assiste à une baisse des
capacités intellectuelles suivie de paresthésies et de
délire, puis survient le décès.
Son traitement consiste en une ingestion forcée de 6
à 8 litres /24 heures ou perfusion de solutions salées et
sucrées.
c) Les crampes de chaleur liées à la
chloropénie
Le tableau clinique est un tableau de tétanie .qui
continue à s'aggraver si le sujet continue à boire sans absorber
de sels.
Le traitement se fait par injection ou perfusion de sérum
salé isotonique, puis relais par voie orale.
d) Le coup de chaleur
Le début est brutal et se manifeste par une
hypotension, un état de choc et une augmentation de la
température centrale du corps, pouvant atteindre 42°C, parfois
associé à un tarissement de la sudation.
Une réfrigération artificielle par une vessie de
glace ou un bain froid fait baisser la température jusqu'à 38,5
°C. Le relais sera assuré par une ventilation forcée et des
neuroleptiques.
e) L'insolation
Elle donne une symptomatologie voisine du. coup de chaleur avec
en plus de nombreux signes neurologiques à type de syndrome
méningé, de coma, de convulsion, d'une hyperthermie (40° c).
Une ponction quand elle est réalisée met en évidence un
liquide céphalo-rachidien trouble ou sanglant.
f) L'épuisement à la chaleur
Il se manifeste par une asthénie, un pouls faible, rapide
en rapport avec une augmentation de la température centrale. Si le sujet
n'est pas immédiatement mis au repos, il s'ensuit un collapsus
cardiovasculaire et des convulsions.
g) Les signes locaux
? Au niveau cutané, on observe, un coup de soleil qui est
une brûlure cutanée, une miliaire rouge qui est une
éruption cutanée en rapport avec l'évaporation
insuffisante de la sudation.
? Au niveau oculaire, l'exemple type de pathologie
observée est la cataracte des verriers.
? Au niveau pulmonaire on observe un tableau d'OAP.
? Au niveau cardiovasculaire: hypertrophie cardiaque, HTA,
sclérose aortique.
? Au niveau digestif: anorexie, diarrhée par
excès de boisson.
I-2-2-3-5 Prévention et
réparation
a) la prévention
technique
Son buts est de :
?Supprimer les ambiances thermiques dangereuses
?Se rapprocher le plus possible d'une ambiance thermique neutre
ou confortable -?Favoriser l'acclimatement spontané ou survenant par
simulation de situation de travail.
-La prévention technique collective comporte 5
moyens:
-Protéger les travailleurs contre les apports
extérieurs de chaleur (action architecturale)
-Isoler les sources d'écart de température
-Climatiser les ambiances de travail ou les salles de repos
-Organiser le travail de façon adéquate en tenant
compte de l'acclimatement des travailleurs.
-Mettre à la disposition des travailleurs des
rafraîchissements.
-La prévention technique individuelle est
basée sur le port de vêtements protecteurs, de tabliers
réfléchissants.
b) La prévention
médicale
Les buts et les moyens de la prévention médicale
consistent à:
?Rechercher les facteurs pré disposants ou susceptibles
de favoriser l'apparition des effets pathologiques du travail à la
chaleur:
Il s'agit de rechercher les facteurs de manque d'aptitude
à l'effort physique tel que: la déshydratation chronique,
l'affections fébriles, l'age supérieure à 50 ans, les
médicaments ou drogues diurétiques et les affections
cardio-vasculaires et rénales.
?Développer les mécanismes d'acclimatement au
chaud chez les travailleurs. L'acclimatement naturel est obtenu en une dizaine
de jour de façon progressive. L'acclimatement artificiel se fait au
laboratoire ou sur chantier aménagé.
?Améliorer l'hygiène de vie par, l'apport d'eau
en quantité et en qualité, la suppression ou la limitation de
l'alcool et des boissons stimulantes (café, thé), et une
alimentation équilibrée et suffisante.
?Former des encadreurs et des travailleurs sur les risques et
les moyens de prévention
?Effectuer des mesures d'ambiance
o Pour le travail à la chaleur, on mesure:
L'indice WBGT (température humide du globe
noir) prenant en compte l'humidité, la circulation de l'air et sa
température, la température de rayonnement.
