Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006 |
e) La prévention : un seul conseil, ne pas lire les magazinesPour L'Humanité, prévenir l'anorexie ne consiste pas à informer les parents comme le fait La Croix mais à mettre en garde les lectrices/lecteurs de magazine. En effet, les médias, de par les normes corporelles qu'ils imposent aux femmes et aux hommes, sont responsables du déclenchement de la maladie. Cela nous permet de comprendre pourquoi le seul conseil que donne le journal en matière de prévention est de ne pas lire les magazines féminins673(*). Ainsi, il s'adresse directement au destinataire du journal en leur disant : « ne lisez pas les magazines féminins messieurs »674(*). L'analyse de ces trois articles nous a montré que la représentation de la prise en charge de l'anorexie telle que la décrit l'Humanité s'éloigne des « schémas traditionnels »675(*) excepté le témoignage de Clara qui établit une rupture par rapport au reste du corpus. Chacun des discours met en avant un aspect particulier de la prise en charge qui ne permet pas de répondre aux questions que nous avions posées. En effet, dans les discours propres du journal, aucune indication ne nous est donnée concernant le type de prise en charge excepté le fait que L'Humanité dénonce la pratique de l'isolement, le journal ne dit rien non plus d'un éventuel soutien aux parents, il nous suggère que les rapports entre patiente et soignant sont plutôt conflictuels et la guérison de l'anorexie reste une éventualité. A l'inverse, dans son témoignage, Clara nous suggère la nécessité d'une prise en charge psychologique est nutritionnelle. Volontairement hospitalisée, elle semble avoir des rapports pacifiques avec le personnel médical. Elle ne nous dit rien d'une éventuelle prise en charge dont aurait bénéficié ses parents. Enfin, son témoignage illustre sa guérison. Les discours propres du quotidien diffèrent donc sensiblement de la représentation médicale de la prise en charge et les propos erronés que tient le journal nous rappellent que s'il considère bien l'anorexie comme une maladie, il n'aborde pas le sujet dans une perspective médicale. Il vise plutôt à dénoncer le rôle des médias dans la phase de la prise en charge comme dans le déclenchement de la maladie. Toutefois, nous avons pu noter une constante : la malade n'est jamais sanctionnée. En effet, dans l'article qui évoque l'isolement, les stratégies de résistance sont plutôt présentées comme des réactions compréhensibles face aux privations qui sont imposées aux patientes et L'Humanité semble accuser les médecins plus que dénoncer les anorexiques. * 673 L'Humanité, 7 avril 1993. * 674 L'Humanité, 7 avril 1993. * 675 Nous entendons par schémas traditionnels, les trois programmes narratifs que nous avons détaillé dans le IV. A. |
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