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Mutation de l'environnement financier de l'UEMOA et Performances économiques du Bénin

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par Fidelia Beugre DAGO
Université de Cocody-Abidjan, UFR Sciences économiques et de Gestion, Programme GPE de la WBI (World Bank Institute) - DESS - GPE (Gestion de la Politique Economique) 2007
  

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I-2- Expériences de quelques pays de référence

Cette section mettra en évidence l'expérience de certains pays en matière de libéralisation du secteur financier, notamment les pays d'Asie du SUD-EST et le Chili, pays d'Amérique latine.

I-2-1- Expérience des pays d'Asie du Sud-est

Les mécanismes de libéralisation financière mis en oeuvre par les économies d'Asie du Sud-est, à travers surtout la suppression du contrôle des mouvements de capitaux, la déréglementation des taux d'intérêt et le relâchement des coefficients de réserves obligatoires imposés aux banques, a indéniablement profité à l'activité productive de ces pays.

En Corée, par exemple, la libéralisation des taux d'intérêt s'est faite entre 1991 et 1993 et avec elle la modification du taux des réserves obligatoires qui est passé d'environ 30 % en 1990 à 7 % en 1996. De la même façon, les pays asiatiques se sont inscrits dans le processus de mondialisation financière en adoptant des politiques d'élargissement de la concurrence entre les institutions financières. Ainsi, l'Indonésie et la Malaisie ont-elles assoupli les conditions d'entrées dans le secteur bancaire en 1988 et 1989, tandis que la Corée et la Thaïlande modéraient, respectivement en 1991 et 1993, les restrictions jusque-là imposées sur l'activité des banques étrangères en leur sein (Chang, Velasco, 1998).

L'ouverture financière s'est avant tout traduite, pour l'ensemble des pays asiatiques, par des entrées remarquables de capitaux. Les cinq pays du sud-est asiatique que sont l'Indonésie, la Corée du sud, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande ont vu les flux de capitaux tripler dans la première moitié des années 90, passant d'environ 25 milliards de dollars en 1990 à 66 milliards en 1996. Pour la période 1995-96, ces pays ont bénéficié de flux nets de capitaux privés équivalents, en moyenne à 6,6% de leur P.I.B (Chang, Velasco, 1998).

Les flux massifs de capitaux vers les pays du Sud-est asiatique ont rapidement conduit, grâce à une croissance rapide des crédits domestiques et à la transformation efficiente de l'épargne en investissements productifs, à la performance économique de ces pays, ce que retracent favorablement les agrégats macroéconomiques recensés dans le tableau 1. La combinaison d'importants flux de capitaux et des taux d'investissement intérieurs élevés mesure combien, dans la première moitié des années 90, l'ouverture financière a été efficace en matière de croissance économique pour ces pays. En Malaisie, par exemple, la FBCF passe de 37 % du P.I.B. en moyenne sur la période 1990 - 95 à plus de 42 % en 1996.

Tableau 1 : Quelques données macroéconomiques des pays d'Asie du Sud-est

 

Croissance réelle du PIB

inflation

Solde budgétaire

Epargne/PIB

Investissement

/ PIB

 

1985

90-95

1996

1997

1998

90-95

1996

90-95

1996

90-95

1996

90-95

1996

Indonésie

2.5

7.3

8.0

4.9

13.7

8.6

6.4

-0.2

0.0

28.4

30.6

33.4

32.7

Corée

6.2

7.7

7,1

5,0

-5,8

6,4

4,9

-0,5

0,2

35,4

33,9

36,5

36,8

Malaisie

-0,1

8,8

8,6

7,8

-6,7

4,0

3,6

-0,4

-0,5

34,6

40,6

37,0

42,2

Philippines

-7,4

1,8

5,7

5,1

-0,5

10,7

8,4

-2,2

-0,5

19,1

22,7

22,5

23,9

Thaïlande

4,9

8,5

5,5

-1,3

-8,0

5,1

5,9

2,6

1,5

28,6

31,5

40,3

42,5

Sources : FMI et J. P Morgan, Chang, Velasko (1998), Little, Olivei (1999).

Progressivement insérés dans l'économie mondiale, l'ensemble des pays asiatiques enregistre, à la veille de la crise financière qui les frappera de plein fouet en 1997, des performances économiques remarquables, mesurées par une croissance rapide, une inflation modérée, des finances publiques solides, une épargne élevée et des secteurs productifs en progrès.

En 1996, les économies asiatiques font, en outre, preuve de situations fiscales et monétaires saines comme l'indiquent, dans le tableau 1, et l'évolution favorable des réserves internationales rapportée par le tableau 2 suivant.

Tableau 2 : Les réserves internationales des pays asiatiques en milliards de dollar

Années

Indonésie

Corée

Malaisie

philippines

Thaïlande

1990

7459

14793

9754

924

13305

1991

9258

13701

10886

3246

17517

1992

10449

17121

1722

4403

20359

1993

11263

20228

27249

4676

24473

1994

12133

25639

25423

6017

29332

1995

13708

32678

23774

6372

35982

1996

18250

34037

27009

10030

37731

Sources: World development indicators (2005), FMI, Chang, Velasko (1998), Little, Olivei (1999).

On constate qu'avant 1996 dans les données statistiques disponibles pour l'Indonésie, la Corée, la Malaisie, les Philippines ou encore la Thaïlande, la libéralisation financière est sans nul doute en mesure de tenir ses promesses en faveur de l'inscription d'une économie sur le chemin de la croissance. Les événements récents le rappellent, en dépit de bons indicateurs macroéconomiques, les économies asiatiques sont passées, en l'espace de quelques mois, du statut de référence des marchés financiers à celui de victimes de la crise financière (Reisen, 1998). La libéralisation financière a laissé s'exprimer le pire. La montée des risques est-elle le corollaire de la libéralisation financière? Aujourd'hui beaucoup d'économistes s'accordent à dire que l'ouverture financière des pays asiatiques s'est faite de manière trop brutale et mal maîtrisée et les tentatives d'explication des causes de la survenance de crises sont maintenant nombreuses.

A l'état des données statistiques disponibles sur les pays d'Asie du sud-est, il nous semble que ce sont l'affaiblissement des bilans des banques asiatiques en raison des entrées massives de capitaux et d'une ouverture financière désordonnée, d'une part, et d'impardonnables fautes dans les stratégies de prêts des pays qui les ont satisfaits d'autre part, qui sont avant tout à incriminer dans l'instabilité et la vulnérabilité des systèmes qui se mettent en place. Qu'elles soient de nature interne ou externe, les causes de la crise financière asiatique tiennent principalement à une réglementation trop vite laxiste et, par conséquent au non-respect de l'« ordre optimal » de la libéralisation financière, garant de la réussite de celle-ci (Bernou et Grondin, 2001).

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille