Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006 |
d) Un manque de structures pour prendre en charge les anorexiquesEnfin, Le Monde dénonce le manque de structures destinées à accueillir les adolescentes anorexiques656(*) en nous faisant le récit du « combat » de Bernadette Chirac « contre l'anorexie » de sa fille. Le quotidien précise qu'elle et son époux ont frappé « à toutes les portes, dans les hôpitaux publics et les cliniques privés, à Paris, en province, en Europe et même aux Etats-Unis » mais qu' « il n'y avait rien ». L'énumération produit un effet d'accumulation qui met en valeur l'absence d'établissements spécialisés dans la prise en charge de l'anorexie mentale, en particulier pour les adolescentes de plus de dix-huit ans. La difficulté du combat qu'a mené B. Chirac est accentuée par « l'isolement presque total » qu'elle mentionne, la durée du combat qui s'est poursuivi « pendant plusieurs années » et le fait que même sa notoriété n'a pas permis de faire avancer les choses. Une nouvelle fois, Le Monde a recours au témoignage pour nous faire par de son opinion. Contrairement à La Croix qui prend position contre la séparation familiale, Le Monde s'implique peu et se contente de souligner l'importance d'une prise en charge à la fois nutritionnelle et psychologique, une évidence aujourd'hui aux yeux des spécialistes. Il délègue souvent la parole à un expert ce qui lui permet de prendre ses distances. De plus, certains éléments que nous avons mis au jour ne permettent pas de cerner la façon dont le quotidien se représente la prise en charge de l'anorexie. Par exemple, l'histoire de Séverine est un cas particulier qui ne peut être généralisé ; les quelques propos tenus sur l'isolement s'opposent au témoignage d'une anorexique... Le Monde reste donc plutôt silencieux sur cette phase de la prise en charge. Enfin, nous pouvons souligner qu'il ne dit quasiment rien de la guérison et s'abstient sur la question de la prévention, pourtant essentielle. * 656 Le Monde, 17 avril 2000, p. 7. |
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