Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006 |
c) L'impact sur la familleL'anorexie d'une adolescente perturbe tout le fonctionnement familial, une réalité que R. Gordon résume assez bien avec cette phrase : « il n'existe probablement aucun symptôme plus capable de rendre fous les membres d'une famille que la détermination d'un enfant à se priver de nourriture »507(*). Au début, les parents sont désemparés face à la maladie de leur fille qu'ils mettent souvent du temps à déceler. Ensuite, l'incompréhension laisse place à la colère : ils ne comprennent pas pourquoi leur fille se détruit ainsi et éprouvent un sentiment de gâchis. Rappelons que C. Lasègue décrivait déjà au XIXème siècle les difficultés auxquelles sont confrontés les parents vivant avec une anorexique, une preuve là encore de la pertinence de ses propos. Finalement, c'est surtout un sentiment de culpabilité qui envahit les parents et suscitent de nombreuses interrogations : quelle erreur ont-ils pu commettre ? Pourquoi n'ont-ils rien vu ? les médecins insistent aujourd'hui sur l'importance des thérapies familiales et des réunions de parents afin de les aider à surmonter leur culpabilité. Si l'anorexique est bel et bien la première victime de la maladie, les parents souffrent également beaucoup et sont incontestablement eux aussi victime de l'anorexie. M. Darmon en analysant cette pathologie qu'est l'anorexie a voulu décomposer « ces pratiques, des étapes d'un phénomène trop souvent réduit à une nature préexistante, en mettant en lumière les interactions, les institutions, les normes et les dispositions qui structurent une expérience extrême »508(*). En effet, le modèle d'analyse qu'elle a utilisé nous a permis d'insister sur des points souvent méconnus ou occultés des pratiques anorexiques. L'anorexique ne se contente pas de restreindre son alimentation mais se forge des habitudes qu'elle incorpore et qui contribuent à la faire glisser lentement vers la maladie. Progressivement son comportement est étiqueté comme déviant et elle doit faire face à des oppositions qui la conduisent à dissimuler. Elle devient victime de sa maladie, une pathologie psychologique qui entraîne de graves conséquences somatiques, lesquelles agissent sur son état psychique ce qui contribue à entretenir le trouble. Nous allons maintenant nous centrer sur les discours de presse afin de voir quelle représentation de la performance de l'anorexique ils véhiculent. * 507 GORDON cité par TONNAC, [2005]. * 508 DARMON, [2003], p. 18. |
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