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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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d) Les parents, des alliés thérapeutiques à ne pas négliger

La figure des parents est présente dès les premiers articles de Santé Magazine mais là aussi une évolution est perceptible. En effet, dans les années quatre vingt, la mère d'une patiente est pointée du doigt car elle a refusé que sa fille ne suive une psychothérapie pourtant indispensable à sa guérison714(*). Dans un autre article, le magazine affirme que la guérison dépend « du changement d'attitude [des] parents »715(*). Les parents représentent donc un handicap pour la guérison. Toutefois, dans les articles suivants publiés dans les années 90, ces propos accusateurs disparaissent. Au début, le magazine écrit juste que la prise en charge est vécue par les parents, « en particulier la mère » comme une « situation douloureuse »716(*). Il faut préciser que dans les deux articles qui suivent les parents n'occupent aucun rôle dans la prise en charge. Nous pouvons mettre en rapport ce silence avec la thérapie proposée par Santé Magazine. En effet, il est difficile d'être favorable à l'isolement et en même temps de considérer les parents comme des alliés thérapeutiques. Cependant, le journal résout cette « tension » en 1997, date à laquelle le rôle des parents est explicitement présenté comme « énorme dans la guérison ». il précise que la séparation familiale ne signifie pas le désinvestissement des parents avec lesquels « toutes les décisions sont prises ». Outre leur participation à la démarche thérapeutique, les discours insistent sur l'aide à apporter aux parents. Santé Magazine sous-titre par exemple : « il faut aider aussi les parents »717(*) et répète donc le corps de l'article qu' « il est important de les aider ». Ils ne doivent pas « culpabiliser » mais « lutter ensemble contre cette maladie ». Pour les aider, « des entretiens avec des psychothérapeutes » mais aussi « des rencontres avec d'autres parents sont proposés régulièrement ». Afin de mettre en valeur les difficultés auxquelles sont confrontées les familles, il donne la parole aux parents d'une malade qui racontent leur « enfer ». Un expert renchérit : « en plus de se sentir coupables, les parents souffrent de cette séparation ». Cet article peut sembler original puisqu'il recommande la séparation familiale comme mode de prise en charge tout en insistant sur le rôle des parents dans la thérapie de leur enfant. En réalité, il révèle que la séparation familiale telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui est bien loin de l'isolement, un mode de prise en charge qui excluait totalement les parents. Cet article fait figure de rupture, les parents sont désormais considérés comme des alliés thérapeutiques et « il est essentiel de [les] associer [...] à la thérapie, à travers des `entretiens familiaux', pour les rassurer et les déculpabiliser »718(*). Dans le dernier article de notre corpus, le magazine sous-titre « soutenir le jeune et sa famille » ce qui met bien en évidence la nécessité d'accompagner les parents. De plus, la « psychothérapie familiale » y est présentée comme faisant partie intégrante de la prise en charge alors qu'en réalité elle n'est pas indispensable. Cela révèle que le magazine y est favorable, elle doit permettre d'aider les parents « souvent désespérés ». Nous pouvons donc dire que les discours de Santé Magazine ne sont le reflet de l'évolution de la place des parents dans la prise en charge de l'anorexie au cours du XXème siècle.

Pour Santé Magazine, le rôle des parents ne se limite pas seulement à la participation active à la démarche thérapeutique. A plusieurs reprises le magazine interpelle les parents qui doivent surveiller leur enfant, le conduire chez le médecin si besoin il y a. Des conseils sont formulés tels que : « dans l'absolu, il faut savoir qu'une adolescente qui commence à perdre plusieurs kilos rapidement est à surveiller. La solution la plus sage consiste à la montrer à un généraliste »719(*). Si l'interpellation n'est pas directe, c'est pourtant bien aux parents que le magazine s'adresse. Il adopte également une posture préventive en décrivant

Dans plusieurs articles, le système énonciatif est modifié suggérant un « dialogue » avec les parents. Par exemple, Santé magazine fournit des recommandations : « si vous avez du mal à dialoguer avec votre enfant, surtout ne baissez pas les bras »720(*), ou « si vous parents, avez l'impression que votre fille mange de moins en moins ou devient obsédée par la minceur et les calories [...] il est important de ne pas négliger ce qui ressemble fort à l'un des signes d'alerte »721(*). Il revient donc aux parents de faire attention afin de déceler un éventuel signe de l'anorexie. Dans cette perspective, Santé Magazine informe les parents des symptômes de l'anorexie et adopte une démarche didactique. Ainsi, nous trouvons des encarts intitulés : L'avis médical, retenez bien ceci qui explique comment repérer les signes de l'anorexie mentale722(*) ou encore « les signes que les parents doivent apprendre à détecter », « retenez bien ceci [...] il est relativement simple de constater les signes d'anorexie »723(*), « Comment détecter chez un ado les premiers signes au plus vite »724(*), « parents soyez attentifs si... »725(*)... La démarche de prévention vise uniquement à informer les parents afin qu'ils soient capables de repérer éventuellement le trouble de leur enfant.

* 714 Santé Magazine, avril 1985, p. 42-44.

* 715 Santé Magazine, août 1988, p. 54-55.

* 716 Santé Magazine, février 1991, p. 54-55.

* 717 Santé Magazine, novembre 1997, p. 64-65.

* 718 Santé Magazine, décembre 2003, p. 92.

* 719 Santé Magazine, février 1991, p. 54-55.

* 720 Santé Magazine, octobre 1995, p. 108-109.

* 721 Santé Magazine, novembre 1997, p. 64-65.

* 722 Santé Magazine, avril 1996, p. 70-72.

* 723 Santé Magazine, avril 1996, p. 70-72.

* 724 Santé Magazine, novembre 2001, p. 100-105.

* 725 Santé Magazine, décembre 2005, p. 140-142.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci