I-2-2-1-2: Les bruits en milieu de travail.
a) Types de bruit
En milieu professionnel, il existe différents types
d'exposition sonore qu'il faut prendre en considération lors de
l'évaluation des postes. On distingue les bruits stables et continus,
les bruits fluctuants de façon répétitives et
imprévisibles.
Le bruit impulsionnel est un bruit consistant en une ou
plusieurs impulsions d'énergie acoustique ayant chacune une durée
inférieure à une seconde et séparées par des
intervalles de durée supérieure à 0,2 secondes.
Les coups de marteau, les chocs de presse manuelle, les
échappements d'air Comprimé de vérins, les tirs de
pistolet de scellement en sont des exemples.
Figure3 : Industries
manufacturières les plus bruyantes par ordre décroissant.
Encyclopédie de sécurité et santé au travail.
Volume II pp : 47.2
b) Limites réglementaires (26)
Selon la réglementation en vigueur en France (Code du
travail, art. R. 232-8-2), lorsque le niveau d'exposition sonore est
supérieur à 85 dB (A) ou lorsque le niveau de pression acoustique
de crête dépasse 135 dB, l'employeur doit prévoir une
surveillance médicale, fournir des protecteurs individuels et informer
les salariés sur les risques pour leur audition.
Lorsque les niveaux d'exposition sonore sont au-delà de
90 dB(A) ou le niveau de pression acoustique de crête dépasse 140
dB, l'employeur doit établir et mettre en oeuvre un programme de mesures
de nature technique ou d'organisation du travail destiné à
réduire l'exposition au bruit.
Le tableau ci-dessous donne les durées maximales
d'exposition sonore quotidienne à ne pas dépasser, de
façon à ce que ce niveau d'exposition sonore ne dépasse
pas 85 dB(A) pour 8 heures de travail par jour.
Tableau I: Durée maximale d'exposition
sonore quotidienne
Niveau sonore en dB (A)
|
Durée d'exposition quotidienne
Maximale
|
85
|
8H
|
88
|
2H
|
91
|
4H
|
94
|
2H
|
97
|
1H
|
100
|
30min
|
103
|
15min
|
106
|
7min30s
|
109
|
3min45s
|
112
|
1min52s
|
115
|
56sec
|
118
|
28sec
|
Exemple: L'exposition d'un salarié
à un bruit de 100 dB pendant 30 minutes correspond à une
exposition à 85 dB (A) pendant 08 heures.
c) La détermination du niveau d'exposition
Il s'agit de mesurer le bruit reçu.
Le bruit reçu dépend de la nature des
activités professionnelles et des circonstances de l'exposition au bruit
des machines et équipements.
Ce bruit varie en fonction de l'espace et du temps.
Deux indicateurs sont à prendre en
considération :
*: Le niveau de pression acoustique de crête, Lpc
Il est exprimé en dB. C'est la valeur maximale de la
pression acoustique instantanée, observée durant une
période de temps représentative de la journée de
travail.
*. Le niveau d'exposition sonore quotidienne ou LEX,
d
C'est le niveau de bruit qui conduirait un salarié
à recevoir, pendant 8 heures (durée habituelle d'un poste de
travail) la même énergie sonore donc à être
exposé au même risque que celle qu'il reçoit effectivement
à son poste de travail pendant la durée réelle quotidienne
de travail (qui peut être différente de 8 heures).
LEx,d : L pour level (niveau en anglais), d pour day Gour), EX
pour exposition.
Cet indice est déterminé à partir du
niveau sonore mesuré à l'aide d'un exposimètre ou d'un
dosimètre intégrateur pendant une durée d'exposition T.
I-2-2-1-3 La nocivité du bruit.
a) Elle est liée aux caractères du bruit
que sont :
· La qualité du bruit les bruits
de fréquence aiguë (hautes fréquences) sont, à
intensité égale, plus nocifs que les bruits graves.
. La pureté: un son pur de grande
intensité, est plus traumatisant pour l'oreille interne qu'un bruit
à large spectre. Mais il faut noter que les sons purs sont peu
fréquents en milieu industriel.