Mesure de la température sèche de l'air (à
l'abri, protégée contre les rayonnements)
Mesure de l'humidité de l'air à l'aide d'un
psychromètre à ventilation forcée, d'un hygromètre
électronique ou d'un diagramme psychrométrique.
Mesure de la vitesse de l'air à l'aide d'un
anémomètre thermique à fil chaud.
Mesure de la température moyenne de rayonnement
à raide d'un thermomètre à globe noir ou d'un
stéradiomètre.
Le WBGT se calcule à l'aide de 3 paramètres
selon les formules suivantes:
-A l'extérieur d'un local WBGT= 0,7 thn + 0,2 tg + 0,1
tan
-A l'intérieur d'un local ou par temps couvert WBGT=
0,7 thn + 0,3 tg
Avec : thn : température humide naturelle
tan: température sèche naturelle
tg : température du globe noir
Les valeurs de référence sont données sous
la forme d'un tableau qui permet, en fonction du type de travail (léger,
moyen, lourd), de déterminer les périodes de repos et de pauses
supplémentaires.
Le confort thermique par le Vote Moyen Prévisible,
variable subjective mesurée sur une échelle de - 3 à + 3
°C.
c) La réparation
Elle est assez hétérogène. En France deux
tableaux sont largement évoqués. Il s'agit du tableau 58
des MPI qui répare les troubles liés à la chaleur
dans les mines de potasse et le tableau 71 des MPI qui
répare la cataracte des verriers.
I-2-2-4 Les poussières de coton
L'inhalation des poussières produites par la
transformation des fibres de coton en filés et en tissus est responsable
d'une maladie pulmonaire professionnelle appelée Byssinose.
La maladie ne survient généralement
qu'après 15 à 20 ans d'exposition à des concentrations
élevées de poussières (supérieure à 0,5-1,0
mg/m3) (31).
selon les normes de l'administration de la
sécurité et de santé au travail (Occupation Safety and
Health Administration (OSHA), et de la conférence américaine des
hygiénistes gouvernementaux du travail (Américan
Conférence of Governemental Industrial Hugienist (ACGIH), aux
Etats-Unis, la limite d'exposition professionnelle aux poussières de
coton lors de la fabrication de fils de textiles est fixée à 0,2
mg/cm3 de poussières respirables.
Les poussières de coton sont des particules
véhiculées par l'air, mises en suspension dans
l'atmosphère lors de la manipulation et le traitement de coton. Il
s'agit de mélange hétérogène et complexe comprenant
également des débris végétaux et de terre et des
micro-organismes (bactéries et champignons) dont la composition et
l'activité biologique varient.
Les débris de cotonnier présents sur les fibres
ainsi que les endotoxines des bactéries gram négatif se trouvant
sur les fibres et les débris végétaux seraient la cause
directe ou le réservoir de l'agent pathogène.
La cellulose, principale composante de la fibre de coton est
inerte et ne provoquerait pas de maladie respiratoire.
I-2-2-5 Les produits Chimiques
Ils entrent dans la fabrication de nombreux articles du
textile et sont toxiques à brève ou longue
échéance :
?Le polypropylène et le tri acétate de
cellulose utilisés pour la fabrication de textile
synthétique sont responsables de cancérogenèse chez les
travailleurs des ateliers d'extrusion.
?Le diméthylformamide, utilisé
comme solvant pour le traitement de tissus est responsable, de toxicité
hépatique.
?Le sulfure de carbone utilisé dans la
préparation de textile synthétique, a laissé
observé une mortalité accrue chez ses utilisateurs.
?Les colorants réactifs
présents dans les ateliers de teintures sont souvent responsables
d'eczéma, urticaire, et asthme.
?La stérilité est apparue chez
des hommes et femmes de l'industrie textile, exposés à diverses
substances.
I-2-2-6 Les gestes et postures
Ils sont dus aux mouvements répétés chez
des travailleurs sur des machines qui fonctionnent à vitesse
élevée et répétée.
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