II-2-2-1-2- Les raisons de la faiblesse de la
transformation financière
En renonçant ainsi à la transformation
financière, les banques au Bénin participent moins au financement
de l'activité économique. Cette faible participation au
développement est le signe qu'il existe un comportement de rationnement
du crédit de la part des banques. Ce comportement des banques qui limite
le niveau de l'investissement influe négativement sur la croissance, et
s'explique diversement par les acteurs.
Pour les opérateurs, l'accès au financement est
difficile car les banques posent trop de conditions, lesquelles sont difficiles
à remplir. Ce sont par l'exemple l'apport personnel (20 à 30% du
montant total du projet d'investissement); les garanties demandées
(hypothèques etc.) et le niveau élevé des taux
d'intérêts. Selon toujours les opérateurs
économiques, le secteur bancaire brille par excès de
précautions, ce qui occasionne des coûts de transaction
élevés qui finalement découragent 1'entrepreneuriat.
Du coté des banquiers, le faible taux d'acceptation des
projets est causé par la défaillance de la qualité des
promoteurs et des projets, à l'insuffisance des garanties, et surtout
à un comportement peu coopératif des opérateurs
économiques qui ont toujours chercher à dissimuler leur situation
financière et comptable réelle. Selon les banquiers, les pouvoirs
publics n'ont pas toujours su créer un environnement favorable aux
affaires. En matière de règlement de faillite par exemple, les
juridictions sont souvent laxistes envers les emprunteurs insolvables. Lorsque
la banque arrive à récupérer les garanties souscrites lors
du contrat, elle a du mal à les réaliser, faute de
marchés secondaires développés.
Ces différents points de vue semblent mettre en
lumière le problème de transparence dans la relation entre les
banques et les clients. On parle d'asymétrie d'information. Les
asymétries d'information sont des situations dans lesquelles un
coté du marché dispose d'une information complète mais ne
la diffuse que partiellement ou pas du tout. En fin de compte, on assiste
à une augmentation des créances en souffrance. Faute de pouvoir
gérer le risque, les banques sont obligées de rationner le
crédit, renonçant ainsi à la transformation
financière. Ce faisant, elles préfèrent rentabiliser leurs
ressources sur les marchés de capitaux.
II-2-2-2- Evolution du
financement de l'activité économique
II-2-2-2-1- Analyse globale du financement de
l'activité économique
L'implication du système bancaire dans le financement
de l'économie est captée par le taux de financement bancaire de
l'économie. Ce taux est obtenu à partir du rapport du
crédit à l'économie au PIB courant. Cette formule
reflète mieux l'apport du système bancaire au financement de
l'activité économique.
Graphique 6 :
Evolution du taux de financement bancaire
Source : Nos calculs, statiques
monétaires et financières pour le Bénin, BCEAO
(2006)
Le graphique ci-dessus montre qu'au cours de la période
1990-.1998, Ie taux a évolué continuellement à la baisse.
D'un niveau de 20,59% en 1990, Ie taux de financement bancaire est passé
à 15,07% en 1992 puis a 07,21% en 1996 avant de connaître une
légère hausse en 1997, ce qui porte le taux à 08,19%.
L'analyse de cette évolution du taux en baisse pourrait
traduire à première vue un désengagement ou un
désintéressement des banques et établissements financiers
vis-à-vis du financement de l'économie du Bénin. Mais une
telle conclusion sera hâtive et ne tiendrait pas compte de certains
éléments qui viennent réduire la signification des
chiffres.
La politique d'assainissement du système bancaire mise
en oeuvre à partir de 1989 dans toute l'UMOA a contraint les
établissements de crédit au respect de certaines règles
devant favoriser une gestion plus rigoureuse de la monnaie et du crédit.
La masse très importante des crédits en souffrance qui gonflait
le volume des crédits à l'économie a été
apurée progressivement a partir de 1990. En outre, les conjonctures
économiques des années 1990 et 1991 qui coïncidait avec une
ouverture du Bénin à la démocratie ont fait naître
un climat de confiance et favoriser le retour de l'épargne
transférée à l'étranger pendant la période
de crise du système bancaire. L'utilisation de ces fonds propres pour
financer une activité de plus en plus dynamique a permis de faire
baisser la demande du crédit bancaire.
En marge de toutes ces raisons, il est à noter que
l'écart entre la masse des crédits à l'économie et
la valeur du PIB courant a été creusé à partir de
1994, cette situation était le résultat du gonflement du PIB
courant sous I'influence de la poussée inflationniste provoquée
par le changement de parité du franc CFA par rapport au franc
français en janvier 1994.
Néanmoins, il est admis que globalement le
système bancaire béninois contribue faiblement au financement de
l'économie. Et vu sous l'angle du volume des concours accordés,
ils n'ont pas suivi l'évolution des besoins.
|