. L'intensité du bruit: le risque de
fatigue auditive et ou de surdité professionnelle croît avec
l'augmentation de l'intensité. Un son très intense, au lieu
d'être véritablement entendu, procure une sensation
désagréable, puis douloureuse. Cent vingt décibels (120
dB) constituent le seuil de la douleur. Au-delà de cent vingt
décibels les tympans peuvent subir des lésions importantes.
. L'émergence et le rythme du bruit:
un bruit impulsionnel ayant un caractère soudain et imprévisible
est plus nocif qu'un bruit stable et continu.
. Durée d'exposition: pour une
même ambiance sonore, plus la durée d'exposition est
élevée plus les lésions auditives de l'oreille interne
seront considérables.
.L'association avec les vibrations
l'exposition au bruit industriel associée aux vibrations aggrave le
traumatisme sonore chronique.
b) Les facteurs individuels et l'état
fonctionnel
De nombreux autres facteurs peuvent aggraver le traumatisme
sonore. Ce sont :
L'âge: la fragilité
cochléaire au bruit s'accroît avec l'âge; elle devient plus
marquée
au-delà de 50 ans.
La susceptibilité individuelle:
certains sujets sont plus fragiles que d'autres au bruit
La fragilisation antérieure de
l'oreille pouvant être provoquée par des affections de
nature microbienne ou virale, traumatique, toxique (ototoxiques
médicamenteux ou industriels) ou être héréditaire
(hypoacousie familiale).
I-2-2-1-4 Les effets nocifs du bruit.
Le bruit a des effets directs sur l'audition: fatigue
auditive, surdité professionnelle. Il a d'autres effets sur la
santé et le travail, ainsi que des conséquences sur la vie
sociale et familiale
a) Effets sur l'audition
*: La fatigue auditive
La fatigue auditive est un déficit transitoire sur la
fréquence 4000 Hz de la
perception auditive lors d'une exposition à un bruit
intense. Ce déficit est récupérable dans sa
quasi-totalité en quelques heures après cessation de l'exposition
au bruit lésionnel.
C'est le premier stade de l'atteinte auditive. Il suffit d'une
exposition de quelques heures à un bruit intense pour que cette fatigue
s'installe provoquant une baisse temporaire de l'acuité auditive.
La fonction auditive normale est
récupérée après une période variant entre 12
et
36 heures selon les individus et l'importance de l'exposition.
A ce stade on peut parler de fatigue auditive
* La surdité professionnelle
La surdité professionnelle évolue de
façon lente et insidieuse en trois stades audiométriques et
cliniques.
1er stade: Le scotome auditif
irréversible aux 4000 Hz
Dans un premier temps, le sujet ne se rend compte de rien, le
déficit ne gêne pas sa vie relationnelle. Seule la zone des
fréquences centrées sur 4000 Hz est touchée. C'est en
effet aux 4000 Hz qu'apparaît une encoche ou scotome auditif. Ce trou
auditif atteint 30 à 40 décibels de perte.
Les fréquences adjacentes sont peu touchées,
notamment dans la zone conversationnelle entre les fréquences 500
à 2000 Hz.
2ème stade: La période de
latence
A ce stade, l'encoche ou scotome auditif aux 4000 Hz
s'approfondit jusqu'à 60 ou 70 dB(A). Les fréquences
conversationnelles sont atteintes. Le sujet fait répéter,
n'entend plus certains sons, surtout s'ils sont aigus, et
l'intelligibilité des mots devient difficile surtout s'ils sont courts
ou monosyllabiques.
Il ne comprend plus distinctement ce qui se dit surtout quand
plusieurs personnes parlent. De ce fait, il commence à subir une
gêne sensible dans sa vie sociale et professionnelle. De légers
troubles tels qu'acouphènes, sifflements et sensation d'oreilles
bouchées peuvent apparaître.
L'audiogramme montre une aggravation du déficit auditif
à 4000 Hz avec extension de l'atteinte aux fréquences voisines de
2000 Hz et 6000 Hz.
3 ème stade: La surdité
manifeste:
C'est la surdité profonde. La perte auditive atteint
100 voire 110 dB (A) à la fréquence 4000 Hz. Les
fréquences adjacentes sont largement touchées.
Le déficit auditif sur les fréquences
conversationnelles est important par exemple 70 dB (A) à 1000 Hz et 40
dB (A) à 500 Hz ; on note une perte sensible de l'audition de la voix. A
ce stade le travailleur devient un handicapé sensoriel et
professionnel.
Tableau II: Stade de la surdité
professionnelle (26)
Stade 1 :
Le sujet ne se rend pas encore compte de sa perte d'audition car
les fréquences de la parole sont pas touchées.
Stade 2 :
Les fréquences conversationnelles sont touchées.
Le sujet devient <<dur d'oreille. Il ne comprend plus distinctement ce
qui se dit.
Stade 3 :
Surdité manifeste. La surdité est profonde et
irréversible.
*: Les caractères de la surdité
professionnelle
Débutant par un scotome auditif aux 4000 Hz, la
surdité professionnelle est une surdité de perception par
atteinte endocochléaire bilatérale, symétrique et
irréversible avec stabilisation des lésions après
cessation de l'exposition au bruit.
Le seuil de la conduction osseuse doit être égal
à celui de la conduction aérienne et les courbes
audiométriques en CA et CO sont superposées. Elle est plus
marquée en audiométrie vocale que tonale.
* Le diagnostic différentiel
Sont à éliminer:
~ Les surdités de transmission
caractérisées par un Weber latéralisé vers
l'oreille malade et un Rhine négatif.
~ Les surdités par sénescence se
traduisant par une aggravation de la surdité et une évolution des
lésions même après cessation de l'exposition sonore.
~ Les surdités par traumatisme crânien
caractérisées par une non stabilité des
lésions avec de manière générale possibilité
de récupération.
~ Surdité par des médicaments ototoxiques
atteignant les sons sur les fréquences très aigus. La
fréquence 8000 Hz est donc touchée avant la fréquence 4000
Hz et reste beaucoup plus atteinte.
b) Effets du bruit autres que la surdité
professionnelle
* Effets de masque
Un son perturbe la perception parfaite d'un autre son. Si
l'intensité de l'un est très supérieure à
l'intensité de l'autre, celui-ci peut ne pas être entendu. Les
conversations deviennent impossibles. Les signaux d'alarme et de
sécurité ne sont plus audibles, d'où le risque accru
d'incidents et d'accidents du travail.
* Effets extra auditifs
Ces effets extra auditifs ont des conséquences
certaines sur:
Le rendement au travail par une augmentation de la charge de
travail (fatigue, pénibilité, erreurs dans la production)
La vie familiale et sociale (agressivité, isolement,
difficultés des relations interpersonnelles
. Effets neuropsychiques et cognitifs
Ils se traduisent par des signes non spécifiques
à type de céphalées, irritabilité,
anxiété, troubles de l'humeur, troubles de la concentration, de
la mémoire, altération des fonctions cognitives, diminution de la
vigilance, troubles du comportement, baisse de l'adaptation aux tâches
à exécution rapide. Il peut s'agir aussi de perturbation du
sommeil à type de diminution du sommeil paradoxal avec des
réveils nocturnes fréquents.
. Effets cardiovasculaires :
Ces effets se traduisent par une modification du rythme
cardiaque (augmentation de la fréquence cardiaque), de la pression
artérielle diastolique, de la fréquence
respiratoire, vasoconstriction.
. Effets digestifs:
Ils sont peu spécifiques à type de troubles
dyspepsique, d'hypersécrétion gastrique.
.
Effets visuels:
Ils se traduisent par une dilatation pupillaire, une
perturbation de la vision nocturne avec difficulté d'appréciation
de la profondeur et des contrastes,
. Effets hormonaux :
Ces effets se traduisent par une élévation des
corticoïdes, des catécholamines, avec une tendance à
l'hypoglycémie.
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